Basée sur le roman de Margaret Atwood paru en 1985, The Handmaid’s Tale (La Servante écarlate en version française) est une série diffusée sur la platerforme de streaming Hulu depuis le 26 avril dernier. Le résumé était assez vague et nous présentait Offred, une servante qui travaille dans la maison du Commandant, mais également l’une des femmes désignées pour repeupler la planète. Que vaut la série ? On vous donne notre avis !
L’épisode commence par une course poursuite, le personnage féminin principal, incarné par Elisabeth Moss, ainsi que son compagnon et sa petite fille courent dans la forêt pour échapper à leurs poursuivants. Mais ils finissent pas les rattraper et c’est assommée qu’elle est embarquée dans une camionnette. On la retrouve plus tard, dans une robe rouge, seule dans une chambre. Un nouvel univers s’offre à nous : son nom est maintenant Offred, elle a été enlevée pour tenter de repeupler la planète. En effet, les hommes qui, à force de pollution et de surconsommation, sont devenus infertiles et ont beaucoup de mal à avoir des enfants. Offred va alors intégrer le centre rouge pour faire partie de ces femmes violées et utilisées pour tomber enceintes. La fertilité d’une femme est donc à la foi un cadeau et une malédiction.
Les servantes sont obligées de tout faire à deux, elles s’espionnent ainsi entre elles et sont soumises à de nombreuses règles. Il est difficile de savoir à qui l’on peut se fier et cela pousse Offred dans ses derniers retranchements. Alors que l’on pourrait croire que cette situation pousserait les femmes à se soutenir, elle les ligue au contraire les unes contre les autres.
Offred est placée dans la maison du Commandant (interprété par Joseph Fiennes) et de son épouse (incarnée par Yvonne Strahovski), qui eux aussi ont du mal à avoir un enfant. Régulièrement, ils pratiqueront donc la « cérémonie », où Offred devra offrir son corps pour tenter d’offrir un enfant au couple. Mais Offred n’a pas oublié sa famille, sa fille et son compagnon. Son esprit rebelle est là, bien caché. Elle observe et analyse tout.
L’épisode est construit avec deux narrations grâce à des flashbacks, nous permettant d’en apprendre plus sur les personnages et sur la façon dont certains se sont rencontrés (Offred et Moira par exemple, incarnée par Samira Wiley). Même si l’oeuvre de Margaret Atwood est présentée comme de la science-fiction, il est impossible de ne pas faire de lien entre notre société actuelle et The Handmaid’s Tale. Les flashbacks nous décrivent une version assez proche de notre époque contemporaine, la planète est détruite à petit feu et les hommes tentent de rattraper leurs erreurs bien qu’il soit trop tard. Les images du passé d’Offred nous donnent quelques indices et l’histoire se se déroulerait à priori aux Etats-Unis. Puis le présent nous plonge à nouveau à Gilead, une société futuriste et ultra-contrôlée, où la plupart des habitants portent des bonnets assez ressemblants aux bonnets Amish, le tout donnant un esprit assez sectaire à la ville.
La réalisation nous aide également à nous plonger entièrement dans le scénario grâce au choix des couleurs : bleu canard, rouge sang et blanc, le tout un peu délavé et passé. Nous avons presque l’impression d’évoluer dans un rêve. Le mélange d’époques nous empêche de nous fixer totalement sur une date, nous savons que cela se déroule dans le futur et les scénaristes jouent sur l’aspect mystérieux. L’ambiance est tendue et la tension est palpable.
Il faut saluer la prestation de Elisabeth Moss dans ce premier épisode, qui va probablement porter une grande partie de la série sur ses épaules. Les gros plans sur son visage permettent de nous attacher très rapidement à Offred et le lien créé entre le personnage et le téléspectateur n’est rendu que plus fort quand nous avons accès à ses pensées, créant parfois un paradoxe entre les insultes qu’elle aimerait pouvoir prononcer et son visage totalement impassible. Une performance de qualité qui prouve encore une fois qu’Elisabeth Moss est une grande actrice.
Conclusion : un pilot d’une très grande qualité scénaristique, cinématographique mais également du point de vue des jeux des acteurs. Cette série va nous mettre mal à l’aise, nous perturber plus d’une fois et nous montrer la douloureuse réalité d’un possible futur… On continue, bien sûr !