Riverdale : l’avis de la rédac’ sur la saison 1 !

On peut l’affirmer sans se tromper : Riverdale, c’est LA révélation série de cette rentrée 2017 ! Diffusée sur The CW et Netflix et composée de 13 épisodes, cette première saison a fait couler beaucoup d’encre. L’histoire ? Les préoccupations sentimentales, familiales ou encore musicales d’une bande de jeunes lycéens de la petite commune de Riverdale alors qu’un meurtre vient tout perturber et pousser certains d’entre eux à mener l’enquête. Basée sur les comics Archie, la série met en scène le jeune Archie Andrews (K.J. Apa), ses meilleurs amis Betty Cooper (Lili Reinhart) et Jughead Jones (Cole Sprouse), la nouvelle venue Veronica Lodge (Camila Mendes), et Cheryl Blossom (Madelaine Petsch), la sœur du quaterback assassiné.

Le season finale, empreint de suspense tout du long, nous a laissés dans l’expectative du sort réservé à l’un des personnages… Mais en attendant la suite, que vaut vraiment cette première saison ?

*** Cet article contient des spoilers ! ***

 

  • Des clichés assumés

Pour ceux qui n’auraient pas encore commencé à regarder, il faut savoir que Riverdale est la teen-serie par excellence. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le show est un nid à clichés ! Mais ne vous méprenez pas et ne levez pas les yeux au ciel tout de suite : ces clichés sont un total parti pris ! Le sportif avec sa guitare, la jolie blonde naïve, la jeune bourgeoise, le meilleur ami gay, la garce du lycée… Tout est calculé au millimètre près pour mieux être détourné par la suite. Par exemple, là où dans des teen-shows habituels on retrouve un triangle amoureux, dans Riverdale, ce triangle devient un pentagone ! Ainsi Archie, Betty, Veronica, Valerie (Hayley Law), et Miss Grundy (Sarah Habel) se trouvent être les cinq branches de la même étoile. Cheryl viendra bien plus tard prendre part elle aussi à ce méli-mélo sentimental…

De plus, les figures féminines du show sont habillées et maquillées comme des mannequins et ce, qu’importe les circonstances. Ainsi, dans l’épisode 5, Chapter Five: Heart of Darkness, Cheryl invite Veronica chez elle pour une soirée pyjama. Mais quels pyjamas !! Cheryl se retrouve perchée sur des talons hauts et Veronica est entichée d’un collier de perles. Le rendu n’est évidemment pas crédible mais c’est un cliché assumé qu’il est important que les téléspectateurs comprennent afin de ne pas tomber dans un rejet lié à la forme de la série. Toutefois, il faut reconnaître que ces clichés sont parfois too much ou mal utilisés, et alourdissent le show au lieu de l’alléger et nous faire sourire. Ce qui est intelligemment bien pensé en revanche, c’est le fait que les scénaristes jouent avec le statut caricatural des personnages à travers eux. Ainsi dans le pilote, Chapter One: The River’s Edge, Cheryl lance à Kevin (Casey Cott) : « Être le meilleur ami gay de service, ça se fait encore ? », ou dans l’épisode 4, Chapter Four: The Last Picture Show, Veronica fait la réflexion suivante à Cheryl « Tu es peut-être un personnage typique des teen-movies des années 90 mais je ne le suis pas », alors que nous avons bien évidemment conscience du contraire en tant que téléspectateur ! En assumant et détournant pleinement ses clichés, la série nous montre donc qu’elle fait preuve d’une auto-dérision parfaitement contrôlée.

 

  • Un savant mélange de genres

Au visionnage du pilote, on se dit que Riverdale est un croisement entre Gossip Girl et Twin Peaks. En effet, le cadavre d’un lycéen populaire est trouvé sur les berges d’une rivière… sur fond de déboires adolescents. Et cette impression est confirmée au fil des épisodes : atmosphère brumeuse, esthétique soignée, problèmes familiaux et sentimentaux… le tout saupoudré d’une bande-son impeccablement choisie. Mais la série va plus loin et s’avère être un dosage parfait de secrets, de suspense, de sous-intrigues en tous genres et d’enquête policière… Car il ne faut pas oublier que la ligne rouge du show est le meurtre de Jason Blossom et découvrir qui en est l’assassin. A chaque épisode -souvent à la toute fin- nous nous retrouvons ainsi à suspecter un personnage différent (Cheryl, la mère et/ou le père de Betty, la mère de Jason, Jughead, Miss Grundy, le père de Jughead, le père de Veronica…). Les premiers épisodes se terminent en effet tous par une note « surprise », pas spécialement un cliffhanger, mais une touche de suspense suffisante pour nous donner envie de voir l’épisode suivant. Toutefois, la série s’essouffle à mi-saison et perd quelque peu de vue son intrigue policière pour tomber davantage dans le teen-show. Cependant l’épisode 12, Chapter Twelve: Anatomy of a Murder, corrige parfaitement le tir. Il devenait alors nécessaire de se recentrer sur la trame principale, la série partant dans un développement psychologique des personnages légèrement bancal, point que nous allons développer dès à présent…

