Shondaland : retour sur la carrière de Shonda Rhimes
À l’occasion de la sortie d’Inventing Anna, la rédaction revient sur la carrière de la scénariste et productrice Shonda Rhimes. Retour sur une plume hors du commun.
La belle ténacité de Shonda Rhimes
Dans les années 1990, la carrière de Shonda Rhymes n’était pas au beau fixe : à peine diplômée, la future scénariste de renom enchaîne les petits boulots et les contrats d’écriture sur divers films, dont un en partenariat avec Britney Spears. Au début des années 2000, Shonda Rhimes a l’opportunité de travailler sur le deuxième film Princesse malgré elle, ce qui est un véritable tremplin. Rapidement, elle entame sa conversion vers la télé, sans succès jusqu’à… 2005, l’année de lancement de Grey’s Anatomy. Ensuite, tout s’enchaîne : en 2007, ABC commande également un spin-off de la série, Private Practice, toujours menée par Shonda Rhimes.
On pourrait croire que tout sourit à présent pour la créatrice et productrice, mais ce n’est pas le cas. Elle le dit elle-même : ce qui fait son succès, c’est sa ténacité. Car Shonda Rhimes n’abandonne jamais ! Malgré quelques échecs avec des projets annulés ou morts dans l’œuf, (Inside The Box en 2010, Off The Map en 2011, Gilded Lilys en 2012,The Catch en 2016 ou encore Still Star-Crossed en 2017 et For The People en 2018); la scénariste continue de proposer du contenu innovant à sa chaîne chouchou, ABC.
En suivant son instinct, elle démarre ainsi certains des plus gros succès du network : Scandal, en 2011 ou encore How To Get Away With Murder, en 2014. Ces séries ont duré respectivement 7 et 6 saisons. Bien sûr, en terme de longévité, on ne présente plus Grey’s Anatomy (et son populaire spin-off Station 19), qui en est déjà à sa dix-huitième saison, et qui ne cesse d’être renouvelée chaque année.
Comment expliquer un tel succès, et surtout une telle productivité ? Pourquoi le public accroche-t-il autant à la plume et aux projets de Shonda Rhimes? Son secret repose dans les sujets abordées par nos personnages préférés.
Des séries engagées
Lorsqu’on parle de Shonda Rhimes, on pense au côté engagé de la réalisatrice, productrice et scénariste. En effet, c’est un point commun que nous pouvons retrouver dans pas mal de ses séries : elle peut explorer plusieurs sujets via ses show médicaux comme Grey’s Anatomy ou Private Practice, mais également grâce à ses séries liées à la justice comme How To Get Away with Murder.
- Critique du système médical américain
Depuis le début de Grey’s Anatomy, la série ne fait que pointer du doigt l’inégalité et l’injustice bien présente dans le système médical américain. En effet, le système des Etats-Unis est très loin de celui que nous connaissons en France : si nous avons la chance d’avoir la Sécurité Sociale pour tous, garantissant à chaque citoyen français des soins gratuits, ce système n’existe tout simplement pas Outre-Atlantique. Aller chez le médecin coûter cher et pour ne pas avoir à payer, il faut souscrire à des assurances privés qui vous permettent d’être remboursé de vos soins médicaux, même les plus basiques.. mais ces assurances coûtent chères et une bonne partie de la population ne peut pas se permettre de la payer.
Dans la série médicale, les chirurgien·ne·s sont souvent confronté·e·s à des patient·e·s qui ne peuvent pas payer leurs soins et chirurgies : le personnel médical se démènent donc bien souvent pour trouver un moyen d’opérer bénévolement, mais ça n’est pas toujours possible. [SPOILER SAISON 16] C’est comme cela que dans la seizième saison, Meredith (Ellen Pompeo) se fait renvoyer de l’hôpital après avoir fraudée auprès de l’assurance pour pouvoir opérer une jeune fille atteinte d’un cancer qui ne pouvait pas avoir d’assurance car son père était sans papiers. [FIN DU SPOILER]. En plus de dénoncer un système qui rend les inégalités importante au sein de la population en matière d’accès aux soins, Shonda Rhimes utilise ces storylines pour imposer des choix moraux à ses personnages : suivre les règles d’un système injuste et pas toujours cohérent ou les enfreindre, quitte à devoir en payer les conséquences.
