L’Opéra : rencontre avec l’équipe de la série

À l’occasion du festival Séries Mania qui a eu lieu du 26 août au 2 septembre 2021, nous avons eu l’opportunité de rencontrer l’équipe de la série française L’Opéra dans laquelle nous suivons Zoé, danseuse étoile de 35 ans qui aime faire la fête, Sébastien, le nouveau Directeur de la Danse souhaitant changer les choses, et Flora, une danseuse noire de 19 ans intégrant les surnuméraires.

L’entretien de l’équipe de L’Opéra qui suit a été réalisé en table ronde en présence de plusieurs autres journalistes.
Retour sur notre rencontre avec les acteur‧rices Raphaël Personnaz, Suzy Bemba et Hortense de Gromard, ainsi que la showrunneuse, co-créatrice, scénariste et réalisatrice Cécile Ducrocq, le co-créateur et scénariste Benjamin Adam, le scénariste Simon Jablonka, la productrice Florence Levard et le compositeur Marco Prince.

L’Opéra de Paris

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans le monde de l’Opéra ?
— Suzy Bemba : La violence du milieu, parce que c’est plein de strass, et c’est très glamour de l’extérieur, mais finalement ça fait mal. La danse, bien sûr, c’est une bataille contre le corps, mais ce qu’il y a autour c’est plein de frustration, en tout cas c’est le cas de mon personnage, qui est surnuméraire, qui est remplaçante, c’est-à-dire qu’elle travaille sans relâche, et elle n’est jamais sûre de danser. Elle apprend toutes les chorégraphies et elle n’a pas de reconnaissance particulière. Et ça je trouve que c’est d’une violence…

Pourquoi avez-vous choisi de parler de l’Opéra ? Pourquoi pas une autre institution ?
Cécile Ducrocq : Déjà parce que c’est magnifique, à chaque fois qu’on rentre et qu’on va filmer à l’Opéra, on ne sait pas où mettre la caméra tellement c’est sublime, il y a un choc visuel, il y a un choc visuel des ballets – je ne sais pas si vous avez vu des ballets, mais Le Lac des cygnes, même si c’est un classique, en scène, c’est un truc de dingue, tout à coup il y a 150 danseurs qui dansent à la perfection, les décors, tout ça c’est un écrin fabuleux -, il y a la technique, c’est-à-dire les femmes et les hommes de l’ombre, qui vont régler et faire que le spectacle est possible et il y a tout le côté administratif et politique. Et tout ça, dans un écrin sublime où tous ces gens se croisent, vont se détester, il y a des alliances. Pour une série, c’est une arène fabuleuse.
Florence Levard : Avec en plus un côté cocotte-minute, c’est-à-dire que vous mettez des gens de plein de milieux différents avec des intérêts divergeants, vous fermez le couvercle, et vous attendez de voir ce qui se passe. C’est rare sur une série, c’est ce qu’on disait au tout début, quand on a la danse sur la forme avec une arène qui n’a pas été tellement traiter – pas du tout – en série, c’est hyper spectaculaire évidemment, et sur le fond la possibilité de traiter à travers cette institution comme ça pourrait l’être d’ailleurs dans d’autres institutions, entreprises ou milieux. Ca permet de traiter de grands sujets de l’institution française, puisque vous l’avez bien compris, le vrai sujet n’est pas que la danse, on aborde aussi des questions qui nous tenaient à coeur comme la diversité, la souffrance au travail, le droit à une seconde chance, les rigidités de la société française, mais dans un univers un peu plus glamour que par exemple une antenne de la sécu ou une gendarmerie ou un hôpital.

