Disponible depuis le 1er mai dernier sur la plateforme de streaming Netflix, Hollywood est une mini-série créée par Ryan Murphy et Ian Brennan. Composée de 7 épisodes de 40 à 50 minutes environ, elle met en scène des personnages essayant de percer à Hollywood dans différents domaines (acting, réalisation, écriture) dans une Amérique tout droit sortie de la Deuxième Guerre Mondiale. Alors, qu’a pensé la rédac’ d’Hollywood?
** Attention, cet article contient des spoilers **
- Une série accessible à tous
Que vous soyez connaisseur de cinéma ou pas du tout, Hollywood saura vous parler. Un des points fort de cette mini-série est probablement sa capacité à nous montrer et nous expliquer comment un film est crée du début jusqu’à la fin sans mettre des mots trop compliqués ou trop techniques dessus, permettant alors à n’importe qui de comprendre ce qui se passe à l’écran – dans Hollywood, ce processus est montré via le film que les personnages essaient de faire tout le long des 7 épisodes : Meg. Le show nous montre alors toute la complexité pour un scénariste, représenté par Archie (Jeremy Pope), de faire accepter son scénario afin que celui-ci soit adapté sur le grand écran. Elle nous montre également que même si le scénario est accepté, le chemin ne s’arrête pas là pour un scénariste puisqu’il va devoir le retravailler constamment en collaboration avec la production, la réalisation mais également les acteurs. On voit également le processus de casting afin de trouver les acteurs, via les personnages de Camille (Laura Harrier), Rock (Jake Picking), Jack (David Corenswet), Claire (Samara Weaving), tous acteurs, mais également via le personnage de Henry (Jim Parsons), agent. La question de la production et la réalisation, via les personnages de Raymond (Darren Criss), Dick (Joe Mantello), Ellen (Holland Taylor) ou encore Avis (Patti LuPone), est également bien expliquée et représentée avec la distribution du film, le marketing de l’époque mais aussi les questions de budget qui vont poser problème pendant plusieurs épisodes.
Ce passage au peigne fin du Hollywood des années 40 met alors en lumière des facettes différentes du show business que la série arrive à exploiter à la perfection.
- Un monde à deux facettes
En sept épisodes, la mini-série nous plonge dans un Hollywood à double facette, qui peut nous faire l’aimer, mais aussi le détester. Il est très intéressant de voir comment le show passe d’une facette à une autre tout le long des épisodes tout en réussissant à nous surprendre. Bien sûr, on y voit le meilleur d’Hollywood avec la gloire, l’argent mais elle nous rappelle aussi à quel point le cinéma peut influencer toute une génération, toute une culture. On arrive à voir cet impact notamment dans le très émouvant dernier épisode, lors de la cérémonie des Oscars. Quand vient le tour de la nomination des deux actrices de couleur – Camille et Anna May (Michelle Krusiec) -, on voit ces familles afro-américaines et asiatiques, chez elles qui écoutent la retransmission des Oscars à la radio et prient pour que ces actrices, qui les représentent, gagnent ce trophée. On peut voir leur surprise quand celles-ci gagnent, mais également leur joie et leur émotion puisqu’il s’agit de moment historiques et rares. L’arrivée à la cérémonie de Archie et Rock ensemble, assumant alors leur couple mais également la victoire de Archie en tant que meilleur scénariste nous offre la même scène touchante de ce jeune adulte de couleur, assis dans sa chambre, qui écoute la cérémonie à la radio et qui se sent probablement enfin représenté grâce à Archie et à sa victoire.
Si on ne s’attendait pas à ça en commençant Hollywood, il s’avère que la mini-série met un point d’honneur à traiter des sujets sensibles extrêmement tabous à l’époque, afin de nous montrer que le Hollywood d’hier n’était peut-être pas bien différent du Hollywood d’aujourd’hui. Tout d’abord, quand on parle de la représentation culturelle au cinéma, avec les différentes communautés pas toujours représentées ou représentées de manière stéréotypées. Avec Camille, une actrice très prometteuse et talentueuse qui au début du show n’arrive à trouver que des rôles de figurant, de servante ou de femme de ménage car à l’époque, un acteur afro-américain ne pouvait pas avoir d’autres rôles au cinéma. Ou encore avec Anna May, qui explique à Raymond au début qu’un acteur asiatique ne peut pas avoir un rôle principal au cinéma, mais que des rôles de second plan également stéréotypés. Le parcours d’Archie, fait également écho de toute cette discrimination dans le milieu du show business avec la non acceptation de son film à cause de sa couleur de peau, et l’envie de ce personnage de vouloir écrire un film différent avec un personnage principal blanc.
Bien sûr, le sujet du harcèlement sexuel et de la sexualité en général est également traité dans la mini-série. Elle nous montre les manipulation du milieu et l’exploitation des jeunes acteurs qui rêvent de devenir célèbres, notamment via le personnage de Henry, brillamment interprété par Jim Parsons et de Rock, qui finira traumatisé par les magouilles de son agent. Le sujet de l’homosexualité est également présent, avec la discrimination envers les personnes homosexuelles et tout ce côté très caché d’Hollywood qui est encore plus appuyé dans la grande soirée organisée dans l’épisode 3, « Outlaws ».
Toutes ces facettes nous montrent le meilleur d’Hollywood, mais aussi le pire avec beaucoup de manipulations, mensonges et abus qui viendront écorchés les personnages d’une manière ou d’une autre.
- Le développement des personnages
C’est quand on se rend compte que nous sommes investis dans les personnages, même les plus détestables de la série, que nous nous rendons compte que ceux-ci sont bien écrits et très bien développés. S’ils peuvent parfois paraître un peu clichés, ils représentent tous à leur manière une des facettes d’Hollywood. Jack nous montrera ce côté très superficiel de ce monde : car celui-ci a une « belle gueule » et pas forcément un talent d’acteur et pourtant, il arrive quand même à décrocher le rôle principal de Meg. Rock lui, représente la grande majorité de toutes les personnes qui déménagent à Los Angeles en espérant devenir la star de demain mais qui n’y arrivent pas, même si à sa manière, il arrive à légèrement percer quand certains ne décrocheront pas un seul rôle de toute leur vie. Il représente aussi les victimes d’abus, avec son agent impitoyable Henry qui représente probablement à lui seul une des pires facettes de ce monde Hollywoodien. Claire, qui semblait être un personnage un peu cliché qui sera un des obstacles sur le chemin des « gentils » (Camille, par exemple), nous surprend quand elle avoue être heureuse que cette dernier ait le rôle et encore mieux, elle semble s’auto-saboter afin d’être sûre qu’elle n’obtienne pas le rôle principal. Camille, Anna May ou encore Archie représentent toutes les personnes victimes de la discrimination/homophobie et du racisme à Hollywood, qui était encore plus vraie à l’époque mais qui, aujourd’hui encore, reste un problème de taille.
Cet ensemble de personnages, tous utiles à l’histoire et qui contribuent à cette critique mélangée à cet hommage subtile au cinéma des années 40 fait de cette mini-série un show de qualité, avec des acteurs livrant chacun un jeu incroyable.
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur Hollywood, mais le principal est de retenir que cette mini-série est probablement la meilleure proposée par Netflix depuis ce début d’année. Avec un look très rétro, des musiques d’époque, un casting incroyable et une histoire entrainante, Hollywood mérite qu’on parle plus d’elle. Alors nous vous invitons, fans de cinéma, amateurs ou cinéphiles, de regarder Hollywood au plus vite. Notre note : 5/5.