 

  • Des personnages aux développements psychologiques inégaux

Alors que nous avons vu précédemment que les clichés étaient un parti pris du show, il est important de revenir sur les développements psychologiques des personnages car tous n’ont pas souffert du même traitement tout au long de la saison. Certains personnages sont en effet restés enfermés dans leur caricature, alors que d’autres ont été maladroitement développés, là où d’autres encore ont eu une évolution des plus intéressantes. Commençons par le héros, Archie Andrews. Alors qu’il est censé être le personnage principal et mener l’enquête, tel son double de papier, Archie est complétement effacé et semble en retrait complet de l’intrigue, préférant se concentrer sur ses amourettes ou sa musique. Or, dans les comics et dans la série animée, c’est lui le chef de bande qui entraîne ses camarades dans des enquêtes ! On se retrouve donc à attendre patiemment que le beau rouquin se décide à entrer dans l’action. Dans l’épisode 8, Chapter Eight: The Outsiders, il semble enfin prendre les choses en main… mais se montre complétement naïf et crédule avec les Blossom dans l’épisode suivant, Chapter Nine: La Grande Illusion. Il fera même preuve d’une certaine faiblesse morale…

Et c’est ainsi qu’Archie se fait complétement voler la vedette par Jughead, devenu le personnage préféré des fans. En effet, Jughead se trouve être un personnage bien plus profond et plus tourmenté qu’Archie, au passé difficile, et c’est cette humanité qui convainc. Jughead pourrait ainsi éviter complétement la caricature… s’il n’avait pas son fameux bonnet en forme de couronne, propre à ses doubles de comics et de dessin animé. Il porte donc son bonnet en toute circonstance (lycée, enterrement, bal de promo…), tout comme Betty se coiffe toujours avec une queue de cheval et que Veronica porte toujours le même collier de perles.

A l’instar de Jughead, Betty se révèle aussi être bien plus complexe que de prime abord. Au fil des épisodes, on arrive à la conclusion que la jeune femme souffre de troubles du comportement, comme dans l’épisode 3, Chapter Three: Body Double, où elle se dédouble au profit d’une autre personnalité, puis dans l’épisode 10, Chapter Ten: The Lost Weekend, où sa colère semble complétement la métamorphoser. Elle finira toutefois par avouer la vérité à Jughead qui la soutiendra dans cette épreuve. De plus, Betty prend la place qui revenait à Archie puisque c’est elle qui mène l’enquête au journal du lycée en compagnie de Jughead.

Personnage-clé de la mi-saison, Polly Cooper (Tiera Skovbye), la sœur de Betty, n’aura pas eu le développement espéré mais elle aura été au cœur d’un mystère pendant les premiers épisodes du show. Sa disparition, son retour, son apparent revirement mais son absence de développement font d’elle un personnage au final facilement oubliable et tertiaire. La faute également aux relations mère/filles maladroitement explorées dans cette première saison. Alice Cooper (Mädchen Amick) est en effet le parfait exemple d’un développement psychologique bancal. Bien que dans ce show, les parents jouent un rôle tout aussi important que leurs enfants, tous n’ont pas eu la même régularité d’écriture. Alice semble donc dès le départ complètement hystérique et psycho-rigide mais se montre par la suite complétement effondrée lorsque Polly refuse de revenir vivre avec elle, et va même jusqu’à quitter son mari, Hal (Lochlyn Munro), qui n’accepte pas la grossesse de sa fille : un comportement complétement illogique puisque c’est Alice qui a envoyé sa fille chez les sœurs !

