La Chronique des Bridgerton : l’avis de la rédac’ sur la saison 1 !

La Chronique des Bridgerton (Bridgerton en VO, NDLR) est une série originale Netflix de 8 épisodes de 50 minutes environ. Elle arrivée sur la plateforme le 25 décembre 2020. La série est développée Shondaland, une compagnie appartenant à Shonda Rimes (Grey’s Anatomy, Scandal) La Chronique des Bridgerton est également produite par Chris Van Dusen ayant travaillé sur les mêmes projets que Shonda. La série est l’adaptation d’une saga de livres de Julia Quinn. L’intrigue suit une famille aristocrate anglaise qui donne son nom à la série : les Bridgerton. Dans le premier tome et la première saison, l’action se concentre principalement sur le personnage de Daphné (Phoebe Dynevor) une jeune Débutante qui entre en société et qui doit trouver un mari. L’honneur de la famille repose sur ce mariage. Afin d’attirer des prétendants sérieux et attiser l’intérêt ; Daphné s’engage dans une fausse relation avec le Duc d’Hastings, Simon Basset (Regé-Jean Page). Les deux jeunes gens deviennent amis… voire plus si affinités ?

La Chronique des Bridgerton peint une fresque du quotidien de l’aristocratie anglaise durant la Régence, saupoudré de sexualité et de scandales. Devons-nous également succomber aux charmes du Duc et de Daphné ? La rédaction vous donne sa réponse.

Attention, risque de spoilers pour la saison 1.

  • Quand Jane Austen rencontre Gossip Girl
Daphné Bridgerton et le Duc Hastings au bal

Le synopsis de la série est simplissime : le spectateur suit la saison des mariages de la bourgeoisie britannique au rythme des critiques de Lady Whistledown. Cette Lady a tout de la Gossip Girl du 19ème : elle narre les scandales et les secrets de la haute société anonymement dans des pamphlets distribués dans toute la ville. Toute l’aristocratie, et même la Reine, se prend au jeu : quand certaines familles tremblent de voir leur réputation traînée dans la boue, d’autres se délectent des louanges que Lady Whistledown leur fait. Le mystère s’installe : Qui est-elle, comment en sait-elle autant sur la haute société et représente-t-elle une vraie menace ? La voix de la narratrice est reconnaissable entre mille : elle est doublée par le timbre très particulier de Julie Andrews (Mary Poppins, La Mélodie du Bonheur, Princesse Malgré Elle) ce qui apporte un charme indéniable à la narration.

L’inspiration des films d’époque est très présente, puisque La Chronique des Bridgerton reprend tous les codes du genre : une jeune fille avec un caractère plus progressiste que celui de la société dans laquelle elle évolue, une famille riche à souhait et la menace d’un mariage à l’horizon. Les fans d’Orgueils et Préjugés (2005) ne seront donc pas du tout dépaysés et auront plaisir à trouver dans la série un clin d’œil à la célèbre scène sous la pluie. La photographie est magnifique, l’esthétisme léché et les décors de Londres font rêver. Daphné comme ses camarades est l’archétype de la Débutante parfaite : des yeux de biches et un look qui ferait pâlir d’envie Wendy Darling dans Peter Pan.

Dans ce sens, La Chronique des Bridgerton ne révolutionnent pas le genre : l’intrigue reste classique et surtout privilégiée. Comme d’habitude, nous suivons la vie des puissants d’Angleterre qui n’ont rien de mieux à faire que médire sur le dos des autres, assister à un bal ou parier sur un match de boxe. Pas de pauvreté, de travail et de famine dans le coin. C’est assez dommage car ce point de vue n’offre finalement qu’une seule dimension à l’intrigue (au même titre que la jeunesse dorée de Manhattan dans Gossip Girl.) Cela tranche par exemple avec une autre série historique telle que Reign, qui avait habitué l’audimat à des intrigues ficelées où bourgeoisie et petit peuple se mêlent.

  • De la modernité au 19ème ?
la reine Charlotte

La série se différencie une nouvelle fois de sa consœur par ses costumes plus fidèles à la réalité. Ici, l’esthétisme laisse parfois la place à l’authenticité, même si les parures de bal restent le plus souvent à tomber. Là où La Chronique des Bridgerton et Reign se rejoignent, c’est sur la bande originale. Les deux séries apportent un brin de modernité grâce à des versions instrumentales de morceaux d’artistes contemporains tels que Ariana Grande ou Shawn Mendes.

