The Last of Us : l’avis de la rédac’ sur la saison 1
La première saison de The Last of Us s’est achevée cette nuit sur HBO aux Etats-Unis et Prime Video en France, avec la mise en ligne du neuvième épisode de la série. Alors, qu’a pensé la rédac’ de The Last of Us ?
Cet article contient des éléments importants de l'intrigue.
Du jeu au petit écran
Adapter un jeu vidéo en film ou en série peut s’avérer casse gueule et l’histoire nous l’a prouvé à de multiples reprises. Les craintes d’une adaption en série d’un jeu aussi aimé que The Last of Us étaient fondées. Le jeu vidéo, sorti en 2013 sur PlayStation avait été acclamé par la critique et les joueur·euse·s ; ce dernier reposait beaucoup sur son monde ouvert dans lequel il était possible d’explorer les bâtiments et villes vides ravagés par ce mystérieux champignon qui a fait énormément de dégâts. Avec cette configuration du jeu, il aurait pu être assez difficile d’en faire une adaptation fidèle et pourtant, HBO a réussi les doigts dans le nez. Bien entendu, la série ne prend pas autant le temps que les jeux à l’exploration, mais ce n’est absolument pas un problème puisque les éléments trouvés dans le jeu qui expliquent beaucoup le contexte et le champignon sont expliqués de manière très intelligentes dans le show via des flashbacks ou des explications données par les personnages. Au lieu de passer trop de temps à l’exploration, la série prend le temps de développer les personnages, leur donnant encore plus de profondeur sans pour autant aller à l’encontre de ce qui a déjà été établi dans les jeux vidéos. Ainsi, Joel, interprété avec brio par Pedro Pascal est encore plus attachant et complexe dans la série et Ellie, interprétée par la révélation de l’année, Bella Ramsey, possède un caractère encore plus marqué et fort que dans les jeux. Mais la beauté de cette adaptation est aussi dans le développement des personnages secondaires, comme Bill (Nick Offerman) et Frank (Murray Bartlett) avec cet épisode trois qui nous aura tous fait sortir des mouchoirs ou encore toute l’histoire autour de Henry (Lamar Johnson) et de son frère, Sam (Keivonn Woodard) afin de les ancrer un peu plus dans le contexte une raison d’être encore plus forte dans l’oeuvre.
Des changements judicieux
Les changements effectués entre le jeu et la série étaient nécessaires et ont permis de donner beaucoup plus de profondeur à l’histoire globale du show, tout en la rendant aussi parfois plus inclusive. Pour ce point, nous avons apprécié que Sam soit mal-entendant, une addition à l’histoire qui rajoutait un enjeu supplémentaire dans l’arc narratif d’Henry ; toute l’histoire autour de ce dernier permettait également de montrer les dérives d’une société laissée à l’abandon à cause d’une « apocalypse ». Une population entière qui se rebelle contre FEDRA, les accusant de commettre des atrocités, mais qui finit elle-même par en commettre à son tour ; des dérives représentées par le personnage de Kathleen, jouée très justement par Melanie Lynskey, qui est prête à tuer Sam, un enfant qui n’a rien demandé à personne pour venger son propre frère. Si la série a reprit quelques scènes du jeu (plan pour plan), elle ne s’est pourtant pas contentée de reproduite à l’identique ce dernier, nous offrant des arcs narratifs exclusifs qui étaient nécessaires à l’histoire. Même si oui, dans le jeu, il est explicitement mentionné que Frank est le compagnon de Bill, nous n’avons jamais l’occasion de rencontrer Frank et toute l’histoire autour du couple a été détaillée ; si en tant que fan du jeu, nous pouvions être surpris·e·s par le changement drastique effectué (dans le jeu, Bill ne meurt pas et Frank se suicide, car il a été infecté), ce dernier est pourtant logique et permet de faire avancer l’histoire et le développement de la relation entre Ellie et Joel : dans la lettre laissée par Bill à l’attention de ce dernier, il explique avoir trouvé un but dans sa vie en rencontrant Frank : le but de le protéger et de l’aimer. Il n’est pas difficile de faire le parallèle avec Ellie et Joel, puisque Ellie est devenue et deviendra le but de la vie de Joel – Tommy (Gabriel Luna) fera remarquer à son frère que ce dernier a arrêté de vivre après la mort de sa fille et cette rencontre avec Ellie est un renouveau dans la vie de Joel : un parallèle fort qui a rendu ce changement très judicieux et qui est confirmé dans le dernier épisode, lorsqu’il fait comprendre à Ellie qu’elle est celui qui l’a aidé à soigner les blessures de la mort de sa fille. Le personnage de Tess, interprété par Anna Torv, s’est également vu plus important dans la série et également plus attachant, avec une relation beaucoup plus explicite entre Joel et elle, faisant de sa mort dans l’épisode deux un moment beaucoup plus impactant dans le show.
