La sixième saison de Candice Renoir s’est achevée ce vendredi 25 mai sur France 2 par un cliffhanger laissant les téléspectateurs sur leur faim. Retour sur l’intégralité de cette nouvelle cuvée de la série.
***Attention, cet article contient des spoilers !***
- Une redistribution des cartes qui pose de nouvelles bases
En effet, beaucoup de changements sont à relever dans cette sixième saison. Loin est l’époque où Candice, Antoine et Chrystelle constituaient le noyau de la BSU de Sète sous la supervision du Commissaire Attia (Samira Lachhab). Désormais, Antoine (Raphaël Lenglet) est le nouveau supérieur hiérarchique de Candice (Cécile Bois), dont l’équipe est maintenant composée de Meddhi (Ali Marhyar), Val (Yeelem Jappain) et Franck (François-Dominique Blin), le petit nouveau. De plus, une année a passé depuis le final de la saison 5 où Candice plongeait dans un coma psychologique suite à ses traumatismes découlant du décès de David (Stéphane Blancafort) et de sa liaison avec Antoine. Une démarche originale posant de nouveaux repères, qui peuvent cependant déstabiliser le téléspectateur. Tout d’abord, l’esprit d’équipe des premières saisons se perd au fur et à mesure que les épisodes avancent et ce, en raison d’un différend opposant Meddhi et Val quant à la révélation de l’homosexualité de celle-ci, mais aussi de la guerre froide que se livrent sans répit Candice et Antoine, et enfin de l’arrivée de Franck, qui n’est pas aussi net qu’il n’en a l’air… En outre, Aline (Delphine Rich) n’est plus là pour conseiller Candice et la tempérer, elle aussi remplacée par un personnage relativement insipide qui n’apporte rien à l’intrigue. Dans la même veine, la jeune Claire, intérêt amoureux de Meddhi la saison précédente, ne travaille plus à l’hôtel de police.
Toutefois, ces transitions se sont opérées au fil des saisons puisque l’année dernière, le personnage d’Aline n’était déjà plus régulier mais récurrent, tout comme celui de David, qui n’apparaissait plus qu’en hallucination dans l’esprit de Candice ; Sylvie Leclerc (Nathalie Boutefeu), devenue Chef de la Sûreté, était totalement ancrée dans son poste de Commissaire ; Meddhi faisait partie intégrante de l’équipe depuis la saison 3 et Val nous avait été présentée en milieu de saison. Le manque de personnages charismatiques se fait pourtant ressentir, à l’instar de Chrystelle (Gaya Verneuil) dont la répartie n’a plus trouvé d’égal depuis. Le téléspectateur doit donc composer avec cette nouvelle distribution des cartes, qui a aussi son lot de bonnes surprises : le personnage de Val est exploré davantage en profondeur, le psychologue de la BSU, Paul Périer (Matthieu Penchinat ) offre quelques moments cocasses à nos protagonistes…
- Candice et Antoine, un duo chien et chat qui fait des étincelles
Car c’est sur cette relation ambiguë que tient désormais le piment de la série ! Nous avons en effet vu dans le point précédent que ce n’était pas du côté des personnages secondaires que se trouvait le meilleur de cette saison. Après avoir joué au jeu du chat et de la souris pendant plusieurs saisons avant de finalement succomber en milieu de saison 4, la liaison des deux amants avait été plus que compromise lorsqu’Antoine avait décidé d’avoir un enfant avec Jennifer (Lilly-Fleur Pointeaux). Quand il s’en était séparé en fin de saison 5, c’est chez Candice qu’il avait immédiatement couru mais celle-ci semblait résignée à ne pas lui ouvrir sa porte… ni son cœur. De retour tel l’enfant prodigue, Antoine revient à la BSU en tant que Commissaire, ce qui déplaît fortement à Candice puisque son ex-adjoint avait omis de lui annoncer… Se sentant trahie, Candice va donc miser sur une vendetta de rigueur, entre coups bas et coups durs. La Commandante se conduit alors une vraie peste, devenant parfois détestable, fait unique dans l’histoire de la série et bien qu’Antoine ne se soit pas conduit de la meilleure des façons à son égard, elle semble s’acharner sur lui parfois gratuitement. Leurs différends pèseront tellement sur l’ambiance générale du groupe que Val et Meddhi menaceront même de demander leur mutation. La réalisation appuiera cette dualité, notamment par le biais d’une musique de western lors des affrontements des deux collègues. Cependant, l’affection de Candice pour Antoine prend parfois le dessus lorsque, par exemple, elle le protège aux yeux de son ancienne compagne concernant leur petite fille Suzanne dans l’épisode 4. L’inverse est vrai également puisque dans l’épisode 3, Antoine « omet » de prévenir l’IGPN que Candice est suspectée de meurtre. Celui-ci aura par ailleurs très peur pour la vie de la Commandante lorsqu’elle sera victime d’une prise d’otages.
