Sex Education : l’avis de la rédac’ sur la saison 1 !

C’est le vendredi 11 janvier dernier que Netflix a mis en ligne sa nouvelle série britannique avec Gillian Anderson (X-Files) : Sex Education. La série nous raconte l’histoire d’Otis (Asa Butterfield), un adolescent dont la mère est sexologue. Lorsqu’il rencontre Maeve (Emma Mackey), tous les deux se rendent compte que le lycée regorge de jeunes qui ont cruellement besoin de conseils en matière de sexe. Ils décident alors d’ouvrir un cabinet de thérapie. Créé par Laurie Nunn, petite nouvelle dans le paysage télévisuel, le show est composé de 8 épisodes de 50 minutes. La rédac’ vous donne son avis complet sur la nouvelle série Netflix !

Attention spoilers.

  • Éducation sexuelle

Probablement une des premières vocations de la série, Sex Education pointe du doigt l’ignorance (dramatique) dont sont atteints les lycéens concernant la sexualité. Sujet tabou, difficile, parfois source de complexes, le show aborde la thématique du sexe au sens large. Dès le premier épisode, le show met en scène un cours d’éducation sexuelle lors duquel Maeve (Emma Mackey) ne saura pas replacer l’hymen sur le schéma d’un vagin. Pourtant, Maeve est présentée comme une des meilleures élèves de sa classe : intelligente, cultivée, le message est que si même elle ne le sait pas, les autres sont sûrement tout aussi ignorants. Dans les faits c’est le cas. Nous vivons dans un monde où parler sexualité, vagin et pénis est un tabou et donc sur lequel il est difficile de s’informer. Là où la série reste intelligente, c’est qu’elle n’émet jamais aucun jugement envers les adolescent en faisant même un parallèle avec les plus adultes. En effet, avec le personnage de Jean (Gillian Anderson), nous voyons très bien que les adultes ne sont pas vraiment plus expérimentés que les adolescents contrairement à ce qu’on aimerait (nous faire) croire.

Si Sex Education aborde le thème de la sexualité correctement c’est aussi parce qu’elle le fait de manière inclusive. En effet, la série nous montre qu’il n’existe pas qu’une seule sexualité ou qu’une seule façon de faire l’amour. La série prône l’acceptation de soi, la découverte de son corps et la tolérance de manière générale. D’ailleurs, le show n’a pas hésité à mettre les pieds dans le plat en parlant notamment de masturbation féminine, un thème qui est encore aujourd’hui controversé, bien plus que celui de la masturbation masculine qui semble normalisée dans la société actuelle. Autre thème normalisé par Sex Education et pas des moindres : celui de l’homoparentalité. Si les personnages LGBTQI+ commencent doucement à se faire une place au cinéma, dans la littérature et bien sûr dans les séries, le thème de l’homoparentalité se fait discret sur nos écrans. La série n’a toutefois pas hésité à inclure des parents lesbiennes puisque Jackson (Kedar Williams-Stirling) est l’heureux enfants de deux femmes. Le couple n’est pas traité différemment que les autres, et une fois encore, c’est une façon très intelligente d’aborder le sujet. Les parents de Jackson ont des problèmes de couples comme les autres et leur enfant est un ado tout ce qu’il y a de plus équilibré. La série en profite également pour faire taire la légende de l’enfant élevé par des parents homosexuels donc forcément homosexuel à son tour puisque Jackson est hétéro.

  • Des personnages intéressants

Sex Education traite chacun de ses personnages avec bienveillance et c’est probablement la raison pour laquelle elle est si attachante. L’exemple le plus flagrant est probablement celui du personnage d’Eric, interprété avec brio par Ncuti Gatwa. En effet, le personnage est homosexuel, noir et assume totalement son côté efféminé. La série n’est jamais stigmatisante à son égard : c’est simplement un adolescent comme les autres. Bien sûr, le show ne présente pas non plus une situation idyllique puisque dès le premier épisode nous comprenons que le personnage subit le harcèlement scolaire et l’homophobie au quotidien. Il se fera d’ailleurs agressé par des homophobes le jour de son anniversaire… Une scène terriblement dure puisque Eric est un personnage toujours très positif, joviale, et heureux de vivre. Il nous faire rire et le voir souffrir est un véritable calvaire puisque nous l’imaginons presque intouchable. Si la storyline du personnage est aussi intéressante c’est aussi parce qu’on est spectateur de son « retour dans le placard », ce moment où Eric décide de dissimuler ce qui fait de lui ce qu’il est : finies les couleurs vives, fini le vernis à ongles, fini d’attirer l’attention. Une situation que beaucoup de personnes LGBTQI+ connaissent malheureusement. La série reste tout de même dans la positivité puisque Eric apprendra à s’accepter tel qu’il est, tant pis pour l’avis des autres…

Eric apprendra même à faire face à Adam, personnage un peu cliché mais finalement assez intéressant. D’abord présenté comme le beau gosse du lycée à la réputation flatteuse, Adam est aussi le fils du directeur, et n’hésite pas à brutaliser d’autres élèves (notamment Eric). Pas hyper futé, il est surtout en recherche perpétuelle de l’approbation et surtout de l’amour de son père. La sexualité du personnage est floue, principalement en fin de saison car malgré ses propos et actes homophobes, une relation se crée entre lui et Eric. Une relation inattendue même si nous étions en droit de nous questionner sur sa sexualité dès le début. Finalement, nous ne savons pas si Adam est homosexuel refoulé ou bisexuel. Si Adam a toujours eu des problèmes de sexe avec son ancienne petite amie, il avait tout de même l’air de tenir à elle ce qui laisserait présager qu’il est plutôt bisexuel… Nous ne le saurons que si la série est renouvelée pour une seconde saison.

