Dans la première partie de notre interview, Axelle Dodier se confiait à nous sur la série. Nous y apprenions quelques anecdotes, l’envers du décor ou encore avec qui elle avait le plus de fou rires sur le plateau. Dans cette dernière partie, la jeune et pétillante actrice nous parle de l’impact d’Ici Tout Commence dans sa vie et de ses projets.
Qu’est-ce que la série a changé pour toi ?
Plein de choses ! Déjà le fait de tourner tous les jours parce qu’en général, les contrats sont plutôt courts dans la vie d’intermittence. Parfois ils peuvent durer longtemps mais il y a toujours une pause entre deux contrats, ce n’est jamais continu. Or, Ici Tout Commence est un travail régulier depuis 2 ou 3 ans, c’est inespéré ! C’est quelque chose qui n’arrive que rarement. J’ajoute que cela permet de travailler le personnage en profondeur et sur le temps car habituellement, on explore un rôle de A à Z alors qu’ici, on a vu commencer le personnage mais on ne sait pas encore comment ni quand il se termine. Ça, c’était le premier point. Ensuite, ça change l’exposition, dans le sens où maintenant mes camarades de jeu et moi sommes exposés tous les soirs à la télévision sur un créneau régulier. En terme de notoriété, ça change ! On a la chance d’avoir un public très fidèle, qui aime la série et les personnages. On rentre un peu dans la vie privée des téléspectateurs, on arrive au même horaire chaque soir dans le salon des gens, c’est très intime quelque part… Et à l’inverse, eux aussi sont très intimes avec nous ! Quand on les rencontre, ils ont tout de suite envie de nous faire des câlins, de nous appeler par les prénoms de nos personnages, on voit qu’on fait partie de la famille, c’est hyper touchant.
Grâce à la visibilité que la série t’a offerte, tu as été invitée au Festival de la Fiction TV de La Rochelle l’an dernier. Quels souvenirs gardes-tu de ton premier festival ?
Juste fou ! C’était surréaliste, on devait se promener dans la rue avec des gardes du corps !! En plus, je ne connaissais pas du tout La Rochelle, je n’y étais jamais allée mais c’est une très jolie ville. Comme je ne m’y connais pas vraiment en festival, je n’ai pas de point de comparaison mais j’ai l’impression que c’est assez cool comme événement : ça se passe près du port et le dress code est moins exigeant qu’à Cannes par exemple. Pour un premier festival, c’était bien de commencer par ça. En plus, tout le monde était très gentil et c’était incroyable de faire des dédicaces et de rencontrer le public, c’était trop bien ! Mais de manière générale, je garde énormément de beaux souvenirs liés à Ici Tout Commence… Cette série m’apporte vraiment beaucoup de bien !
Tu as l’air d’avoir un excellent contact avec le public…
En général, les gens sont vraiment gentils et bienveillants. Pour le moment, ça ne m’est jamais arrivé de rencontrer quelqu’un de méchant ou d’agressif et je touche du bois pour que ça continue ! Souvent, quand on vient me voir, on me dit » Ah mais vous savez, on vous adore, et les autres acteurs aussi ! Vous ferez un bisou à untel de ma part « . C’est très mignon, le public a l’impression de nous connaître. C’est vrai que parfois c’est déstabilisant parce qu’il est déjà arrivé qu’on vienne directement me faire la bise ou un câlin ! Mais je réponds toujours aux sollicitations des gens qui viennent nous rencontrer, je ne me verrais pas du tout les laisser en plan. C’est drôle de voir à quel point ils sont affectueux à notre égard.
A part Ici Tout Commence, tu as une autre actualité : la pièce de théâtre Les Marchands d’étoiles. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?
Il s’agit de ma première expérience théâtrale en tant que professionnelle. La pièce se déroule en juin 1942 en pleine Seconde Guerre Mondiale dans un magasin de tissus où on suit la famille Martineau et ses employés qui font une nuit d’inventaire. A un moment donné de la soirée, un collabo vient toquer à la porte. Et la pièce, c’est ce qui se passe pendant cette nuit de travail… Je joue le personnage de Paulette, une jeune fille qui essaie de vivre normalement et qui va tenter de continuer à rire et aimer malgré cette période absolument affreuse qu’est la guerre. Elle a beaucoup de convictions et elle est révoltée par ce qui se passe autour d’elle. C’est une jeune femme très humaine et très moderne qui est en avance sur son temps. J’ajouterai que c’est un personnage haut en couleur, c’est un peu le feu de la pièce. La rebelle.
Pourquoi as-tu accepté le rôle ?
Pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que c’est Julien Alluguette (l’interprète du chef Landiras dans Ici Tout Commence, ndlr) qui met en scène et que c’est loin d’être un détail pour moi. Un jour, il m’a appelée pour me dire qu’il avait lu une pièce qu’il devait mettre en scène et qu’il avait pensé à moi quand il avait vu le rôle de Paulette. Il m’a dit de lire pièce et que si ça me plaisait, on se recontacterait pour caler des essais. J’ai donc lu la pièce et je l’ai trouvée incroyable. Selon moi, le rôle était idéal pour débuter au théâtre dans le sens où il y a vraiment beaucoup de choses intéressantes à jouer pour une comédienne, je m’éclate ! A l’inverse, je pense que si j’avais dû jouer un personnage comme celui de Guillaume Bouchède, qui a beaucoup de monologues, j’aurais peut-être flippé de commencer par ça comme première expérience au théâtre car c’est une partition extrêmement difficile. La partition de Paulette est également difficile mais à la fois gérable pour une première expérience théâtrale donc je trouve que toutes les conditions étaient réunies pour me mettre dans le bain tranquillement. Les essais se sont très bien passés et ça a matché avec Anthony Michineau, qui est auteur, producteur et acteur des Marchands d’étoiles. J’ai donné mon accord pour faire la pièce et c’est parti ! Tout se passe vraiment bien et c’est une expérience de ouf !
