Les Innocents (TF1) : l’avis de la rédac’ sur la mini-série !

Portée par Odile Vuillemin et Tomer Sisley, la mini-série Les Innocents aura été un succès total pour TF1, aussi bien en termes d’audiences que de critiques. En effet, ses 6 épisodes auront réuni en moyenne 6 millions de téléspectateurs sur 3 semaines de diffusion. Ce jeudi 26 janvier, la première et unique saison du show s’est achevée sur un dénouement très attendu qui a partagé le public. Pour rappel, voici le pitch : Hélène Siquelande (Odile Vuillemin) enquête sur un quadruple meurtre auquel est mêlé son beau-fils Yann (Jules Houplain), puisqu’il a assisté à toute la scène en compagnie de son ami Lucas (Victor Meutelet). Le tueur les ayant vus aussi, les deux adolescents sont désormais en danger mais refusent de parler car ils étaient en plein rendez-vous amoureux et n’assument pas leur sexualité. Ce silence pourrait bien leur coûter la vie…

Nous vous avions déjà fait partager notre avis sur le pilote, voici désormais notre critique de l’intégralité de la mini-série.

*** Attention, cet article contient des spoilers ***

 

  • De l’art des cliffhangers

C’est un peu la marque de fabrique de la série : chaque fin d’épisode nous tient en haleine jusqu’à l’épisode suivant grâce à des cliffhangers bien pensés. Se terminant à chaque fois sur un suspense ou un twist, les épisodes sont intelligemment construits par le réalisateur Frédéric Berthe afin de nous donner envie de voir aussitôt la suite. Ainsi, dès la fin du pilote, on assiste à l’explosion du club de Milo Ubieta (Olivier Marchal) qui laisse le sort du personnage incertain, tout comme celui de sa fille Lena (Laura Renoncourt). Plus surprenant encore, la fin de l’épisode 2 où la jeune Lena se fait assassiner de sang froid par le même protagoniste ayant fait explosé le club de son père, à savoir un inconnu surnommé Lancelot, joué par Tomer Sisley. Mais plus l’intrigue progresse et plus les twists prennent de l’importance. La révélation finale de l’épisode 3 a scotché plus d’un téléspectateur à son fauteuil, nous laissant découvrir la réelle identité du meurtrier : le commissaire Ronan Berg alias Lancelot ! C’est alors lui qui sera en charge de l’enquête et qui devra tout faire pour ne pas se faire reconnaître des jeunes témoins. En fin d’épisode 4, la série joue davantage avec nos émotions en laissant en suspens le sort de Yann, visiblement renversé par un train en état d’ébriété puis à celui de Lucas dans l’épisode suivant, victime d’une tentative d’assassinat déguisée en accident par Ronan. Une mécanique implacable donc, et qui fonctionne ! Notre curiosité est titillée, et nous n’avons qu’une seule hâte : enchaîner la suite de la série !

 

  • Un silence qui n’est pas sans conséquence

C’est ce sur quoi repose l’intrigue. Le silence des deux adolescents pourrait bien leur coûter la vie et les nombreux non-dits s’accumulent d’épisode en épisode. Ainsi, la tension monte graduellement et nous sommes de plus en plus happés par l’histoire. En effet, s’ils avaient parlé, le tueur aurait pu être arrêté dès le pilote. Or, le poids du secret va peser de plus en plus sur Yann, et par conséquent sur les téléspectateurs, au fur et à mesure que la trame progresse. Nous prenons alors conscience de la lourdeur psychologique de ce secret qui incombe à Yann, surtout qu’il n’est pas cru par sa famille, que Lucas le rejette et que le tueur cherche à le retrouver. Son mal-être adolescent tranche avec la détermination glacée du tueur, bien décidé à ne pas se faire coincer. On regrette cependant le traitement des relations sentimentales entre Yann et Lucas, bien trop effacées par rapport à l’importance qu’elles sont censées avoir dans l’histoire. En effet, on sent que TF1 est frileuse à l’idée de montrer une relation naissante entre deux jeunes homosexuels, en comparaison avec les versions originale (Øyevitne) et américaine (Eyewitness), et cela est bien dommage car c’est là que réside tout l’intérêt de ce silence… La série passe donc à côté de sa principale storyline pour privilégier l’enquête menée par Hélène Siquelande et nous amener vers d’autres ramifications de l’intrigue telles que le trafic de drogue entre Milo Ubieta et Big Ben (Francis Renaud) ou les problèmes familiaux de la policière Camille Berger (Barbara Cabrita). Des digressions qui ne s’en avèrent toutefois pas car nous découvrirons que tout est lié et revient toujours à ce mystérieux Lancelot… 

 

