Entretien exclusif avec Samuel Le Bihan pour le retour d’Alex Hugo sur France 3 (Partie 1/2)

A l’occasion de la reprise de la saison 7 d’Alex Hugo ce soir dès 21h10 sur France 3, nous avons eu la chance de nous entretenir en exclusivité avec son acteur principal, Samuel Le Bihan.

Alex Hugo, série policière à succès de France Télévisions, a fait de Samuel Le Bihan un acteur incontournable du petit écran ces dernières années. Après une interruption à l’automne dernier, la saison 7 reprendra sa diffusion ce soir dès 21h10 sur France 3 avec son troisième épisode intitulé « Seuls au monde » dont vous pouvez retrouver l’avis sans spoilers ici. Pour ce retour, nous avons eu le privilège de nous entretenir avec Samuel Le Bihan qui nous parle avec passion de la série et de son personnage. Voici la première partie de notre interview, en attendant la seconde mardi 1er février pour la diffusion de l’ultime épisode de la septième saison.

Alex Hugo existe depuis 8 ans et fait partie des fictions françaises les plus regardées de la télévision (6,4 millions de téléspectateurs pour son dernier inédit, ndlr). Comment expliquez-vous la longévité de la série et qu’est-ce qui vous donne l’envie de continuer ?

Je ne l’explique pas ! Enfin si, il y a quand même des éléments qui sont forts. On a quand même cette montagne qui est très belle, très forte. C’est aussi d’avoir été à contre-courant qui est devenu un avantage : là où la mode était sur le 52 minutes avec un montage vif, rapide et nerveux, nous on est sur un 90 minutes contemplatif, lent, on pose les choses et on les raconte. C’est ce qui nous permet de prendre le temps de regarder la montagne, de regarder l’environnement, de parler indirectement de nature, de liberté, d’aventure, de justice. De la justice humaine. La justice dont on rêve tous. Ce serait ça mon sentiment. Je ne sais pas si on peut en expliquer le succès mais en tout cas, ce que je trouve d’intéressant dans cette série sont ces notions-là, qui en font quelque chose d’assez original. Ensuite, ce qui me fait continuer, c’est que je ne m’ennuie pas. Qu’on arrive à remettre des défis, des enjeux et qu’on ne soit pas dans le ronronnement -quand j’ai le sentiment de ronronner, je râle et je dis que je m’ennuie (rires). Je veux que ça joue, je veux avoir peur, je ne veux pas être dans le confort, autant physique, autant dans les scènes ou dans les enjeux. J’adore quand on se lève à 4h du matin pour arriver sur un set où il fait encore nuit juste pour filmer le jour se lever dans les endroits les plus beaux du monde. Ça je veux ! Je veux des scènes où il y a un engagement physique, de l’émotion, et je veux rencontrer des acteurs avec qui ont envie de déchirer la scène, de faire quelque chose d’unique. J’ai besoin de ces enjeux.

Vous avez évoqué la montagne, qui fait partie intégrante de la série. Serait-elle plutôt un personnage à part entière ou plutôt le reflet d’Alex (taciturne, imposante, difficile à apprivoiser…). Quelle était l’idée de départ ?

Au départ c’était un élément de décor. C’était l’histoire de ce flic de la BAC de Marseille qui est parti pour un ras-le-bol de la violence et qui est venu se réfugier dans la montagne pour être apaisé. C’est l’adaptation d’un livre américain de Richard Hugo qui s’appelle « La mort et la belle vie » qui a été remis entre les mains de Franck Thilliez et Nicolas Tackian, qui sont quand même deux maîtres du polar en France ! Donc on est partis avec des racines très qualitatives mais c’était un pitch traditionnel, avec l’histoire d’un flic qui est dans la montagne. Ensuite les choses ont pris corps, se sont mélangées les unes aux autres et maintenant c’est vrai, on peut se raconter que, dans le fond, la montagne est un peu à l’image d’Alex Hugo mais ce n’était pas le décor planté au départ. Ça a évolué dans ce sens-là et c’est plutôt très bien.

Et vous l’avez lu ce livre, « La mort et la belle vie » ?

