Osmosis : rencontre avec l’équipe de la série lors du festival Séries Mania

C’est lors du festival Lillois Séries Mania que nous avons eu l’occasion non seulement de découvrir les deux premiers épisodes de la nouvelle série Netflix et française Osmosis, mais aussi de rencontrer les deux acteurs principaux, à savoir Hugo Becker et Agathe Bonitzer, ainsi que le réalisateur Julius Berg.

Disclaimer : l’interview qui suit a été réalisée en table ronde, en présence de plusieurs autres journalistes. Toutes les questions ne proviennent pas de notre média. De même, les idées avancées ci-dessous ne sauraient être affiliées à Just About TV.

Une question pour les acteurs, qu’est ce qui vous a attiré dans le scénario vous a donné envie de jouer dans cette série en particulier ?
Hugo Becker :
Tout d’abord l’idée principale qui était donc de faire une série d’anticipation, il y en a quand même pas eu beaucoup en France, en tous cas c’est la première française sur Netflix. Donc c’est déjà un univers dans lequel on se plonge et qui change, c’est toujours plaisant de faire un truc un peu innovant. Et ensuite le thème, le sujet, c’est très actuel et qui parle à beaucoup de monde aujourd’hui. La question du choix qu’on ferait on se la pose tous. On est susceptible de se la poser en tous cas. Rien que ça on se dit qu’il y a un thème à développer qui peut être très intéressant pour une série.
Agathe Bonitzer : Je suis entièrement d’accord avec tout ce que vient de dire Hugo. Après moi c’est vrai que j’avais encore jamais joué dans une série, j’étais pas du tout habituée à ce genre de grosse entreprise ou à ces sujets d’anticipations ou de science fiction, donc ça m’intéressait moi aussi égoïstement en tant qu’actrice de participer à un projet d’une telle envergure et de genre aussi quoi.

Qui dit série d’anticipation dit aussi tout le côté un peu technologique qu’implique le tournage, alors est-ce que ça, ça rend les choses un peu compliquées pour vous les acteurs ? Parce qu’on imagine qu’il y a un tas de choses qu’on voit à l’écran qui au moment du tournage ne se passent pas vraiment.
Hugo Becker :
Je pense que ça s’adapte plus aux acteurs que l’inverse. C’est à dire que si Agathe est sur un écran et qu’elle est en train de faire un mouvement, ils vont pas faire des mouvements qui sont différents. Donc on a des guidelines on va dire…
Agathe Bonitzer : Oui on nous dit, on nous donne quelques gestes à faire, mais c’est vrai que c’est pas simple hein, c’est vrai que moi j’ai un peu galéré avec les ordinateurs, les trucs, en plus il fallait vraiment de la dextérité, fin voilà mon personnage est une geek, elle est très habituée à coder et à faire des trucs comme ça, comme c’est pas du tout mon cas, il fallait quand même que je m’entraîne à cette habileté technologique, personnellement.

A la base Osmosis est une web-série d’Arte, c’est devenue une série Netflix qui va être diffusée à l’international, est-ce que vous pouvez nous expliquer le processus de comment on arrive à ça ?
Hugo Becker :
C’est plutôt quelque chose à voir avec les producteurs, nous on est pas vraiment au courant de ça.
Agathe Bonitzer : On a pas regardé la mini-série pour pas être influencé par quelque chose de pré-existant.
Hugo Becker : Et de très différent aussi, car ce sont des formats de dix minutes, je pense que même l’histoire n’est pas la même, je pense que c’est très très différent… La web-série je la regarderai avec plaisir maintenant, mais avant de tourner c’est dangereux en fait, on risquerait de copier des choses et faut pas faire ça.
Julius Berg : C’est parti effectivement de cette web-série, il y a eu Netflix qui a racheté les droits pour l’adaptation, puis ils ont engagé une showrunneuse, Audrey Fouchet, pour la travailler. Donc c’est une création d’Audrey Fouchet mais à partir de cette web-série, donc c’est pas elle qui a eu l’idée du concept. Après il y a tout un tas d’auteurs qui sont venus pour tendre un peu les ficelles du thriller, intensifier les personnages, enrichir les enjeux, les dilemmes etc. C’est un travail assez collectif.

Est-ce que travailler avec Netflix donne plus de liberté créative que de travailler avec des chaînes françaises plus traditionnelles ?
Julius Berg :
Alors, je pense que Netflix a plusieurs façons de travailler en fonction des projets. Ils peuvent être très interventionnistes, avec nous ils ont laissé une liberté assez totale. Ils sont sortis du processus artistique pendant le tournage, ils sont venus un peu au montage pour suggérer des modifications. Donc une liberté oui, et en même temps la liberté est amenée par l’ambition du projet plus que par la plateforme en elle-même, enfin évidemment c’est un peu lié, m’enfin c’est un projet d’anticipation, la première série d’anticipation française pour Netflix, donc il y a de l’enjeu, donc il s’agit de définir une identité un peu différente, un peu nouvelle, d’amener une pâte. Donc il y a la production derrière aussi pour nous amener à ça.

