Review Pilot – The L Word Generation Q : on continue ou pas ?

The L Word, c’était la vie d’un groupe d’amies lesbiennes et bi plutôt aisées vivant à Los Angeles : Bette et Tina, Alice et Dana, Shane et Jenny. La série a été diffusée de 2004 à 2009 et a touché plusieurs générations que ce soit lors de sa diffusion ou même pendant les 10 années qui ont suivies. En effet, peu voir pas de série ont exploité le créneau 100% lesbien depuis et il aura fallu se contenter de personnages secondaires plus ou moins bien écrits. Pour cette raison et au vu du climat politique de ces dernières années, la créatrice Ilene Chaiken et trois des actrices de la série originelle Jennifer Beals (Bette Porter), Leisha Hailey (Alice) et Katherine Moenning (Shane), ont décidé de revenir pour donner une nouvelle voix à la communauté LGBTQI+ avec une suite : The L Word Generation Q.
Nous avons visionné en avant-première les 3 premiers épisodes qui seront diffusés à partir du 8 décembre prochain sur CBS et Showtime.
Entre les attentes des fans de la première heure, l’absence des autres actrices et le besoin de se renouveler, la sortie de la suite/revival The L Word Generation Q est attendue au tournant. Ont-ils réussi à tout concilier ?

[Cet article contient des spoilers]

Nous rentrons tout de suite dans le vif du sujet avec une scène de sexe lesbien très réaliste, pas de doute nous sommes bien dans The L Word. La scène est un tantinet plus crue que dans nos souvenirs, (l’une d’elle a ses règles) mais tout aussi bien tournée. C’était une des grandes forces de la série originelle, les scènes de sexe ont toujours été réalistes et bien filmées, de manière artistique. Nous sommes déçues de ne pas retrouver nos personnages favoris (Bette, Alice et Shane) mais nous respectons le parti pris. Après tout, il s’agit de The L Word Generation Q et il faut introduire les nouveaux personnages. Le premier couple dont nous faisons la connaissance est composé de Sophie (Rosanny Zayas) et Dani (Arienne Mandi), elles sont latinas toutes les deux mais Sophie est également afro-américaine. On découvre aussi Finley (Jacqueline Toboni) une jeune femme caucasienne légèrement androgyne aux aisselles non épilées (choix symboliquement audacieux) et Micah, le coloc gay asio-américain tout timide qui (on l’apprend dans l’épisode deux) est une personne transgenre.

Puis finalement, nous arrivons sur l’ancienne génération avec Bette (Jennifer Beals) ! Sa fille Angelica a bien grandi, c’est une ado et pour le spectateur de la première heure, le poids des années se fait sentir. On comprends rapidement que Bette et Tina ont divorcé (nous avions beau savoir que Laurel Holloman, devenue peintre n’avait pas souhaité reprendre le rôle, cela fait quand même un vide), et que Bette a délaissé le monde de l’art pour celui de la politique. Nous apprendrons dans le troisième épisode la raison de leur divorce : Tina serait tombée amoureuse de quelqu’un d’autre et l’aurait quittée. C’est léger, surtout pour le couple phare de The L Word qui s’était ENFIN retrouvé dans la saison 5 mais nous sommes bien obligés de nous en contenter. Après tout, cela laisse une porte ouverte si la série est prolongée et que Laurel change d’avis (l’espoir fait vivre).

Nous débarquons ensuite dans la vie d’Alice (Leisha Hailey). Elle vit avec une femme divorcée avec deux enfants, les relations avec l’ex femme de sa compagne semblent tendues et elle n’a pas l’air dans son élément avec les enfants. Puis, c’est au tour de Shane de faire une arrivée à son image (à peine le pied posé sur le tarmac elle couche avec l’hôtesse). A ce stade, le fan de The L Word rentre dans une phase de nostalgie émue, enrobé d’une familiarité chaleureuse. Nous sommes à la maison, la maison a certes été repeinte et les meubles ont un peu changé mais cela reste la maison.
Les retrouvailles entre Alice et Shane sont un moment fort parce que nous aussi sommes émues de les retrouver. Il faut attendre pratiquement la moitié du premier épisode pour voir les 3 anciennes du cast réunies à l’écran. Si jusque là le premier épisode n’a rien de bien percutant, le facteur nostalgie frappe ici de plein fouet. Le fan service bat son plein pendant ce repas avec un appel de Tina, des souvenirs évoqués (le jour où Shane a fricoté avec la mère d’Alice). Les clins d’oeil de ce genre sont récurrents sur les 3 épisodes. Ils permettent aux fans de se remémorer les saisons précédentes mais sont également un moyen de faire connaitre ces personnages aux nouveaux spectateurs.