Recherche et documentation

Quel est le processus pour passer de la recherche/documentation à la fiction ?
— Benjamin Adam : Avec Cécile [Ducrocq, ndlr] et Simon [Jablonka, ndlr] qui sont scénaristes sur la série, on a fait un gros travail de documentation, qui s’est fait vraiment sur différentes sources, beaucoup de documentaires, beaucoup de lectures, des conférences, des lectures de blogs – les blogs sur la danse ont été une source assez intéressante -, des rencontres – on a rencontré beaucoup de personnes. Et en fait on avait un travail où on faisait les deux en parallèle. C’est-à-dire que dès le début on s’est lancé‧es dans la recherche, mais on s’est pas interdit d’écrire, on s’est pas interdit d’inventer, tant qu’on avait pas le sentiment de vraiment maîtriser le sujet, parce qu’en fait, parfois il y a des idées qui naissent, mais on ne sait pas si c’est réel ou pas, si ça peut fonctionner comme ça ou pas, mais le tester et ensuite de confronter ces idées à nos sources de documentations – et aussi, on avait une consultante qui s’appelle Astrid Boitel, qui nous aidait énormément, qui lisait le texte et qui répondait à nos questions, et, en fait, parfois, d’avoir des idées d’écriture où est on n’est pas sûr‧es à 100% que c’est comme ça que ça se passe, mais de le proposer et de voir comment ça résonne avec la réalité, ça peut ouvrir des situations, ça peut ouvrir des séquences qu’on n’avait pas forcément imaginées, donc on était sans cesse comme ça en train de faire un balancier entre nos recherches et nos idées, et voir comment est-ce que les unes ou les autres entraient en contradiction ou au contraire se complétaient.
— Florence Levard : Ils vont pas le dire parce qu’ils sont hyper modestes, mais il faut bien se rendre compte qu’avant de se lancer dans ce genre de série, il y a vraiment un ticket d’entrée de documentation qui doit représenter en cumuler des centaines d’heures, donc je pense que Cécile, Simon et Benjamin, qui ne connaissaient pas particulièrement le milieu avant de commencer, peuvent maintenant comparer des versions différentes du Lac des cygnes. Ca a été autant voir des documentaires que rencontrer beaucoup beaucoup de monde, des danseurs – vous l’avez vu dans la série il n’y a pas que les danseurs -, donc aussi bien du personnel administratif, des régisseurs, des techniciens. Une des raisons qui fait le succès de la série, c’est que c’est très proche de la réalité, avec en plus ce petit twist fictionnel et dramaturgique qui nous emmène encore ailleurs.
— Cécile Ducrocq : Évidemment il y a énormément de recherches, on a rencontré des gens de l’Opéra, donc à la fois des techniciens, des danseurs étoiles, des danseurs qui sont quadrilles, des secrétaires, des directeurs de la danse, etc. C’est ce qui est le plus délicieux et le plus passionnant dans ce milieu en tant que scénariste, quand on se met à écrire, parce que à la fois c’est génial parce qu’on voit des films et on rencontre des gens donc on est contents. Et puis en plus c’est un point d’appui pour l’écriture qui n’est en fait pas du tout une contrainte, c’est au contraire libérateur, parce que, quand on commence à écrire, ce qui est horrible, c’est la page blanche et c’est que tout est possible tout le temps. Donc plus un milieu a ses codes, ses règles, ses manières de parler, plus c’est « facile », parce qu’en plus, là, l’Opéra offre pour ça beaucoup de règles et beaucoup de codes, et du coup on se dit « ah mais c’est génial, on savait pas » et à chaque fois la scène part d’une situation qu’on nous avait racontée dans un entretien d’une danseuse qui a mal au pied et qui arrive devant son directeur de la danse, bah voilà ça c’est une scène qui va être agréable à écrire et libérateur.