En terme de tournage, comme ça s’est passé en terme de location et de durée pour Osmosis ?
Julius Berg :
Alors on a tourné 8 épisodes en à peu près 11 jours chaque épisodes et en région parisienne.
Agathe Bonitzer : Quatre mois en tout. Quatre mois à Paris et en banlieue parisienne et une bonne partie dans des studios situés à Noisy-Le-Grand. Construits exprès pour la série. Enfin, les locaux existaient déjà, mais toute l’entreprise Osmosis, tous les décors ont été écrits pour la série.

Une question qui concerne la thématique principale d’Osmosis, qui est l’amour selon moi. C’est un thème qui a été vu, et revu, dans les séries, dans la littérature et au cinéma, pourtant ça fascine toujours autant. Selon vous, pourquoi ?
Hugo Becker :
Là c’est le fait que ça va plus loin. C’est aussi une nouvelle technologie. C’est que ce dont vous parlez, les relations amoureuses etc, ce sont des choses qui existent de tous temps mais qui évoluent. Du coup c’est toujours un sujet intéressant puisque ne serait-ce que de part l’époque dans laquelle on vit, les enjeux de ce sujet là évoluent aussi avec. Donc là typiquement les nouvelles technologies elles commencent à avoir une vraie influence, avant on ne rencontrait des gens que par son entourage proche, ses voisins, son travail, sa famille, ses amis… Aujourd’hui il y a quand même beaucoup d’applications qui permettent de créer du lien avec des gens qu’on aurait jamais croisé. Donc forcément, là la technologie s’intéresse à ça, et il y a un autre phénomène qui est vraiment intéressant je trouve, c’est qu’on confie de plus en plus nos données personnelles sans véritable contrepartie, et presque on devient obligé de les donner et les confier. Alors on nous garantie qu’elles sont protégées etc, comme c’est garanti par Osmosis et d’ailleurs je pense qu’il y a aussi des gens qui veulent vraiment les protéger, peut-être les utiliser à des fins commerciales etc, mais l’idée est pas forcément d’entrer dans la vie privée des gens. En revanche, on les confie quand même. Et ça c’est assez paniquant de se dire qu’on donne accès par exemple à nos courriers privés, bon c’est une chose… Mais là il s’agit de l’accès à notre mémoire et à ce qu’on a vécu, donc à nos traumatismes, à nos troubles, pour les résoudre. Pour que ça permette de les résoudre. Donc oui du coup c’est renouvelé, car ça n’a pas encore été abordé en fait, pas vraiment.
Julius Berg : Ce qui est peut-être aussi nouveau dans la façon de traiter l’amour dans cette série c’est aussi par rapport à un questionnement générationnel. Pendant longtemps on a été éduqué aux courriers romantiques, aux contes de fée qui nous faisaient penser que les relations amoureuses étaient liées à une question de durée et d’engagement. « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Aujourd’hui les repères changent, les films romantiques qui ont le plus marqué, peut-être Titanic, présentent une histoire d’amour réussie qui pourtant n’est pas du tout liée à une histoire de durée et d’engagement, au contraire. Donc c’est un peu comment cette génération peut être perdue entre une volonté de relation très intense et en même temps vouloir être en couple quoi qu’il arrive. Il y a une pression sociale qui fait que ne plus être en couple, ne pas être en couple, ça peut être problématique. Donc comment cette génération un peu tiraillée entre « on veut vivre intensément mais on ne veut pas être dépendant des contingences du quotidien, de descendre les poubelles, nettoyer les couches etc ».
Hugo Becker : Non mais c’est vrai qu’on est un peu paumé et en plus il y a une logique assez dangereuse je trouve qui est la logique un peu consumériste de certaines applications de rencontres, moi je trouve ça très triste.
Agathe Bonitzer : C’est aussi parce que le sexe a pris une importance dans les sociétés d’aujourd’hui.
Hugo Becker : Il y a toujours eu.
Agathe Bonitzer : Oui mais aujourd’hui tout est un peu sexualisé je trouve. Suffit de regarder la publicité ou j’sais pas… Ca fait un peu vieille conne comment je parle mais c’est vrai que ouais… La série parle aussi de ça d’ailleurs.
Hugo Becker : Ce que je trouve intéressant avec la série d’ailleurs c’est qu’elle essai d’éviter ça, et c’est plus sur le bonheur et le bien-être que sur le désir. On arrête pas de dire le mot amour, en fait y’a trois types d’amour.
Agathe Bonitzer : Ouais mais on parle d’osmose et quand on vous voit Joséphine et toi en l’air et tout ça c’est quand même une osmose assez physique aussi. Mentale et physique.
Hugo Becker : Pour moi, c’est marrant hein, pour moi l’amour il y a Agapao, Eros et Phileo bien sûr, et la série, cette technologie là, elle ne propose pas uniquement l’un des trois. Après moi c’est ce que je me raconte, et je pense que t’as raison, évidemment on voit qu’il y a des trucs physiques etc, mais c’est aussi effectivement assez mental et ça c’est intéressant je trouve, parce que je trouve ça beaucoup moins glauque déjà. Je trouve ça beaucoup plus intéressant, beaucoup plus noble.

