Penny Dreadful s’est terminée dimanche soir, et a créé la surprise : la série est bel et bien terminée et il n’y aura pas de saison 4. Le créateur de la série, Josh Logan et la chaîne, Showtime, ont gardé le secret jusqu’au bout… Avec son univers riche et sombre, Penny Dreadful s’est démarqué dès la diffusion de ses premiers épisodes pour son originalité. Qu’en est-il de cette troisième et ultime saison ?
- Une magnifique réussite
Les séries ont toujours tendance à s’essouffler, surtout quand les premières saisons sont très bonnes. C’était le cas avec Penny Dreadful, mais cette troisième saison a relevé le défi et s’est entièrement renouvelée notamment grâce à la séparation des personnages principaux qui poursuivent chacun un voyage personnel et combattent leurs propres démons. Alors que la première saison servait surtout d’introduction à l’univers, aux personnages tirés de la littérature comme de la fiction, et permettait de les rapprocher en un petit groupe, et que la seconde saison les mettait face à un ennemi commun incarné par la fabuleuse Helen McRory (maintenant dans la série Peaky Blinders), cette troisième saison nous permet de découvrir à la fois de nouveaux personnages, un nouveau mal qui ronge Vanessa et de nouveaux décors. L’intrigue s’est donc parfaitement renouvelée, sans longueurs et sans lourdeur.
La saison accueille Dracula (Christian Camargo) comme le « grand méchant » de cette saison, mais également les personnages de Dr Jekyll/Mr. Hyde (Shazad Latiff), Catriona Hartdegen (Perdita Weeks), le Dr. Seward (Patti LuPone)… Le casting accueille donc de nouvelles têtes dans un Londres Victorien toujours aussi lugubre. La séparation de nos héros permet également de découvrir de nouveaux décors grâce à Ethan (Josh Hartnett) parti au Far West, à la recherche de sa famille et de son identité. Accompagné d’Hecate Poole (Sarah Greene), ils sont traqués à la fois par la police, par Sir Malcolm (Timothy Dalton) et par les hommes de main du père d’Ethan. C’est une nouvelle intrigue qui apparaît et permet de renouveler une fois de plus la série : nous apprenons qu’Ethan est celui qui sauvera le monde d’un mal grandissant.
La saison 3 nous offre quelques scènes d’une qualité fantastique, nous avons par exemple l’intégralité de l’épisode 4 (« A Blade of Grass« ) mettant en scène Vanessa et John Clare, qui s’occupait d’elle avant sa mort. Un huit-clos absolument fantastique et qui ne repose que sur le talent des acteurs. Le discours féministe de Lily (Billie Piper) qui est devenu l’un des personnages les plus forts de la série grâce à son évolution en flèche.
- Des personnages parfois mis de côté
Le seul reproche que l’on pourrait faire à cette troisième saison, est l’inégalité dans le développement de certains personnages. Puisqu’il s’agit de la dernière saison, il était difficile d’introduire de nouveaux personnages et de les développer suffisamment. C’est le cas du Dr. Alexander Sweet/Dracula qui a su trouver sa place très rapidement grâce au charisme de Christian Camargo et des scènes très intenses partagées avec Eva Green. Cependant, les nouveaux personnages comme le Dr. Seward (Patti LuPone), le Dr. Jekyll (Shazad Latiff), Catriona Hartdegen (Perdita Weeks) auraient, à mon avis, mérité que l’on s’attarde beaucoup plus sur leur sort et sur leur histoire personnelle. Si le Dr. Seward obtient un certain développement grâce à ses séances avec Vanessa, le Dr. Jekyll et Catriona semblent passer complètement au second plan alors qu’ils sont des personnages important à l’évolution de l’intrigue principale. Je comprends que la série soit l’histoire de Vanessa, mais pourquoi introduire des personnages aussi charismatiques, pour ne finalement que très peu les utiliser ?
Certains de nos personnages principaux souffrent également en cette troisième saison : c’est surtout le cas de John Clare (Rory Kinnear), de Dorian Gray (Reeve Carney) et de Victor Frankenstein (Harry Treadaway). John Clare obtient sa propre intrigue, il retrouve son épouse et son fils, malade. Mais il n’a pratiquement aucune interaction avec ses anciens « camarades », ni avec Vanessa qui est pourtant celle qui avait réussi à lui rappeler son humanité.
