Séries Mania : retour sur la masterclass de Tomer Sisley

Séries Mania s’est achevé vendredi 24 mars 2023 à Lille et pour son dernier jour, le festival recevait Tomer Sisley pour une masterclass. Nous y étions et voici ce qu’il fallait retenir.

Séries Mania le voulait depuis des années et il était enfin là. En effet, comme nous l’a expliqué la directrice de l’événement Laurence Herszberg en début de panel, Tomer Sisley est invité chaque année mais faute de temps, il n’arrive jamais à se libérer pour venir, sauf en mars 2020, c’est à dire… quelques jours avant le confinement lié au Covid-19 ! Depuis, l’acteur n’avait pas eu l’occasion d’accepter de nouveau l’invitation mais c’est désormais chose faite : vendredi 24 mars dernier, le Théâtre du Nord situé sur la Grand Place de Lille a accueilli Tomer Sisley pour une masterclass de 1h30 animée par le journaliste Charles Martin devant une salle comble. Résumé.

Tout d’abord, pourquoi avoir accepté cette masterclass à Séries Mania ? Pour « l’échange et la transmission » nous dit-il, lui qui s’est battu pour faire ce métier souhaitait nous partager son expérience. C’est ainsi qu’il nous parle de la préparation de son rôle d’ex-taulard pour le téléfilm Comme mon fils diffusé le 5 mars sur TF1 : pour se mettre dans la peau -au sens propre- de son personnage, Tomer s’est fait des tatouages temporaires qui ont duré une dizaine de jours. Il assure que cela l’a aidé à mieux s’imprégner du rôle. Et son implication dans cette fiction inspirée de faits réels va encore plus loin puisqu’il est également producteur du programme, une nouveauté pour lui. Mais revenons sur les grandes lignes de sa vie d’acteur.

La rétrospective de sa carrière débute par un extrait de sa première apparition télévisée : nous sommes en 1996 et Tomer joue aux côtés d’Adrian Paul dans la série Highlander. Etant lui-même fan du show à l’époque, il nous confie qu’après ce tournage, il avait l’impression d’avoir atteint le point culminant de sa carrière puisqu’il se retrouvait de l’autre côté de l’écran, ce qui lui semblait incroyable tant il espérait vivre de ce métier. Né à Berlin, il est arrivé en France à 9 ans et ne parlait pas un mot de français mais il était déjà passionné de cinéma. Ses modèles étaient Dustin Hoffman, Robert Duval ou Burt Lancaster.

Petit bond dans le temps de 10 ans : Tomer s’est lancé dans le stand-up et il fait désormais partie du Jamel Comedy Club. Il nous avoue que cette arrivée dans le monde de l’humour était purement stratégique car il souhaitait gagner en visibilité et il a eu raison ! En effet, il a intégré le casting du film Truands après que le réalisateur Frédéric Schoendoerffer ait vu passer une bande-annonce pour le Jamel Comedy Club. Il en sera de même pour Largo Winch, où il sera contacté par le réalisateur Jérôme Salle suite à l’un de ses sketchs dans l’émission. Un véritable tremplin donc.

Tomer nous explique que contrairement à ce qu’on pourrait penser, Largo Winch n’était pas forcément un nouveau départ pour lui car suite à sa carrière dans le stand-up, on ne lui a principalement proposé que des comédies pendant très longtemps mais à l’inverse, après Largo Winch, on ne lui a offert que des rôles dans des films d’action… La faute aux étiquettes que l’on donne facilement aux acteurs quand ils jouent tel ou tel rôle. C’est pourquoi il nous confie avoir connu une réelle traversée du désert pendant plusieurs années mais en regardant dans le rétroviseur, il admet qu’il n’aurait pas dû refuser certains projets, à l’instar de Skyfall de Guy Ritchie où il aurait pu affronter James Bond himself (Daniel Craig), mais il ne peut s’empêcher de marcher à l’envie avant tout.