Comment est Julien Alluguette en metteur en scène ?
Il est exigeant mais très doux et c’est ça que j’aime bien. J’ai tendance à me sentir un peu brusquée si on me parle sur un ton autoritaire mais ce n’était pas du tout le cas de Julien. Comme on se connaissait et qu’on était amis, il a tout de suite su comment me parler et m’aborder. C’est une vraie découverte en tant que metteur en scène. Il a l’intelligence de ne pas communiquer son stress, à aucun moment dans les répétitions je ne me suis sentie nerveuse ou pas à la hauteur, vraiment jamais ! Parce qu’il porte ses comédiens de façon très douce et en même temps, il sait ce qu’il veut. Il nous amène gentiment vers là où il a envie de nous amener. Pour cela, il teste plein de choses mais au final, il sait qu’on va réussir à y aller. On avait juste à se laisser porter et lui faire confiance. Dans tous les cas, dans une relation metteur en scène/acteur, je pense qu’il faut faire confiance dans les deux sens pour avancer.
Ce n’était pas trop étrange de l’avoir en metteur en scène et non pas en collègue ?
Ah non, j’ai vraiment kiffé voir ça de lui ! On est toujours très heureux de découvrir les gens qu’on aime. Je le connais en tant qu’ami et comédien et là je le vois en tant que metteur en scène donc je suis très heureuse de découvrir une nouvelle facette de lui, c’est vraiment quelqu’un pour qui j’ai beaucoup de respect.
Souhaiterais-tu retenter l’expérience théâtrale ?
Maintenant que j’ai vécu ça, oui !
La pièce est jouée au festival d’Avignon tout le mois de juillet. C’est une grande première pour toi. Comment le vis-tu ?
Effectivement, c’est mon premier Avignon et comme toujours quand on découvre quelque chose, on est stressé par ce qu’on ne connaît pas. En même temps, je savais que tout allait très bien se dérouler car j’ai pas mal d’amis qui jouent à Avignon, comme Julien Alluguette, Florence Coste (qui joue Laetitia dans Ici Tout Commence, ndlr) et d’autres personnes. J’avais tout de même une petite appréhension mais c’est bien, c’est grisant ! Le festival d’Avignon est une institution donc ce n’est que du kif ! Tout se passe très bien, les retours sur la pièce sont super, on est complets tous les jours ! Je vis un magnifique premier festival d’Avignon et c’est une aventure vraiment incroyable.
Est-ce que dans ta carrière, tu fais le choix du théâtre à l’instant T ou est-ce que tu continues de passer des castings pour la télévision ou le cinéma ?
Je ne fais pas de choix. Dans l’idéal, je veux tout faire ! Donc je prends ce qui se présente et je fais en sorte que le projet que je fais trouve un sens. Je ne suis pas non plus à un point dans ma carrière où j’ai le privilège du choix, c’est à dire qu’on ne m’envoie pas des scénarios tout le temps, même si j’espère qu’un jour ça m’arrivera ! Mais j’aimerais faire aussi bien de la télé, que du ciné et du théâtre. Je veux prendre du plaisir partout et je veux surtout apprendre.
Tu es notamment douée pour retranscrire les émotions. Est-ce qu’un rôle plus dramatique t’intéresserait davantage ?
OUI ! Depuis que je fais ce métier, je sais que j’ai une facilité de transmettre les émotions mais aussi de les vivre. Je suis très empathique et hypersensible, même si c’est un peu un mot « bouche-trou ». Et pourtant, je sais que c’est ce qui me fait kiffer dans ce métier. Certains acteurs sont dans la technique, d’autres préfèreront différentes choses, mais moi, j’adore embarquer les gens avec moi. Même si je sais que c’est faux, j’aime raconter des histoires pour qu’on les vive tous ensemble. Pour moi, l’acting passe par l’émotion. J’ai envie d’agripper les gens et de les faire vivre un moment émotionnel intense. C’est le plus beau cadeau que je puisse faire de moi et c’est aussi le plus beau retour qu’on puisse me faire. J’ai envie de continuer à creuser tout ça, c’est quelque chose qui m’intéresse vraiment et que j’aime.
Tu as des envies particulières en acting ?
J’aimerais jouer une vraie méchante ! Il y aurait quelque chose d’intéressant à aller chercher.
Pour interpréter un tel personnage, qu’est-ce que tu irais chercher justement ?
Je dirais qu’il faut au moins le comprendre et justifier ses actes. Ce n’est pas nécessaire d’être d’accord avec ce qu’il fait mais pour interpréter ce rôle, j’estime -et là je donne ma vérité, celle qui est propre à moi-même- qu’un méchant n’est jamais méchant et qu’il y a toujours un peu de blanc dans le noir. Il y a des nuances infinies de gris où tout n’est jamais bon ou mauvais. Ce qui est intéressant pour moi en tant qu’actrice, c’est d’aller chercher cet endroit empathique où on peut se glisser et où on va essayer de trouver une justification à ce qu’il est et ce qu’il fait. Et au-delà de ça, je trouve ça très jouissif de jouer une méchante !
Un autre rôle que tu souhaiterais jouer ?
Il y a plein d’autres rôles que je souhaiterais jouer ! J’aimerais tout faire et avoir 150 métiers différents ! J’ai envie d’être à la fois caissière, boulangère ou super héroïne. Et du coup j’ai le job parfait pour ça. En fait, c’est trop bien car ce métier me maintient en enfance. Je joue pour vivre, c’est vraiment stylé !