Cet article contient des éléments importants de l'intrigue.
De mauvaises bases
Après une conclusion rapide de la saison 4, une ellipse de sept ans nous emmène découvrir la vie de Betty (Lili Reinhart), Jughead (Cole Sprouse), Veronica (Camila Mendes), Archie (K.J. Apa) et leur entourage alors qu’ils ont à présent vingt-cinq ans. Le tout commence de manière mitigée car rien n’a vraiment changé, or, l’utilité d’un bond dans le temps est de remettre les intrigues des personnages à zéro pour leur faire prendre une nouvelle direction, et surtout, les faire évoluer. Problème : on retombe dans les mêmes travers.
Archie, ex-soldat, passe encore tout son temps à jouer les héros sans prendre le temps de réfléchir. Veronica est toujours une bourgeoise pourrie-gâtée qui résout tout avec l’argent et pire, elle est toujours en guerre avec son père, Hiram (Mark Consuelo). Betty est toujours accro à l’adrénaline et Jughead toujours perdu, il est maintenant devenu alcoolique.
Sept ans après, Archie et Veronica en sont encore à leur romance alors que celle-ci est malheureuse dans son mariage purement financier. Du côté de Betty et Jughead, on constate une évolution, malheureusement plutôt négative : ils se supportent à peine. Quant aux autres, Polly (Tiera Skovbye) reste un problème (on se souvient de son comportement en saison 3), Kevin (Casey Cott) demeure aussi instable, Cheryl (Madeleine Petsch) aussi irrespectueuse et incohérente. Ne restent que Fangs (Drew Ray Tanner) et Toni (Vanessa Morgan) dont on apprécie l’évolution.
En commençant donc sur de très mauvais bases, la saison se lance ensuite dans des intrigues à mille lieux du mystère de la mort de Jason auquel on avait eu droit en saison 1, qui nous semblait crédible et nous avait fait aimer la série. Malheureusement, suite à cela, les scénaristes nous avaient entraîné.e.s dans le ridicule avec un tueur en série cagoulé qui n’était autre que le père de Betty, un jeu de rôle macabre contrôlé par la mère de Cheryl, une secte, des meurtriers adolescents dans une école privée et Jughead se faisant passer pour mort. Tout ça, bien sûr, accompagné de tout un tas d’intrigues secondaires douteuses comme Archie couchant avec sa professeure, Cheryl brûlant sa maison sans être inquiétée, Alice Cooper (Mädchen Amick) recueillant Chic (Hart Denton), un détraqué, Archie devenant un jeune mafieux pour le père de Veronica, cette dernière ouvrant un club privé et gérant une marque de rhum avec Cheryl, encore adolescentes, etc.
Développons donc les intrigues tout aussi insensées de cette saison 5 en partie suivante.
Des intrigues toujours plus insensées
On aurait donc pu espérer que les scénaristes se remettent sérieusement au travail pour nous donner à voir des épisodes intéressants et crédibles. Malheureusement, la saison 5 se lance dans une histoire d’extra-terrestres, les hommes-mites, de tueur en série attaquant des prostituées sur le bord de l’autoroute, dont Polly – car bien sûr, Polly ne pouvait pas avoir mûri en sept ans, il fallait encore qu’elle soit un poids pour sa soeur et sa mère, après l’avoir été depuis la première saison.
Ces intrigues, qui constituent la trame principale, sont si pauvres que le.a spectateur.trice remarque rapidement que l’ensemble de la saison 5 souffre d’un procédé de remplissage grossier. Cela se voit surtout dans le seconde partie, suite à la pause. Si les premiers épisodes de la saison sont consacrés à l’exposition, toute la deuxième moitié n’a déjà plus rien à dire. C’est ainsi que les scénaristes nous font perdre notre temps avec quantités de petites sous-histoires sans intérêt : les souvenirs de guerre d’Archie, le palladium et les problèmes d’argent et de divorce de Veronica, les galères de Jughead, etc. Le comble étant atteint avec l’intrigue du ministère religieux de Penelope et Cheryl ! Tout de même suivi par Kevin et une poignée d’habitants de Riverdale !
Au final, l’intrigue des hommes-mites et du tueur en série, après avoir été passée sous silence pendant plusieurs épisodes, est finalement résolue peu de temps avant la fin, en un seul épisode.
Une série expérimentale... ou une catastrophe formelle ?
Pour la faire durer, comme nous l’avons dit, les scénaristes ont choisi de remplir la saison avec des événements sans queue ni tête, y compris des éléments complètement incongrus dans le paysage de la série, d’un point de vue également formel. C’est ainsi que Riverdale devient une série musicale, en multipliant les numéros de chant, pour le plus grand désespoir de notre touche avance rapide, qui se retrouve écrasée à chaque fois que Cheryl, Kevin ou Penelope entonnent sans crier gare une chanson méconnue, probablement choisie par des scénaristes à des années-lumière des goûts musicaux de leur public. De quoi rendre l’intrigue du ministère autour du prophète Jason encore plus insupportable. D’un point de vue du jeu d’acteur, on a sincèrement de la peine pour Nathalie Boltt (Penelope Blossom), qui met en péril sa carrière en nous montrant l’un des pires jeux possibles, caricatural à n’en plus finir.
