Hunters : L’avis de la rédac’ sur la saison 1 !

Diffusée depuis avril 2016 sur la chaîne Syfy aux Etats-Unis, Hunters est une série de science-fiction mettant en scène des terroristes aliens à l’apparence humaine et une équipe gouvernementale top-secrète prête à tout pour les arrêter. Et en bonus, Julian McMahon (Nip/Tuck, Charmed, Profiler…) est annoncé au casting. La série est adaptée du best-seller Alien Hunter de Whitley Strieber (qui est également scénariste du show), et développée par Natalie Chaudez, showrunner de 12 Monkeys. Pourtant prometteuse sur papier, Hunters a du mal à tenir ses promesses. Preuve en est, la série a été annulée deux jours avant le season finale. Retour en détails sur une saison plutôt chaotique.

  • Des enjeux mal définis

C’est ce qui frappe dès le pilote : quelle est la ligne conductrice du show ? Tout commence par l’enlèvement d’Abby Carroll (Laura Gordon), la femme d’un agent du FBI, Flynn Carroll (Nathan Phillips). Flynn va être malgré lui entraîné dans une situation qui le dépasse. Il va découvrir l’existence de l’ETU ( Exo-Terrorism Unit), une branche secrète du gouvernement composée d’agents spéciaux qui traquent les terroristes aliens. Seulement voilà, dès le pilote, The Beginning & the End, on ne comprend même pas qui sont les fameux Hunters (« hunters » voulant dire chasseurs en français, ndlr) entre les agents et les aliens, et surtout quel est leur but. Tout ce qu’on arrive à saisir c’est que Flynn veut retrouver sa femme, que Lionnel McCarthy (Julian McMahon) est celui qui la retient prisonnière « pour la sauver » selon ses propos et qu’il se pose comme l’antagoniste principal de cette saison, et que certains aliens ont infiltré l’ETU. Pendant les premiers épisodes, les enjeux seront toujours aussi peu définis, entre la capture de McCarthy puis la torture qu’il endure pour le faire parler (mais pour dire quoi ? car aucune menace n’a été énoncée), et la recherche d’Abby (ou plutôt l’obsession qu’en fait Flynn). Ce n’est qu’à l’épisode 6, Bunker Soldier, qu’on découvre le nom du chef terroriste alien : Musa (Serhat Caradee) et seulement à l’épisode 8, The More I See You, qu’il évoque son grand projet : « La Purge », projet qui ne sera expliqué que dans l’épisode 11, Telegraph et qui consiste uniquement à quitter la Terre !! Tout ça pour ça … Donc pas d’attentat contre les Humains, pas de destruction du monde … Jusqu’à l’épisode final, New Holy Ground, où on apprend, à vingt minutes de la fin, que le vaisseau avec lequel les aliens vont repartir équivaut à une explosion nucléaire qui causerait la destruction d’un continent. Bref, des enjeux pas très clairs qui ne nous plongent pas dans une intrigue très passionnante …
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  • Des personnages fades auxquels on a du mal à s’attacher

Le manque d’enjeux passerait encore si toutefois les personnages étaient attachants, mais c’est loin d’être le cas ! A commencer par la tête d’affiche, Flynn. Obsédé par la recherche de sa femme, il en néglige sa fille adoptive, Emme (Shannon Berry), qui est la fille d’un collègue décédé sur laquelle il avait promis de veiller après la mort de celui-ci. La jeune femme est à elle toute seule un cliché : ado révoltée qui n’accepte pas d’être élevée par Flynn, elle se scarifie et fait toujours la tête. Personnage creux et plat, il est inutile et n’apporte rien à l’histoire. Toujours dans le cliché, Flynn tombe dans l’alcool et les médicaments, après avoir découvert que son épouse Abby est en réalité une Hunter. Ne dégageant aucun charisme, le personnage est tout aussi unidimensionnel que celui de sa fille adoptive ou que celui de Briggs (Mark Coles Smith). Dylan Briggs est un des agents de l’ETU, qui n’a jamais caché son aversion envers les Hunters : macho, raciste envers les aliens et pas très futé, il sera même soupçonné d’être la taupe de l’agence à cause de cette haine trop évidente dans l’épisode 7, Kissing the Machine, mais il s’avère qu’il est en réalité à la solde de Ruth Finnerman (Sarah Peirse), la directrice qui commande l’ETU, et il essaiera de tuer son chef d’équipe, Truss Jackson (Lewis Fitz-Gerald), à la demande de Ruth dans l’épisode 12, Pretending to See the Future. La vraie taupe de l’ETU est en fait un informaticien, Jules Callaway (Gareth Davies), personnage tertiaire. Grosse déception car les scénaristes nous avaient pourtant vendu l »infiltration de l’agence dès le pilote. Du côté des méchants, Musa est lui aussi complètement stéréotypé et sans relief : tout d’abord, il a un accent et ne parle donc pas un anglais parfait (ô surprise, il n’est pas américain). De plus, c’est le gourou que tout le monde suit aveuglément, sauf qu’il n’a aucun magnétisme … Quant à McCarthy, bien qu’il fasse un méchant charismatique et complètement perturbé, on se demande si les scénaristes n’ont pas fait de sa coiffure un running gag  : à chacune de ses apparitions, il a une coupe et/ou une couleur de cheveux différente !!! (petit florilège ci-dessous)