 

Le lien entre nouvelle et ancienne génération est subtil et cohérent : Finley et Sophie travaillent avec Alice sur son talk show (un mix d’Oprah et Ellen De Generes) où elle tente de suivre les directives de ses chefs (des hommes cisgenre blanc hétérosexuels) qui veulent du « fun gay ». Dani de son côté finira par travailler sur la campagne de Bette dès l’épisode 2 ce qui crée un belle dynamique car les 2 personnages possèdent pas mal de similitudes. De même, Finley peut nous rappeler Shane de par son androgynie et son indépendance. Seul Micah pour l’instant est un peu à part et quand on connait le traitement du dernier personnage transgenre dans The L Word, Max (Daniela Sea), nous craignons un peu que les erreurs soient reproduites bien que cette fois, l’interprète Leo Sheng, soit lui-même transsexuel. Car si nous retrouvons les qualités de réalisation de la série de base, le sequel comporte aussi les mêmes faiblesses. En effet, tout comme dans The L Word, nous pouvons reprocher à Generation Q de limiter le réalisme en dépeignant les personnages dans des milieux aisés. Seule Finley semble galérer un peu financièrement, les 3 autres en colocation vivent dans un bel appart et la famille de Dani a beaucoup d’argent. Ce n’est pas le quotidien de 90% des LGBTQI+. Mais encore une fois, The L Word avait déjà fait ce choix. Nous aurions pu penser que cela aurait été corrigé dans le sequel mais il aurait été du coup difficile de faire cohabiter nouveaux et anciens personnages.

 

En revanche, si The L Word était relativement engagé (couple mixte, racisme, homophobie légère), The L Word Generation Q semble plus vigoureux dans le propos. La campagne de Bette en toile de fond, permet de pouvoir aborder un bon nombre de points politiques : éducation, économie et surtout la place de la diversité et de la communauté queer dans la ville de LA. Nous assistons sur les 3 épisodes à pas mal de scènes touchantes à ce sujet, notamment lorsqu’elle va à la rencontre de jeunes dans un centre communautaire. Il y a un vrai parti pris et une vraie volonté de dénonciation. Nous notons également la catch phrase d’Alice lorsqu’elle démarre son émission « Ladies and Gentlemen and everyone in between » (Mesdames et Messieurs et tous ceux entre les deux), embrassant ainsi la non binarité. De même, le panel de personnages variés inclus une jeune femme en fauteuil (la sœur de Sophie).
Ce n’est pas non plus totalement novateur par rapport à The L Word. Il faut dire que la série de base avait tout de même un échantillon assez large pour le début des années 2000 (dragking, couples mixtes, interraciaux, personnages sourd, latino, afro-américain, transgenre, gay, lesbien, bi, hétéro). Mais nous attendions davantage de personnages transgenres notamment féminins. Il n’y a toujours pas de bisexuel et/ou de pansexuel ou de personnes non binaires et la bisexualité censée être représentée par Alice n’est pas évoquée pour l’instant.

En résumé, The L Word Generation Q va plus loin que son prédécesseur en terme de diversité, en position politique, féminisme et réussi donc le job. Bette, Alice et Shane n’ont fondamentalement pas changé (elles refont les mêmes erreurs) mais elles ont avancé. Les nouveaux personnages sont un peu fades mais ont du potentiel. L’essai est transformé, le mix nouvelle et ancienne génération fonctionne, l’audience s’y retrouve, que l’on découvre la série ou qu’on y revienne après 10 ans. Lorsqu’Alice revient sur son plateau après la coupure estivale et dit à son public  « it feels like a decade » (On dirait que ça fait 10 ans), c’est une belle mise en abime des actrices qui retrouvent leur fans après 10 ans d’absence. Evidemment on continue religieusement et on espère quelques apparitions surprises (Sarah Shahi/Carmen) au cours de la saison.

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1 commentaire

Mick

le 10 mai 2021 à 18h32

The L word without Laurel means nothing for many people. The couple of Bette and Tina means many things and show what true love is and can done even in the straight community. Laurel is the most talented actress of the serie. She is the most charming person. Only with a smile or look she makes fall you in love with her. Never look her in the eyes if you dont’t want to fall in love with her. My god she is so beautiful and charming !

Sans Laurel la serie n’est pas attirante. Laurel est la plus talentueuse des actrices. Elle a un charme hallucinant. Son regard, son sourire, sa voix font que vous tombez amoureux d’elle. Son regard charmeur vous fait tomber à la renverse. Ne la regarder jamais dans les yeux car vous tomberez amoureux d’elle, elle est si belle et charmante !