Comme nous vous l’annoncions récemment, la première saison du thriller d’espionnage Condor débutera ce dimanche 18 novembre sur 13ème RUE. A l’occasion de ce lancement et dans le cadre de notre collaboration avec la chaîne, nous avons eu la chance de rencontrer son interprète principal, Max Irons, pour une interview exclusive. Entretien avec un acteur charismatique, simple et réfléchi, qui a la tête sur les épaules.
En quoi Condor se différencie-t-elle des autres séries d’espionnage et d’antiterrorisme que nous voyons régulièrement ?
Je pense que ce qui rend Condor particulièrement intéressant -à la fois pour les téléspectateurs et pour nous acteurs- c’est que, bien qu’il s’agisse d’un thriller qui va à 100 à l’heure, le show soulève des questions intéressantes. Nous vivons des temps étranges politiquement parlant et dans la série, nous mettons l’accent sur certains détails, sur certaines choses qui sont faites au nom d’autres, et je pense que Condor vous montre ce types de choix, des choix politiques, des histoires auxquelles vous faites ou non attention, et cela vous permet de vous questionner sur ces choses. Donc bien que ce soit un thriller à adrénaline, la série nous rend aussi conscients du monde qui nous entoure, ce qui est bien.
Pouvez-vous présenter votre personnage aux téléspectateurs français ?
Bien sûr ! Je joue Joe Turner, un jeune et idéaliste analyste qui travaille pour la CIA et qui découvre l’existence d’un groupe interne anti-Islam, qui cherche à justifier ses actes dans une politique assez violente. Mais les membres de ce groupe réalisent que Joe a tout découvert et ils vont alors le poursuivre pour le tuer !
Dans le pilote, on en apprend très peu sur Joe et pourtant on arrive à l’apprécier. Pourquoi selon vous ?
Je pense tout simplement que Joe nous représente, nous. Il comprend qu’il y a un problème dans notre société, un problème profond et ancré, et comme nombre de jeunes personnes, il ne sait pas comment résoudre ce problème, et nous l’accompagnons dans son parcours. Il a beaucoup de principes, d’idéologie et il est fort, mais comme beaucoup d’entre nous, ses principes sont forgés dans des situations précises : en ayant des conversations axées sur tel ou tel sujet, en parlant avec ses parents ou en allant à l’école… Vos principes ne sont pas mis à l’épreuve, ils restent théoriques, vous n’avez pas été en temps de guerre par exemple, ou vous n’avez pas connu la faim mais quand vous traversez tout ça, votre système de valeurs change. Prenons l’exemple de la condamnation à mort. Personnellement, je suis contre, mais si vous tuez mon enfant, meeeh… je pourrais revoir ce principe ! Et c’est cela qu’on voit avec Joe : c’est un jeune idéaliste avec beaucoup de principes qui se retrouvent mis à l’épreuve et qui le font changer, et je pense que la série demande au téléspectateur de faire pareil en se mettant à sa place.
Comme vous venez de le dire, la vie de Joe va changer de façon radicale. A votre façon, le comprenez-vous? Vous êtes-vous déjà retrouvé dans une situation au point de non-retour ?
Mmh… (Il réfléchit). Autant que je m’en souvienne, je ne vois pas, désolé !
Vous n’êtes pas très fan des réseaux sociaux. Pensez-vous pour autant que de nos jours, être un artiste populaire rime obligatoirement avec réseaux sociaux ?
Je pense que cela me serait bénéfique professionnellement parlant si j’utilisais les réseaux sociaux, oui. Mais je vais parler pour moi personnellement : je pense que les réseaux sociaux sont une mauvaise chose, ils sont mauvais pour l’âme. On voit de plus en plus d’études qui montrent les effets à long terme de l’usage des réseaux sociaux et cela devient de plus en plus clair : ils ne contribuent pas au bonheur et ne permettent pas non plus aux jeunes de se forger une identité. Je pense plutôt que cela encourage les actes et pensées négatives. C’est aussi la forme la plus directe de transferts d’informations : vous n’utilisez plus la radio ni la télévision mais la première chose que vous faites en vous réveillant, c’est d’aller voir les réseaux sociaux, c’est à dire là où votre cerveau est le moins alerte et quand vous êtes le moins critique, vous regardez cette chose et cela vous dit à quoi vous devriez ressembler, ce que vous devriez posséder, combien d’argent vous devriez avoir… Et également politiquement parlant maintenant, on a découvert qu’on se faisait manipuler par ce biais… Donc personnellement, je conseillerais à chacun de s’en débarrasser. Je ne me fais jamais inviter aux soirées de toute façon ! (rires)
Peut-être est-ce pour cela que vous êtes relativement discret dans le show-business ?
