Quantico : l’avis de la rédac’ sur la saison 2 !

Après une première saison bluffante, Quantico revient pour une seconde saison où les bases précédemment posées ont complétement changé : Alex (Priyanka Chopra) travaille désormais à la CIA (en apparence), Ryan (Jake McLaughlin) est un agent du FBI infiltré à la CIA, Raina (Yasmine Al Massri) a démissionné du FBI… Diffusée sur ABC, la série s’est achevée le 15 mai dernier sur une conclusion satisfaisante, qui pourrait marquer la fin du show, même s’il n’était pas renouvelé pour une troisième année. Alors, quel bilan pour cette seconde saison ? Voici notre avis !

***Cet article contient des spoilers ! ****

 

  • Une série prisonnière de son format

Alors que cette seconde saison démarre très fort dans l’action avec des images chocs et une nouvelle attaque terroriste, force est de constater que tout se gâte assez rapidement… En effet, ce qui faisait l’originalité du show en saison 1 est désormais son plus gros handicap. Une narration sur deux timelines, une taupe au sein de l’équipe, des secrets par milliers, etc. L’idée était alors novatrice. Désormais, on sent que la série est prisonnière de son format : en voulant reproduire le schéma qui a fait son succès initial, le show se noie dans une incompréhension la plus totale. Le parallèle ira même jusqu’à faire de Raina la nouvelle Alex : l’ancienne agent sera elle aussi victime d’un coup monté et accusée à tort d’un attentat qu’elle n’a pas commis… Conscients de leurs lacunes, les scénaristes ont tenté de corriger leurs erreurs en faisant fusionner les deux timelines dès l’épisode 13, EPICSHELTER. De plus, ils ont essayé tant bien que mal de redonner cet esprit d’équipe présent en saison 1 avec des recrues qui, malgré leurs oppositions, finissaient toujours par s’entraider. Or, cette année, l’ambiance est aux coups bas et autres mensonges, et nous n’avons plus cette même saveur qu’en première saison. Les showrunners ont bien essayé de nous laisser des visages familiers, tels que Nimah, Shelby (Johanna Braddy) ou Miranda (Aunjanue Ellis) mais cela ne suffit pas. Ils ont même succombé au fan service en faisant revenir Caleb (Graham Rogers) dans l’épisode 18, KUMONK, alors que son retour avait été teasé cinq épisodes plus tôt et qu’au final, il ne s’agissait pas de lui, mais de son frère ! De quoi en décevoir plus d’un… En somme, cette seconde saison aurait gagné à être écourtée cela aurait peut-être empêché qu’elle s’embourbe complètement, car seuls les huit derniers épisodes s’en sortent avec les honneurs ! 

 

  • L’abus de twists nuit gravement à la crédibilité du show

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? L’an dernier, nous cherchions à savoir QUI était le terroriste, cette année nous nous demandons plutôt QUI N’EST PAS un terroriste… Trop de twists tuent l’effet du twist ! Cette seconde saison est un concentré de retournements de situation les plus improbables les uns que les autres, au point que l’on arrive à s’y perdre complétement. Qui travaille pour quoi, qui trahit qui, qui cache quoi… on ne sait plus ! Et qui fait réellement partie de la CIA ? Du FBI ? Du MI-6 ? De l’AIC ? Quelle différence entre CIA, AIC et black-ops de la CIA ? Mais surtout : l’AIC existe-t-il vraiment ? Beaucoup de questions dont on n’est malheureusement pas sûrs des réponses, tant on n’arrive plus à suivre… A force de trop vouloir compliquer les choses, les scénaristes noient les téléspectateurs dans une foule d’informations et de désinformations, avec des épisodes dans lesquels on nous dit parfois tout et son contraire. L’exemple le plus flagrant reste le personnage de Lydia (Tracy Ifeachor) qui s’avère très caricaturalement parlant « gentille » puis « méchante » puis « gentille » puis « méchante » à nouveau !!