Comme le dit Sylvie Leclerc en début de saison, les deux sont complémentaires et n’arrivent pas à avoir de bons résultats l’un sans l’autre. C’est donc sans surprise qu’Antoine retourne sur le terrain à mi-saison, la mayonnaise prenant beaucoup quand celui-ci est cantonné à son bureau. Il ira même jusqu’à s’infiltrer chez les légionnaires à l’épisode 8, sur une idée de… Candice, qui souhaite le tenir éloigné de son poste afin de « reprendre le pouvoir ». Cette guerre froide à laquelle se livrent les deux personnages est malheureusement lassante en raison du développement psychologique bancal auquel ils sont soumis. Tous deux entrent dans une sorte de caricature et il aurait été préférable que les scénaristes arrêtent les frais et prennent une décision concrète concernant nos deux héros. En outre, il est peu crédible qu’une Commandante manque autant de respect à son supérieur hiérarchique sans obtenir de sanction disciplinaire… Bien sûr, que le couple principal d’une série se tourne autour pendant plusieurs saisons fait partie intégrante de l’intérêt d’un show sur les téléspectateurs mais il faut parfois savoir dire stop avant qu’il ne soit trop tard. Et le double épisode final de la saison vient nous conforter dans cette idée, comme nous allons le voir dans le point suivant…
- Une saison qui tombe dans la facilité scénaristique
Il est regrettable que Candice Renoir s’éloigne de son genre habituel, et pourtant ! Censée être une comédie dramatique policière, la série tombe parfois dans le soap opera, notamment en raison de la relation houleuse entre Candice et Antoine comme vu dans le paragraphe ci-dessus. Pis encore, le show part dans le fantastique en osant mettre en scène un scénario à la Freaky Friday dans le double épisode final où Candice et Antoine… échangent de corps !! Bien qu’amusés par les situations cocasses que nous apporte l’épisode, nous ne pouvons nous empêcher de rester dubitatifs face à l’insertion d’une histoire aussi tirée par les cheveux qui ne s’inscrit pas dans la ligne conceptuelle de la série. Il est possible que par ce biais les scénaristes aient pris le risque de perdre des téléspectateurs qui ne cautionneraient pas la non-crédibilité de la mise en scène… Mais le fond n’est pas bien mieux que la forme… En effet, le final de la saison se concentre sur le mariage de Candice, non pas avec Antoine, mais avec Max (Benjamin Baroche), présenté furtivement en saison dernière. Union qui manque de crédibilité également puisque les personnages se fréquentent depuis 4 épisodes lorsqu’arrive l’idée du mariage. Nous ne sommes alors pas dupes : il ne s’agit là que d’un énième ressort scénaristique pour retarder les retrouvailles du couple phare de la série, surtout vu le cliffhanger final proposé !
De plus, cette saison, les enquêtes sont plus rébarbatives qu’à l’accoutumée, et la série use désormais de flashbacks, chose inédite et pas nécessairement utiles à l’intrigue… Côté réalisation, notons que Raphaël Lenglet, l’interprète d’Antoine, s’est essayé au métier lors des deux premiers épisodes de la saison, avec succès. Mais le meilleur épisode de cette sixième saison, aussi bien dans le scénario que la réalisation, est sans conteste l’épisode 6 intitulé C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase et qui met en scène Candice, Max, son fils Léo (Alexandre Ruscher) et deux de ses camarades lycéens sujets à une prise d’otages par une mère de famille désemparée, jouée par une guest-star de luxe, Armelle Deutsch. A part cette exception, le reste de la saison est relativement mou, et tombe malheureusement dans plusieurs stéréotypes, que ce soit concernant le tourisme sexuel ou la communauté LGBT. Nous aurions davantage apprécié que cette sixième saison aborde des sujets délicats sous un meilleur angle et d’ordre plus général, qu’elle ne bascule pas dans un genre bâtard où se mêlent soap opera, comédie, fantastique et policier, portant à confusion et perdant parfois le téléspectateur… Dans les points positifs de cette saison, retenons tout de même le ton comique du dernier épisode, les enquêtes toujours aussi originales, le rapprochement entre Candice et ses enfants, ainsi que la réconciliation avec son ex-mari Laurent, qui marque tristement la dernière apparition du comédien Arnaud Giovaninetti, décédé brutalement en janvier dernier…
En bref, cette sixième saison est pour le moment la moins réussie de toutes, le show perdant de vue la recette de son succès en partant dans des digressions inutiles. Cependant, la série remplit toujours sa mission première de divertissement ! D’abord présentée comme une série légère, Candice Renoir a plongé au fil des saisons dans une note plus sombre, à l’instar de son héroïne, fragilisée par les épreuves de la vie. Or, cette saison, la cohérence du développement psychologique du personnage laisse à désirer, ainsi que les intrigues proposées et même les choix scénaristiques allant à l’encontre de la nature même de la série. Espérons que la septième saison à venir se recentrera sur l’essentiel et donnera enfin une conclusion à l’histoire de Candice et Antoine, devenue lassante à force d’attendre que quelque chose se passe. La saison 6 ayant osé se terminer sur un cliffhanger au suspense insoutenable, il nous faudra attendre un an avant de savoir si Candice a dit oui… Note : 3/5.