Review Pilot – L’agent immobilier : on continue ou pas ?

Arte a diffusé une mini-série française inédite, L’agent immobilier, le jeudi 7 mai 2020. Le rôle-titre est porté par Mathieu Amalric, secondé par Eddy Mitchell interprétant son père. Les quatre épisodes de ce feuilleton ont tous été diffusés le même soir, mais sont toujours disponibles en replay. On a pu suivre la vie d’Olivier Tronier, agent immobilier fatigué qui apprend le décès de sa mère.
Nous avons regardé le pilot pour vous : la rédac’ de Just About TV vous donne son avis sur ce programme français.

*Attention, cet article comporte des spoilers !*

Un pilot qui intrigue…

Ca commence plutôt bien, avec une nouvelle intrigante : Olivier hérite de sa mère décédée un immeuble entier situé à Paris, dont ni lui, ni son père n’avaient connaissance. Une seule locataire y réside, pour un loyer modique, signe qu’elle était sans doute une amie proche de la mère, mais inconnue, encore une fois. On plonge donc dans la série en se posant les mêmes questions qu’Olivier : quels secrets sa mère lui cachait-elle et pour quelles raisons ? On se pose aussi des questions concernant la relation ambiguë entre Olivier et la femme de son meilleur ami…
Certains aspects s’annoncent intrigants, donc, c’est un bon point.

…mais, il s’y passe beaucoup de choses dont on se passerait bien.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce premier épisode de 45 minutes est bien rempli, peut-être un peu trop. Car en plus des éléments qui intriguent et donnent envie de regarder pour savoir, le pilot est parasité par beaucoup d’actions et de dialogues inutiles et sans aucun réalisme.
Par exemple, pourquoi avoir ajouté cette relation père-fils désastreuse, vue et revue avec l’adolescente rebelle et totalement cliché et le père absent qui l’ignore ? On en vient à se demander qui est intéressé par cet archétype du jeune en rébellion, toujours présenté de la même façon, sans aucune nouveauté. On nous montre une adolescente qui grave des insultes au clou sur les murs de son lycée et qui ne reçoit aucune sanction de son père.
D’autres scènes manquent autant de crédibilité : on nous présente un homme adulte qui entre dans un immeuble en ruines et ne se méfie pas une seconde d’un ascenseur hors d’âge et monte dans la cabine qui s’effondre…
Sans oublier un agent immobilier sortant des urgences, son bras en plâtre et encore sous le choc suite à un décès, qui au lieu de prendre la soirée pour se reposer – ce qui est bien compréhensible – fait quand même visiter un appartement, la chemise et le visage encore tâchés de sang, face à des clients mécontents à cause de son retard… Tout cela manque de réalisme : n’importe qui comprendrait qu’un agent immobilier ayant eu un accident le jour même doive reporter une visite.
Ces incohérences et scènes clichés nous exaspèrent : chaque fois que le spectateur note un manque de crédibilité, il sort de l’épisode.

Des personnages peu attachants

Au début, la série semblait légère, présentant un quotidien dans lequel on se reconnaît, oscillant entre visite aux proches, travail et soucis de tous les jours. Elle devient rapidement pesante avec un accident tragique qui surgit sans crier gare, une relation père-fils toxique, et pire que tout : un personnage principal tout sauf attachant. Car c’est là que le bât blesse, on a envie de secouer cet agent immobilier dont le comportement agace. L’intrigue de l’immeuble ne suffit pas à relever le niveau et à nous captiver alors que ce personnage principal semble errer et agir toujours de la manière la plus absurde qui soit, comme lorsqu’il entre par effraction chez la locataire pour récupérer un poisson rouge.

Une fin d’épisode qui nous décide : c’est non

Ce long épisode se termine par plusieurs minutes pesantes et incompréhensibles où le personnage principal semble rêver ou délirer à cause de ses soucis, et où sa fille et la locataire rajeunies lui apparaissent, de même qu’un truand à moustaches. Si l’on hésitait encore, cette mise en scène insensée et interminable finit de nous convaincre : c’est non. De plus amples recherches nous apprennent que le poisson rouge est en fait capable de faire voyager le héros dans le passé (!), ce qui lui permettra de décortiquer les secrets de famille de sa mère, mais rien ne permet de le dire au moment de cette fin d’épisode que le spectateur prend pour un rêve ou une hallucination. Il y a quelque chose de mal dosé à regarder tout un épisode sans réaliser qu’il s’agit d’une série fantastique.
Le jeu n’est ni bon, ni mauvais, il n’y a rien à dire sur la musique, quant au scénario et à la mise en scène, vous connaissez notre avis : ce pilot a bien trop de faiblesses. Si vous avez énormément de patience, vous pouvez laisser sa chance à L’agent immobilier dont le déroulement pourrait mettre à nu ces secrets de famille de manière intéressante, mais si vous voulez regarder une série cohérente et efficace, passez votre chemin.

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