Monstres l’histoire de Lyle et Erik Menendez : l’avis de la rédac’ sur la saison !

La très attendue deuxième saison de la saga « Monstres » de Ryan Murphy, Monstres : l’histoire de Lyle et Erik Menendez est enfin disponible sur Netflix. Après une saison 1 qui nous racontait l’histoire de Jeffrey Dhamer, cette fois la série nous plonge dans l’affaire Erik et Lyle Menendez, deux garçons ayant tué leurs parents. La saison s’interroge sur les raisons qui ont poussé les deux frères à commettre un tel acte.

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SPOILERS ALERT :
Cet article contient des éléments importants de l'intrigue.

Condamnés à perpétuité en 1989, les frères Menendez sont tristement célèbre car leur procès a été très largement médiatisé. Encore aujourd’hui, leur histoire passionne et leur condamnation est source de questionnement. Mais alors, avec un climat si compliqué qui entoure cette affaire, comment Ryan Murphy s’est-il débrouillé pour adapter leur histoire ?

Une qualité visuelle et scénaristique non négligeable

Il fallait s’y attendre, côté réalisation, la série est impeccable. Dès le début de la série, on remarque la pâte particulière de Ryan Murphy. Si le réalisateur est capable de mener des projets bien différents les uns des autres, il ne manque jamais de travailler l’ambiance de sa série, son esthétique, son univers musical, peu de choses sont laissés au hasard… On sent que la série a été pensé du début à la fin comme un tout. Ainsi, elle est parfaitement propice à être binger en une seule journée sur Netflix. La narration est fluide, aucun épisode ne semble être en dessous des autres, la qualité est constante du premier épisode au dernier. On est toutefois obligés de reconnaître que l’épisode 5 met la barre plus haut que les autres, à la fois grâce à sa réalisation en plan séquence, mais aussi et surtout grâce à la l’interprétation marquante de Cooper Koch, qui incarne le rôle d’Erik Menendez. L’acteur livre une performance incroyable qui lui méritera, on l’espère au moins une nomination aux grandes cérémonies de récompenses.

Cooper Koch dans le rôle d'Erik Menendez

De manière général, le casting de la série est un atout indéniable. Il n’y a pas une seule performance qui est à côté de la plaque, tout le casting est juste et incarne son personnage à la perfection. Outre Cooper Koch qui est clairement celui qui a retenu l’attention du public, Nicholas Alexander Chavez, qui campe le rôle de Lyle Menendez est également une grande révélation de la série. Quand à Javier Bardem et Chloë Sevigny, bien qu’ils n’ont plus rien à prouver, nous devons dire qu’ils ne nous déçoivent pas et incarne les parents Menendez avec brio.

Une romantisation qui pose problème

Mais, Monstres : l’affaire de Lyle et Erik Menendez devrait être une fiction. Car oui, ce qui pose problème avec cette série, c’est qu’elle traite d’une histoire vraie avec de vraies personnes, qui ont existé et qui vivent encore. De vraies victimes. Si la série avait été une fiction, elle aurait pu être presque parfaite. Mais voilà. Lyle et Erik Menendez existent, et leurs histoire n’est pas libre d’interprétation. Ce qui est reproché à Ryan Murphy, c’est d’avoir romantisé une histoire qui est déjà assez dense, complexe et intéressante factuellement. Certes, la série n’a jamais eu vocation à être un documentaire, mais à l’instar de Dhamer (sa série avec Evan Peters), si on adapte des fais réels, il y a un devoir à la fois envers les victimes qui nous ont quitté, et celles qui sont toujours parmi nous.