persosSeul personnage qui a le droit à un développement psychologique et qui est, par conséquent, le seul qui vaille le coup : l’agent de l’ETU, Alison Regan (Britne Oldford), qui est en réalité une Hunter. Son équipe est au courant et elle estime que les Hunters ne sont pas prédestinés à être des monstres et peuvent se battre pour la bonne cause. Elle aide donc les Humains à arrêter les criminels aliens et les 13 épisodes de la série montrent son évolution, de l’épisode 3, Maid of Orleans, où on apprend que son père lui a dit très tôt la vérité au sujet de ce qu’ils sont et qu’elle a dû s’échapper de chez elle à l’âge de 16 ans puis apprendre à survivre avant d’être recrutée par Truss Jackson à l’ETU. Les deux personnages créent une relation père/fille et il sera toujours là pour couvrir ses arrières. Dans l’épisode 7, elle est détenue par Musa et Abby, qui tentent de la convertir en une Hunter pure et dure, à savoir une créature sanguinaire, et à retrouver sa réelle apparence, l’enveloppe humaine n’étant qu’un déguisement pour chaque alien. Dans l’épisode 9, Promise, elle part sur la piste de sa mère, qui est en réalité le bras droit de Musa et qui est celle qui a attaqué son père lorsqu’elle avait 16 ans et qu’il l’a contrainte à fuir de chez elle. Dans l’épisode 11, Telegraph, elle désobéit aux ordres de l’ETU qui s’apprête à sacrifier des aliens innocents et prend la fuite avec Flynn pour tenter d’arrêter la Purge de leur côté. A une exception près, la série est donc un massacre au niveau des personnages, dont -soit dit en passant- on ne retient même pas les noms ! Ajoutons à ça que les acteurs jouent comme des pieds, à l’exception de Britne Oldford et Julian McMahon, et vous n’aurez plus qu’une envie : passer votre chemin…

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  • Une scénographie qui laisse à désirer

Parce qu’une mauvaise intrigue et des personnages ternes ne suffisent pas, il est temps de parler de la mise en scène : sombre, glauque, violente, parfois ridicule et souvent écœurante. Sans oublier les horribles bruitages qui envahissent chaque épisode. Eh oui, Hunters se sert des sons comme élément scénaristique : les aliens étant très sensibles au bruit, ils sont souvent torturés avec de la musique très forte (épisodes 1, 3 & 8) et surtout, communiquent entre eux par des sons ressemblant à des craquements d’os. Ah et ils aiment aussi dévorer et éviscérer des lapins. Crus. La violence y est parfois gratuite et souvent surfaite. Les scènes avec les aliens sous leur forme véritable sont la plupart du temps écœurantes (notamment dans le dernier épisode, quand Musa se nourrit de deux aliens au visage mutilé à travers leurs estomacs éviscérés). Le show nous rappelle d’autres séries ou films mais en pire (les sagas Alien et Predator, The Strain, …) . Un air de déjà-vu et revu s’installe dès les premiers épisodes et, malgré des épisodes meilleurs que d’autres, la qualité est tellement inégale qu’il est compliqué de se laisser absorber par Hunters. Malheureusement, la série n’a pas su instaurer un univers bien à elle, faute de repères. Le pilote nous plonge dans la maison des Carroll mais le troisième épisode nous emmène dans la jungle colombienne, le suivant se passe à l’ETU où McCarthy est torturé, le cinquième se passe dans un hôtel entre Abby et Flynn, le suivant est principalement composé d’un flashback en 1980 en Europe de l’Est et de scènes dans une prison, etc. Rien n’est fait pour plonger le téléspectateur dans un univers particulier, avec des décors récurrents. Le résultat est déstabilisant. Le tout manque d’originalité et créativité et tombe parfois dans le ridicule, comme l’épisode 12, lorsque l’on retourne en 2009 pour découvrir (enfin) ce qu’il est arrivé à Flynn par le passé en rapport avec les aliens (sa fameuse cicatrice, qui au final ne sert à rien). Des hommes torses nus avec des masques d’aliens, une ambiance brumeuse aux fumigènes rouges … Nous sommes à la limite du risible … Il est temps d’arrêter le massacre !

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  • En conclusion

Points positifs :
– le développement du personnage d’Alison Regan
– Julian McMahon (bien qu’on se demande ce qu’il est venu faire dans cette galère …)

Points négatifs :
– l’absence de charisme et de talent des acteurs
– des happenings qui tombent à l’eau (la « taupe » de l’ETU, l’histoire de la cicatrice de Flynn …)
– des dialogues mal écrits
– l’inutilité des intrigues secondaires
– le manque de réels enjeux
– des problématiques pas très claires

1/5. Pourtant basé sur un synopsis intéressant, la série n’aura été qu’un brouillon mal travaillé qui aurait nécessité un approfondissement des personnages, de la scénographie et de l’intrigue elle-même.

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