Le Grand Bazar : rencontre avec l’équipe de la série M6

C’est à l’occasion du festival Séries Mania que nous avons eu l’occasion de rencontrer les créateurs de la série Le Grand Bazar, Baya Kasmi et Michel Leclerc, mais aussi les acteurs principaux de la série Grégory Montel, Nailia Harzoune et Lyes Salem. Nous vous donnions notre avis sur le premier épisode de la série ici même, et aujourd’hui, nous vous dévoilons les déclarations de l’équipe de cette série qui sera prochainement diffusée sur M6.

Disclaimer : l’interview qui suit a été réalisée en table ronde, en présence de plusieurs autres journalistes. Toutes les questions ne proviennent pas de notre média. De même, les idées avancées ci-dessous ne sauraient être affiliées à Just About TV.

Avez-vous imaginé la série comme un tissu d’anecdotes comme ça, écrit et vécu par vous-même ?
Michel Leclerc : Nous au fond on aime bien qu’il y ait une dimension sociologique voir politique, donc tissu d’anecdotes oui mais il faut quand même que ça raconte quelque chose. Les névroses des personnages, il faut aussi que ça raconte quelque chose qui concerne la société. Il y a quand même une dimension politique dans la série, même si c’est bien caché.
Baya Kasmi : Mais c’est vrai que c’est chouette, on avait envie de faire une série familiale, qu’on pouvait regarder en famille et qui soit de la vraie comédie. Et c’est vrai que créer ce lien entre un tissu d’anecdotes qui est surtout mené et tenu par des personnages, parce qu’on parle toujours des personnages et des comédiens qui les incarnent. C’est à dire qu’il leur arrive des choses, ils sont pris là dedans… Et c’est vrai que ce jeu entre l’histoire qu’on raconte à priori et ce que ça raconte en dessous, on aimait bien.

Vous disiez hier lors du question réponse de la projection que ce n’était pas une série qui portait de grands enjeux ?
Michel Leclerc : Il ne faut pas confondre, c’est pas parce qu’on va traiter le sujet d’un enfant qui est en phase terminale d’un cancer que l’enjeu est plus grand. On peut être tout à fait passionnant et passionner les gens avec quelqu’un qui a une grippe. Ce que je veux dire c’est qu’on peut être complètement pris par une histoire qui a un enjeu qui paraît ténu. On a pas besoin de gros événements.

C’est un aspect agréable de cette fiction, c’est qu’on voit bien que vous ne cherchez pas à, en tous cas dans les deux premiers épisodes, tout de suite en mettre plein la vue de celui qui regarde. Ça me fait penser à une série exceptionnelle sur Amazon qui s’appelle The Marvelous Mrs Maisel, il y a beaucoup de choses qui sont abordées mais en même temps y’a pas de réels enjeux, et on a juste la vie de cette femme et c’est beau à regarder, et c’est plaisant…
Grégory Montel : Le particulier devient universel, donc ces personnages là, immédiatement ils vont s’universaliser. Donc c’est une famille, il y a déjà pleins de personnages, il n’y a peut-être pas besoin de faire des enjeux trop importants. Les voir évoluer c’est déjà important.
Michel Leclerc : Et puis surtout, pour eux, à leur niveau, je dis n’importe quoi mais par exemple, le fait qu’elle ait vexé son père dans la prononciation du mot yaourt, pour elle, dans la série, c’est un enjeu important.
Baya Kasmi : C’est vrai que c’est un peu le principe de la vie quoi. Tant qu’on a pas d’accident ou de truc terrible on vie des choses qui apparemment sont anodines mais en même temps on s’investie dans tout quoi. Tout est déstabilisant, pis y’a ce truc qui fait qu’on sait pas où on va ni comment ça va finir. Et c’est vrai que de se mettre à leur niveau, d’être avec eux, de les accompagner…
Grégory Montel : La vie n’est aussi qu’un enchaînement d’obstacles, de petite ou de grande ampleur, et les obstacles c’est ce qui fait la dramaturgie et ils sont plus petits parfois…
Michel Leclerc : Et puis c’est vrai que le fait de filmer une série en banlieue à Bagnolet, sur une famille mixte et recomposée et que ce soit vraiment joyeux, moi je trouve qu’il y a quelque chose de politique là dedans. C’est à dire que c’est pas une série sur la banlieue, glauque avec des dealers… Il y a quelque chose de rendre glamour…
Baya Kasmi : De rendre glamour le quotidien. C’est vrai qu’il y avait un désir de glamour. Après voilà c’est vrai qu’on a des comédien glamour. Et puis c’est vrai qu’on avait des références peut-être un peu bizarre, par exemple la comédie des années 60, 70 italiennes. C’était une époque où on faisait de la comédie sociale mais sans misérabilisme.

