Dietland, c’est la nouvelle série de AMC adaptée du roman de Sarah Walker et créée par Marti Noxon (Unreal, Buffy) avec Joy Nash (Twin Peaks) et Julianna Margulies (Urgences). Elle suit le personnage de Plum Kettle, une jeune femme obèse qui travaille pour un grand magazine de mode New-Yorkais. Ce dernier est dirigé d’une main de fer par Kitty Montgomery, que nombreux idolâtre pour sa beauté et sa minceur. Du jour au lendemain, tout s’écroule autour d’elle quand une organisation féminine terroriste commence à s’attaquer à des personnes qui lui sont proches. Elle ne pourra plus compter sur l’influence de son magazine et se retrouvera plongée dans un nouveau monde, fait de manipulations en tous genres, où plus aucune règle ne s’applique.
Lorsque le magazine est hacké, Kitty confie l’information à Plum qui n’en pense pas grand chose avant d’être approchée par les instigatrices du piratage. Alors, la jeune femme doit faire un choix entre continuer à répondre à ses lectrices en souffrance selon la ligne éditoriale du titre ou bien se fier à ses instincts et exprimer sa pensée. En parallèle, plusieurs hommes sont retrouvés morts. Selon les médias, tous auraient commis des agressions sexuelles. Les indices laissés semblent indiquer que les meurtres ont été commis par des femmes. L’imagerie des cadavres jetés comme des déchets fait écho au thème de la relation au corps. S’ils sont maltraités ici au sens propre, les corps des autres personnages de la série le sont par les diktats de l’apparence, la privation, ou la mutilation. Mais y a t-il un lien entre le hack et ces crimes ?
La série tourne autour des apparences et de la relation au corps. Aussi, ce premier épisode met l’accent sur le regard des autres, mais aussi celui de Plum vis à vis d’elle même. Parfois c’est d’ailleurs le sien qui s’avère être le plus cruel. Plum enchaîne des régimes qui l’empêche de vivre sa vie pleinement, et accepte de vivre dans l’ombre de Kitty à laquelle elle prête sa plume. Quand Kitty est le visage du magazine, Plum en est le cerveau. Pourtant, Kitty Montgomery est elle aussi victime de son obsession à son apparence, puisqu’elle est est terrifiée à l’idée d’être oubliée si son physique venait à ternir. Si la première partie du pilot expose la grossophobie avec des personnages impitoyables vis à vis de Plum, la seconde met en avant des femmes qui au contraire, encouragent la jeune femme à s’accepter telle qu’elle est.
Il faut également saluer la réalisation de la série, très soignée. Nous avons tout particulièrement apprécié la bande son qui donne le ton et rythme le pilot avec intelligence. De plus, la série mêle les scènes filmées avec des animations qui représentent la vision que Plum a d’elle même. Non seulement ce choix est original, mais il nous invite à comprendre l’état d’esprit du personnage. Le générique, animé lui aussi, est particulièrement saisissant et souligne le ton sombre de la série. En effet, Dietland est bien plus dense et psychologique que ce à quoi nous avions pu nous attendre. Le casting est très bon et contribue à la crédibilité de la série.
La série, résolument féministe, prône l’acceptation de soi et le refus des exigences de la société vis à vis des apparences. Qui n’a jamais lu sur les couvertures de magazines des articles vantant le nouveau régime à la mode, ou donnant une liste d’astuces pour perdre du poids ? Dietland réussi à montrer à l’écran ce que nous avons tous déjà ressenti au moins une fois dans notre vie. Après un début très prometteur, nous avons envie d’en voir plus… On continue bien sûr !