De plus, les incohérences scénaristiques dévoilent un souci majeur du show : on sent que les épisodes ne sont pas pensés suffisamment à l’avance et sont écrits un par un. Ainsi, on s’interroge : comment peut-on encore croire à la vraisemblance du scénario ? Certes, la série reste un divertissement fictionnel, ce dont nous sommes conscients, mais la crédibilité du show est complétement détruite par les multiples rebondissements incohérents proposés dans cette seconde saison. Ne serait-ce qu’au travers d’un élément tout simple : comment Alex peut-elle encore exercer son métier ? Ennemie n°1 publique puis héroïne nationale en saison 1, son visage est désormais connu de tous, et théoriquement, un agent secret ne peut opérer à découvert… La question se pose également pour Shelby, puisque Harry (Russell Tovey) la reconnaît aisément suite aux événements de la première saison, l’ayant vue dans les journaux, alors que Léon (Aarón Díaz) qui la fréquente, ne devine pas sa vraie identité… Il en va de même pour Ryan, retrouvé sur internet par une journaliste de la plus simple des façons… Si le show était crédible, aucun des agents de Quantico ne s’avérerait réellement efficace (sans citer leurs coucheries et leur manque de professionnalisme) et certains n’exerceraient probablement pas !

 

  • Des nouveaux personnages sans grand intérêt

A chaque saison dans chaque série, son lot de nouveaux personnages. Malheureusement dans cette saison 2 de Quantico, ceux-ci n’ont pas brillé. Basé sur le même principe que la saison 1, on retrouve ainsi la figure des professeurs, Owen Hall (Blair Underwood) et sa fille Lydia, et celles des nouvelles recrues : Léon Velez, Harry Doyle, Sebastian Chen (David Lim), Dayana Mampasi (Pearl Thusi), Leigh (Heléne Yorke). Bien que ceux-ci aient tous un profil différent, ils souffrent de la comparaison avec leurs prédécesseurs, et quand bien même on ne les comparerait pas avec les recrues précédentes, il faut bien avouer que tous dans l’ensemble manquent de charisme et de réel intérêt. On ne s’attache ainsi qu’à peu de ces nouveaux personnages et du sort réservé à certains. Ce n’est pourtant pas faute d’essayer, puisqu’à l’instar de nombreuses séries, il y a désormais le « bar », lieu de rendez-vous où les protagonistes se réunissent à chaque épisode et qui permet davantage d’interactions entre eux. Mais à une ou deux exceptions près, aucun ne tire vraiment son épingle du jeu. En effet, dans les recrues, seul Harry Doyle a su se distinguer : qu’on l’apprécie ou non, le personnage ne laisse pas indifférent tant son écriture est construite de manière cohérente, contrairement à ses autres camarades. De plus, son amitié avec Alex rappelle fortement celle d’avec Simon Asher (Tate Ellington) en saison 1. Sa storyline avec Sebastian, dans la quête d’identité sexuelle de celui-ci, aura été l’un des éléments forts de la première partie de saison. Par la suite, le personnage de Sebastian sera utilisé à mauvais escient, pour servir un énième twist, et Harry disparaîtra de l’intrigue du jour au lendemain…

Du côté des mentors, on salue l’effort de la part des scénaristes d’avoir voulu donner de l’épaisseur à Owen Hall, qui succède à Liam O’Connor (Josh Hopkins) à la tête des recrues. Toutefois, le personnage manque sérieusement de relief et s’avère être un piètre agent de terrain. Au final, il n’est d’abord défini que par sa relation aux femmes qui l’entourent : Lydia et Alex. Par ailleurs, on ne peut s’empêcher de se demander si les relations qu’entretient Alex avec ses supérieurs tiennent du running gag ou non… Alors que la saison dernière, elle se montrait proche de Liam, au point qu’on découvrait en fin de saison qu’ils avaient eu une liaison, on se demande également si Owen a été un amant d’Alex. Ce côté soap opera frappe aussi du côté de Clay Haas (Hunter Parrish), frère de Caleb et fils de la Présidente des Etats-Unis, Claire Haas (Marcia Cross). La création de ce personnage apparaît davantage comme une ruse des scénaristes que comme une réelle idée novatrice. Et pourtant le personnage séduit. Clay semble être une copie améliorée de son frère, puisqu’il semble irréprochable sous tous les angles alors que Caleb a connu de sérieux déboires. Mais Clay saura se montrer plus profond qu’il n’y paraît. Toutefois, il flirte (lui aussi !) avec Shelby, et c’est là que le bât blesse. Cependant, les scénaristes ont eu la présence d’esprit de ne pas reproduire la même erreur que l’an passé avec le père de Caleb. Cet égarement aurait pu condamner une fois de plus la crédibilité d’un show en perte de vitesse s’il n’y avait pas eu un redressement dans le dernier tiers de la saison… 

