Rencontre avec les agents de Dix Pour Cent

C’est lors du festival Séries Mania que nous avons eu l’occasion de rencontrer les acteurs de la série française Dix Pour Cent. En effet, une rencontre avec les fans était organisée par le festival qui n’a pas hésité à nous prévoir quelques minutes avec Thibault de Montalembert (Mathias), Liliane Rovère (Arlette) et Fanny Sidney (Camille).

Le fait d’avoir joué des agents a-t-il changé vos rapports avec vos propres agents ?
Liliane : Non non non non.
Thibault : Non non.
Liliane : Nos rapports avec nos agents ils sont ce qu’ils sont et ils ne changent pas. J’avais, avant, pendant très longtemps, une toute petite agence dans laquelle je suis restée parce que je les aimais bien et que je m’y sentais bien. Maintenant ils ont fermé. Donc je me suis mise dans une autre agence qui est plus large, qui s’occupe beaucoup plus de moi, et que j’aime beaucoup aussi, moi je peux pas être avec des gens que j’aime pas. Donc non ça change rien du tout.
Thibault : Non. (Se tournant vers Fanny) Et toi ?
Fanny : Si.
Thibault : Ah ouais ?
Fanny : Non, non mais ce qui change c’est la perception du côté quand même industriel et de l’idée qu’on peut se faire des combinaisons qui peuvent se faire pour un film. Moi il y a des notions que je n’avais pas. Par exemple qu’on peut faire des packages d’acteurs..
Thibault : Oui des montages.
Fanny : Oui des montages, ça c’est quand même intéressant à comprendre. Ca change pas le rapport avec l’agent, c’est plutôt une dimension un peu off.
Liliane : Apprendre des choses oui, mais faire changer notre perception et notre rapport avec l’agent non.
Fanny : Ouais non.
Thibault : Après c’est vrai que le monde des agents évolue énormément comme tout et que ce qui se profile c’est qu’on va se retrouver avec un modèle à l’américaine, c’est à dire qu’on va se retrouver avec trois ou quatre très grosses agences qui vont intégrer les plus petites et qu’effectivement ces grosses agences vont faire de plus en plus de production. Même si pour l’instant les agents ne peuvent pas faire de production, ils en font quand même de façon plus ou moins détourné quand ils mettent des gens en contact. Aujourd’hui un agent il défend des acteurs, des réalisateurs, des chef opérateurs, des scénaristes, donc ils ont tout chez eux pour fabriquer un film. Et c’est vrai qu’aux Etats-Unis les très grosses agences, c’est Omar Sy qui me racontait ça « J’suis rentré chez mon agent américain j’étais tout nu j’suis ressorti une heure après j’avais un tournage, deux films… »
Liliane : Oui enfin c’est Omar Sy quand même.
Thibault : Oui bien sûr mais ce que je veux dire c’est que tout se fabrique dans le même immeuble.

Concernant les guests dans Dix Pour Cent, est-ce que au fur et à mesure des saisons ces acteurs sont plus en confiance par rapport à la série ? Peut-être qu’au début ils se demandaient plus ce que c’était un peu cette série dans laquelle ils devaient jouer leur propre rôle…
Thibault :
Oui enfin on va dire que c’est un peu évident qu’ils ont pris confiance. Au début c’était la télévision et certains n’avaient jamais mis les pieds à la télévision et qui se méfiaient, ils ont été emmené par Dominique Besniard, le producteur qui les connaissait parce que souvent il avait été leur agent. Et puis ils se sont rendu compte assez rapidement et que ça avait du succès et que ça avait de la qualité. Donc ça les a aidé à venir. Maintenant je pense qu’ils sont contents.
Liliane : Tout le monde fait des séries maintenant. Il y a des séries de très très bonne qualité. Il y en a énormément, donc je vois pas pourquoi ils diraient non.

Si vous n’aviez pas eu un rôle récurrent dans la série et qu’on vous avait proposé d’être guest vous auriez accepté ?
Thibault :
Ah bah oui ! Non on va dire non (rire).