Vous êtes-vous inspiré‧es de l’histoire de Benjamin Millepied [ancien danseur et ancien directeur de la danse à l’Opéra de Paris, ndlr] ?
— Cécile Ducrocq : C’était une influence parmi d’autres. En fiction quand un jeune arrive en tant que directeur de la danse, il a pas envie de rentrer dans le moule, c’est pas intéressant, il va avoir envie de réformer. Donc à partir du moment où on prend comme personnage un jeune directeur de la danse qui arrive et qui va réformer l’institution, évidemment on pense à Benjamin Millepied, parce que, en plus, c’était arrivé un an auparavant. Je ne dis pas que la comparaison s’arrête là, mais en tous les cas, le parcours de Sébastien Cheneau [joué par Raphaël Personnaz, ndlr] n’est pas celui de Benjamin Millepied. Il y a une dimension artistique et à la fin il préfère choisir sa carrière personnelle… Donc oui, on s’est inspiré‧es, mais pas que. Et il y a plein d’autres influences qui nous ont guidé‧es pour le personnage de Sébastien.
— Raphaël Personnaz : Moi j’avais l’impression qu’il s’inscrivait aussi dans une lignée – enfin moi ça m’amusait de l’imaginer comme ça – de nouveaux hommes et de nouvelles femmes politiques qu’on a aujourd’hui, donc très dans la communication – enfin je carricature en disant ça. Il y avait un truc à jouer dans cet ordre là, il y avait évidemment la dimension artistique, la dimension politique du personnage. Et puis, je ne sais pas quelles ont été les influences, sur le papier il y avait déjà un personnage plein de contradictions, de complexités, c’est ça qui est intéressant. Après, le relier forcément à… C’est pas du tout un biopic. Et en tout cas, ça a pas été du tout la ligne. Et puis toi, Benjamin [Adam, ndlr], tu m’avais dit que que Noureev [Roudolf Noureïev, ancien danseur étoile, ancien maître de ballet et ancien chorégraphe à l’Opéra de Paris] avait été une des sources aussi d’inspiration. Je crois de toute façon que dans chaque institution, à un moment, vous êtes confrontés à certaines traditions, à certains changements qui ont du mal à passer.

Est-ce que des responsables de l’Opéra de Paris ou du Ministère de la culture ont vu la série, et si oui, qu’en ont-ils pensé ?
— Florence Levard : Alors, le Ministère de la culture j’ai des contacts un peu moins rapprochés avec eux. L’Opéra de Paris, il y a des responsables qui l’ont vue, oui, de toute façon on les connait bien, je veux dire, on va tourner chez eux, on les croise très régulièrement et écoutez ils ont assez aimé pour nous vous rouvrir les portes sur la saison 2, ce qu’on interprète comme un très bon signe, mais le plus simple c’est je pense de leur poser directement la question, ils ont certainement des choses à nous dire.

Le tournage et les décors

Au delà de l’illustration d’un système qui est à la fois moderne et archaïque, que pouvez-vous nous dire concernant les personnages et le drama qu’ils portent ?
— Suzy Bemba : Je suis très fière de jouer un personnage qui n’est pas une victime, ou qui du moins l’a peut-être été mais qui n’utilise pas ce statut là pour se défaire de ses difficultés. Et c’est surtout un personnage qui arrive dans une institution dont elle n’a pas les codes. C’est-à-dire qu’elle arrive, elle veut rentrer dans cette hiérarchie, elle n’y est pas encore, dans cette saison 1 elle n’est pas dans cette hiérarchie, elle est sur le côté, elle est remplaçante, surnuméraire, donc elle est pleine de frustration, même si elle travaille d’arrache-pied, elle ne danse pas beaucoup, mais malgré tout elle garde l’endurance, et elle garde la motivation pour arriver au bout de ses peines malgré les difficultés qu’elle endure. C’est très jouissif de jouer un personnage fort et ambitieux. Et intelligent surtout.