Mais ne nous mentons pas : la touche avance rapide nous est aussi très utile pour nous débarrasser des élans héroïques d’Archie et de ses intrigues de guerre qui tombent comme un cheveu sur la soupe.
La saison se veut aussi totalement expérimentale en ce qu’elle stoppe nette son déroulement pour nous imposer des épisodes complètement hors de propos, comme celui entièrement consacré à Josie (Ashleigh Murray) et ses amies les Pussycats, Val (Hayley Law) et Mel (Ashanti Bromfield), qu’on n’avait plus vues depuis la saison 2 ! (Et qu’on avait oubliées). Pendant ce temps-là, l’intrigue est évidemment stoppée, alors qu’on suit des personnages qui vont disparaître de l’écran à la fin de l’épisode…
Dans le même ordre d’idées, tout un épisode est consacré à la jeunesse d’Hiram – qui terrasse un parrain de la mafia en un clin d’oeil. Intrigue principale encore stoppée. Cela rompt le lien de confiance entre le.a spectateur.trice et son programme. Au lieu de suivre quelque chose qu’on connaît et qu’on apprécie, on se retrouve dépité.e avec plusieurs fois d’affilée, des épisodes qui ne nous montrent pas ce qu’on a envie de voir et nous imposent quarante minutes et une semaine d’attente supplémentaire pour connaître la suite. On en vient à se demander combien de temps les scénaristes vont se moquer de nous.
Un autre épisode passe d’un personnage à l’autre, chacun racontant un passage de sa vie sans qu’aucune histoire ne les lie. C’est d’ailleurs un des énormes défauts de cette cinquième saison, qu’on avait déjà constaté en saison 4 : si au début, on suivait quatre amis interagissant ensemble autour d’un ou deux buts communs, Riverdale n’est à présent plus qu’Archie d’un côté, Veronica de l’autre, Betty du sien et Jughead également occupé à d’autres choses.
Enfin, formellement, l’expérimentation est telle qu’elle va jusqu’à faire changer de registre une série en fin de cinquième saison, glissant vers le fantastique ! En effet, Cheryl semble à présent douée de pouvoirs magiques… Le dernier épisode nous la montre d’ailleurs comme la descendante d’une sorcière brûlée par les ancêtres de Betty, Jughead et Archie, contre lesquels elle tourne sa colère, ce qui ne semble choquer personne – elle leur reproche un fait vieux de trois siècles qui n’a été commis ni par eux, ni même à son encontre. Cheryl est l’un des personnages les plus incohérents et malheureusement ridicules de tout Riverdale, ce qui est beaucoup dire.
Le résultat ? Une série qui a perdu tout son charme
Le résultat est, sans détour, catastrophique, en particulier au vu du potentiel originel du programme. La série est ennuyeuse, ridicule, laide. La commande avance rapide est nécessaire pour en venir à bout. Le charme vintage, un peu romantique des débuts, a complètement disparu, ainsi que l’aspect thriller, qui ne peut plus être pris au sérieux quand les intrigues sont à ce point extravagantes.
Les personnages sont isolés les uns les autres et soit ils ne se ressemblent plus alors qu’on les appréciait (Betty, Jughead), soit leurs traits de caractère déjà un peu agaçants en saison 1 ont été exacerbés au point qu’ils soient devenus insupportables (naïveté et témérité d’Archie, caractère pourri-gâté de Veronica, manque de respect et incohérence de Cheryl). Les histoires d’amour sont aussi non maîtrisées, puisque Jughead étant devenu alcoolique, bouffi et un écrivain raté, et ayant par conséquent perdu une bonne partie de son sex appeal, les scénaristes font se partager Archie entre Betty et Veronica, en faisant une véritable girouette sentimentale – comment peut-on croire à ces histoires qui s’achèvent à peine entamées ? Du côté de Veronica, il y a longtemps qu’on est lassé de la voir tout régler par l’argent, sorti en un clin d’oeil de son chapeau ou d’une nouvelle magouille – car c’est ce à quoi elle, Reggie (Charles Melton), son ex-mari et son père se livrent tout au long de la saison…
Magouille qui nous ramène à Hiram, véritable plaie de toute cette saison. Heureusement, ce personnage irréaliste quitte la série. Kevin devrait s’absenter – cette saison a été pour son personnage une non-avancée – et Polly, qui n’avait jamais évolué, est décédée.
Après une saison aussi poussive et sans intérêt, on n’est pas sûr de poursuivre le visionnage avec une saison 6. L’expérimentation semble se poursuivre avec l’arrivée de Sabrina Spellman, interprétée par Kiernan Shipka, des Nouvelles Aventures de Sabrina, série annulée suite à une baisse de la qualité et des audiences. Sabrina est censée être décédée, mais on suppose que les auteurs de Riverdale vont encore inventer une explication tirée par les cheveux – dans une série normalement réaliste. Le fameux crossover (très en retard), s’annonce comme un coup de bluff supplémentaire, ou un ultime coup de poignard à la série.
Le constat est là : les scénaristes et les équipes de Riverdale en général ne sont plus à la hauteur de ce que promettait la première saison. En bref, une saison 5 catastrophique, bien moindre que bien des programmes qui ne bénéficient pas d’une telle publicité. Une série qui tient bon grâce à sa gloire passée, pour encore combien de temps ?
Notre note :