Carmilla : notre interview d’Elise Bauman et Natasha Negovanlis réalisée à la LoveCon’ !

La LoveCon’ s’est achevée la semaine dernière à Paris. L’événement dédié aux représentations LGBTQ+ dans les séries, les films et la littérature nous a permis de rencontrer les deux actrices principales de Carmilla, la web-série dont les trois saisons et le film sont disponibles sur YouTube. En effet, nous avons eu l’occasion d’échanger avec Elise Bauman (Laura) et Natasha Negovanlis (Carmilla) autour de la série mais pas seulement…

Que gardez vous de votre expérience dans Carmilla ?
Elise : En ce qui me concerne, je l’ai brièvement mentionné lors du panel de ce matin, mais je pense que ça m’a appris que finalement, ce dont on a peur peut aussi s’avérer être la chose qui nous apporte le plus de joie et de bonheur dans la vie. Je pense que c’est une grande thématique exploitée dans la série, principalement à travers mon personnage… Le message c’est que les monstres qui nous effraient finissent parfois par être ceux qui nous sauvent la vie.
Natasha : Je pense que ce qui m’a le plus marqué dans Carmilla c’est la puissance de l’histoire qu’on a raconté. Elle m’a vraiment aidé à comprendre le manque de représentation LGBTQ+ qu’il y avait et qu’il y a toujours à l’écran et à quel point c’est important pour les gens. J’aime vraiment ce genre d’expérience, celles où on a la chance d’interagir avec les fans et de comprendre à quel point c’est important pour eux qu’on ai joué ces personnages, et de comprendre à quel point c’est important d’avoir des personnages queer à la télévision qui reflètent qui ils sont mais aussi qui ont la chance d’avoir un happy ending… Je pense vraiment que c’est cette révélation que j’ai emporté avec moi après avoir joué dans Carmilla.

Avez-vous lu le livre qui a inspiré la série ?
Elise : Je dois dire que c’est embarrassant à ce stade mais… Non je ne l’ai toujours pas lu. Je n’ai aucune excuse. A l’époque je voulais absolument garder en tête le monde qui avait été ré-imaginer pour la série. Mais bon c’est vrai que maintenant je devrais le lire ! Enfin j’ai l’impression de déjà savoir tout ce qui s’y passe, je me suis tout fait spoiler du coup !
Natasha : Je l’ai enfin lu, mais je ne l’ai fait vraiment qu’une fois avoir terminé le tournage des trois saisons et du film. Parce que je ne voulais pas être influencée par ce que j’aurais pu lire dans la version originale car selon moi, ce qui est vraiment spécial et unique dans la série c’est que ça a été adapté et ré-imaginer de façon féministe et plus moderne, donc je ne voulais pas trop m’enrichir du personnage original. Mais je l’ai lu maintenant et ça a été intéressant de voir ce qui a évolué et ce qui a été pris de la version originale pour le mettre dans la série. C’était génial de voir quels éléments ils ont pu prendre du livre pour les modeler de façon à ce que tout s’ancre dans le monde qu’ils ont créé pour Carmilla.

Était-ce difficile pour vous de jouer toujours dans un seul et même décor avec une seule et unique caméra immobile dans la série ?
Natasha : Je pense que le vrai challenge dans tout ça c’était la vitesse à laquelle on a dû tourner la série. On a tourné chaque saison en 4 jours seulement. Justement parce qu’on avait seulement un lieu et une seule caméra, ça nous permettait de beaucoup tourner mais pour nous, en tant qu’acteur.ices, c’était très dur de mémoriser les 40 à 50 pages de texte par jour. Après la plupart d’entre nous avait déjà fait du théâtre donc ça nous a un peu aidé.
Elise : Oui, c’est vrai que le rythme était un vrai challenge lors du tournage. C’était très dur. A la fin de la saison 3, on a eu l’opportunité de s’ouvrir un peu sur le monde sur les deux derniers épisodes, c’était super parce que c’était la première fois que ça nous arrivait depuis le début de la série ! En fait, je pense que la caméra fixe était surtout gênante pour les personnes un peu plus grandes, parce que si elles ou ils s’approchaient trop de la caméra, ils n’étaient plus dans le champs et étaient coupés. Bien sûr moi étant petite j’ai jamais eu ce souci, mais je pense que d’autres l’ont eu…