En l’occurrence, la série a pris des libertés, notamment concernant la relation des deux frères, la rendant pseudo-romantique alors même que la réalité parle d’abus sexuelles. Lyle et Erik Menendez ont témoigné avoir vécu des abus sexuelles ainsi que des viols de la part de leur père José Menendez. Et si la série parle et traite de ces abus, ils mentionnent à peine ce qui a posé problème à l’époque en 89, à savoir, que la société avait encore beaucoup de mal à imaginer que ce genre d’abus puisse exister sur des petits garçons. Ce qui a largement jouer en défaveur des frères Menendez à l’époque. La série, elle, interprète des choses qui ne sont pas factuelles et appuie également la théorie du meurtre pour l’argent qui est celle qui a été retenue à l’époque de leur condamnation. Aujourd’hui, nous savons factuellement que les frères Menendez étaient abusés par leur père et que leur mère ne leur a jamais porté aucun secours. Nous savons également que leurs parents étaient violents, à la fois psychologiquement et physiquement. Cela ne retire en rien la culpabilité des frères Menendez face au meurtre de leurs parents. Ils doivent purger une peine de prison, personne ne dit le contraire. Mais ce qui est fâcheux avec la série, c’est qu’il y a comme une remise à zéro, un retour en arrière sur la vision qu’a voulu donné la série de cette affaire. On met au même niveau la théorie de la vengeance pour mauvais traitement à la théorie du meurtre pour l’argent, quand aujourd’hui la seconde théorie est de plus en plus délaissée.

La famille Menendez imaginé par Netflix

Par ailleurs, le réel Erik Menendez a tenu a réagir suite à son visionnage de la série :

« Je croyais que nous avions dépassé les mensonges et les portraits de personnages dévastateurs de Lyle, créant une caricature de Lyle enracinée dans d’horribles mensonges flagrants et omniprésents dans la série. Je ne peux que croire qu’ils ont été faits exprès. C’est avec le cœur lourd que je dis que je crois que Ryan Murphy ne peut pas être aussi naïf et inexact au sujet des faits de nos vies, à moins que cela ne soit fait sans mauvaise intention.

Il est triste pour moi de savoir que la représentation malhonnête de Netflix des tragédies entourant notre crime a fait reculer les douloureuses vérités de plusieurs étapes — retournant à une époque où l’accusation avait construit un récit basé sur un système de croyances selon lequel les hommes n’étaient pas abusés sexuellement, et que les hommes vivaient les traumatismes du viol différemment des femmes. Ces horribles mensonges ont été perturbés et exposés par d’innombrables victimes courageuses au cours des deux dernières décennies, qui ont surmonté leur honte personnelle et ont courageusement pris la parole. Et maintenant, Murphy façonne son horrible récit à travers des portraits de personnages épouvantables de Lyle et de moi-même, accompagnés de calomnies décourageantes.

La vérité ne suffit-elle pas ? Laissons la vérité rester telle qu’elle est. Quelle démoralisation de savoir qu’un homme avec du pouvoir peut saper des décennies de progrès dans la mise en lumière des traumatismes d’enfance. La violence n’est jamais une réponse, jamais une solution, et elle est toujours tragique. Ainsi, j’espère qu’on n’oubliera jamais que la violence contre un enfant crée des centaines de crimes horribles et silencieux, des scènes obscures cachées derrière des paillettes et du glamour, rarement exposées jusqu’à ce que la tragédie touche tout le monde. À tous ceux qui se sont manifestés et m’ont soutenu, merci du fond du cœur. »

Monstres, l’histoire de Lyle et Erik Menendez aurait pu être une très bonne série, mais Ryan Murphy fait un travail très bancal avec cette saga. La saison sur Jeffrey Dhamer avait déjà suscité beaucoup d’émois, et ce n’est sûrement pas terminé. L’envie de Murphy a tout rendre « sexy » et/ou « désirable » rend ses adaptations problématiques et ce sera toujours le cas pour la saison 3 puisque celle-ci se centrera sur le célèbre Ed Gein. Le tueur connu sous le pseudo du Boucher de Plainfield, sera incarné par Charlie Hunnam. Un acteur charismatique et physiquement populaire alors même qu’Ed Gein est tout à fait banal et ne devrait pas susciter la moindre sympathie, même via son physique. Une fois encore, une tentative (qui va marcher)  de rendre « beau » ce qui ne l’est pas, bien au contraire. Pour cette raison, et malgré une réalisation impeccable ainsi qu’un casting 5 étoiles, cette saison 2 mérite tout juste la moyenne, mais pas plus.

Notre note :

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