Après Desperate Housewives et Devious Maid, c’est sur CBS que Mark Cherry revient en force avec une nouvelle série aux personnages féminins intrigants : Why Women Kill. Le premier épisode a été diffusé le 15 août sur la chaine et voilà ce qu’on en a pensé. [Cet article peut contenir des spoilers]
D’entrée de jeu, nous sommes plongés dans un univers à part avec une intro composée de scénettes où des femmes de toutes époques tuent leur mari en version comics qui n’est pas sans rappeler le générique de Desperate. Why Women Kill commence très fort.
Le principe de raconter 3 histoires se déroulant à 3 époques différentes avec pour fil conducteur la maison dans laquelle vivent les protagonistes n’a rien de nouveau. En 2000, le film If these walls could talk 2 nous faisait vivre les vies de 3 couples lesbiens ayant occupé la même maison au fil des ans. Si le cadre n’est pas novateur il n’en reste pas moins maitrisé. On comprends rapidement à quelle époque on est, les costumes, le style décoratif de la maison étant très distinctifs. Et là où If The Walls Could Talk enchainait les époques l’une après l’autre après avoir dévoilé chaque histoire d’une traite, Why Women Kill se permet des aller et retours fréquents, passant d’un temps à un autre avec facilité. Si ces changements de temporalité sont aussi faciles à suivre c’est avant tout grâce à des transitions absolument fabuleuses. Une voiture quitte l’allée dans les années 80, une autre voiture arrive dans cette même allée en 2019, une porte se ferme en 1984, elle s’ouvre en 1963 … On reste admiratif devant la technique artistique. Pour ne rien gâcher, les couleurs sont éclatantes, la photographie est magnifique et les images « popent » comme si elles profitaient d’un filtre Instagram, diffusant ainsi le côté comics apporté par l’intro.
Au fur et à mesure de l’épisode, l’intrigue se met en place, les épouses 1 et 2 apprennent que leur mari les trompent et le mari de l’épouse numéro 3 est clairement sur cette voie. Un échange tendu lors d’un dîner, une tentative de suicide et la tension monte graduellement. Ce pilote pourrait être parfait mais quelques grains de sable enrouent la machine scénaristique. Le personnage de Taylor Harding (interprété par Kirby Howell-Baptiste) est une femme des années 2000, une avocate badass qui tient tête à un maitre de chantier en lui disant qu’elle a une « bite plus grosse que la sienne ». Elle forme avec son mari un couple mixte (1 point pour la représentativité) et elle est bisexuelle ( et de 2). Le couple est libre, ce qui pourrait être intéressant à traiter dans le contexte : mise en parallèle de 3 couples à 3 époques où clairement la tromperie est le deuxième point commun (en plus de la maison). Seulement voilà, les échanges entre les deux personnages laissent sous-entendre que si le couple est libre, ce n’est pas forcément suite à un choix fait à deux ou suivant des convictions profondes. Et si en 2019, on peut être ravis de voir la bisexualité représentée à l’écran on regrette néanmoins l’enchainement de clichés s’y rapportant, notamment le fait que quelqu’un de bisexuel ne puisse être monogame car il a besoin des deux genres. Ceci étant dit, on comprends vite que le mari a un crush sur «le plan cul» de sa femme. Donc bien évidemment, il fallait que sa femme aime les femmes. Mais se servir de ce cliché simplement par facilité d’écriture digne d’un film de seconde zone est décevant.
Pour la partie années 60, Ginnifer Goodwin (Once Upon a Time, Big Love) est époustouflante. Totalement crédible en femme au foyer dédié au bonheur de son homme, elle nous émeut aux larmes lorsque son monde s’effondre. Beth Ann Stanton est définitivement attachante, on la soutient, on la plaint mais on sent un potentiel psychotique à la Bree Van Decamp. En 1984, Simone Grove semble avoir une vie parfaite jusqu’à ce qu’elle apprenne que sont mari la trompe avec un homme. En guise de femme riche, adepte des soirées mondaines, Lucy Liu (Elementary, Ally McBeal) nous sert une parodie de Sue Ellen (Dallas), clairement over the top. On peine à la cerner ou même à la trouver crédible. De sa voix en passant par sa gestuelle, le trait semble forcé et manque de subtilité. On aperçoit une lueur de nuance lorsque Simone revient près de son mari Karl évanoui ou encore lors d’un moment de vulnérabilité le lendemain mais c’est tout. Il faudra attendre les prochains épisodes pour voir si l’actrice reste sur ce cap. Pour finir, Taylor a un potentiel de femme forte, afro-américaine (merci de lui avoir laissé ses cheveux naturels). Kirby Howell-Baptiste balance ses punchlines avec conviction mais l’ensemble reste plat. On ne connecte pas franchement avec elle et son mari Eli lui volerait presque la vedette.Les maris d’ailleurs, interprétés par Sam Jaeger, Jack Davenport et Reid Scott sont de solides sidekick qui tentent tant bien que mal de tirer leur épingle du jeu.
En conclusion, Why Women Kill a un sacré potentiel. Tant en terme de réalisation, qu’en terme de casting ou même d’histoire mais le pilote laisse déjà apparaitre certaines failles et on est loin de l’explosion attendue. Le grandiose y côtoie la médiocrité et il va nous falloir attendre les épisodes suivants pour savoir si les bons éléments surpassent les moins bons.
De notre côté, on choisit de miser sur la performance de Ginnifer Goodwin, la qualité de réalisation, l’intrigue et on continue.
1 commentaire
Yaëlle
le 28 mars 2020 à 15h43
Je ne connais pas Why Women Kill, mais j’ai juste une question concernant votre article : pourquoi parlez-vous directement de If These Walls Could Talk 2 (qui a été diffusé en 2000) mais non pas aussi du 1er qui date de 96 et qui était la base du concept de femmes vivant dans une même maison à trois époques différentes ?