Oui absolument, mais ça m’a aiguillé sur une fausse piste car le personnage n’est pas moi, il est beaucoup plus fragile que moi. C’était quelqu’un d’inadapté à son métier de flic et je préfère en faire un mec adapté à la BAC de Marseille, adapté au travail qu’il faisait mais avec un ras-le-bol et une overdose de violence. Il a un caractère bien trempé mais aussi une sensibilité à fleur de peau. Cela m’a mis un peu sur une fausse piste… Il fallait que je me réapproprie tout ça. Ce qui était intéressant, de la même façon de ce que font les réalisateurs ou les scénaristes, c’est qu’aujourd’hui on prend les éléments qu’on nous donne, comme la montagne, ce personnage d’Alex Hugo, et on raconte à l’intérieur de ça ce qui nous touche le plus, on en fait une affaire personnelle.

Avez-vous votre mot à dire sur l’évolution d’Alex ?

Personnellement, j’ai mon pré carré d’acteur, c’est-à-dire que le texte, on se le met en bouche, on peut le transformer un peu, on peut toujours lui apporter deux-trois éléments. Alex, c’est mon personnage, donc je peux le faire évoluer comme il me semble le plus juste mais je n’écris pas les scénarios et je ne produis pas la série, ce n’est pas mon métier. Chaque métier est quand même très défini et Alex Hugo est l’initiative de la productrice Delphine Wautier, c’est vraiment son bébé et c’est elle qui gère tout ça. Elle entend ce que chacun a à dire mais c’est sa création, son idée.

Y’a-t-il un peu d’Alex Hugo en vous ? Et y a-t-il du Samuel Le Bihan en lui ?

Peut-être… Il y a forcément des choses qui font écho. Par exemple, je dessinais énormément et ce personnage dessine aussi. Je rêvais de faire les Beaux-Arts, je pensais que mon métier irait plutôt vers le dessin. En tout cas, il y avait une expression artistique qu’on retrouve chez Alex Hugo. Il y a aussi le besoin de nature, ce besoin de sentir les éléments sur soi, la pluie, le vent, d’être dans des paysages de nature forts… Ça j’en ai besoin. Le besoin de solitude parfois aussi, mais lui en a un beaucoup plus prononcé que moi ! Même trop, car il aurait tendance à quitter la société et la civilisation. Peut-être aussi parce qu’il porte des douleurs beaucoup plus profondes que les miennes…

Ce personnage vous a-t-il appris des choses ?

Il est inspirant ! Parce que son idée de la justice est très inspirante, c’est très humain. C’est toujours tourné vers l’être humain profond et pas « la justice pour la justice ». C’est une ode à la nature. De mon côté, je suis un peu militant sur les causes écologiques, j’ai créé mon association, Earthwake, contre les déchets plastiques. Il y a d’autres échos peut-être… Je suis assez sensible à l’exclusion, la différence… Ce sont des thèmes qui me parlent et sur lesquels je milite aussi à travers des associations que j’ai créées (comme Autisme Info Service, ndlr) donc il y a peut-être des échos comme ça sur le plan moral, sur le plan des valeurs que l’on défend et sur les centres d’intérêt.

Vous parliez de la solitude d’Alex. Dans l’épisode « Seuls au monde » diffusé ce soir, le personnage craque sous le poids de la solitude justement, mais aussi de la culpabilité. Selon vous, c’était nécessaire de montrer ses fêlures à un moment donné ?

Je trouve ça important. Si on veut suivre un héros, il faut voir ses fragilités. C’est ça qui m’intéresse pour constituer un personnage. J’ai besoin de connaître ses failles et si j’avais un message à envoyer aux scénaristes, c’est vraiment ça : aller vers ce qui fait la fragilité d’Alex Hugo. Parce que sa force on la connaît, on l’utilise de toute façon dans les épisodes. Ce que j’ai envie de voir, c’est sa fragilité, le point de rupture, c’est ça qui est intéressant. Il faut aller vers ça, il faut qu’on le développe.

Derrière chaque enquête se cache un sujet plus sombre, souvent sociétal (djihadisme, transidentité, etc). Y a-t-il des thèmes spécifiques que vous aimeriez que la série aborde ?

Non, je ne me suis pas posé la question dans ces termes. C’est plutôt par rapport au personnage et ses failles. J’aimerais bien qu’on aborde davantage son passé et qu’on revienne un peu plus sur des moments de son passé qui rejaillissent dans la série. Ça, ça me plairait !

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