Toujours du côté des parents, les Blossom (Nathalie Boltt et Barclay Hope) semblent quant à eux tout droit sortis d’un cauchemar et de « la maison de l’horreur » dont Veronica fera l’expérience dans l’épisode 5, puis Polly dans l’épisode 9; le père de Jughead (Skeet Ulrich), lui, causera bien des soucis à son fils… Seuls Fred Andrews (Luke Perryet Hermione Lodge (Marisol Nichols) semblent équilibrés (surtout Fred) et soutiennent leurs enfants. De plus, on ne boude pas son plaisir de revoir enfin Luke Perry sur nos écrans ! Le père de Veronica, très souvent évoqué, fera son apparition dans la saison 2 sous les traits de l’acteur Mark Consuelos. Son ombre a en effet toujours plané sur le show et il sera intéressant de voir les interactions entre les membres de la famille Lodge à nouveau réunie. Veronica a ainsi passé la première saison à chercher la rédemption, elle qui était (selon ses dires) la garce de son précédent lycée. En quittant New-York et en venant habiter en province, avec un père moralement corrompu qui séjourne en prison, Veronica cherche-t-elle à expier ses propres fautes ou celles de son père ? C’est au travers de la symbolique de son fameux collier de perles que la jeune femme sortira enfin de l’ombre de son père, s’assumera et embrassera pleinement sa nouvelle mentalité d’amie dévouée et de personne honnête et généreuse.

Un teen-show ne serait pas ce qu’il est sans la garce de service et puisque Veronica a rendu les armes, la tâche incombe à Cheryl Blossom, rousse incendiaire et sœur du défunt. Relations fraternelles tendancieuses, parents complétement dingues, Cheryl n’a pas la vie facile. Elle apporte certes du piquant à chaque épisode mais souffre malheureusement d’un traitement bancal en mi-saison, alors que le personnage aurait pu faire un coup d’éclat total tout au long de cette première saison, ce qu’elle fait toutefois dans l’épisode final, Chapter Thirteen: The Sweet Hereafter. La mauvaise idée autour de ce personnage reste sûrement celle de la faire s’amouracher d’Archie, elle qui paraissait n’avoir besoin de personne et surtout pas d’un homme pour s’affirmer. Cela met le doigt sur un des mauvais point de la série, le surnombre de ships ! En effet, nous avions précédemment vu que la saison perdait de vitesse dès sa seconde moitié et c’est en partie lorsque l’intrigue policière s’est retrouvée noyée sous les ships

Quant à Kevin, il aura été trop peu développé, étant défini par ses relations avec son père, le shérif Keller (Martin Cummins) et avec son petit-ami, Joaquin (Rob Raco). Le personnage faisait alors acte de présence au début du show mais n’a réellement intégré la bande qu’en fin de saison. En conclusion, seuls Jughead, Betty et Veronica s’en sortent avec les honneurs.  Les caricatures des personnages sont pour la plupart détournées, ceux-ci se montrent plus profonds qu’on ne croit mais leur psychologie se révèle -hélas- parfois trop bancale pour être crédible… La faute à une volonté de trop coller à l’ambiance des comics peut-être ?

 

  • Un show aux références multiculturelles

A commencer par la référence intrinsèque du show : les comics Archie sur lesquels est basée la série. Riverdale se veut être une adaptation moderne mais rend hommage au côté rétro de son ancêtre dans la scène d’ouverture de l’épisode 7, Chapter Seven: In a Lonely Place. Le physique des personnages est respecté grâce aux éléments caricaturaux propres aux comics : mêmes vêtements, mêmes coiffures, mêmes accessoires. Cela explique donc pourquoi Jughead ne sort jamais sans son bonnet/couronne, Veronica sans son collier de perles, Archie sans sa veste de football ou Betty sans sa queue de cheval.

De plus, excepté l’aspect paranormal, l’ambiance générale est plutôt fidèle aux comics comme par exemple avec le café Pop’s très sixties où la bande des 4 héros se réunit (Archie, Betty, Jughead et Veronica). Mais ce lieu de rendez-vous fait également écho à d’autres shows, puisque chaque série digne de ce nom voit ses protagonistes prendre son QG au café de la ville (le Central Perk dans Friends, le McLaren’s Pub dans How I Met Your Mother). Riverdale se fond dans la pop-culture et s’inscrit parfaitement dans son temps, à l’instar de ses grandes sœurs, telles que Buffy. L’autre référence principale de la série a été précédemment évoquée mais a toute son importance puisque le show s’en inspire, voire même lui rend hommage : Twin Peaks. Visuellement, la réalisation et l’esthétique soignées rappellent le style de David Lynch, créateur de la série culte. De plus, les producteurs ont « poussé le vice » jusqu’à engager une ancienne actrice du show, Mädchen Amick, qui interprètait Shelly Johnson et qui incarne actuellement Alice Cooper dans Riverdale. Joli clin d’œil donc.