Certains acteurs sont totalement réfractaires au petit écran justement donc la question se pose.
Thibault :
Non mais c’est vrai ce que dit Liliane c’est que maintenant c’est de plus en plus difficile de passer à côté des séries, du petit écran et qu’en plus de ça je pense que dans la fabrication, le public il est tellement éduqué il voit tellement d’images etc, que le niveau de fabrication des films à la télévision est énormément monté. Maintenant à la Fémis il y a une section qui est faite pour l’écriture des séries.
Fanny : Après la question qui se pose c’est est-ce qu’on a envie de mettre en abîme son propre rapport à ce métier et donc c’est peut-être aussi à cet endroit là, cette auto-dérision un peu anglo-saxone qu’on connait moins bien en France ça a pris du temps pour qu’il y ait de la confiance autour de ça, pour que l’acteur, les guests en tous cas, puissent se dire que c’est pas dommageable. Eric Judor expliquait autour de Platane que ça avait été compliqué, parce que c’était assez inédit. Les gens disaient « Mais c’est Eric Judor de Eric et Ramzy ou est-ce que c’est un personnage… » ça se confondait, donc c’est savoir si on est apte à mettre cette distance là.
Liliane : Pour moi au départ tout part de l’écriture. Tout est au niveau de l’écriture. Si l’écriture est bien, si l’écriture est bonne, tout est possible. Les acteurs seront bons, la mise en scène sera bonne…. je trouve que les séries qu’on réalise maintenant elles font pas téléfilm comme on faisait avant quoi, elle sont tournées assez cinématographiquement quand même.

Est-ce que vous avez commencé à lire des choses sur la saison 4 de Dix Pour Cent ?
Liliane :
Moi je ne sais rien, mais mademoiselle (elle montre Fanny) parait-il sait des choses (rire généraux). Je suis emprise d’une grosse curiosité mais je me retiens bien de lui demander.
Thibault : Non on a rien vu encore.
Fanny : T’as eu un petit brief sur la trajectoire de ton personnage ?
Thibault : Rien du tout.
Liliane (à Fanny) : T’as eu ça toi ?!
Fanny : Hm hm.
Liliane : Moi j’ai eu une grande conversation avec eux mais c’était pour m’explorer moi.
Fanny : Ah mais moi aussi, du coup c’était un peu transversal mais du coup j’ai quand même quelques ingrédients.
Thibault : Ah bah évidemment.

Vous savez quand vous commencez à tourner ?
Thibault :
Vers octobre.
Liliane : Oui je crois que ça a été un petit peu reculé, ça devait être début septembre.
Thibault : Oui c’est vers octobre.

Et vous vous voyez continuer combien de saisons avec ces personnages ?
Liliane :
Hm, je ne sais pas, je ne vois pas ça continuer indéfiniment mais je me demande quand même s’ils n’ont pas derrière la tête l’idée d’une cinquième saison, je n’en sais rien.
Thibault : Bah c’est à dire qu’en fait, on avait dit ça s’arrête à la quatrième. Mais tout à coup Dominique a dit un jour « Mais peut-être qu’il y a aura une cinquième saison » alors ça a fait une espèce de chose comme ça… Moi personnellement si ça s’arrêtait à la saison 4 je serais très content. Je serais triste que ça s’arrête, mais je trouve que l’objet en lui-même, 4 saisons, 6 épisodes, c’est court, c’est fulgurant, ça a fait un énorme succès en France et à l’international, ça va rester mythique cette histoire. Si on continue et qu’on commence à baisser, ça va perdre quelque chose.
Liliane : S’il y a une cinquième saison elle a intérêt à être bien écrite et même mieux que les autres. Sinon c’est pas la peine.

Vous pensez que le départ de Fanny Herrero va beaucoup jouer dans la suite ?
Thibault :
Le départ de Fanny Herrero ça va forcément jouer, bien sûr, mais ça va forcément jouer dans le sens négatif du terme.
Liliane : Ca ne va pas jouer sur la qualité.
Thibault : Non. Il y a une autre sensibilité qui va arriver mais c’est bien ça.
Liliane : D’après ce que je sais, je sais qu’Antoine m’a dit qu’il avait vu deux épisodes je crois et que c’était très très bien, le deuxième en particulier il m’a dit que c’était formidable.