Pour Victor Frankenstein, j’appréciais énormément la relation qu’il entretenait avec Vanessa, l’amitié qui les liaient et elle est totalement inexistante dans cette troisième saison, nous ignorons pourquoi ils ne se voient plus. Victor travaille sur son projet avec le Dr. Jekyll et Vanessa combat ses propres démons, et bien qu’il n’hésite pas une seconde à lui venir en aide pendant l’épisode final, je regrette qu’ils n’y ait pas eu d’interaction entre les deux personnages cette saison…
Dorian Gray, quant à lui, ne devient plus qu’un pion dans la vie de Lily et son adaptation reste très superficielle dans la série. C’est un homme immortel qui a tout vu, qui ne souffre pas, qui n’a peur de rien… Le personnage d’Oscar Wilde souffre un peu dans cette série, et je regrette qu’il ne soit pas plus présent et utilisé à bon escient dans cette saison.
- Un au revoir déchirant
En effet, l’annonce est tombée d’un coup à la fin du dernier épisode de la saison : « The End » s’affiche sur l’écran noir. Penny Dreadful se termine, il n’y aura pas de suite. Le début de l’épisode laissait présager que quelque chose se tramait puisque le générique avait été entièrement changé, avec de nouveaux plans… De quoi rendre hommage à la série et aux acteurs/personnages sur une chanson composée par Tom Kitt et inspirée d’une chanson catholique du 18ème siècle.
La décision de terminer la série à la fin de la troisième saison s’est prise pendant le tournage de la seconde saison. Josh Logan l’a expliqué dans plusieurs interviews : il refusait de continuer la série juste pour continuer, même si avec son univers riche et la possibilité de faire venir de nouveaux personnages secondaires dans le bestiaire déjà riche de Penny Dreadful aurait pu lui permettre de le faire. Pour lui, la série devait se terminer, il était temps de dire au revoir aux personnages. La fin s’est imposée d’elle-même.
Je ne vais pas le nier, je suis extrêmement déçue de voir la série s’arrêter, mais je respecte le choix de la production et surtout je suis ravie que la série connaisse une fin digne de ce nom, plutôt qu’une annulation par la chaîne qui nous laisse sur notre faim avec une fin ouverte ou un cliffhanger de folie. J’aurai toute fois préféré connaître cette décision d’arrêter la série et ainsi, pouvoir me préparer psychologiquement à cet arrêt : dire adieu aux personnages, à cette série que j’apprécie énormément.
Les deux derniers épisodes, diffusés le même soir pour une soirée spéciale étaient donc teintés d’une sorte de tristesse, et l’ambiance était beaucoup plus sombre que ce qu’elle n’est déjà d’habitude. La saison s’achève sur le décès de Vanessa et sans Vanessa Ives, il ne peut plus y avoir de Penny Dreadful. Nous avons droit à des scènes très fortes dans ce final, comme par exemple la scène avec Lily (Billie Piper) et son monologue face à Victor Frankenstein (Harry Treadaway), sur la perte de sa fille. La dernière scène partagée entre Vanessa et Ethan (joués respectivement par Eva Green et Josh Hartnett) était déchirante et révèle une fois de plus tout le talent de ces deux acteurs… La série est portée par Eva Green avec un tel talent qu’aucun adjectif ne suffirait à la qualifier. La série est décrite par Josh Logan comme le voyage d’une femme pour retrouver sa foi envers Dieu, un voyage qui va la mener à combattre à la fois le bien et le mal, Vanessa trouve finalement son chemin en cet épisode final et nous avons droit à une vraie fin.
Note : 5/5. Penny Dreadful se termine sur une troisième saison absolument fantastique, sans aucune longueur et malgré quelques personnages qui auraient mérité un développement plus important, le final nous laisse avec le cœur brisé. Le jeu des acteurs, l’univers riche de la série, les décors et les costumes la classe parmi l’une des meilleures séries fantastiques de la télévision.