  • Un dénouement qui nous laisse sur notre faim

Les motivations dudit Lancelot restent floues jusqu’au tout dernier épisode de la série. Et force est de constater que toutes nos hypothèses retombent comme des soufflés… Alors qu’on s’attendait à une explication complexe et passionnante, telle que Ronan est un flic ripou qui mène son propre trafic de drogue ou encore qu’il est un serial killer recherché pour d’autres meurtres, il n’en est absolument rien. Il s’avère au final qu’il était pédophile et souhaitait avoir des relations sexuelles avec la jeune Lena mais que son père Milo s’en est mêlé, en envoyant des hommes pour venir chercher sa fille contre son gré et en enlevant ce fameux Lancelot. Contraint de supprimer les hommes du mafieux pour s’échapper, Ronan a ensuite couvert ses traces en faisant exploser le club, en tuant Lena et en tentant de retrouver Yann et Lucas, derniers témoins capables de le reconnaître. Cette résolution paraît malheureusement trop simpliste et n’est pas à l’image des épisodes précédents, bien mieux construits. De plus, cette fin soulève plusieurs incohérences qui mènent à un manque de crédibilité : Ronan est un tueur méticuleux qui déguise ses meurtres en accident, tel un professionnel. Il est donc bien trop méthodique pour que ses meurtres soient le résultat de circonstances atténuantes… Le dénouement sonne alors comme un pétard mouillé et laisse beaucoup trop de questions sans réponses qui frustrent les téléspectateurs : la mort de Milo Ubieta, bien que l’on suppose que le commanditaire soit Big Ben suite au SMS qu’il reçoit en prison ; le sort réservé à Camille, important personnage secondaire et qui n’a même pas droit à la conclusion de sa storyline ; et bien évidemment les retrouvailles entre Yann et Lucas (à savoir : vont-ils enfin s’afficher publiquement en couple et assumer leur homosexualité ?).

 

  • Des personnages complexes qui reposent sur un casting prestigieux

Odile Vuillemin en tête. L’actrice est toujours synonyme de succès pour TF1 ou même pour une autre chaîne. Outre sa popularité, l’actrice délivre une prestation toujours convaincante et nous entraîne avec elle dans le désespoir de son personnage vis à vis de son beau-fils et de l’enquête qu’Hélène n’arrive pas à résoudre. A ses côtés, Alexis Loret campe un parfait mari sur lequel s’appuie le personnage d’Hélène. Face à elle, le grand méchant Ronan Berg/Lancelot est incarné avec brio par Tomer Sisley. L’acteur arrive à nous dévoiler toute la complexité psychologique de son personnage, aussi charismatique qu’il n’est dangereux, même lorsqu’il parle peu, notamment dans les premiers épisodes. Barbara Cabrita s’avère également très juste dans le rôle de Camille, tout en émotion lors des scènes avec Anne Serra qui interprète sa sœur, et dont le rôle prend de l’importance en seconde partie de série. Petit bémol cependant du côté d’Olivier Marchal, qui crie à longueur de temps, et de Charlotte Valandrey, au personnage quasi-inutile, qui semblent chacun surjouer à leur manière. La mention d’honneur revient aux deux jeunes acteurs qui prêtent leurs traits à Lucas et Yann : Victor Meutelet et Jules Houplain. Tandis que Lucas a la plus grande évolution psychologique de tous les personnages de la série, Yann suscite toute l’empathie et la sympathie du public. La prestation de Jules Houplain est impeccable en ado tourmenté sur sa sexualité, avec une mère en clinique psychiatrique, des beaux-parents qui ne le croient pas et un petit ami dans le déni qui le traite de façon injuste. En bref, ces innocents nous auront convaincu et nous aurions aimé avoir une réelle conclusion à leur histoire.

  • En conclusion

Points positifs :
– les acteurs, impeccables dans l’ensemble
– l’intrigue palpitante
– la réalisation, notamment les plans de paysages par drones et la bande-son

Points négatifs :
– le traitement bancal du couple gay, trop peu assumé
– le dénouement trop vite bouclé et les questions laissées sans réponses

Note : 4/5. Les Innocents aurait pu faire un sans-faute si toutefois le sujet des relations sentimentales entre les deux adolescents avait été exploré davantage en profondeur et si le dénouement avait été mieux construit. Cependant, on y retrouve action, suspense, émotion et l’intrigue est bien amenée, avec un point de départ original -à l’inverse des autres séries policières classiques- puisqu’on connaît l’identité du coupable dès le pilote. Mention spéciale également à la réalisation soignée de Frédéric Berthe et aux acteurs impeccables dans l’ensemble. Une mini-série très plaisante que l’on a aimé suivre et qui nous a donné envie de découvrir sa version originale suédoise

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1 commentaire

franck marchal

le 26 janvier 2018 à 22h34

Voir son site

Excellente série ou l’on retrouve le jeune acteur qui monte « Jules HOUPLAIN » qui sera le role principal du film de franck Marchal « TARO ». dont voici le teaser: https://youtu.be/ECW4L6Bb2Ro et qui sort fin 2018.