- Les inégalités des différentes ethnies aux Etats-Unis
Mais on ne parle pas que de système médical défectueux, dans Grey’s Anatomy : on parle aussi de racisme. [SPOILER SAISON 14] L’épisode le plus marquant de la série est sans doute l’épisode 10 de la saison 14, lorsque Miranda (Chandra Wilson) et Ben (Jason George) doivent expliquer à leur fils Tuck comment se comporter avec la police. Dans cet épisode, des policiers tirent sur un jeune adolescent de 12 ans qui escaladait la façade de chez lui car il avait oublié ses clefs et voulait passer par la fenêtre pour pouvoir rentrer chez lui. On pointe du doigt la violence policière : comment des policiers peuvent-ils tirer sur un adolescent non armé qui ne représentait aucune menace immédiate ? La réponse est toute trouvée pour Jackson (Jesse Williams) : sa couleur de peau. A la fin de l’épisode, l’adolescent meurt de ses blessures. [FIN DU SPOILER]
Une fin très émotionnelle mais malheureusement, une réalité pour beaucoup trop de victimes de violences policières dans le pays de l’Oncle Sam. Dans l’épisode 19 de cette même saison 14, un épisode traite également le sujet des « dreamer », ces enfants d’immigré·e·s sans papiers né·e·s sur le territoire américains. Diffusé en plein scandale de l’organisation ICE qui s’occupe de gérer l’immigration illégale sur le territoire américain (mais qui utilise des méthodes douteuses et pas toujours légales, ndlr), cet épisode est un autre exemple de la manière dont Shonda Rhimes utilise l’actualité pour créer des histoires dans ses séries. Des histoires que les gens comprendront et qui aideront probablement à sensibilisé sur le sujet.
Un autre exemple flagrant serait probablement sa série How to Get Away with Murder, qui consacre quasiment toute une saison sur l’inégalité de traitement des personnes de couleurs dans le système judiciaire américain. Série menée par l’extraordinaire Viola Davis dans le rôle d’Annalise, qui décide de traiter les affaires de dizaine de détenu·e·s de couleurs qui n’ont pas eu la chance d’avoir un procès juste.
Dans un Hollywood où on aime montrer une belle Amérique, Rhimes, elle, n’hésite pas à dénoncer via la fiction.
Un bel accord et un futur toujours plus prometteur
En 2014, Shonda Rhimes a signé un accord avec Netflix, pour travailler sur différents projets. Chez ABC, la nouvelle n’a pas été très bien prise : après tout, l’écriture de la scénariste est un des piliers de la chaîne. Du côté de la plateforme de streaming, c’est la célébration. ABC, qui est une des filiales Disney, n’avait pas reconduit les accords de diffusions de divers projets. En effet, c’était le moment des prémices de Disney +, il fallait bien retrouver les droits de ses séries ! Un moyen de faire garde partagée ?
Pas vraiment. La productrice a déclaré avoir trouvé chez Netflix une liberté créative unique avec une portée mondiale instantanée grâce sa plateforme de streaming. Pour elle, Netflix a ouverts des possibilités illimitées pour sa boite de production, Shondaland. En 2020, la créatrice travaillait sur pas moins de 12 nouveaux projets pour le géant du streaming. Entre autre, on le sait, le succès planétaire Bridgerton (ou La Chronique des Bridgerton, ndlr.) Après une saison 1 aussi appréciée que critiquée, la série inspirée d’une saga de livres du même nom, a déjà été renouvelée jusqu’à la saison 4. La saison 2 arrive d’ailleurs très bientôt, en mars, pour le plus grand bonheur des fans.
Du côté de la rédaction, on a également hâte de découvrir le tout nouveau bébé de l’écurie, Inventing Anna. Sortie aujourd’hui, cette série suit l’enquête de la journaliste Vivian (Anna Chlumsky) sur la véritable affaire de Anna Delvey (Julia Garner), également connue sous le nom de Anna Sorokin. Anna s’est fait passer pour une riche héritière allemande et a été condamnée l’année dernière pour escroquerie et crime organisé, laissant derrière elle des dettes et des amitiés brisées.
Vous laisserez-vous tenter par un des show de Shonda Rhimes ?