[Calendrier de l’avent – Jour 2] Interview de Katrina Law et Ellen Hollman lors de la Rebels Spartacus V

Nous ouvrons aujourd’hui la deuxième case de notre calendrier de l’avent 2018 avec une double-interview de Katrina Law et Ellen Hollman, alias Mira et Saxa dans la série Spartacus, que nous avons pu rencontrer à l’occasion de la convention Rebels Spartacus V de People Convention à Paris les 6 et 7 octobre 2018. La série a fêté ses 5 ans cette année et cette dernière édition de l’événement dédié au show nous a donné l’occasion rêvée de parler avec les deux actrices de la fin du show ainsi que de la place des femmes dans l’industrie du cinéma et des séries.

La série Spartacus s’est achevée il y a 5 ans. Si vous pouviez retourner n’importe quelle scène de la série, ce serait laquelle ? Est-ce que vous feriez quelque chose différemment ?
Katrina Law : Je retournerais la scène de sexe entre Mira et Saxa qui a été coupée.
Ellen Hollman : C’est vraiment triste… Mais bon au moins on a encore une copie pour nous (rire).
KL : Oui c’est vrai on a une copie qu’on regarde tout le temps. Je ferais sûrement des choses différemment…
EH : Il faut dire qu’on a eu tellement d’expériences différentes depuis. Nous étions timides à cette époque (rire) !
KL : Oui donc voilà nous sommes d’accord ! C’est notre plus gros regret. (rire) Non plus sérieusement, si vraiment je devais retourner une scène, ce serait celle où Mira et Saxa se battent dans le camp de rebelles. C’était tellement fun !
EH : On aurait pu faire durer cette scène au moins trois fois plus que ce que c’était. J’aurais aimé qu’elle soit un peu plus longue…

Est-ce que vous vous sentez proches de vos personnages respectifs ?
KL : C’est une question intéressante parce que Mira était une esclave qui n’avait aucun contrôle sur sa vie. Elle n’avait même pas d’identité propre. On lui disait quand manger, quand dormir, avec qui coucher, quoi faire… Et d’un coup elle est devenue une warrior, une rebelle qui se bat pour sa liberté et est même morte pour ça. Donc je pense que sous cet aspect, c’est difficile de s’identifier à elle. Par contre, son histoire m’a appris beaucoup de choses sur moi-même et m’a aidé à grandir en tant qu’être humain et me découvrir en tant que femme. Plus les années passent et plus on a envie de savoir qui nous sommes, ce en quoi nous croyons, ce pourquoi on veut se battre… Donc, je ne crois pas avoir commencé ma vie au même stade que Mira, mais je pense avoir évolué, comme elle, pour devenir une femme plus forte que je ne l’étais il y a 10 ans par exemple.
EH : Saxa est un personnage tenace et féroce, ce sont deux choses que j’ai identifié très rapidement chez elle et que j’ai adoré développer. J’ai toujours une partie d’elle en moi.

Les femmes sont en minorité dans la série, donc vos personnages représentent une partie de la féminité de Spartacus. Est-ce que c’était difficile d’avoir conscience que la représentation féminine reposait en partie sur vos épaules ?
KL : Je pense que Spartacus est une série intéressante pour la représentation féminine. Justement parce que Spartacus est une série qui prend place lors de l’Empire romain qui est un monde pour les hommes. Donc déjà, si la série avait décrit un monde bâti pour les femmes…
EH : Ca n’aurait pas été juste (dans le sens « réaliste », ndlr).
KL : Oui voilà exactement. Mais, en même temps, je trouve quand même que Steven DeKnight (créateur et scénariste de la série, ndlr) et toute son équipe ont fait un superbe travail pour écrire des personnages féminins très forts, qui s’insèrent parfaitement dans ce monde d’hommes. Elles sont prêtes à tout et sont pleines de ressources pour manipuler les hommes et parvenir à leurs fins.
EH : Oui je suis d’accord. D’ailleurs si on regarde bien, chez les romains les femmes sont même plus importantes et ont plus d’influence que les hommes. Pas forcément physiquement parlant, mais elles savent très bien utiliser leur cerveau.
KL : Même chez les rebelles, le fait que les femmes se battent aux côtés des hommes sans que ces derniers ne rechignent, je trouve ça super. Ils sont pas genre « Non reste à la maison en sécurité à me faire à manger », au contraire c’est plutôt « Ah tu veux te battre ? Ok, super, tiens, prend une épée et joins-toi à nous, nous avons besoin de bras ». Donc, voilà, encore une fois, je pense que Steven DeKnight et son équipe ont fait un super travail sur les personnages féminins. Après oui, dans une société plus moderne comme celle d’aujourd’hui les objectifs ne sont pas les mêmes, mais il y a des personnages féminins exceptionnels dans Spartacus.

Mises à part Saxa et Mira, quel personnage féminin vous semble le plus marquant dans la série ?
KL : Je dois dire que j’ai un faible pour Naevia (rire)… J’adore Cynthia Addai-Robinson dans la vraie vie qui est une personne adorable. On a eu l’occasion de devenir proche pendant le tournage, particulièrement lors de la saison 2. J’ai adoré voir le personnage se développer, dans la dernière saison on se rend vraiment compte de tout le chemin qu’elle a parcouru. Sinon, un autre personnage qui m’a énormément marqué est en fait dans le préquel. Diona (Jessica Grace Smith), l’amie de Naevia. J’ai trouvé son histoire hyper émouvante, c’est impossible de ne pas être empathique à son sujet. Son histoire m’a brisé le cœur, et c’est probablement celle qui se rapproche le plus… Je ne sais pas, je trouve ça hyper fort comme histoire. C’est une esclave très jeune pour qui tout s’est toujours bien passé jusque là, du moins autant que possible, jusqu’à ce qu’elle atteigne cet âge où tout change… C’est si tragique, mais j’ai vraiment trouvé que c’était une storyline intéressante et forte.

