Ce n’est pas seulement la saison 5 de Bates Motel qui s’est achevée il y a quelques jours, mais la série entière. Après la surprise du renouvellement pour une cinquième saison – la saison 4 s’étant terminée sur la mort de Norma, personne ne s’attendait à un renouvellement -, la chaîne avait annoncé que la saison 5 de Bates Motel serait la dernière et qu’une fin bien précise était prévue. Alors, qu’avons-nous pensé de cette ultime saison ?
- Dans la tête du protagoniste
Toute la saison se base sur la façon qu’a Norman, incarné par le spectaculaire Freddie Highmore, de gérer la mort de sa mère, Norma, interprétée par l’incroyable Vera Farmiga. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’écriture de cette saison est excellente !
Jusqu’à la fin de la saison 4, les immersions dans l’esprit de Norman étaient rares, nous ne voyions que très peu le point de vue du jeune homme. Mais après la mort de Norma, les réalisateurs ont décidé qu’il était temps que les téléspectateurs voient ce que le protagoniste de la série perçoit au quotidien. Et c’est réussi ! Nous nous sentons régulièrement mal à l’aise et angoissés. Nous nous demandons quand est-ce que Norman perdra à nouveau les pédales et fera une prochaine victime, et surtout qui elle sera. C’est en cela que la saison 5 de Bates Motel excelle, mais peut aussi déranger certaines personnes. Son aspect immersif peut gêner et pousser les téléspectateurs plus sensibles à se retirer, quitte à ne pas connaître l’issue de la série.
Avec une telle évolution de la profondeur des personnages, Bates Motel se trouve être une des meilleures séries de ces dernières années. Chaque personnage a de l’importance, chaque personnage est utile, chaque personnage fait avancer l’histoire. Tous, qu’ils soient passagers ou non, ont un impact certain sur la vie de Norman, qu’il soit positif ou négatif. Ajoutons également que les acteurs sont tous très justes et jouent à la perfection leurs rôles.
- Une mère et son fils enfin réunis
Après avoir vu Norma mourir lors du final de la saison 4, c’est au tour de Caleb (Kenny Johnson) de périr d’un accident de voiture en essayant d’échapper aux mains de Mother dans l’épisode 3 de la saison 5, « Bad Blood ». Mais ce n’est pas tout, puisque plusieurs autres personnages subissent le même sort, notamment Sam Loomis (Austin Nichols), dont nous reparlerons plus tard, et Chick (Ryan Hurst), mais aussi et surtout Romero (Nestor Carbonell) dans l’épisode final.
Toutes ces morts, mais également tous les événements divers et variés depuis le début de la série ne pouvait mener qu’à une seule et même fin : la mort de Norman. Tuer son personnage principal n’est jamais une chose aisée, mais les scénaristes de Bates Motel l’ont fait avec brio. Aucune autre fin n’était envisageable, tant Norman était devenu instable, incontrôlable. Après avoir essayé pendant de nombreux épisodes de convaincre Norman de prendre ses médicaments, c’est Dylan (Max Thieriot) qui met fin aux jours de son jeune frère.
De cet épisode final, nous retiendrons particulièrement une scène violente psychologiquement pour Dylan : sa vision d’horreur lorsqu’il découvre sa mère, assise à table, embaumée par Norman, suivie d’une tirade émouvante : « Je veux des choses que je ne pourrai jamais avoir… Je veux que tu sois heureux. Je veux que tu ailles mieux. Je veux que maman soit encore en vie. Je veux que vous rencontriez ma fille. Je veux que nous passions Noël en famille. Je veux que tout ce qui nous est arrivé ne se soit jamais produit. » Une fin audacieuse qui ne laisse donc aucune place au doute : Norman retrouve alors la seule femme qu’il ait aimé dans sa vie, sa mère.
Il est intéressant de se poser des questions quant à la signification de cette scène : Norman se serait-il suicidé ? Dylan aurait-il agi par simple défense ou par choix ? Même si l’acteur principal a répondu à ces questions après la diffusion de l’ultime épisode, il est néanmoins toujours intéressant de se le demander.
- Un hommage certain au film de Hitchcock
Édité en 1959, le livre Psychose, écrit par Robert Bloch, a été adapté en film en 1960 par le grand réalisateur, producteur et scénariste Alfred Hitchcock. L’histoire du livre – et donc du film – commence bien plus tard, quand Norman est adulte, mais dans Bates Motel nous retrouvons pourtant des personnages et des scènes entièrement réappropriées. En effet, les personnages de Marion Crane et Sam Loomis, pour commencer. Interprétés respectivement par Janet Leigh et John Gavin dans le film, ont été intégrés à la série et ont été interprétés par Rihanna et Austin Nichols. Leur histoire est un peu différente, mais totalement cohérente avec le reste de la série. Difficile de reprendre de tels rôles cinquante ans après, et pourtant Austin Nichols s’en sort à merveille, contrairement à Rihanna, qui est transparente et fade à l’écran.
Comme dit précédemment, des scènes entières sont reprises dans Bates Motel, comme l’arrivée de Marion au Motel, sous la pluie battante, ou encore la façon qu’a Norman de choisir la chambre numéro une pour la jeune femme, afin de l’observer dans le trou caché derrière un cadre. On y retrouve des détails également, comme lorsque Norman dit à l’enquêteur qu’il change les draps une fois par semaine, même si la chambre n’est pas occupée.
Cependant, il y a bien entendu des différences, notamment deux importantes. Tout d’abord, dans le film, ce n’est pas Sam que Norman tue dans la baignoire, mais Marion. Les deux scènes sont purement identiques, jusqu’à la façon qu’a la victime de tomber en arrachant le rideau et en sortant à moitié de la baignoire. C’est ici un bel hommage à l’oeuvre de Hitchcock. Ensuite, bien sûr, la mort de Norman, qui diffère totalement de l’histoire originale dans laquelle le jeune homme se fait arrêter.
En bref, une dernière saison parfaite sur tous les points : réalisation excellente, jeux d’acteur incroyable et scénario irréprochable, auxquels s’ajoute un hommage vibrant au film de 1960. Notre note : 5/5.