Le 6 septembre dernier, nous vous partagions notre review du pilote de la mini-série Zorro avec Jean Dujardin actuellement disponible sur Paramount+ puis prochainement sur France Télévisions.
Pour rappel, elle a été créée par Benjamin Charbit et Noé Debré (Parlement), produite par Marc Dujardin pour Collectif 64, et réalisée par Emilie Noblet et Jean-Baptiste Saurel.
Au casting aux côtés de Jean Dujardin qui interprète Don Diego de la Vega/Zorro, on retrouve également : Audrey Dana (son épouse Gabriela), André Dussolier (son père Don Alejandro), Salvatore Ficarro (Bernardo), Grégory Gadebois (le Sergent) et Eric Elmosnino (Don Emmanuel).
Nous avons vu les 8 épisodes et voici notre avis.
Un pari audacieux
L’idée de départ était pourtant bonne : aborder le mythe de Zorro sous un angle différent que celui que l’on connait depuis toujours. En prenant le contrepied de la légende du justicier masqué, Zorro version française semblait pertinent en proposant un protagoniste plus intime et en dévoilant ses failles. En théorie oui. En pratique… le pari est difficile à relever sans frôler la parodie. On apprécie l’audace de démystifier un tel héros et d’en faire un homme lambda, parfois lâche et à contre-courant de ses valeurs. Mais est-ce vraiment de cette façon que nous avons envie de voir Zorro ? Surtout que l’esthétique apportée à la série et les combats de cape et d’épée sont soignés… Une chose est en tout cas certaine : les puristes et amateurs du cavalier noir seront déstabilisés par ce point de vue. Pour les autres, la lecture de l’œuvre pourra les toucher : finalement, Zorro est un homme comme un autre…
De l'absurde dans du dramatique
Le problème majeur de ce Zorro réside en son style et non pas en son propos. Abordant des sujets sérieux sous couvert d’un humour que l’on peut qualifier la plupart du temps du genre absurde, nous ne pouvons nous empêcher de parfois y voir du OSS117 déguisé, même si Jean Dujardin affirme que ce n’est pas le cas et que ce serait la facilité de tomber dans cette comparaison. Et pourtant, quand Diego dit à Bernardo au sujet d’un gadget épée-fouet que ce n’est « ni fouet ni à faire« , nous pensons d’emblée au « gratin de Cairotes » de Hubert Bonisseur de La Bath… Les blagues les plus courtes étant les meilleures, nous sommes également vite lassés par l’épisode 6 sur le faux enterrement de Zorro qui n’en finit pas. Mais certaines tentatives d’humour font tout de même mouche et fonctionnent.
Mention spéciale au personnage de Bernardo, brillamment interprété par Salvatore Ficarro, qui tire son épingle du jeu en étant toujours très juste grâce au comique de gestes et de situation. Son binome avec Diego nous rappelle notamment les duos comiques maître/serviteur à la Commedia dell’arte. Cependant, au final, à quelques exceptions près, nous sommes au final plus touchés par les moments d’émotion sincères du (anti)héros et par ceux du Sergent qui le pourchasse sans relâche, sa quête virant à l’obsession comme si sa vie en dépendait (au sens littéral), que par l’usage d’un humour parfois potache qui fait malheureusement pencher la série vers l’auto-parodie.
Diego le zéro, Zorro le héros ?
Pas aussi simple puisque nous comprenons au fil des épisodes que nous avons affaire à un personnage souffrant de schizophrénie. Parlant au fantôme de son père récemment décédé, il n’arrive pas à concilier ses deux identités et souffre de trouble dissociatif. Ainsi lorsque Zorro entame une relation avec Gabriela, Don Diego se sent sincèrement trahi et cocufié alors qu’il est la même personne ! Dans les premiers épisodes, lorsqu’il reprend du service sous le masque du justicier, Zorro est un homme intrépide qui défend les opprimés. Un héros. En parallèle, Don Diego n’a pas le courage de ses pensées et cède aux caprices capitalistes de Don Emmanuel, oubliant ainsi ses propres valeurs. Un zéro. Son pire ennemi n’est pas Don Emmanuel, méchant par ailleurs très manichéen, mais lui-même. Au fur et à mesure, Diego déteint sur Zorro qui devient sa propre caricature jusqu’à ce que son épouse Gabriela lui fasse comprendre par ses braves actions qu’il prend le mauvais chemin.Diego devient alors l’homme qu’il aurait dû être en acceptant son côté Zorro.
Un Zorro peut en cacher un.e autre
Et c’est Gabriela qui va enfiler la tenue du justicier lorsqu’elle comprendra que Zorro s’est perdu lui-même… Allant jusqu’à défier son époux en combat, elle fait preuve du courage qui manque à celui-ci. Personnage qui se révèle dans la seconde moitié de la série, elle s’avère être bien plus que l’intérêt amoureux du héros et nous surprendra agréablement dans les derniers épisodes. D’autres tenteront d’enfiler le costume du cavalier noir, pour essayer de faire régner la justice et défendre les opprimés. Au final, Don Diego raccrochera définitivement la cape. Dans les dernières minutes de la série, un Zorro apparait sur son Tornado mais ce n’est ni Diego ni Gabriela… La morale ? N’importe qui peut être Zorro.
Même si on salue l’effort d’avoir pris le mythe sous un angle plus personnel, nous restons sur notre faim quant à l’intention du projet et le ton donné à celui-ci. Noyant des sujets sérieux dans des répliques d’humour absurde, nous ne savons parfois plus sur quel pied danser. Nous aurions limite préféré un traitement au premier degré tout en gardant l’angle abordé par la série. Cependant, certains éléments fonctionnent tels que le duo Diego/Bernardo, le Sergent, l’évolution de Gabriela, les combats de cape et d’épée et l’esthétique donnée à la série. En conclusion : un essai quelque peu raté alors que nous attendions beaucoup de cette version française de Zorro.
Notre note :