La série est principalement connue pour ses représentation LGBTQIA+. Est-ce que c’est quelque chose dont vous êtes fières ?
Natasha : Oh oui absolument ! Je pense que c’est vraiment un cadeau d’avoir eu l’opportunité de travailler sur une série qui est en accord avec mes valeurs personnelles, ainsi que mes expériences. On est des acteurs, on a pas toujours l’opportunité de travailler sur des projets qui nous tiennent à cœur, et il est possible que, dans le futur, je travaille sur des projets que je n’aime pas, donc je ne prends pas pour acquis à quel point Carmilla est spéciale. Puis, c’est vraiment épanouissant de pouvoir être moi-même avec mes fans. J’ai toujours été out en tant que personne queer, mais je ne l’ai jamais vraiment proclamé, je ne m’en sentais pas nécessairement fière. Je pense que si je n’avais pas travaillé sur Carmilla, je ne partagerais pas aussi facilement mes expériences. Donc c’est définitivement quelque chose que j’apprécie.
Elise : Oui, j’étais définitivement fière de faire partie de la série et du film. C’est étrange de voir à quel point tout a changé en quatre ans déjà. A l’époque, il y avait encore moins de représentation LGBTQ+ à l’écran. Donc c’était vraiment intéressant de voir le monde avancer et changer en même temps que Carmilla grandissait. On a pu voir de plus en plus de représentation… Il y a encore du chemin à faire, mais on en a déjà fait un bout.

La plupart des membres du casting de Carmilla sont des femmes. Pensez-vous qu’il est important que le public découvre de plus en plus de séries et même de films portés par des femmes ?
Elise et Natasha ensemble : Oui !
Elise : Oui je pense qu’il y a une nouvelle vague de personnages principaux féminins dernièrement, qui sont bien écrits et bien interprétés. Je pense que c’est génial, d’ailleurs je suis hyper enthousiaste concernant les derniers rôles pour lesquels j’ai auditionné. Après je pense aussi qu’on a besoin de plus de représentation non-binaire à l’écran. J’y porte beaucoup d’attention, donc j’espère que de plus en plus de séries sortiront avec des représentations de personnages non-binaires.
Natasha : Personnellement je pense qu’on a aussi besoin de plus de femmes derrière la caméra et plus de femmes pour écrire les histoires. Parce que j’ai l’impression que c’est devenu assez tendance d’avoir des femmes à l’écran pour porter un film mais je pense que certaines histoires ne sont pas écrites par des femmes et le devraient. Je ne pense pas qu’avoir un personnage principal féminin de façon systématique fasse de ton film ou de ta série une œuvre féministe. Je pense que ça vient de comment sont écrits les personnages féminins justement. C’est pour ça que je pense que ce serait bien d’avoir de plus en plus de femmes derrière l’écran, qu’il y ait plus de parité au moins. Parce que ce monde là est typiquement dominé par les hommes cisgenres. Pourtant c’est super excitant de travailler avec une équipe composée de femmes. Ça crée une ambiance positive et cool dans laquelle travailler.

Vous avez joué ensemble dans Carmilla mais aussi dans Slasher. C’est comment pour vous de travailler ensemble ?
Natasha :
C’est génial ! On a aussi travaillé ensemble sur un film qui s’appelle Almost adults il y a plusieurs années. C’est toujours une expérience positive et enrichissante. Elise est très talentueuse et travailler avec elle me pousse à donner le meilleur de moi-même. C’est super parce qu’on est à l’aise l’une avec l’autre et on se sent en sécurité ensemble. Ça va faire deux ans qu’on a pas travaillé ensemble maintenant, mais si jamais ça devait arriver à nouveau je pense que tout se passerait aussi bien que dans le passé parce qu’on se connait aussi en dehors du boulot. Disons que c’est facile de travailler avec quelqu’un qui est aussi un support.
Elise : Je pense que c’est fun d’avoir pu travailler ensemble sur différentes situations, différents mondes et différentes relations. On a pas travaillé ensemble depuis un moment c’est vrai, mais j’adore quand on se retrouve pour des panels ensemble en convention, c’est toujours fun d’être sur scène avec Natasha.

Regardez-vous des séries ? Si oui, vous conseillerez lesquelles ? 
Natasha : On vient toutes les deux de finir Russian Dolls. Sinon je regarde aussi Shameless toutes les semaines. J’ai aussi regardé une série qui s’appelle High Maintenance sur HBO. Ah et SMILF ! C’est écrit, réalisé et joué par une femme. C’est un peu autobiographique concernant le fait d’être une mère célibataire. C’est un bon exemple de vraie production féministe.
Elise : Tu as volé toutes mes réponses on regarde les mêmes choses… Je viens de finir la saison 8 de Shameless donc j’étais vraiment excitée à l’idée de rencontrer Elliot (Fletcher, ndlr) qui est là aujourd’hui parce que j’étais fan de son personnage dans la série (Trevor, ndlr). J’ai aussi binge-watch Russian Dolls… Sinon j’ai commencé et pas encore fini Sex Education que j’aime bien pour le moment.

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