Le 4 septembre, Netflix a mis en ligne les 10 épisodes de la première saison d’une toute nouvelle série dont la star est Hilary Swank. Away nous fait découvrir la vie des premiers astronautes envoyés sur Mars, à travers le regard de leur commandante, l’astronaute américaine Emma Green. Chaque épisode dure entre trois quarts d’heure et une heure.
Alors, que vaut la série de science-fiction made in Netflix ?
*attention : cette critique comporte des spoilers *
- Un bon début…
On peut saluer le pilot, qui démarre très bien avec le flashback d’une difficulté technique dans la fusée qui nous intrigue, des tensions au sein de l’équipe internationale composée de Lu, chimiste chinoise (Vivian Wu), Mischa, ingénieur russe (Mark Ivanir), – sans doute le personnage le plus amusant de la série – Kwesi, botaniste anglo-ghanéen (Ato Essandoh) et Ram, médecin indien, copilote et second en commandement (Ray Panthaki), en plus d’Emma (Hilary Swank). A cela s’ajoute la déchirure de laisser ses proches sur Terre, Emma ayant une fille adolescente, Alexis (Talitha Bateman) et un mari, Matt (Josh Charles), avec des problèmes de santé…
Le résultat de ces multiples intrigues est que le spectateur se sent immédiatement happé par cette nouvelle série. Pour autant, il n’y a pas d’effet too much, bien au contraire, on ne s’ennuie pas une seule seconde pendant ce pilot.
Le deuxième épisode, tout aussi intéressant, nous fait découvrir davantage cette mission devant durer trois ans dans l’espace, à bord d’une fusée innovante qui recrée en partie la gravité terrestre – notons que l’apesanteur est très bien montrée dans la série. Une sortie dans l’espace et un moment d’entraide captiveront le spectateur, tandis qu’au sol, un peu d’émotion naîtra des problèmes du mari d’Emma.
- …qui ne dure pas…
Et c’est déjà terminé : Away s’enlise dans un schéma qui va peu à peu lasser le spectateur, car répétitif, et surtout très ennuyeux. Nous connaissons tous ce modèle éculé qui consiste à crée une intrigue par épisode, et qui a quasiment disparu de nos écrans… c’est ce que les scénaristes d’Away ont malheureusement décidé de faire, choix plus que discutable. Ici, il s’agit même au début d’une intrigue par personnage !
C’est ainsi que chaque astronaute a droit à son épisode, dans une litanie complètement artificielle qui donne l’impression que l’épisode n’en finit plus, et ainsi de suite. On commence par l’histoire de Lu, qui nous montre des personnages qu’on ne verra plus jamais, puis l’on enchaîne de la même manière avec Ram, puis avec Mischa et enfin avec Kwesi… et il y a toujours cette impression de remplissage.
A ce moment-là, on en est déjà au sixième épisode et l’on n’a plus vu grand-chose de l’espace (bien que les intrigues des personnages résonnent parfois avec un problème technique ou humain à bord de la fusée). Pourquoi ne pas avoir dévoilé un peu de la vie de chaque personnage au fil des épisodes ? Il n’y a aucun suspense, aucune hâte de voir la suite, puisque chaque épisode finit sur un arc narratif achevé.
- … et qui perd le spectateur.
Pour couronner le tout, deux histoires parallèles occupent la moitié du temps d’écran de chaque épisode. Il s’agit de ce que vit la famille d’Emma restée sur Terre, qui nous fait nous demander s’il ne serait pas plus facile pour tout le monde d’envoyer sur Mars des astronautes célibataires et sans enfants.
Entre crise d’adolescence et histoire amoureuse lassante pour la jeune fille et handicap et rééducation pour le mari, on a l’impression de regarder complètement une autre série la moitié du temps et on se lasse de ces séquences émotions et de ces histoires racontées qui n’en finissent plus, où chaque personnage a vécu un drame qu’il relate pendant cinq minutes – ce dernier point concerne également les cinq astronautes dans la fusée.
En outre, on a du mal à comprendre le passage du temps. Des mois s’écoulent entre chaque épisode, puisque le voyage pour Mars prendrait environ neuf mois mais on ne sent pas ce temps passer.
- Une fin qui traine artificiellement.
La fin de saison ne rattrape rien puisque le spectateur suit une intrigue en montagnes russes où les astronautes sont condamnés suite à un problème technique interne – autre occasion manquée de nous montrer l’espace – puis trouvent une solution… qui ne fonctionne pas… mais une autre idée les sauve, et ainsi de suite.
Nous avons droit à deux idées géniales nées d’un hasard (Lu puis Matt) qui sonnent faux, à d’interminables séquences émotions, notamment celles où Emma imagine Matt dans la fusée auprès d’elle, ou celles qui concernent Alexis, mais aussi à des moments décisifs d’une lenteur exceptionnelle pour marquer le coup et émouvoir le téléspectateur. Bref, c’est du grand show à l’américaine dans le mauvais sens du terme.
Au final, Away, c’est beaucoup de belles images de l’espace, une photographie aseptisée mais propre, des effets spéciaux irréprochables, un jeu convainquant, mais un côté vide, creux et ennuyeux très présent. Away donne l’impression d’être une série qui n’a rien à dire et rien à montrer, alors qu’il y avait tant de choses à exploiter d’un voyage dans l’espace, qui plus est pour Mars. Les épisodes s’éternisent, l’émotion est si présente qu’elle en devient lassante, parasitant l’avancement de l’histoire.
Et surtout, l’immense défaut d’Away est de nous avoir teasé une planète Mars qu’on ne verra que dans… la saison 2 ! Et oui, comme nous le craignions à mesure que les épisodes défilaient, la saison 1 ne nous montre que le voyage. Il faudra patienter pour voir ce qu’on n’avait jamais vu dans une série : Mars. Quel dommage qu’une attente artificielle soit imposée ainsi à un spectateur qui s’ennuie dans la première saison au point de ne peut-être jamais regarder la suite…
Notre note : 3/5.