Mais les références culturelles ne s’arrêtent pas là et ne peuvent toutes être nommées tant elles abondent au fil des épisodes! Qu’elles soient de toutes générations confondues et de tous horizons, voici un florilège des références multiculturelles de Riverdale.

Tout d’abord quelques références cinématographiques : pour commencer, il faut savoir que chaque titre d’épisode sans exception est emprunté à un titre de film ; Jughead évoque implicitement Pirates des Caraïbes en disant « Les morts ne racontent pas d’histoires » (« Dead men tell no tales » en VO, titre du 5ème opus de la saga, ndlr) ; Veronica commente son arrivée à Riverdale par « Je suis déjà la Blue Jasmine du lycée » ou « Je suis Diamants sur canapé et cette ville est totalement De sang froid » ; Archie est surnommé « le Ansel Elgort roux » par Veronica.

Du côté des références télévisuelles, on peut citer : Stranger Things avec la présence de l’actrice Shannon Purser et le hashtag #JusticeForEthel lancé au lycée de Riverdale en écho à #JusticeForBarb lancé sur les réseaux sociaux par les fans en hommage à son personnage de Stranger Things ; Veronica racontera son calvaire dans la « maison de l’horreur » des Blossom, à la « Cheryl Horror Story » (en référence à American Horror Story, ndlr) ; Veronica toujours, qui est décidément très inspirée par les surnoms d’Archie : « l’ado Outlander » ; mais aussi l’évocation de la chaîne HBO et de la plateforme Netflix (sur laquelle est également diffusée la série) ; ainsi que les implicites clins d’œil à des shows tels que Veronica Mars avec Betty qui mène l’enquête ou Beverly Hills, 90210 avec des riches adolescents tout droit sortis d’un magazine de mode et bien évidemment, avec la présence de Luke Perry, l’inoubliable bad-boy de la série, Dylan McKay.

Toutefois, la littérature n’est pas négligée et en voici quelques exemples : Jughead cite Roméo et Juliette de Shakespeare ; Veronica évoque l’oeuvre de Truman Capote ; et Betty dit avoir organisé une fête l’été précédent pour la sortie du dernier livre de Toni Morrison.

Dans la catégorie événements, Kevin déclare que Cheryl devrait gagner le prix du « Meilleure actrice secondaire dans un rôle de psychopathe aux Oscars pour son personnage de Veuve Rousse endeuillée » ; quant à Veronica, elle évoque le très chic MET Ball.

Pour finir, les célébrités ne sont pas en reste puisqu’Archie est (encore) surnommé par Veronica des manières suivantes : « le Prince Harry hipster » ou « Justin Gingerlake » en écho à Justin Timberlake (« ginger » signifiant « rouquin », ndlr) et Cheryl quant à elle, le compare à un Zac Efron en pleine puberté ; enfin, Veronica compare la société actuelle à un « monde post-James Franco. »

Énormément de références donc et ce n’était qu’un échantillon ! Cependant, elles ne sont pas là par hasard et renforcent elles aussi le parti pris « cliché » de la série puisque certaines références sont bien évidemment trop poussées pour de jeunes lycéens.

 

  • En conclusion

Points positifs :
– une série consciente d’elle-même (clichés assumés et détournés, multiples références culturelles)
– l’atmosphère et l’esthétique du show
– un format court idéal : 13 épisodes
– la bande-son

Points négatifs :
– le traitement du personnage d’Archie, trop fade (contrairement aux autres personnages, il n’arrive pas à sortir du cliché dans lequel il est enfermé)
– une légère perte de vitesse en deuxième partie de saison

 

Notre note : 4/5. Une première saison très prometteuse et dont la qualité a su se maintenir pendant ces 13 épisodes malgré un petit essoufflement de mi-saison. Reste à savoir, maintenant que l’intrigue du meurtre de Jason est résolue, ce que les scénaristes pourront bien raconter dans la seconde saison, déjà confirmée par la chaîne ! Espérons que le niveau ne fléchisse pas pour la suite de la série…