Au niveau du casting, vous cherchez à avoir que des danseurs, ou des acteurs ?
— Hortense de Gromard : Initialement, je suis danseuse, mon métier c’est danseuse, et là c’était plus ou moins la première fois que je jouais, donc pour le coup la danse c’était plutôt ma zone de confort.
— Suzy Bemba : Et moi je ne suis pas danseuse, je suis actrice et j’ai fait de la danse quand j’étais plus jeune, en loisir. Et puis finalement quand je suis arrivée sur la série je me suis rendue compte que j’avais rien fait… (Rires) Et du coup, j’ai repris la danse, enfin « j’ai repris », non, j’ai appris à me tenir comme une danseuse pendant de longs mois, pendant deux mois avant le tournage de la saison 1.
Florence Levard : Je pense que Suzy et Hortense viennent de tout résumer. L’énorme challenge du casting, c’était de trouver des danseuses et des danseurs qui étaient capables de jouer et des comédiens qui étaient capables de danser, ou en tout cas de retrouver des bases de danse qu’ils avaient eu petits. Donc ça a été un énorme boulot, on a passé beaucoup de temps pour trouver les 3 rôles principaux et puis toute cette galerie de rôles secondaires de danseurs de 35 ans, par exemple je pense à Maud Jurez [Louise dans la série, ndlr], à Loris Freeman [Jonas dans la série, ndlr], qui avaient été danseurs à 18, 19, 20 ans et qui ont dû rechausser des pointes ou des pourpoints de gala pour remonter sur scène, des collants… Je pense que ça a vraiment participé à la fabrication de la troupe, comme disait Hortense, elle a dû sortir de sa zone de confort pour le jeu, il y en a d’autres, comme Suzy, qui sont sorti‧es de leur zone de confort pour la danse. Il y a vraiment une grande entraide et du coup une grosse prise de risque collective qui a participé à cette grande aventure, au bonheur de tourner, au gala aussi.
Cécile Ducrocq : Et aussi, pour vous parler d’Ariane Labed, qui n’est pas là car elle est en tournage et qui incarne Zoé Monin, elle a fait 10 ans de danse classique, ensuite elle s’est arrêtée, elle a continué dans le contemporain, là on lui a demandé de remettre des pointes, et elle s’est vraiment fixée comme challenge, je pense, d’être danseuse étoile (rires), dans tous les cas elle s’est entraînée comme une malade, et voilà elle a remis les pointes et elle n’a presque pas été doublée pour les scènes de danse classique.
— Florence Levard : Ce qui était inimaginable au début. Quand on a pensé à elle avec Cécile [Ducrocq, ndlr] tout au début, si Ariane nous disait non, la moitié de la série s’écroulait pour nous, c’était elle qu’on voulait absolument, c’est une comédienne extraordinaire et ancienne danseuse, Zoé c’était elle, il y avait déjà des posters d’elle dans le bureau d’écriture (rires). Tout a démarré quand Ariane a lu et a aimé le texte.

C’est une série à gros budget visiblement, on pourrait avoir quelques détails ? Le fait qu’il y ait déjà une deuxième saison en tournage alors que la première n’est pas encore sortie, c’est quand même une signe qu’on table sur un gros succès, est-ce que ça a déjà été vendu à l’étranger ?
— Florence Levard : La question sur la saison 2, il faudrait la poser à Orange [la série est produite par OCS, filiale de Orange, ndlr], mais en tout cas on les remercie, on sait à quel point c’est rare de partir en tournage de la saison 2 alors que la 1 a pas encore été diffusée, du coup là on sent qu’on peut tenir cette règle d’or à des grandes séries américaines, on en est hyper fiers, d’avoir une diffusion de la saison 2 pile un an après la saison 1, ce qui a demandé évidemment énormement de boulot, c’est-à-dire que, l’écriture, Simon [Jablonka, ndlr] et Benjamin [Adam, ndlr] ont recommencé à travailler sur les arcs de la saison 2 alors qu’on était encore en tournage, on avait des calls, on était avec Cécile [Ducrocq, ndlr], sur le plateau on s’isolait dans les loges pour lancer, donc c’est vrai que ça a été un rythme un peu dingue mais c’est hyper payant de pouvoir garder cette contuinité dans la diffusion, c’est vachement bien, et c’est évidemment un signe de confiance – on l’a interprété comme tel -, on était vraiment très heureux. Sur le budget, on n’est pas non plus dans une méga production hollywoodienne, on est sur des budgets qui restent maîtrisés, en comptant l’apport d’Orange, les aides belges – puisqu’on a tourné en Belgique -, on a un budget de fabrication qui est autour d’un million [d’euros, ndlr] par épisode, donc c’est beaucoup moins que d’autres séries du marché. Ca nous a obligé à avoir une immense réflexion sur la production qui a été rechamboulée au moment du Covid, ça nous a obligés aussi à faire des choix de cross-boards [fait de tourner les scènes dans le désordre pour optimiser le temps et le coût d’un tournage, ndlr] qui ont été compliqués pour les réalisateurs. On tourne par décor, […] ce qui demande une immense gymnastique aux réalisateurs et aux comédiens puisqu’ils doivent pouvoir enchaîner des scènes de l’épisode 2 avec des scènes de l’épisode 7, évidemment avec des changements entre temps d’intrigue, d’état émotionnel, etc. Donc ça nous a demandé de travailler ensemble, d’avoir des équipes très souples, très adaptables, parce qu’en plus le Covid était passé par là donc on a dû réécrire, changer certains décors, etc. Ca a demandé beaucoup d’intelligence et de flexibilité. J’aime bien cet exemple : dans la première scène, quand on voit Zoé qui arrive à la bourre à l’Opéra et qui court dans les couloirs, qui traverse les coulisses et qui arrive sur scène, on a tourné ça dans 4 décors différents à 6 mois d’écart, ça montre bien le travail de toutes les équipes et les twists de production que ça a demandé pour arriver à livrer cette qualité là. […]