 

  • Un second souffle nécessaire

Après une première partie de saison chaotique, les scénaristes tentent de rectifier le tir dès l’épisode 14, LNWILT en annonçant une seule grande mission, dont chaque épisode restant de la saison sera une pièce du puzzle. Bonne idée donc, puisque le format est désormais plus lisible et n’est pas sans rappeler la série Mission : Impossible, à laquelle l’équipe fait d’ailleurs référence. Dorénavant, tout est clairement spécifié, loin de nos interrogations de début de saison telles que « qui est de quel côté, à quel moment et pourquoi ? ». Les ennemis sont appelés « Les Collaborateurs » et l’identité de chacun d’entre eux sera démasquée au terme d’une mission menée par toute l’équipe, désormais solidaire. Les agents ont même leur QG, appelé « le bunker ». L’arrivée dans l’équation de la journaliste Sasha Barinov (Karolina Wydra) ajoute du suspense puisqu’elle s’avère être un ancien agent russe, mais sa storyline étant prévisible, elle finit tuée dans une explosion en fin d’épisode 18, KUMONK. La série prend alors un risque en mettant ses protagonistes en danger, tous devenant des agents sur le point d’être déchus. Les simples missions laissent place au scandale politique et le show met en scène la destitution de la Présidente des Etats-Unis, augurant une victoire des « Collaborateurs ». Or, c’est grâce à une « Super-Alex » que tout est rétabli, le personnage portant désormais le monde sur ses épaules, ce qui fait écho à la première partie de la saison 1, comme nous l’écrivions l’an dernier dans notre précédent bilan. Elle devient alors agent double et infiltre l’ennemi, en clin d’œil à la série Alias. La série prend alors un tournant beaucoup plus politique et arrive à faire oublier la très décousue première partie de saison. Alex fait désormais équipe avec ses partenaires, et en amène de nouveaux : Miranda, Will Olsen (Jay Armstrong Johnson) et l’ancien directeur de la CIA, Matthew Keyes (Henry Czerny). Tous devront faire tomber les politiciens corrompus (dont le nouveau Président) et n’hésiteront pas à se salir les mains, surtout Alex, qui le paiera de sa liberté dans l’épisode final, Resistance. Une seconde partie de saison beaucoup plus plaisante que la première, entre action et espionnage.

 

  • En conclusion

Points positifs :
– les personnages de Harry Doyle et Clay Haas
– le discours de la Présidente Haas à Shelby dans l’episode 9, qui invite à la réflexion et qui fait écho à la récente situation politique aux USA
– le changement de format dès l’épisode 14

Points négatifs :
– trop d’incohérences scénaristiques
– des twists peu crédibles
– de nouveaux personnages inintéressants pour la plupart

Note : 2,5/5. Regarder la première partie de cette seconde saison de Quantico n’aura malheureusement pas été une partie de plaisir. Trop de rebondissements et trop de retournements de situation pour trop peu d’explications. Résoudre un algorithme d’Einstein nous aurait finalement paru bien moins compliqué… A vouloir trop en faire, on s’y perd ! Toutefois, les épisodes 14 à 22 ont redressé le niveau en simplifiant l’intrigue et rendant ainsi la série plus compréhensible et plaisante à regarder. La saison 3, d’ores et déjà annoncée, ne comprendra que 13 épisodes et c’est une très bonne chose puisque cette seconde saison aurait pu être tout à fait réussie si elle avait été écourtée et si elle n’avait tenu compte que de son dernier tiers.