Il y a beaucoup de polémiques en ce moment au sujet de la place des femmes à Hollywood. L’une d’entre elle concerne les réalisatrices. Pensez-vous que l’industrie a besoin de plus de femme derrière la caméra ?
EH : Absolument. Absolument. Pourtant les choses bougent un peu depuis à peu près deux ans, on le sait puisqu’il y a eu ce mouvement massif dans l’industrie. J’ai moi-même plus de propositions de travail qu’avant. Je ne sais pas si c’est parce que les gens ont comme un pistolet sur la tempe, #MeToo, mais rien que cette année plusieurs réalisatrices sortent de l’ombre, et ça provoque beaucoup d’enthousiasme, ce qui n’aurait pas été forcément le cas il y a genre 5 ans. Mais voilà, on place de plus en plus de femmes dans l’industrie histoire d’être plus politiquement correct, et de prôner la diversité. Mais surtout… On est vraiment putain de douées à ce qu’on fait. Donc… Il faut continuer à nous donner des opportunités.

Est-ce qu’il y a une réalisatrice avec qui vous avez particulièrement apprécié travailler ? Ou avez-vous une réalisatrice avec qui vous rêvez de le faire ?
KL : Il y a une réalisatrice sur Arrow, qui fait d’ailleurs beaucoup de réalisation de séries, avec qui j’ai adoré travailler, c’est Wendey Stanzler. C’est elle qui a réalisé mon premier épisode de Arrow dans lequel je joue Nyssa. Elle était très appliquée dans le fait de rendre le personnage intéressant, avec plusieurs facettes, à la fois une méchante, mais pas seulement, ainsi qu’une représentante de la communauté LGBTQ+ bien sûr. Elle était juste bienveillante tout en ayant les épaules pour diriger toute l’équipe. Elle est sûre d’elle, elle sait ce qu’elle veut sans jamais se montrer garce pour autant. Et vous pouvez demander à n’importe quel homme de l’équipe, que ce soit des acteurs, des techniciens ou des producteurs, ils ont tous le plus grand des respects pour elle. Sinon une réalisatrice avec qui j’adorerais travailler c’est Katheryn Bigelow.
EH : Mais oui ! Tu lis dans mes pensées ! J’aurais dit Katheryn Bigelow aussi tout simplement parce que c’est une des plus grandes depuis assez longtemps. Un de mes moments préférés ça a été de la voir se battre l’oscar du meilleur réalisateur avec son ex-mari, James Cameron. Elle présentait The Hurt Locker et lui Avatar, tout le monde à cran pour ce prix… Et c’est elle qui l’a gagné. C’est une belle reconnaissance de tout ce qu’elle a accompli. Après je pense aussi à Patty Jenkins qui a réalisé le film Wonder Woman, elle aussi a réussi a donner plusieurs facettes à ses personnages qui sont juste super badass et pleins de cœur. Le personnage de Wonder Woman est plein d’empathie et je pense juste sincèrement que les réalisatrices ont plus de facilité à créer ces dimensions chez les femmes que les hommes. Rien que dans la communication, on se sent plus libre de leur donner notre opinion.

Pensez-vous qu’il est plus difficile d’écrire de bons personnages féminins que masculins ?
KL : Non.
EH : Oh non ! Ça ne l’est pas ! C’est juste que la plupart des gens ne le font pas correctement. C’est ça le truc, c’est pas que ce soit difficile le problème. C’est juste que… La plupart des scénariste dans l’industrie sont des hommes. Qu’on veuille se l’avouer ou non c’est le cas. Et comment tu veux dresser le portrait d’une femme… Sans être une femme ? Tu peux faire de ton mieux hein, mais la plupart des hommes ne savent pas ce que c’est que d’avoir ses règles ou d’accoucher par exemple. Il y a tant de choses qu’un homme ne saura pas expliquer. Par exemple, le fait que lorsqu’une femme rentre dans un bar seule, elle est immédiatement perçue comme une proie.
KL : Je pense qu’un bon scénariste, homme ou femme d’ailleurs, saura s’entourer des personnes qu’il faut pour l’aider à écrire ce qu’il y a de meilleur. Je travaille sur une série qui s’appelle The Oath, et le créateur et scénariste c’est le genre a adorer la testostérone et toutes ces choses catégorisées masculines. Du coup, pour compenser, il a engagé des scénaristes femmes pour travailler avec lui.
EH : C’est très intelligent.
KL : Et il les écoute, leur demande leur avis parce qu’il aime ses personnages et les veut le plus juste possible. C’est un homme qui n’a pas ce problème d’ego, il ne pense pas une seule seconde des trucs du style « les femmes sont faibles », non non, au contraire, les femmes sont tout à fait capables.
EH : Je pense qu’on devient de plus en plus intelligent dans l’industrie à ce sujet quand même.

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