Ghoul est une série Netflix indienne diffusée sur la plateforme de streaming le 24 août dernier. Il s’agit d’une série d’horreur dont la première saison comporte 3 épisodes d’une quarantaine de minutes chacun. Ghoul suit l’histoire d’une jeune spécialiste en interrogation de l’armée (Radhika Apte) qui intègre un centre de détention isolé où l’on interroge des terroristes; un nouveau prisonnier arrive à la base et des phénomènes inexpliqués se produisent. Produite par Blumhouse Productions qui s’est fait un nom grâce à ses films d’horreur comme American Nightmare ou Get Out, Ghoul nous promettait une série horrifique qui nous ferait trembler avec cette première saison; après avoir visionnée celle-ci, quel est l’avis de la rédac’ sur cette nouvelle série de Netflix ?
** Attention, cet article contient des spoilers ! **
- Une atmosphère d’horreur réussie.
Ce qui est sûr, c’est que Ghoul est un pari réussi en terme de série d’horreur. Tout d’abord, le contexte même dans laquelle l’histoire se déroule permet d’instaurer rapidement cette atmosphère horrifique. Comme on l’explique à Nida Rahim (Radhika Apte) dans le premier épisode, toutes les fenêtres de la base ont été condamnées afin de ne pas voir la lumière du jour. La série se déroule donc dans une ambiance sombre : les seuls rares moments où ils sont à l’extérieur, il fait nuit ou gris avec un temps pluvieux. On se sent alors très rapidement oppressé voire prisonnier, favorisant alors cette sensation d’angoisse que l’ont attend quand on regarde une série d’horreur. Tous les codes d’un film d’horreur sont utilisés dans Ghoul : l’exemple parfait serait la scène dans la salle d’interrogatoire dans l’épisode 2 lorsque Nida se retrouve plongée dans le noir et se voit obligée d’utiliser un chalumeau afin de faire de la lumière. Dans cette scène, l’alternance entre le noir complet et ce que nous pouvons voir pendant les quelques secondes où le chalumeau fonctionne nous plonge dans une scène angoissante où l’on ne sait pas ce qui va apparaître sur notre écran la prochaine fois que le chalumeau sera allumé.
- La découverte d’une créature du folklore arabe : la goule.
On apprend à partir de l’épisode 3 l’existence de la goule : c’est assez dommage que celle-ci ne soit introduite que dans le dernier épisode de la saison. Peut-être que le but était de garder le mystère jusqu’à la fin ? Car les trois épisodes semblent être divisés en trois étapes principales dans l’avancée de l’histoire : le premier épisode avec l’introduction à la situation politique en Inde (cela n’est jamais dit mais on présume que l’histoire se déroule là-bas) et les méthodes d’interrogatoire dans la prison, le deuxième épisode avec l’arrivée du prisonnier Ali Saeed (Mahesh Balraj) et le commencement des évènements inexpliqués et le troisième épisode avec la goule et le dénouement. Introduire une créature tirée de la mythologie arabe était très intéressant car il s’agit d’une mythologie très peu connue. La goule est un monstre invoqué lorsqu’on dessine son symbole sur son corps avec son propre sang. Elle attaquera alors les personnes visées par celui qui l’a invoqué et les poussera à dévoiler leurs vices et leurs secrets, comme dans le deuxième épisode dans lequel les deux officiers s’entre-tuent en présence de la goule à cause des révélations que le monstre les a poussé à dévoiler. Bien entendu, la goule est une créature violente qui tue de manière barbare. Le fait que la goule puisse changer d’apparence et prendre celle de la dernière personne qu’elle a mordue était très intéressant : ce détails a aidé à augmenter la tension dans le troisième épisode quand on ne sait pas qui est la goule. Cela pousse alors le spectateur a scruter chaque détails afin d’essayer de trouver l’intrus entre les personnages à l’écran, le rendant alors acteur dans l’action et plus uniquement spectateur.
- Une critique politique ?
Lorsqu’on termine le visionnage de Ghoul, on ne peut pas passer à côté du message politique qui a été passé. Si ce message n’est peut-être pas assez creusé, on comprend très facilement que la série a voulu s’attaquer aux systèmes politiques très proches des dictatures. En effet, on apprend que la liberté de penser est presque interdite dans le monde dans lequel se déroule Ghoul puisque toute personne qui pense différemment du gouvernement est traité comme un terroriste dangereux. Le père de Nida en est clairement l’exemple : professeur et adorateur de la philosophie, il a été emprisonné pour avoir enseigné d’autres principes que ceux dictés par le gouvernement. Le capitaine Dacunha (Manav Kaul) dit lui même dans l’enregistrement de son interrogatoire que son père n’est pas un terroriste mais juste fou et le fait quand même exécuter. Au final, on comprend à la fin que ceux que l’on pensait être les « gentils » étaient en fait les méchants puisqu’ils utilisaient des pratiques de torture barbares sur ce qui étaient parfois, des innocents, comme pour le prisonnier muet qui se révélera n’avoir été qu’au mauvais endroit, au mauvais moment.
Pour conclure, Ghoul est un pari réussi : la série possède une histoire intéressante qui sait nous tenir en haleine pendant les trois épisodes. Cependant, nous regrettons ce si petit nombre d’épisodes : un épisode de plus aurait peut-être permis d’en apprendre plus sur la goule et sur comment le père de Nida a su comment l’invoquer. Notre note : 4/5.