American Crime Story : l’avis de la rédac’ sur la saison 2 !

Ce 22 mars s’est achevée la deuxième saison de la série anthologique American Crime Story de Ryan Murphy sur la chaîne FX. Consacrée à l’assassinat de Gianni Versace à travers le parcours initiatique de son meurtrier, cette saison 2 était très attendue après le carton public et critique de la saison 1 qui mettait en scène le procès d’OJ Simpson.

Canal + a acquis les droits français de la série, qui sera diffusée dès le 29 mars.

  • Un meurtrier glaçant au cœur d’une intrigue décousue

On l’a dit, cette deuxième saison est racontée à travers les yeux de l’assassin de Gianni Versace, qui est présenté dès le premier épisode, Andrew Cunanan. Plus qu’une série sur Versace et son empire, c’est un récit sur le parcours (jusqu’à l’enfance), d’un homme déséquilibré, qui aura tué, au fil des épisodes (basés sur des faits réels), cinq hommes.

Campé par un Darren Criss habité, absolument saisissant, assurément le gros point fort de la saison, le portrait qui est fait de ce meurtrier est véritablement troublant et glaçant de par sa folie.

Le ton est donné dès le premier épisode, qui met très vite en scène l’assassinat de Gianni Versace et nous introduit très tôt avec le meurtrier. Toute la saison sera construite sur cette logique, Versace n’étant finalement que le personnage secondaire de son propre meurtre. Si la série porte son nom, car il est de loin la victime la plus connue du tueur, c’est surtout un retour, via des flashbacks, sur les meurtres de Cunanan.

Ryan Murphy a pris le parti de se concentrer sur son assassin et sa personnalité complexe et troublée.

Le résultat est plus que satisfaisant, même si par moment l’enchainement des épisodes semble assez décousu ; la plupart donnent la part belle à Cunanan en gardant le clan Versace en second plan, alors qu’ils sont finalement totalement absents d’au moins deux épisodes. C’est quelque fois un peu frustrant, en partie car cela nous prive de la performance non moins impressionnante de Penelope Cruz en tant que Donatella Versace.

Malgré tout, la plus grosse réussite de cette deuxième saison est la performance sidérante et plutôt inattendue de Darren Criss, jusque là aperçu dans Glee (une précédente série de Murphy), qui capte ici toute l’ambiguïté et la complexité perturbante de Cunanan.

L’autre parti pris de Murphy a été de montrer les dessous de l’affaire en partant d’un ordre chronologique inversé, au détriment parfois de la clarté du récit pour le spectateur.  En effet, on démarre avec le meurtre de Versace, pour finalement suivre l’intrigue via des bonds dans le passé, permettant de suivre les meurtres précédents de Cunanan. C’est au début assez perturbant.

  • Le récit d’une époque

A travers Gianni Versace, mais également son meurtrier et les autres victimes, il est question dans la série de la condition des homosexuels dans les années 90 et antérieures aux Etats Unis.

On le voit, Versace a longtemps caché sa liaison avec Antonio d’Amico (campé par Ricky Martin, plutôt transparent), par peur que cela nuise à son image et à la réussite de son empire couturier.

Quant à Cunanan, il s’assume pleinement, à l’image de ses victimes, toutes issues de la communauté gay également.

C’est notamment à travers le personnage de Donatella Versace que l’on perçoit la pression sociale de l’époque, encore plus forte qu’actuellement. La soeur cadette de Gianni l’aura longtemps persuadé de cacher son homosexualité et sa liaison avec Antonio D’Amico, pour l’image de l’entreprise et de l’empire Versace.

Mais c’est dans la traque, par les policiers et le FBI, que la différence de traitement transparaît : Cunanan a vite été placé sur la liste des suspects et des personnes recherchées à mesure que les meurtres se sont accumulés, mais la série nous montre des autorités assez en retrait et moyennement impliquées du fait de la condition des victimes. Il faudra finalement que Gianni Versace, en tant que personnalité très célèbre, meurt pour que la traque s’intensifie, finalement trop tard…

Le message est parfois un peu facile mais il sert clairement l’intrigue.

Il est également largement question de SIDA, qui ravage la communauté homosexuel dans les années 90 et qui effraie, ou encore du traitement des homosexuels dans l’armée américaine, à travers le renvoi d’un officier de marine du fait de son homosexualité.

  • Des allures de tragédie grecque

Si la série est autant captivante, c’est aussi par le parallèle troublant qu’elle dresse entre Versace et son assassin : d’un côté un homme ambitieux qui a réussi, mais qui se cache, coulé sous le poids des apparences et de la société dans laquelle il vit ; de l’autre un jeune homme perdu, mégalomane et exubérant qui au contraire s’assume parfaitement, mais qui ne parvient jamais à ses fins.

C’est en assassinant celui qu’il admirait tant que Cunanan finira, à très court terme, par devenir célèbre, une fois libéré de sa frustration et de sa jalousie.

La réalisation, souvent pièce maitresse des oeuvres de Ryan Murphy (dans la première saison consacrée à OJ Simpson, mais aussi dans American Horror Story) est ici remarquable, parmi ce qui s’est fait de plus beau depuis plusieurs années. La haute couture du petit écran. Elle participe au climat froid mais également très classique, dans le sens premier du terme, de la série. L’aspect jauni du filtre utilisé sur l’image apporte un côté rétro d’une grande élégance.

 

  • En conclusion

Points positifs :

– L’interprétation exceptionnelle et plutôt inattendue de Darren Criss (ainsi que Penelope Cruz, mais de manière moins surprenante)
– L’esthétique remarquable de la réalisation
– Une enquête captivante

Points négatifs :

– Il est dommage de ne pas avoir eu un aperçu des conséquences de l’assassinat de Gianni sur l’empire Versace
– Le découpage de l’intrigue, parfois difficile à suivre du fait de l’ordre chronologique inversé
– Une analyse sociale parfois moins fine et complète que dans la première saison

 

En conclusion, cette deuxième saison, légèrement moins réussie que la première (qui était un véritable chef d’œuvre), ne déçoit pas et se révèle passionnante. Darren Criss se fait définitivement un nom et devrait rafler un Emmy, mais on regrette cependant de ne pas apercevoir le clan Versace et surtout les suites du meurtre de Gianni pour l’empire à son nom.

Note : 4/5

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