Vous avez tourné à l’Opéra Garnier, quel est le pourcentage des scènes qui a été tourné là-bas ?
— Florence Levard : En ressenti ou en réel ? (Rires) On a tourné dans 3 décors différents principalement – il y a plein de décors extérieurs. Notre principal décor ça a été le château, ce qu’on appelle « notre Opéra à nous ». Donc on a transformé un château qui a été abandonné. Le premier jour on y est allé avec Cécile [Ducrocq, ndlr], il y avait des verres brisés, des pigeons morts, c’était un squat donc on a dû le transformer intégralement en Opéra parce qu’on voulait pas tourner en studio pour justement protéger la mise en scène et avoir cette possibilité de circulation. Donc quand vous arrivez dans notre Opéra, il y a vraiment un étage avec l’administratif, un étage avec les studios, l’atelier costumes en haut, etc., et on pouvait filmer le walk and talk [terme anglais pour parler de réunion mouvante, en marche, ndlr] qui fait vraiment partie de l’ADN de la série à l’écriture et qu’on voulait préserver à la mise en scène. Donc ce décor central a représenté évidemment un énorme investissement – on est d’autant plus heureux qu’il y ait saison 2, ça aurait été très dur de ne pas y retourner. On a les spectacles de Garnier qui ont été tournés sur la scène de l’Opéra à Liège [en Belgique, ndlr]. On a fait la même chose en saison 2 qu’en saison 1 : le tournage commence par les ballets donc on se retrouve tous pour 3 semaines à l’Opéra de Liège où on crée nos ballets, on les tourne et on repart un peu soulagés d’avoir commencé par le plus dur. Et le troisième décor, c’était bien évidemment Garnier, donc en terme de volume, c’est pas le plus important, parce que ça représentait à peu près une dizaine de jours de tournage, mais bien utilisés et maximisés. Notamment dans l’épisode 1 avec la scène du gala, et on a pas mal tourné aussi dans l’entrée des artistes, les comédiens qui entrent et qui sortent, les toits évidemment parce que c’est très spectaculaire et qu’on les retrouve à peu près dans tous les épisodes pour donner ce petit vernis et cimenter cette crédibilité générale et installer l’idée qu’on tournait vraiment à l’Opéra.

Et pourquoi l’Opéra de Liège plutôt qu’une autre scène ?
— Florence Levard : D’abord parce que c’était en Belgique et qu’on a été très aidé‧es par la Belgique et ensuite parce que c’est l’Opéra qui ressemble le plus à l’Opéra Garnier, qui est vraiment construit sur le modèle du palais Garnier, plus petit, mais en fait à l’image on arrive à tricher sur les proportions, la scène n’était pas aussi spectaculaire mais ça marche bien à l’écran.

