Midnight, Texas : l’avis de la rédac’ sur la saison 1

Midnight, Texas, la seconde adaptation télévisuelle de romans de Charlaine Harris après True Blood, vient de s’achever sur NBC. Voici l’avis de la rédac’ sur cette première saison.

*** Cet article contient des spoilers ! ***

 

  • Un show à la diversité attrayante

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Midnight Texas regorge d’êtres surnaturels ! Et pour cause : médiums, esprits, sorcières, vampires, tigres-garous, anges et démons sont autant de créatures que vous pourrez y croiser ! Sur papier, cette diversité est très attrayante et nous donne envie de découvrir l’univers de Midnight, Texas. De plus, chacun est équitablement représenté, contrairement à True Blood qui était basée sur les vampires mais qui comprenait une communauté surnaturelle en minorité. Et c’est sur le médium Manfred Bernardo (François Arnaudque s’ouvre la série. Bien qu’il ait un réel don, Manfred a monté un business en ligne, qui s’avère être en partie de l’arnaque. Suite à une complication, il quitte la ville où il est installé et nous le suivons donc à Midnight. Là bas, il y rencontre la sorcière Fiji Cavanaugh (Parisa Fitz-Henley) et son chat qui parle Mr Snuggly, le vampire Lemuel (Peter Mensah), l’ange Joe Strong (Jason Lewis) et son époux démon Chuy (Bernardo Saracino), et le révérend Sheehan (Yul Vazquez), tigre-garou aux soirs de pleine nuit. A leurs côtés, des humains tout de même : le prêteur sur gages Bobo Winthrop (Dylan Bruce), la tueuse à gages Olivia Charity (Arielle Kebbel) et la serveuse Creek (Sarah Ramos). Une population plutôt prometteuse… 

Ce que l’on apprécie : la solidarité des Midnighters (les habitants) entre eux, toujours prêts à s’entraider. Ce que l’on aime moins : que les ennemis surnaturels soient sous-exploités, ne faisant qu’un petit tour par épisode et puis s’en vont. On rencontre ainsi au détour de l’épisode 4, Sexy Beast, une succube (Taylor Black), ou une ange déchue (Breeda Wool) dans l’épisode 7, Angel Heart. Mais aucun d’entre eux n’est présenté comme une réelle menace, laissant la place à l’ascension du démon Colconnar venu tout droit des Enfers, teasé dans le Pilot, mais qui au final passe au second plan toute la saison… Toutefois, sa diversité et ses couples mixtes (Olivia l’humaine et Lemuel le vampire ; Joe l’ange et Chuy le démon) font de Midnight une ville où tolérance et solidarité font bon ménage. Ses habitants devront donc s’unir pour lutter contre le danger qui se prépare pour la fin de saison.

 

  • Un manque d’ambition regrettable

Bien qu’on ait envie de croire au potentiel de la série, on sent malheureusement au fil des épisodes que quelque chose coince. Oui mais quoi ? Il semblerait tout simplement que Midnight, Texas soit victime d’un manque d’ambition de la part de ses showrunners. Est-ce dû à la programmation sur une chaîne nationale qui briderait certains desiderata ? A la mise en scène tantôt brillante, tantôt inexistante ? Aux lacunes scénaristiques ? Pour essayer de répondre à ces questions, analysons les composantes de la série. Tout d’abord, problème récurrent du show : un manque d’enjeu. Présenté comme le grand ennemi de la saison, le démon Colconnar n’est au final qu’une toile de fond et qui plus est, son apparition dans l’épisode 10, The Virgin Sacrifice, nous laisse de marbre, tant il est peu effrayant. Il fait donc plus office de figuration que de menace grandissante. Par conséquent, il est remplacé à chaque épisode par un ennemi ponctuel (humain ou surnaturel), ennemi souvent victime de dénouements un peu trop rapides et faciles. Ainsi les méchants vampires de l’épisode 3, Lemuel, Unchained, redeviennent poussière ; la succube de l’épisode 4 disparaît aussi vite qu’elle est apparue ; dans l’épisode 5, Unearthed, les White Supremacists sont mis hors de cause par Bobo et Hightower, le détracteur de Manfred, fait un petit tour et puis s’en va ; etc. Un schéma répétitif beaucoup trop commode pour une série qui laissait entrevoir davantage et qui casse le rythme instauré au fil des épisodes. L’intrigue dévoilée dans le pilote était pourtant prometteuse : une double trame était proposée, entre le meurtre d’Aubrey (Shannon Lorance) à résoudre et la menace émergente de Colconnar. Mais tel un cheveu sur la soupe, la storyline consacrée à Aubrey s’est terminée dans l’épisode 6, Blinded by the Light, alors qu’on la pensait résolue depuis l’épisode 3. Une conclusion beaucoup trop mal amenée puisqu’elle sort de nulle part !