L’une des raisons, oui.
Vous semblez faire ce métier uniquement par passion car vous paraissez totalement dénué d’intérêt pour la célébrité. Quel est votre rapport à la célébrité ?
C’est une question intéressante que celle de la célébrité. Pour le dire simplement, je n’ai pas l’impression que c’est réel. Si vous pensez que c’est réel et que cela a des valeurs tangibles, je ne pense pas que vous allez être heureux. Si vous poursuivez cette idée, je ne pense pas que cela vous rendra heureux. Cela peut vous faire gagner de l’argent mais cela ne fera pas votre bonheur. Habituellement, je suis réticent à l’idée de parler de ma famille (vous l’ignorez peut-être mais Max est le fils de l’acteur Jeremy Irons, ndlr), mais je vais vous dire : en grandissant j’ai vu ce qu’est vraiment la célébrité. Je l’ai vu en coulisses, derrière le strass et les paillettes, il y avait des avant-premières, des soirées… mais la véracité de tout ça, c’est que l’on perd ce que l’on prend pour acquis depuis toujours : la liberté. Vous pouvez vous promener dans la rue, vous pouvez regarder la vitrine d’un magasin, vous pouvez porter un t-shirt extravagant et personne ne s’en soucie, mais à la minute où vous devenez célèbre, tout cela s’évanouit et disparaît à jamais. C’est un prix très lourd à payer. Donc j’adore jouer, vraiment, mais j’aimerais, dans la mesure du faisable, garder ma vie aussi libre, privée et fun que possible.
Vous avez débuté votre carrière avec un petit rôle dans Adorable Julia en 2004. Aujourd’hui, vous tenez le rôle principal de Condor. Que ressentez-vous à l’idée de porter une série sur vos épaules ?
Que du bon ! C’est très bien mais c’est également intimidant. C’est une grande responsabilité d’être le moteur d’une série, de devoir se montrer positif et de montrer l’exemple. Mais vous savez, être impliqué dans une série comme Condor avec un superbe casting -dont deux oscarisés, William Hurt et Mira Sorvino- tel que Bob Balaban, Leem Lubany ou Katherine Cunningham, côtoyer des gens comme eux chaque jour, travailler sur de la matière complexe et intelligente avec de merveilleux scénaristes, dans de beaux décors… que demander de plus ? Je suis vraiment reconnaissant pour tout ça.
Vous êtes passionné par la Guerre Froide. Aimeriez-vous écrire ou réaliser un projet à ce sujet ? Et plus généralement, seriez-vous justement un jour tenté par la production, l’écriture ou encore la réalisation ?
Eh bien vous savez, je ne pense pas que je sois assez intelligent pour écrire quelque chose car j’ai essayé et c’était horrible ! C’était vraiment très mauvais… Produire, peut-être, pourquoi pas. Réaliser, peut-être, pourquoi pas. Mais le reste non. En tout cas, oui, j’adorerais faire partie d’un projet en rapport avec la Guerre Froide !
Vous travaillez aussi bien pour la télévision que pour le cinéma. Comment choisissez-vous vos rôles ?
Eh bien, c’est instinctif. Vous réagissez cérébralement, émotionnellement. Ce n’est pas toujours le bon choix, mais tant pis, car la vie est longue et vous apprenez de chacun de vos projets qui sont tous différents. Mais si cela me stimule, me fait rire, me fait réfléchir, me fait angoisser… qu’importe ! Ah et les défis à relever sont intéressants également !
Condor débute très prochainement en France. Que diriez-vous aux téléspectateurs pour leur donner envie de regarder la série ?
Déjà, on a un fantastique casting. Condor est un thriller au rythme palpitant avec de l’intrigue, de l’espionnage, des subterfuges, des discours à double sens… La série nous permet d’ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure et je pense qu’en ce moment, on a effectivement du souci à se faire. Condor met en lumière certaines de ces choses et c’est certes trépidant, mais cela vous fait également réfléchir et c’est une bonne chose ! Quand vous vous asseyez pour regarder la télévision pendant plusieurs heures, c’est toujours mieux de ressentir plusieurs états en plus d’être pris dans l’histoire. Regardez Condor, c’est top !
Outre les acteurs cités par Max Irons dans l’interview, on retrouve également Brendan Fraser (La Momie), Angel Bonanni (Absentia) ou Melissa O’Neil (The Rookie) au casting de la série. La première saison de Condor, composée de 10 épisodes, commencera ce dimanche 18 novembre sur 13ème RUE. Deux inédits par soirée seront proposés chaque semaine.