Comment est-ce que vous pensez que la série va se renouveler ?
Fanny :
En travaillant sur les récurrents. Non mais parce que les guests c’est une mécanique et un effet. Mais le principe de cette série c’est de travailler sur l’esprit d’entreprise et d’en faire quelque chose de très universel et ça, ça peut se déployer. Donc là il y a de quoi faire. En mettant le curseur à cet endroit, et c’est ce qu’ils font depuis le départ, voilà.
Liliane : Je crois que le public est très intéressé par les guests mais je crois que ce qui le fidélise beaucoup c’est la vie et les rapports des personnages récurrents. C’est le principe des feuilletons, on l’a vu, quand un personnage se poursuit dans le temps et dans la durée, on se projette plus profondément dessus, on s’attache.

Vous parliez du nombre de séries qui se font aujourd’hui, est-ce que vous pensez que Dix Pour Cent a changé la donne en France, et a participé à ce changement ?
Liliane :
Dix Pour Cent c’est juste une série qui réussit, qui a un concept attractif. Je pense que le concept y est pour quelque chose dans le succès, il n’y a pas que la qualité et le scénario. Vous savez quand j’étais plus jeune, on me demandait « Qu’est-ce que vous faites ? » quand je répondait que j’étais comédienne j’avais beau être inconnue, il y avait des paillettes dans les yeux tout de suite parce que le cinéma fait rêver. Là on a le cinéma et les coulisses. Enfin, des coulisses particulières parce qu’on est du côté des agences, des talents reconnus. Moi qui ai beaucoup fréquenté ma petite agence à moi, c’est un autre contexte.

Justement, sous la couche d’humour et d’ironie qu’il y a dans Dix Pour Cent, est-ce que vous en tant qu’acteurs et actrices vous avez pas l’impression que votre réalité elle est représentée avec justesse ?
Thibault :
Oh oui. Après il y a une chose qui n’est pas du tout dans la série et que je trouve dommage mais bon c’est comme ça. C’est que quand même être agent, c’est discuter d’argent. Et la série n’en parle pas du tout. Parce que c’est compliqué en France de parler d’argent. Ce serait une série américaine, aucun problème.
Fanny : Tu veux dire avec des montants ?
Thibault : Oui avec des montants !
Fanny : Ah c’est ça ! Parce que quand même vous avez beaucoup de conflits notamment avec Andréa.
Thibault : Oui bien sûr mais autour d’un truc qui est nébuleux. De dire par exemple untel gagne tant, etc. et on va discuter de son cachet, c’est impossible ici.

Est-ce qu’en tant qu’acteurs et actrices vous avez parfois pu participer à l’écriture du scénario en donnant des conseils pour une scène par exemple ?
Thibault :
Bah déjà Dominique Besniard a eu toutes les casquettes sauf celle de réalisateur sinon tout le reste il a tout fait quoi.
Liliane : Et il est bon comédien.
Thibault : Et il est bon comédien en plus. Non après bon, c’est à dire qu’à chaque fois ils écrivaient, nous après on faisait des lectures et on pouvait dire que telle ou telle chose allait mieux dans ce sens là, arranger quelques dialogues ou des choses comme ça mais c’était quand même très vissé quoi.
Liliane : On pouvait faire des suggestions, on pouvait faire des modifications…
Thibault : Mais pas sur le fond.
Liliane : Non non et puis comme l’écriture est soignée, il n’y a pas énormément à composer.

On parle principalement d’acteurs de cinéma dans Dix Pour Cent. Vous n’aimeriez pas qu’il y ait aussi un épisode qui propose un rôle pour une série ?
Thibault :
Oui. Peut-être que ça va arriver dans la saison 4.
Liliane : Peut-être que ça va arriver, pourquoi pas.
Fanny : Bah il y a quand même eu Norman qui vient du web.

Et ouvrir le spectre des guests à l’international vous pensez que c’est envisageable ?
Liliane :
Dans le dernier épisode de la saison 3 il n’y avait pas vraiment de guests. Il y avait les guests qui étaient déjà apparu au cours de la série mais en fait le guest du sixième épisode c’est l’agence elle-même.
Thibault : Mais oui pourquoi pas s’ouvrir à l’international, ce serait bien.

Justement vous aimeriez qui comme guests ?
Liliane : Viggo Mortensen. Jack Nicholson. Meryl Streep. Susan Sarandon.
Thibault : Michelle Pfeiffer.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.