Doctor Foster est une série dramatique originalement diffusée sur la chaîne britannique BBC One en septembre 2015, et disponible sur la plateforme de streaming Netflix depuis le 24 octobre 2016. La série met en scène le docteur Gemma Foster qui découvre que son mari la trompe et décide d’enquêter plus en profondeur. Cette première saison vaut-elle le coup ? On vous en dit plus !
- Des jeux d’acteurs saisissants et une réalisation surprenante
Dans Doctor Foster, les acteurs sont tous incroyablement doués et bien dirigés. Grâce à son rôle de Gemma Foster dans la série, Suranne Jones s’est vue récompensées quatre fois l’année dernière. Elle a tout d’abord été récompensée aux British Academy Television Awards, aux Broadcasting Press Guild Awards et aux Royal Relevision Society dans la catégorie « Meilleure actrice », mais aussi aux National Television Awards dans la catégorie « Meilleure performance dramatique ». Toutes ces récompenses montrent bien le talent qu’a l’actrice Suranne Jones. Elle nous transmet un tas d’émotions indescriptibles, elle est naturelle. Quant à Jodie Comer, qui joue Kate, l’amante de Simon (Bertie Carvel), elle a tout d’abord beaucoup de charme, mais aussi ce je-ne-sais-quoi dans son jeu qui permet de s’attacher à elle, alors que son personnage est tout ce qu’il y a de plus détestable. S’il y a bien deux personnages auxquels il est possible de nous identifier, ce sont bien Gemma et Kate.
Bien souvent, les personnages de Doctor Foster ont des réactions complètement démesurées, et nous font même penser à des caricatures. On pense notamment à Simon, qui nie jusqu’à la fin la relation qu’il entretient avec une autre : impossible de ne pas penser qu’il est totalement idiot. Quant à sa soi-disant meilleure amie, Ros (Thusita Jayasundera), elle ne fait que retourner sa veste, on ne sait jamais dans quel camp elle est : elle commence par être complice de Simon en le prévenant que sa femme avait des soupçons et qu’elle risquerait de la suivre, pour finalement l’aider durant la suite des épisodes. De plus, elle a tendance à trop s’immiscer dans la vie privée du couple, tout comme Becky (Martha Howe-Douglas), qui est complice et soutient bec et ongles Simon, mais qui finit par se ranger du côté de Gemma, lui dévoilant même l’astuce de son mari pour voir son amante en secret.
La réalisation de cette série est absolument bien maîtrisée : grâce aux ralentis et à la musique, la série arrive à nous transmettre le malaise que ressent le personnage de Gemma quand celle-ci découvre que son mari la trompe, mais aussi son désemparement quand elle comprend que ses amis sont dans le coup pour lui cacher l’histoire. La bande son, tout au long des cinq épisodes qui composent cette première saison, est toujours extrêmement bien choisie, bien montée et nous immerge immédiatement dans une ambiance lourde, voire gênante, exactement ce que voulaient Mike Bartlett, le créateur de la série. Il souhaitait très clairement qu’on se sente aussi mal dans notre peau que Gemma pouvait l’être dans la série… Et le moins qu’on puisse dire c’est que ça ait marché ! On en deviendrait presque parano avec nos conjoint(e)s !
- Des épisodes inégaux, voire décevants
Avec un taux de divortialité s’élevant à 20% en France et à 16% aux États-Unis, dont la moitié est dû à l’adultère, le moins que l’on puisse dire concernant le thème abordé dans la série, c’est qu’il est pour le moins banal. De ce fait, il est presque impossible de ne pas se sentir concerné par l’histoire, car même si on ne l’a jamais vécu personnellement, il s’agit de quelque chose qui peut arriver chez n’importe qui. Le gros problème avec cette série est l’inégalité entre les épisodes, le scénario n’est pas de la même qualité selon les épisodes : on trouve alors un pilote plutôt sympathique (bien que mettant mal à l’aise, mais encore une fois, c’était le but recherché), mais pendant les trois épisodes suivant, l’ennui se fait sentir, on a du mal à rester accroché à l’histoire et aux personnages. Toutes les informations du premier épisode auraient pu être étalées sur deux ou trois épisodes. En effet, dès le pilote, on apprend qui est la maîtresse de son mari, l’enquête ne s’attarde pas dessus, mais plutôt sur les détails de la relation et sur les personnes qui étaient au courant, mettant de côté un morceau intéressant de ce que peut vivre une personne découvrant la liaison extra-conjugale de son ou sa conjoint(e).
Pendant les quatre premiers épisodes, on voit clairement que Gemma essaye de rester calme devant son mari et on est dans l’attente de l’explosion finale, on sent que ça sera quelque chose de magistral, on s’attend à quelque chose d’impressionnant, d’épique… Et pourtant, même si tout a été dit, tout se sait désormais, on reste sur notre faim, on en voulait plus, on voulait une réelle confrontation. Heureusement, il reste le sourire satisfait de Gemma face au regard ébahi de Simon et de la peur qui se lit dans les yeux de Kate, mais aussi l’affrontement final très violent entre Gemma et Simon, qui amènera cette dernière à obtenir la garde de son fils. Mais elle agit de façon complètement irrationnelle, empêchant son fils de voir son père, qui part s’installer avec sa maîtresse enceinte à Londres, puisqu’elle a réussi a avoir une ordonnance restrictive contre son ex-mari, après leur altercation.
Nous sommes donc heureux et surtout soulagés pour Gemma, qui a enfin réussi à se venger, mais nous aurions sans doute préféré qu’elle le fasse de manière plus subtile. De ce fait, on a du mal à savoir où veut en venir la série, puisqu’elle nous fait patienter durant plus de cinq longues heures devant une série, pour finir par ne pas nous satisfaire entièrement : quelle frustration !
Nous sommes également en droit de nous demander ce que nous apportera de plus une seconde saison, puisque la BBC One a décidé de renouveler Doctor Foster, dont le retour est attendu cette année sur la chaîne. En effet, la série était d’abord annoncée comme une mini-série, et cela se ressent après une fin aussi fermée. D’après Suranne Jones, la série continuera à suivre les histoires de Gemma et Simon, « mais à un stade différent de leur vie ». Nous pourrons alors suivre Gemma dans une période de reconstruction d’elle-même, mais bel et bien blessée dans son amour-propre, mais aussi Simon, qui vit maintenant avec son ancienne maîtresse, Kate, et leur enfant.
Sans vouloir juger trop vite cette suite, elle parait inintéressante et surtout sans intérêt, quand on observe une fin aussi bien fermée que celle que nous a offert la première saison.
Note : 3/5. Un avis très mitigé pour cette première saison, notamment dû à l’inégalité des épisodes et aux personnages qui ne nous paraissent absolument pas réalistes et qui nous empêchent de nous identifier à eux. Cependant, la série profite d’excellents acteurs et d’une réalisation à couper le souffle, accentuée par la musique, toujours très bien choisie. Comme quoi, même avec un thème banal et des lenteurs dans le scénario, on peut avoir une série de qualité grâce à la réalisation et aux acteurs, malheureusement les lenteurs l’emportent.