Love & Anarchy : l’avis de la rédac’ sur la saison 2 !
Love & Anarchy, c’est reparti pour un tour ! Prêt·es à relever le défi pour cette saison 2 ? La rédaction vous suit !
Cet article contient des éléments importants de l'intrigue.
Un pas en avant, deux en arrière
© Netflix / Love & Anarchy
La saison 1 de Love & Anarchy nous avait plus que conquis·es. À la rédac, nous étions plus qu’heureux·ses quand la saison 2 a été annoncée après cette fin ouverte ! Pourtant, ce nouvel opus a un goût étrange, qui vient ternir un tantinet notre souvenir de la première saison.
On y retrouve la patte particulière de Lisa Langseth (Euphoria) et ce sentiment dérangeant qui nous tord parfois l’estomac. La santé mentale est toujours un des piliers centraux de la série et un des points forts de cette saison. Malheureusement, l’évolution de la relation entre Max (Björn Mosten) et Sophie (Ida Engvoll) laisse à désirer, comme le développement finalement mis à la poubelle des autres membres de la maison d’édition, comme Friedrich (Reine Brynolfsson) et Ronny (Björn Kjellman). D’autres personnages disparaissent totalement, comme les enfants de Sophie.
Si les employés de Lund & Lagerstedt avaient des comportements peu fins dans la saison 1, dans la saison 2 certains deviennent des caricatures, des archétypes qu’on vient à détester plutôt qu’à essayer de comprendre. Oui, la série veut que l’on ressente de la gêne, qu’on se questionne sur les normes de la société, mais le trait est parfois trop grossier. Par exemple, la présence d’un lecteur sensible masculin blanc et cisgenre-hétéro peut faire sourire, car il est écrit pour dénoncer l’activisme démonstratif des entreprises qui n’ont pas réellement envie de changement. Pourtant, comme avec beaucoup de personnages, sa présence est plus pesante qu’autre chose.
Authenti-quoi ?
© Netflix / Love & Anarchy
Le concept central de cette nouvelle saison de Love & Anarchy, c’est l’authenticité. L’authenticité c’est quoi au fond ? Ne pas mentir ? À soi ? Aux autres ? Est-ce qu’on a tous·tes une définition subjective ou philosophique ? Ce qui revient également c’est l’importance du deuil et de la culpabilisation — et le tabou — autour des maladies mentales et du suicide.
La critique (d’abord sous-jacente puis carrément acerbe) du culte du développement personnel devient nécessaire en 2022, dans une ère où les réseaux sociaux sont rois et où on oublie la patience et la bienveillance. Avec soi d’abord, entre l’auto-persuasion et le déni de la perte d’un être cher. Avec les autres aussi, où des entreprises et autres gourous pervertissent le deuil, la culpabilité, et l’exploitent pour le profit. La relation entre Sophie et son père décédé (Lars Väringer) déroule ce chemin si douloureux, entre acceptation et impuissance.
Au final, c’est un message très puissant qui est offert au public : il est difficile de se défaire de ses vieux démons, les addictions peuvent revenir. Il faut s’accrocher, cela prend du temps, mais tout n’est pas perdu. Le plus important (et le plus dur) c’est se lier d’amitié avec soi-même.
La suite de trop ?
© Netflix / Love & Anarchy
Si cette saison peine à se renouveler : Sophie est exécrable avec Max, on se dit qu’il mérite mieux, mais à son tour il n’est pas honnête et fait souffrir Caroline (Carla Sehn)… on finit par se prendre au jeu. Car sous ses airs moralisateurs et hors du cadre sociétal, Love & Anarchy reste une histoire d’amour. On y voit des personnages projeter leurs propres envies et leurs propres craintes sur les autres. On y lit aussi une représentation de la sexualité et de l’amour qui sort des sentiers battus, loin de l’esthétisme (et l’âgisme) habituel d’Hollywood.
Un élément apprécié, c’est une critique encore plus tranchée sur le milieu de l’art et les cercles littéraires. Est-ce moral d’écrire sur les autres ? Qu’est-ce que le succès si on oublie d’être humain ? Peut-on tout écrire, ou doit-on se censurer ? Les allusions au cinéma et à l’industrie culturelle sont nombreuses grâce à l’humour noir, entre le mouvement #metoo et les membres de l’Académie.
En touchant à une certaine “sacralité” de la littérature et des prix Nobel, les scénaristes questionnent le chemin de l’artiste : est-ce qu’on se perd en sacrifiant une part de son œuvre pour le grand public ? Est-ce que voir son bébé nous échapper pour une publication ou une adaptation, ça ne serait pas se perdre aussi ?
En conclusion, jusqu’au bout, on se demande si la relation entre Max et Sophie va bien se finir. La critique anticapitaliste est devenue moindre dans cette saison, mais la question de la quête de soi n’en est que plus grande. Est-ce qu’il faut laisser partir l’être aimé si on en devient toxique, ou s’accrocher ? La fin, un brin classique, serait une belle conclusion à la série. Rose, graine ou forêt, on gardera en tête longtemps les aventures de Sophie et Max le jardinier.
Notre note :