La série fait notamment parler d’elle sur les réseaux sociaux sur deux sujets plus particulièrement : les scènes de sexe et la présence d’acteurs de couleur dans l’aristocratie. Les scènes intimes arrivent très rapidement dans le premier épisode et s’installe avec plus de fougue et de sensualité au fil de la série. Bien que crues, ces passages n’en sont pas choquants et cassent l’image lisse et bienséante de la société guindée anglaise. C’est ce à quoi aspire Lady Whistledown : faire scandale pour montrer aux familles de Londres leurs petits travers. Dans la série, les scènes sexuelles ne sont jamais gratuites et l’alchimie entre les personnages principaux est très bien amenée.

L’autre « polémique » (qui n’a pas de raison d’être) est le choix de certains acteurs à cause de leur couleur de peau. Certains détracteurs plaident « la réalité historique » en expliquant que l’aristocratie Londonienne de l’époque n’aurait pas accueilli de personnes de couleurs. La rédaction se range avec ceux qui défendent la série : La Chronique des Bridgerton est une œuvre de fiction et n’a donc aucune obligation de coller à une ethnie particulière. Qui plus est, il est parfaitement possible de traiter de sujets historiques avec un casting divers comme l’a très bien démontré la série The Great, sur l’impératrice Catherine II. Le temps des œuvres avec une distribution exclusivement blanche est non seulement révolue mais également inutile. Quand bien même, la série ne s’éloigne finalement pas tant que ça de la réalité : la royauté noire existe, puisque la vraie reine Charlotte (Golda Rosheuvel) était issue d’une lignée métisse d’origine portugaise.

Il est également assez difficile de parler de féminisme dans un univers qui se concentre sur l’apparence des jeunes filles, de leur « valeur » liée à leur mariage et à leur capacité à enfanter. De cette manière, la série fait une critique assez subtile de cette société patriarcale et hypocrite où une famille toute entière peut-être coupée du monde suite à un baiser volé ou une grossesse en dehors des liens sacrés du mariage. Sans parler du privilège et de la richesse des familles observées par Lady Whistledown ; les personnages féminins sont finalement beaucoup à plaindre. Les héroïnes sont victimes même de leur naissance : de part leur genre, ou leur titre elles n’ont pas le droit de choisir qui aimer ou avec qui partager leurs vies. D’un point de vue plus pragmatique, elles n’ont pas non plus leur mot à dire quant à la manière dont l’homme de la maison dépense l’argent du foyer ou encore quand et comment éduquer des enfants. Heureusement, les personnages féminins sont tous très forts et redoublent d’ingéniosité pour contourner les desseins de leurs frères et pères.

  • Un mystère qui n’en est pas un
Simon et  Lady Danbury

Là où le bas blesse finalement, c’est dans l’identité même de Lady Whistledown. Les scénaristes tentent vainement de brouiller les pistes et d’impliquer le spectateur pour qu’il s’attache à la narratrice. On se passionne forcément pour l’enquête d’Éloise (Claudia Jessie) qui promet de démasquer l’écrivaine. Les théories de Pénélope (Nicola Coughlan) sont également très inventives mais il est difficile de nous faire changer d’avis : dès le premier épisode, on se doute bien de qui il s’agit réellement malgré la longue liste de suspects présentés à l’écran.

En effet, les scandales narrés par la Lady réduit sensiblement la liste des personnes qui aurait accès à ces secrets. D’autres révélations sont également très personnelles et pointent du doigt la véritable autrice des pamphlets. Pourtant, tout le monde de Bridgerton n’y voit que du feu et la narratrice échappe encore et toujours aux hommes de la Reine. Le plus gros gâchis finalement, est d’avoir révélé l’identité de Lady Whistledown à la toute fin de la première saison : même s’il on avait de gros soupçons, il aurait été possible de nous envoyer sur d’autres pistes à la manière de -A pour Pretty Little Liars ou Gossip Girl pour la série éponyme dont le mystère avait perduré pendant plusieurs saisons.

Éloise Bridgerton et Pénéloppe

En bref, malgré ses défauts évidents, La Chronique des Bridgerton reste une série sympathique et surtout addictive : la longueur des épisodes n’est même pas un frein puisque la rédaction a enchaîné tous les épisodes d’une traite ou presque. La famille centrale de l’intrigue n’est peut-être pas la plus intéressante, mais les personnages secondaires font la force de l’histoire. Coup de cœur pour Éloise qui questionne la place de la femme dans le monde réel et académique ainsi que pour Pénéloppe, qui démontre qu’être ronde et avoir de l’auto-dérision ne vous rend pas moins désirable. Deux personnages sous-estimés que nous aurons plaisir à voir évoluer dans les prochaines saisons. Nous avons hâte de voir les prochains tomes adaptés ! 4/5

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