En évoquant Largo Winch, Tomer nous parle du troisième volet actuellement en cours de tournage en Bulgarie, en Belgique mais aussi en Thaïlande, où il s’est cassé l’avant-bras et déboité l’épaule en seulement 8 jours de tournage !! Aucune autre information ne filtrera sur le film, si ce n’est que James Franco (127 Heures) fera partie du casting.

Lorsque le maître de conférence change de sujet pour aborder son rôle dans Balthazar, c’est l’ovation dans la salle de Séries Mania ! Après avoir visionné un extrait du tout premier épisode en 2018, il nous en dit plus. Raphaël Balthazar lui a été présenté comme un veuf qui crame la vie par les 2 bouts en multipliant les filles et l’alcool. Or le comédien leur a proposé une version différente -tout en gardant l’essence du personnage- inspirée de Steve McQueen dans L’Affaire Thomas Crown. C’est comme ceci que Balthazar est devenu accro aux sports extrêmes et à l’adrénaline. Toujours autant investi dans ses rôles, Tomer Sisley raconte avoir beaucoup potassé le langage de légiste en lisant des livres sur le sujet ainsi qu’en assistant à deux autopsies et même en recousant un cadavre !

Il revient sur sa collaboration avec Hélène de Fougerolles et notamment sur le binôme formé par les deux protagonistes qui fonctionnait bien puisque fondé sur la complémentarité et la séduction. Concernant le départ de l’actrice, Tomer se dit partiellement responsable : il est entré en discussion avec elle, TF1 et la production pour réfléchir au meilleur moyen de ne pas lasser le public et de retrouver la fraîcheur des premières saisons. Pourquoi ? Parce que dès que le duo phare d’une série se met en couple, la tension chien et chat entre les personnages se casse et l’intérêt du téléspectateur retombe. Au final, Hélène de Fougerolles a décidé de quitter le show. Est ensuite arrivée Constance Labbé avec qui une nouvelle dynamique s’est créée, celle des meilleurs potes qui se charrient comme des ados de 15 ans. Mais désormais, l’aventure est bel et bien terminée pour Tome Sisley qui aspire à autre chose, tant sa vie était devenue Balthazar puisqu’il tournait la série plus de 6 mois par an pendant 5 années. Un choix « pas facile » mais l’acteur préfère « frustrer que saouler » et il était selon temps de finir tant que les téléspectateur·ices n’étaient pas encore lassé·es.

Balthazar (©TF1)
©TF1

Le comédien revient également sur « l’expérience extraordinaire » qu’a été pour lui Messiah, série américaine signée Netflix diffusée en 2020. Il nous explique la grande différence entre les modalités de tournages en France et outre-Atlantique : chez nous, une journée de travail dure 8h maximum (par exemple, un épisode de Balthazar est tourné sur 10 jours avec 8h de tournage par jour et 4h de dépassement autorisé). A l’inverse, aux Etats-Unis, une journée dure 11h minimum ! Par conséquent, le réalisateur n’est pas pressé par le temps et a l’occasion de peaufiner les scènes au mieux, ce qui plaît beaucoup à Tomer Sisley. Mais pour autant, il nous dit ne pas avoir des envies de Hollywood comme certains en rêvent. Lui se décrit plutôt comme un acteur international, il aime « picorer partout » et si l’opportunité se présente, il aimerait tourner en Israël ou à Bollywood même si sa carrière reste en France avant tout.