Concernant les musiques, est-ce que vous voudriez bien nous en parler ? Comment vous avez créé l’univers musical de la série ?
— Marco Prince : Je me suis beaucoup reposée sur les psychés des personnages, j’ai eu la chance de pouvoir lire les scénarios en amont – je dis vraiment une « chance », parce qu’en général la musique arrive souvent en post-production, au moment où les monteurs ont badigeonné tout le film de musiques diverses et variées et on te dit « là tu fais ça, là tu fais ça, tu fais ça, tu fais ça » – donc là j’ai eu la chance d’avoir une showrunneuse que ça intéressait de pouvoir en parler en amont, on a commence à en discuter, à en rêver, j’avais très vite saisi sur la lecture des scénarios qu’il y aurait beaucoup de musiques classique, je me rappelle que la première fois que j’ai vu personnellement toute l’équipe, c’était à une réunion au palais Garnier pour aller visiter le palais Garnier avant de filmer, je me rappelle, il y avait tout le monde, c’était hyper émouvant, tout le monde, il y avait vraiment tout le monde, tous les gens qui avaient travaillé sur le projet, et du coup moi ça m’a amusé, j’avais laissé mon téléphone ouvert, je fais souvent ça, pour enregistrer des trucs, enregistrer des gens qui parlent, ça m’a donné des profondeurs on va dire, je me disais « quand ils sont par là ça peut sonner comme ça », ça c’était juste pour l’architecture sonore que ça m’inspirait, de ce vers quoi j’allais aller. Après, je pense qu’il s’agit d’une histoire de gens d’aujourd’hui dans une vie d’aujourd’hui et qui sont mis dans une jolie boîte de Quality Street [marque de confiseries, ndlr], mais qui vivent des vies d’aujourd’hui, tout ça, donc il fallait trouver une manière d’aujourd’hui de faire entendre leur vie, tout ça. Au départ je pensais qu’il y aurait du rock carrément, et en fait c’était une pensée un peu systématique de vouloir s’éloigner de la musique classique, il fallait trouver un truc plus malin que ça – je sais pas si j’ai trouvé un truc très malin – mais en tout cas de trouver quelque chose de urbain mais classique en même temps, de garder toute la partie romantique – parce que moi ça m’intéressait beaucoup d’être sur la peau des personnages, tout ça – et d’y mettre des choses d’aujourd’hui. Et donc moi j’ai envie de dire merci à cette série parce que ça m’a donné envie de travailler ce sillon là, il y a vraiment un truc à faire, je trouve, aujourd’hui, de se réapproprier la matière classique et de la penser comme de l’electro carrément et de déstructurer le rock et de le penser comme des compositions un peu plus larges, et ça, ça m’a vachement intéressé.

La série

Vous prévoyez combien de saisons ?
— Florence Levard : 8 ! Au minimum ! (Rires) Ecoutez, nous on a installé un Opéra, on est prêts, on a un casting solide, on a des auteurs jeunes et en bonne santé. (Rires) L’idée quand on crée ce genre de série c’est d’avoir un mécano assez puissant, comme on le disait tout à l’heure, il y a un vrai ticket d’entrée de documentations, évidemment, mais aussi comme vous l’avez souligné, de construction, de caractérisation de personnages, de caractérisations complexes qui vont toucher à des sujets profonds, qui se situent à des niveaux différents. C’est un des trucs que je préfère dans cette série, on dit toujours qu’une série est chorale, mais elle est rarement complètement chorale, et là je trouve qu’on arrive à dessiner des portraits même sur les personnages secondaires qui sont attachants et on peut raconter encore plein d’histoires.

La saison 2 est prévue pour 2023 ?
— Florence Levard : C’est OCS qui maîtrise le calendrier de diffusion mais nous en tout cas on rend les PAD [prêts à diffuser, ndlr] un an après la livraison des premiers, donc normalement on devrait pouvoir tenir la diffusion de la saison 2 un an après la saison 1.

Vous avez des ventes internationales ou pas encore ?
— Florence Levard : On a des discussions très bien avancées… […]

La série est disponible sur OCS en France depuis le 7 septembre dernier. Retrouvez notre avis sur le premier épisode de la série vu en avant-première lors du festival Séries Mania.

Lire plus d'articles sur : L'Opéra

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

1 commentaire

noelle larue

le 28 septembre 2021 à 17h41

bonjour , je voulais signifier que j’ai adoré la série , mais parfois j’avais du mal a entendre les dialogues distinctement . Parfois le fond sonore ou la musique prenait le pas sur les dialogues.