L’ajout de la scène de la naissance d’Ellie dans le neuvième épisode est également intéressant et explique comment Ellie est devenue immunisée, puisque sa mère s’est fait mordre alors qu’elle donnait naissance ; la scène est encore plus intéressante quand on sait que l’actrice qui joue sa mère, Ashley Johnson, a joué Ellie dans les jeux vidéos. Si une critique négative devrait être faite quand on compare les deux oeuvres, c’est probablement le léger manque d’infecté·e·s dans l’ensemble du show, mais au final, bien qu’il se déroule dans un monde post-apocalyptique, le propos de The Last of Us ne réside pas tant dans les infecté·e·s, mais plus dans les êtres humains.
Une histoire de zombies, mais surtout une histoire d'humain·e·s
Il y a deux grandes menaces, dans The Last of Us : ce champignon qui a changé l’existence de toute une planète et qui a créé des infecté·e·s redoutables, mais aussi et surtout, les êtres humains. La série fait un excellent travail à nous rappeler que l’homme est toujours la première menace de l’homme, même dans une situation apocalyptique et nous imaginons que c’est peut-être pour cela que le nombre d’infecté·e·s est réduit dans la série comparée au jeu. Bien entendu, l’histoire de Joel et sa relation avec Ellie sont au coeur de la série et les deux acteur·rice·s jouent leurs rôles à la perfection. Pedro Pascal, dans le rôle de Joel, arrive à nous offrir une représentation encore plus expressive de Joel, notamment lorsque ce dernier s’ouvre à la jeune fille dans l’épisode 9 et accepte de parler du décès de sa fille et de la difficulté de faire le deuil et de trouver un but pour continuer à avancer dans la vie malgré les obstacles rencontrés. Le succès de The Last of Us réside également dans ses questions morales, notamment avec cette fin qui en divisera plus d’un·e : qu’aurions-nous fait à la place de Joel ? Serions-nous capable de sacrifier une personne qu’on aime afin de sauver l’humanité entière ? Si le choix de Joel est bien entendu égoïste et si ce dernier épisode démontre encore une fois que Joel n’est pas réellement un héros, il démontre aussi que tout n’est pas toujours blanc ou noir dans un monde qui se veut gris. Le parallèle entre la scène du début, où Joel tient Sarah dans ses bras et n’a pas réussi à la protéger du coup de feu du soldat avec celui dans le parking de l’épisode neuf, dans la même configuration, démontre que Joel n’était pas prêt à perdre Ellie de la même manière.
En passant par les acteur·rice·s, le travail d’adaptation ou les décors incroyables, nous aurions pu continuer à parler pendant des heures de The Last of Us, qui a été largement à la hauteur de nos attentes. Nous sommes heureux·se·s que le show ait été renouvelé pour une deuxième saison sur HBO qui a probablement proposé la meilleure adaptation de jeu vidéo qui existe à ce jour.
Notre note :