La série ne tiendrait pas sans son personnage principal, aussi attachant qu’intéressant. Otis est un personnage à la fois complexe et simple. Il fait remarquablement bien le lien entre chaque personnage et représente parfaitement l’adolescent tiraillé entre l’amour, l’amitié, le sexe, la famille… Plein de surprises, le personnage a encore beaucoup de choses à nous offrir. Nous aimerions en voir plus à son sujet, notamment concernant sa relation fusionnelle avec sa mère et tendue avec son père.

Même les personnages qui nous paraissent les plus fades s’avèrent avoir leur intérêt. Sex Education nous apprend à ne pas juger trop vite avec le personnage de Jackson, qui, sous tout aspect a l’air d’avoir la vie parfaite. Nous apprenons néanmoins que ses parents vont sûrement divorcer, et qu’il souffre énormément de la pression découlant de son statut de sportif. Nous apprenons aussi qu’il souffre d’anxiété depuis tout petit et qu’il doit prendre des cachets pour calmer les crises.

Les personnages féminins ne sont pas laissés de côté par la série. Même si elles prennent moins de place dans la série, elles sont probablement les plus intéressantes et charismatiques du show. Bien entendu c’est le cas de Maeve, considérée comme une traînée par tous ses camarades de classe après qu’elle a refusé de coucher avec un garçon. Une histoire qui sent le réchauffer car nous l’avons entendu des dizaines de fois, mais il y a une raison à ça : les femmes sont des dizaines, voire des centaines à connaître la situation. Maeve est un personnage intéressant avec un background construit : nous avons une vague idée de ce que sont ses parents et où ils sont, mais nous faisons également la rencontre de son frère, qui n’est pas une mauvaise personne mais fait les mauvais choix. Elle, a contrario, fait tout pour s’en sortir et seule. Personnage fort, elle devra faire face à des épreuves difficiles notamment en devant subir un avortement. Par ailleurs, la série est, une fois de plus, totalement bienveillante et intelligente concernant cet épisode difficile. Pas de culpabilisation, pas de jugement, le show est une fois encore parfaitement juste. Maeve est un personnage à qui il est difficile de vouloir du mal, c’est pourquoi malgré le triangle amoureux qu’elle forme avec Otis et Jackson, nous lui souhaitons un happy ending qu’importe celui avec qui elle finira…

Bien sûr, Maeve n’est pas la seule femme intéressante du show (en fait, elles le sont toutes un peu). Côté adolescente nous avons un petit faible pour Aimee, une adolescente qui apprendra à connaître son corps, et ses envies. Comme beaucoup de jeunes (en particulier les femmes qui manquent de confiance en elles), Aimee se laisse influencer par les autres, qu’il s’agisse de ses amis ou de ses conquêtes… C’est un personnage très intéressant qui évolue tout au long des épisodes au second plan. Côté adulte, nous avons le personnage de Jean, une femme très ouverte d’esprit et proche de son fils, Otis. Un peu étouffante, on sent qu’elle cherche à protéger son fils par tous les moyens, et ce dès le premier épisode lorsqu’elle l’utilise comme argument pour ne pas s’engager dans une relation stable. Malheureusement, comme beaucoup de femmes dans le milieu de la psychologie et plus largement de la médecine, Jean manque également de confiance en elle suite à sa rupture avec son ex-mari (qui est aussi le père d’Otis). Tous les deux ont la même profession et lui semble être une référence dans le milieu, quand elle, pratique en campagne. Jean est une femme intéressante et nous montre que les adultes sont aussi capables de se remettre en question et d’apprendre des plus jeunes. Très à l’écoute de son fils, Jean évolue tout au long des 8 épisodes…

  • Une série très bien réalisée

Au-delà de mettre en scène des personnages touchants et intéressants, ce qui fait que Sex Education est une bonne série, c’est qu’elle a su trouver le ton juste pour aborder des thématiques compliquées. On pense particulièrement à la séquence de l’avortement, qui est traitée avec sensibilité et justesse. Impossible de ne pas être touché par cet épisode. Sex Education accorde indéniablement une importance aux messages qu’elle véhicule et c’est une très bonne chose dans une société trop habituée au politiquement correcte. C’est une série qui parlera aussi bien aux adolescents qu’aux adultes. Aussi dramatique que drôle, elle sait aussi bien nous divertir que nous faire réfléchir. En bref, Sex Education a su trouver le ton juste pour parler de tabous, et c’est déjà un exploit en soi.

Avec un scénario impeccable, des thématiques importantes, des personnages attachants et un rythme addictif, nous pourrions penser que Sex Education aura quand même laissé quelque chose au hasard, mais ce n’est pas le cas. Le show s’offre également une réalisation et une mise en scène en raccord absolu avec tout le reste. La photographie de la série est travaillée, ce qui la rend absolument délicieuse visuellement parlant. En bref, qu’attend Netflix pour renouveler la série ?

Pour conclure, Sex Education est une très bonne série qui soulève des sujets et des problématiques importantes. Avec des épisodes addictifs que l’on ne voit pas défiler, la série nous fait parfois rire, parfois réfléchir. Cette première saison est tout simplement excellente. Notre note : 4.75/5.

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1 commentaire

MartinPe

le 26 février 2020 à 14h15

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« Sex Education » demeure definitivement l’une des series les plus enjouees, droles et inventives du catalogue de Netflix. La saison 2, qui n’est pas exempte de petits defauts, ne tombe jamais dans la facilite et ne cesse de nous surprendre. Un bon cru !