On a remarqué dans la sélection de la compétition, notamment la compétition française, que la famille est un thème qui revient de façon récurrente. Pourquoi selon vous le thème revient actuellement ?
Grégory Montel
: Mais est-ce que ça n’a pas toujours été un peu le cas, est-ce que la famille n’a pas toujours été un sujet au cinéma ? Il me semble quand même…

Même pour vous (les créateurs de la série), la cellule familiale c’est quelque chose qui vous fascine beaucoup, dans le monde des gens, il y a cette délicatesse du foyer, l’excentricité…. Qu’est ce qui vous intéresse en fait là dedans ?
Michel :
Il y a quelque chose sur lequel on travaille toujours par exemple, c’est que les histoires d’amour ne sont pas dénuées de politique, c’est à dire qu’on peut aussi aimer quelqu’un de part ce qu’il pense. Que la joute oratoire, l’opposition peut être un moteur amoureux, ou même sur une famille entière. Ça ne nous viendrait pas à l’idée d’écrire sur des gens qui s’entendent bien (rire).
Baya : Oui mais en même temps ils s’entendent bien quand même. Le but c’est de se faire rencontrer des gens qui sont différents mais qui vont apprendre à communiquer. C’est aussi l’idée que dans l’amour et les rencontres il y a aussi la trace des familles. Par exemple quand la mère de Nicolas ment à Samia et qu’elle s’en rend compte elle réalise quel genre d’enfance il a eu et il y a un supplément d’amour pour lui. Elle se dit « Ah ouais d’accord… Il a cette mère là, je suis en train de comprendre ce qu’il a vécu ». Et c’est vrai qu’on rentre dans une famille et on s’est dit « Aller on rentre par le prénom ». Et un prénom… C’est très dramatisant ce truc. On se dit « Aller on va donner un nom à un enfant et toute sa vie il va devoir le porter, et nous en lui donnant un… c’est un rite quoi ».

Dans la série vous avez beaucoup de dialogues qui vont très vite. Ils sont interprétés par de très bons comédiens. Comment est-ce que vous travaillez avec eux pour que ce soit aussi naturel ? Vous leur laissez une place à l’interprétation ou au contraire il faut être très précis ?
Grégory Montel :
C’est notre job de rendre au quotidien des choses écrites et c’est étonnant parce que ça vous paraît extraordinaire, parce que dès qu’une parole est dite de façon un peu naturelle vous pensez que ça vient de l’improvisation, mais je peux vous jurer que l’improvisation c’est nul. Au cinéma ou à la télévision ça ne marche quasiment jamais parce que le rythme est rompu. Alors quelques idées hein, on se souvient de Lucchini, mais en terme de rythme non… Et là y’avait un rythme et si on va vite c’est parce que c’est écrit de cette façon là.

Est-ce que le casting a été difficile ?
Baya : Il n’a pas été difficile il a été très long. Ça a été très long parce que pour moi il faut trouver… Des comédiens fantastiques on en rencontre beaucoup, il y en a beaucoup en France, mais après ça c’est surtout la rencontre entre un personnage et un comédien. Donc on voulait prendre le temps, et on avait le temps, donc ça a duré… C’était pas simple. Parce que c’est une famille à construire. Alors pour Lyes c’était pas pareil parce qu’il écrit avec nous et que je savais que c’était lui, c’était écrit pour lui, c’était lui. Pour les autres, c’est vrai que ce sont des rencontres quoi.

Les enfants ne sont pas du tout passifs dans cette série. En général dans les comédies ils sont un petit peu ceux qui vont apporter des ennuis, ils sont des sortes de sidekick un peu rigolo. Mais là j’ai trouvé qu’ils sont vraiment acteurs de l’action. Le casting des enfants a-t-il lui aussi été difficile ?
Baya : C’est vrai qu’on démarre le casting avec ces enjeux là, d’abord à l’écriture ils étaient déjà assez écrits, on avait envie que ce soit des vraies personnes. C’est marrant les enfants ce sont des petites personnes avec de gros caractères, et c’est ça qui était bien. J’ai rencontré beaucoup d’enfants, j’en ai rencontré beaucoup, et les rencontrer, travailler directement avec eux, voir déjà si ils avaient vraiment envie de jouer eux. Parce que ça c’est toujours un truc quand on rencontre des enfants comédiens, il faut vérifier que l’envie vient vraiment d’eux et pas des parents. Ça créé déjà un premier écrémage. Et après ce sont de vrais acteurs quoi, donc faut les écouter. Et moi ces trois enfants là ça a été un coup de cœur total. Des vraies rencontres et ils ont des personnalités très fortes. Puis après ils se sont aussi bien entendu avec les comédiens aussi. Ils travaillaient jouaient…
Michel Leclerc : En France quand on filme des nouveaux nés, on a pas le droit de filmer des nouveaux nés avant 3 mois. Et Baya elle a dit tout de suite « Il est sage-femme, le bébé est au cœur de toute cette histoire, c’est pas possible » il fallait que les nouveaux nés soient des nouveaux nés. Et elle a beaucoup insisté là dessus, donc elle s’est débrouillée pour filmer des vrais nouveaux nés. Et c’est énorme l’apport que ça a dans la série.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.