Review Pilot – The Twilight Zone

Diffusé en avant première lors du Festival Séries Mania les deux premiers épisodes de The Twilight Zone donnent le ton de ce quatrième reboot de la série du même nom des années 60 plus connue sous le nom de La Quatrième Dimension en France. Le revival de la célèbre série anthologie a fait le choix de démarrer par deux remake d’épisodes existants Rire ou mourir au paradis et Nightmare at 20,000 feets. Bonne ou mauvaise idée ?

[Cet article contient de nombreux spoilers]

Présenté comme l’épisode 2, The Comedian se retrouve finalement en pilot au moment de la diffusion publique de The Twilight Zone. Inspiré d’un épisode de la série originale Take my Life… Please! (épisode 22a de la saison 5), The Comedian se déroule dans le monde des comédiens de stand-up. Là où l’original voyait son héros pris en otage et tué par un rival à qui il avait piqué un sketch, le pilot de The Twilight Zone 2019 nous présente Samir, un comédien ayant du mal à faire rire son audience, confronté à un choix difficile pour rencontrer le succès.

La mise en place est lente et laborieuse. Tout comme le public de Samir s’ennuie durant son set, on peine à rentrer dans l’épisode et tout semble tomber à plat. Il faut attendre un bon quart-d’heure pour que l’intrigue pointe le bout de son nez. Après un spectacle raté Samir rencontre une sommité dans son domaine joué par Tracy Morgan qui va lui donner un conseil qui va changer sa vie. Pour faire rire, il doit donner de lui-même, livrer en pâture à l’auditoire un bout de sa vie. Mais est-il prêt à en payer le prix ?

Samir tente de s’ouvrir à son public en racontant une histoire à propos de son chien lorsque son sketch politique fétiche fait encore un bide, l’audience rit, pari gagné. Mais il s’aperçoit rapidement que chaque fois qu’il cite un de ses proches dans son spectacle, celui-ci disparaît. C’est pourtant le seul moyen de toucher les spectateurs et d’obtenir les rires dont il a cruellement besoin. Kumail Nanjiani (The Big Sick) se donne dans ce personnage en soif de reconnaissance mais l’ensemble de l’épisode manque tout simplement de punch. On assiste pendant 45 minutes à la métamorphose de Samir qui passe par différents stades : incrédulité, bref bonheur, complexe du héros, puis tyran et finalement, seul et désœuvré.

Cet épisode fait écho avec notre époque où les gens sont à la recherche de la célébrité, avoir des followers sur les réseaux pour être quelqu’un. On aime le fait que Kumail et Tracy soient des comédiens de stand up dans la vie, c’est un joli clin d’oeil. La mise en abîme du comédien qui doit littéralement donner une partie de sa vie pour nourrir un public affamé est intéressante mais la réalisation de l’ensemble un peu décevante.

Heureusement, ce n’est pas le cas pour l’épisode suivant.

Rebaptisé Nightmare at 30,000 feets, l’épisode deux (initialement présenté comme le pilot lors de la sortie en avant-première) se passe essentiellement en huis-clos dans un avion (comme l’original avec William Shatner et Dan Aykroyd) mais il est clairement remis au goût du jour. Un passager découvre un lecteur mp3 un peu rétro contenant un podcast. En l’écoutant, il est effaré d’entendre que le narrateur (Jordan Peele) annonce que ce vol va se crasher. Au fur et à mesure de son écoute, il va tenter d’empêcher l’avion de connaitre une fin tragique mais se faisant, permets sa réalisation.

Côté casting c’est un sans faute, Adam Scott (The Good Place, Big Little Lies) est très convaincant dans le rôle du reporter angoissé Justin Sanderson, qui essaie désespérément d’appliquer une méthode rationnelle à une situation qui ne l’est pas. Le pilote est joué par Nicholas Lea (Alex Krycek de X Files) ce qui fait un joli clin d’œil aux amateurs du genre. Jordan Peele en narrateur est très classe, sa voix est parfaite pour le rôle et son impassibilité est impeccable.

Avec les événements de ces dernières années, prendre l’avion est devenu pour pas mal de gens une angoisse, qui est ici parfaitement retranscrite. Certains ont appelé au racisme sur ce pilot mais la peur du terrorisme n’est pas forcément synonyme de racisme. D’ailleurs lorsque Justin se rapproche de deux passagers musulmans, ce n’est pas pour éviter une attaque ou un détournement mais simplement pour leur demander d’éteindre leur portable.

Là où l’épisode original utilisait un monstre comme ressort scénaristique, le remake utilise la psychologie. L’ambiance reste angoissante et suspicieuse comme dans la série de base mais l’adaptation au 21ème siècle est habilement faite. L’intrigue est un classique du genre syfy-psycho-horror : avoir des informations sur le futur permet-il de le changer ou fait en sorte qu’il se réalise ? On se demande tout le long de l’épisode pourquoi Justin n’écoute pas le podcast jusqu’au bout pour avoir tous les éléments plutôt que de réagir à chaque information. Mais s’il l’avait fait, l’histoire se serait-elle déroulée de la même manière ? Un vrai-casse tête pour les amateurs de voyage dans le futur, les modifications important le continuum espace-temps.

Ils auraient pu commencer par un épisode original, mais en choisissant de présenter un remake en pilot, The Twilight Zone (2019) envoie un message clair : voilà qui je suis. Oui je respecte mes origines et leur fait hommage mais je suis un enfant des années 2019 et par conséquent j’ai aussi ma contribution à apporter. Et ça fonctionne ! Nul doute que quelques puristes feront de la résistance mais en dehors de ça c’est un essai transformé pour Jordan Peele et son équipe dès le deuxième épisode. On retrouve avec nostalgie une atmosphère familière, tout en étant embarqué dans des histoires de notre temps. C’est toute la magie de The Twilight Zone (2019). On a hâte de découvrir des épisodes originaux, mais aussi d’autres remake. Si la qualité des deux épisodes est inégale, il en est souvent ainsi dans les anthologies. Bref on continue avec joie et angoisse …

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