Créée par Lauren Gussis, qui a co-produit Dexter ou encore Once Upon A Time, Insatiable est une nouvelle série Netflix, disponible depuis le 10 août 2018 sur la plateforme de streaming légal, et le moins que l’on puisse dire, c’est que la comédie avec Debby Ryan dans le rôle titre a fait parler d’elle bien avant sa diffusion, puisqu’elle a fait l’objet de plusieurs pétitions l’accusant notamment de grossophobie. En effet, la série suit la jeune Patty Bladell, une adolescente victime de harcèlement à cause de son surpoids, qui va perdre 30 kg suite à un incident qui lui a causé une fracture de la mâchoire l’obligeant à « manger liquide » pendant plusieurs mois. Suite à ce regain de confiance en elle après sa perte de poids, Patty va alors se découvrir une volonté de vengeance envers toutes les personnes qui l’ont harcelée pendant des années.
Mais alors, malgré tous ces pré-avis très négatifs, la série est-elle à voir ?
- Un premier épisode désastreux
Le premier épisode de cette première saison d’Insatiable est de loin le plus mauvais de tous, puisqu’il cumule les clichés et surtout les exploite d’une façon très problématique. Tout d’abord, certaines expressions sont très maladroites, voire franchement douteuses : « Tu n’es plus Patty la grosse », « Personne n’aime les grosses », etc. De même, la réplique « Le meilleur moyen de se venger est de réussir sa vie » sous-entend alors qu’une personne en surpoids ne peut pas réussir sa vie et/ou que réussir sa vie signifie gagner un concours de Miss. Malheureusement, les expressions déplacées ne s’arrêtent pas ici, puisque « crève-la-dalle » remplace le terme « SDF », et ce jusqu’à la fin de la saison…
En plus de ces messages grossophobes transmis à tous (puisque la série est accessible à tout public sans limitation d’âge ou d’avertissement), Insatiable frôle la pédophilie avec notre personnage principal qui tombe amoureuse de son avocat, qui s’avère être accusé d’agression sexuelle sur mineure au début de l’épisode. Le pire arrive quand sa meilleure amie, Nonnie (Kimmy Shields), lui fait remarquer que c’est une relation malsaine. En effet, Patty lui rétorque qu’elle pourra « avoir une chance », minimisant alors les agressions sexuelles et les sentiments des victimes.
Enfin, de nombreux clichés sur les participantes aux concours de beauté sont alors retranscrits à l’écran : si elles sont si belles, elles sont forcément superficielles et pas intelligentes… De quoi valider le propos « sois belle et tais-toi ».
- Une écriture maladroite
Si le premier épisode d’Insatiable était une catastrophe, la série s’améliore d’épisode en épisode et les messages changent. C’est alors que nous comprenons que le premier épisode servait plus à dénoncer qu’à endiguer les stéréotypes. L’écriture est alors d’une maladroitesse incommensurable, puisqu’une personne qui regarde et se sent heurtée par le premier épisode ne reviendra pas pour le deuxième.
De nombreux sujets sont abordés, mais souvent de manière gauche, rendant les scènes gênantes. C’est le cas notamment dans l’épisode 11, lorsque Bob Barnard (Christopher Gorham) traîne Bob Armstrong (Dallas Roberts) dans une soirée très stéréotypée LGBT, alors que la réalité est bien loin de ce que nous pouvons y voir ici. De même, dans le premier épisode, le terme « travelo » est employé, de quoi irriter les personnes concernées.
- Des représentations de minorités
Heureusement, certaines minorités sont largement représentées dans Insatiable, même si – comme dit précédemment – l’écriture reste un point très faible de la série. En effet, la communauté LGBT est considérablement représentées à plusieurs reprises. Tout d’abord, Nonnie est homosexuelle, tout comme Bob Barnard (même s’il est marié à une femme et qu’il a une fille). Ensuite, Bob Armstrong s’avère être bisexuel, une orientation très peu représentée dans la culture tout public. Enfin, une femme transgenre est présente et est bel et bien jouée par une actrice transgenre, Michelle Hendley (attention cependant à la version française qui mégenre la jeune femme en utilisant des pronoms masculins).
Dans les derniers épisodes, le outting (c’est-à-dire faire le coming-out d’une personne à sa place) est également abordé avec Patty qui révèle à tous que les deux Bob entretiennent une relation secrète. La réaction de Bob Armstrong est d’ailleurs très fidèle à ce que ressentent les personnes qui se retrouvent dans sa situation puisqu’il évoque la privacité de cette information : « C’était quelque chose de privé ! » Cette bisexualité soudaine (mais très attendue) de Bob permet de mettre sur le tapis un idée différente de l’amour en introduisant le polyamour avec les deux Bob et Coralee (Alyssa Milano), créant alors ce qu’on appelle un « trouple ».
Malgré un départ catastrophique, Insatiable aura réussi à évoquer des choses positives au fil des épisodes, rendant le visionnage moins laborieux, bien que toujours quelque peu difficile. Notre note : 2.5/5.