L’acteur a notamment joué dans le film israélien Kidon en 2014, ce qui lui tenait à cœur car il est lui-même d’origine israélienne et tenait absolument à jouer dans le pays de sa nationalité. Il nous raconte notamment une anecdote très drôle sur ce tournage : il devait se prendre une gifle de la part d’une actrice et visiblement, la demoiselle frappait vraiment très fort, à tel point que Tomer Sisley assure avoir vu des étoiles ! Or, il devait dire sa réplique juste après et il était hors de question pour lui de rejouer la scène de la baffe mais l’équipe technique n’arrêtait pas de parler à chaque fois qu’il tentait d’ouvrir la bouche ! Il en rit maintenant mais il avait vraiment dû prendre sur lui à l’époque…

Il nous parle ensuite de Vortex, mini-série de science-fiction diffusée en janvier sur France 2 qui fait usage d’une nouvelle technologie de réalisation : les écrans LED, utilisés notamment sur le tournage de The Mandalorian de la saga Star Wars pour Disney+. Et pour l’occasion, nous avons droit à un petit tuto, comme le montre l’image ci-dessous. Tomer nous explique que sur cette photo, il n’est pas en extérieur mais en studio en région parisienne et que l’océan derrière lui est en réalité un mur en LED projetant l’image de la mer et de sable. Les seuls décors utilisés sont donc les rochers et le sable au sol. Au premier plan par terre, vous pouvez voir une dame à plat ventre : il s’agit de l’accessoiriste qui souffle de l’air dans les cheveux de la comédienne -qu’on aperçoit en sweat bleu et en jeans- face à Tomer Sisley dont le personnage est censé être sur la plage en pleine journée tandis que celui de l’acteur est en salle de réalité virtuelle. En bref, c’est pour lui une réelle révolution technologique, qui renverra les écrans verts à l’âge de pierre d’ici quelques années.

Tomer Sisley à Séries Mania (©Just About TV)
©Just About TV

Sur ce, la conférence officielle est terminée mais c’est désormais l’heure des questions du public de Séries Mania. Sera évoqué le film américain Don’t Look Up dans lequel il a joué aux côtés de Leonardo Di Caprio et Jennifer Lawrence et qui a été pour un énorme « kif » car il n’a jamais tourné avec autant de talents réunis, notamment Meryl Streep. Il nous confesse d’ailleurs sur un ton humoristique qu’il peut désormais mourir maintenant qu’il a eu la chance de travailler avec elle, même s’il y a d’autres acteurs avec qui il rêverait de partager l’affiche tels que Tom Hardy, Sean Penn ou encore Benicio Del Toro. Et pour conclure sur Don’t Look Up, il a également beaucoup apprécié les libertés accordées par le réalisateur Adam McKay qui encourageait aussi le cast à improviser. Un excellent souvenir donc.

Les auditeurs de Séries Mania lui parlent également des Innocents, mini-série datant de 2018 (dont nous vous avions fait la critique), qui s’avère être un remake et la question porte sur sa préparation au rôle : a-t-il regardé la série originale auparavant ? « Non » répond-il, il ne regarde jamais les formats initiaux car il aurait l’impression de « skier dans les traces de quelqu’un » alors qu’il aspire à créer ses propres traces.

Et enfin, s’il devait faire le bilan sur sa carrière, Tomer nous dirait qu’il n’a toujours pas atteint le point culminant de sa carrière et qu’il cherche encore à s’améliorer car il connait ses défauts de jeu et n’aime pas se voir à l’écran. Il ajoute que c’est très difficile pour lui d’entretenir son physique car à bientôt 50 ans, il doit travailler dur pour se maintenir en forme mais il n’a pas le choix pour ses rôles.

La masterclass de ce Séries Mania 2023 consacré à Tomer Sisley s’achève sur une note comique : un monsieur placé au premier rang levait la main depuis le début pour poser une question mais il n’a jamais été choisi par le staff. L’acteur lui a donc assuré qu’il prendrait le temps de répondre après le panel. Comme promis, une fois la conférence terminée, Tomer se dirige vers le premier rang et là, nous le voyons revenir sur scène pour prendre le micro et nous dire : « Je suis parti voir le monsieur en lui demandant ‘‘C’est quoi ta question ? » et là, il me répond « Je peux avoir une photo ? »« . Rires. Merci Tomer pour cette masterclass et peut-être à bientôt sur une nouvelle édition de Séries Mania.

Tomer Sisley (©Séries Mania)
©Séries Mania
Lire plus d'articles sur :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.