Dans ce que vous disiez il y a cette volonté d’être en couple, mais ce que propose Osmosis c’est quand même de trouver l’âme sœur, celle avec laquelle on peut se retrouver 50 ans… C’est ce modèle là que défend Osmosis.
Julius Berg :
Oui mais c’est aussi parce qu’on s’adresse à une cible particulière. On est peut-être moins naïf aujourd’hui sur la question de l’âme sœur, enfin qu’elle peut être multiple, qu’elle est plus organique, ça peut aussi évoluer avec le temps. En même temps on joue avec des clichés, on est pas dupes, ça fait partie de la série, c’est l’amour à paris, et c’est comment on répond à des problématiques amoureuses de cette génération là quoi, qui croit en l’âme sœur, et qui a envie d’y croire parce que c’est un peu rassurant, c’est un peu sucré quoi. Et puis l’idée de la technologie, c’est de montrer que c’est plus compliqué que ça quoi. Et que cette vision là de l’amour, lorsqu’elle est servie par la science, évidemment que c’est quelque chose de complexe,et c’est pas juste une âme sœur durable et de manière indiscutable et éternelle.
Hugo Becker : Et ce qui est intéressant c’est que vous avez raison, on reste quand même dans cette optique là, parce que c’est quand même le rêve ultime; c’est d’ailleurs pour ça qu’on en parle tous là et qu’on débat dessus et qu’on a tous un avis différent. C’est le rêve ultime de partager, d’avoir une famille. Quand on a une famille l’amour qui s’en dégage est extrêmement fort. Et on rêve toujours de tout avoir, et pour toujours.
Julius Berg : Et il y a aussi une question, on pose cette idée de l’amour à la manière d’une âme sœur éternelle mais ça c’est l’implant qui le propose. Est-ce qu’il n’y a pas un effet placebo, est-ce qu’en affirmant votre âme sœur c’est cette personne, votre cerveau va un peu se transformer pour se dire mais peut-être ? Parce qu’on est aujourd’hui dans un système où on doit tout avaler, tout est vrai, tout est juste, on remet jamais en question. C’est pas parce qu’une technologie nous dit que c’est ça que c’est forcément ça quoi. C’est aussi ce genre de problème que pose la série plus tard.
Hugo Becker : Ouais et c’est les choix qu’on fait qui détermine ce que nous sommes. Et en fait effectivement, quand on dit quelque chose, qu’on analyse une donnée, on va faire le choix d’y aller ou pas. Mais en faisant ce choix, est-ce que ce n’est pas nous qui décidons quand même en fait? On décide de rester avec quelqu’un, on décide de prendre soin de quelqu’un, de protéger quelqu’un, et que ça dure… Moi je crois à ça en tous cas. Et c’est ça qui est hyper intéressant. On se demande si quelque chose pourrait décider pour nous. Et je pense que même quand ça décide pour nous, en fait c’est on décide aussi.

Et qu’est ce qu’on ressent quand on sait que sa série va être diffusée dans 190 pays ?
Hugo Becker :
C’est très compliqué de répondre, parce qu’on ne peut pas se rendre compte de quoi que ce soit.
Agathe Bonitzer : Ouais moi je me rends pas compte.
Hugo Becker : Vous voyez, c’est pas possible en fait.
Agathe Bonitzer : C’est abstrait pour moi. C’est complètement abstrait, en fait que ce soit sur un écran de PC, chez soi… Pour moi ça rend les rend les choses différentes, je sais pas.
Hugo Becker : En fait ça nous échappe un peu quand on fait un projet on fait tout sur le moment après la diffusion du projet elle nous échappe complètement, ça peut-être plus intime, plus discret, ou alors de plus grande ampleur.

Vous pouvez retrouver notre critique du premier épisode de la série ici. L’intégralité de la saison 1 d’Osmosis est à retrouver sur la plateforme de streaming Netflix.

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