De plus, les facilités scénaristiques empiètent parfois sur la crédibilité du show. Par exemple dans l’épisode 7, on apprend que Chuy est mi-humain, mi-démon et que la dernière fois qu’il s’est intégralement changé en démon, il a mis 3 ans à redevenir humain. En outre, l’ange Bowie ne pouvait être éliminé par Joe, qui a des pouvoirs plus faibles qu’elle, mais elle sera tuée par Chuy. Or lorsque Chuy deviendra un danger pour les Midnighters, Joe menacera de le tuer et Chuy redeviendra humain dans la minute (bien loin des 3 ans donc !)… En résumé : Joe ne peut pas tuer Bowie mais Chuy le peut, or, Joe peut tuer Chuy ! Allez comprendre… Autre élément problématique : le jeu et la direction des acteurs. Semblant parfois livrés à eux-mêmes, les acteurs sont capables du meilleur comme du pire tout au long des 10 épisodes. Parisa Fitz-Henley, qui prête ses traits à Fiji, peut ainsi passer d’une interprétation totalement plate à une interprétation beaucoup plus prenante. La palme du pire jeu d’acteur revient toutefois à Sarah Ramos (Creek) et à Dylan Bruce (Bobo), monocordes et stoïcs toute la saison. Le canadien nous avait pourtant habitué à mieux, que ce soit dans Orphan Black ou American GothicMais n’oublions pas que les acteurs dépendent des directives de mise en scène et c’est là que le bât blesse. Cependant, avec une scénographie et une réalisation souvent superbes, la série nous livre de très beaux plans de caméra (principalement en décors extérieurs naturels). En bref, la série avait un grand potentiel qui n’a pas correctement été exploité et c’est bien dommage !

 

  • Une adaptation qui diffère de l’oeuvre originale

Dans l’ensemble, la série reste fidèle à la trilogie de livres. Cependant, certains détails de l’adaptation télévisée nous frappent après avoir lu les romans, dont le physique des personnages en premier lieu. Manfred est en effet censé posséder un physique atypique (maigre, piercé, tatoué, au look excentrique et extravagant), et rebute quelque peu certaines personnes qui ont un regard différent sur lui. Fiji, elle, est censée être bien plus dodue qu’elle ne l’est dans la série et cela la complexe fortement. Or, ici, on nous présente des personnages tous aussi beaux les uns que les autres, probablement pour coller au standing des séries américaines… Quant à Lemuel, il aurait dû être blond platine aux yeux gris mais la perspective d’en faire un afro-américain dessert davantage le passé du personnage, exploré dans l’épisode 3, et permet de créer une réflexion sur les différentes notions d’esclavagisme (au sens propre et au figuré) dont il est victime. Pour finir, Chuy est lui aussi un ange et non un démon mais l’idée de faire de lui un démon apporte une touche intéressante à sa relation avec Joe. Le vampire et l’ange y gagnent donc en profondeur alors que le médium et la sorcière y perdent au change. De plus, les romances sont extrapolées : bien que Manfred ait un faible pour Creek, il ne tente rien et les deux jeunes gens ne sont pas en couple, alors que dans la série, ce couple ennuyeux plombe bien souvent l’histoire… Du côté de Bobo, il est abattu par la perte d’Aubrey et ne découvre qu’au dernier moment son attirance pour Fiji, soit avant la bataille contre la Bête. Or ici, Bobo semble faire bien vite le deuil de son ex-fiancée…

En outre, la série met clairement en avant le personnage de Manfred alors que chacun a son importance dans les livres, notamment dans le final. Pour commencer, Manfred a beaucoup moins de pouvoirs et il ne les maîtrise absolument pas. Xylda (Joanne Camp) n’existe donc pas dans les romans puisque Manfred ne voit pas les morts de façon si précise. Il en va de même pour Fiji, qui -au mieux- fige les gens sans trop savoir comment elle a fait ! Or, dans Midnight, Texas, on nous présente des personnages aux dons développés. C’est ainsi que Manfred affronte seul Colconnar, bien loin du rituel magique des livres qui nécessite la présence de tous les Midnighters. Ce final, pour ceux qui ont lu les romans, s’avère donc en demi-teinte. Cependant, parmi les bons points de ce passage de l’encre à l’écran, on notera : Mr Snuggly, le chat qui parle, tout aussi narquois que son double de papier ; l’atmosphère surnaturelle d’une petite bourgade du Texas parfaitement retranscrite et ce, grâce à une superbe réalisation de plans extérieurs, aux jeux de lumière naturelle, et à une bande-son adaptée ; les Midnighters qui sont aussi solidaires entre eux à l’écrit qu’à l’écran ; le bon équilibre entre mystère et action.

 

  • En conclusion

Points positifs :
– la réalisation
– la double trame proposée dans le pilote
– l’atmosphère fidèle aux livres
– l’univers surnaturel
– le personnage d’Olivia, l’une des seules humaines de la ville qui s’avère plus badass que la plupart des habitants

Points négatifs :
– le personnage de Creek, inutile à l’intrigue et ennuyeux
– le jeu aléatoire des acteurs
– la mise en scène parfois bancale
– des résolutions d’intrigues trop faciles

Note : 3/5. C’est un 3 d’encouragements pour cette première saison de Midnight, Texas. Là où le pilote laissait entrevoir un potentiel certain, la série prend du plomb dans l’aile et c’est bien dommage. Bien qu’on veuille y croire, la série traîne parfois la patte et subit le manque de direction des acteurs. Avec une réalisation pourtant réussie, cette saison reste parfois en surface et manque de profondeur dans l’ensemble. Midnight, Texas reste toutefois un bon divertissement, plaisant à regarder, où l’on retrouve avec plaisir un univers surnaturel peuplé de sorcières, vampires et autres créatures. Reste désormais à savoir si une seconde saison verra le jour ! 

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