Samedi 14 décembre dernier, nous avons bravé grèves et tempête pour nous rendre à la Cinémathèque (Paris XIIe arrondissement). À l’occasion de son exposition « Vampires, de Dracula à Buffy » (qui se déroule jusqu’au 19 janvier), l’institution a concocté une programmation riche en hémoglobine, comprenant un exceptionnel marathon Buffy contre les vampires que nous ne pouvions pas manquer. Une première pour la Cinémathèque, jamais auparavant un marathon dédié à une série n’avait été projeté dans l’institution. Alors que l’exposition est assez pauvre en tueuse de Sunnydale face à l’iconique Dracula de Bram Stoker, l’institution a organisé deux événements autour de Buffy : le fameux et une conférence.
Une série dans une salle de cinéma, et pourquoi pas ?
Certain.e.s pourraient être un peu sceptiques face à l’idée de regarder une série télévisée dans une salle sombre pendant douze heures avec des centaines d’inconnu.e.s quand il est si simple de binge-watcher Buffy sur Prime Video (mais en version HD) directement de son canapé, plaid et thé à disposition, chat en option.
Néanmoins, regarder une série dans une salle de cinéma, est clairement une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie pour un.e sériephile. Lors d’une projection, on voit les épisodes différemment, plus intensément et l’attention se porte davantage vers les détails. Les sensations et émotions sont décuplées par l’immersion grâce à la grandeur de l’écran, la qualité du son et la communion entre les fans réunis dans un même endroit. Enfermés des centaines d’amateur.rice.s de Buffy et beaucoup de choses arrivent.
On ne va pas se mentir, il restait quelques appréhensions, notamment la peur d’être épuisé.e et de ne pas tenir jusqu’à minuit. Légitime. Mais, spoiler alert, tout s’est bien passé après une journée à Sunnydale. Aussi, un des avantages de ce type d’événements, on retrouve plusieurs têtes de la grande famille Buffy qui assistent aux Comic Con et aux conventions (telles que celles de Clouds Con et prochainement Big Bad Conventions) et qui viennent de toute la France.
Une programmation contestée mais qui a fait ses preuves
Avant le jour J, la Cinémathèque a réalisé un sondage consulté par plus de 20 000 personnes et voté par plus de 1 500 personnes pour élire leurs 12 épisodes préférés. Quelques jours avant le marathon salle Langlois, l’institution a révélé les résultats, plus ou moins surprenant (« Tabula rasa » , vraiment ?), puis l’ordre des épisodes sélectionnés :
« Bienvenue à Sunnydale, partie 1 » (Welcome to the Hellmouth)
« La fin des temps » (End of days)
« La fin des temps partie 2 » (Chosen)
« Meilleurs vœux de Cordelia » (The Wish)
« L’Apocalypse » (The Gift)
« Tabula rasa »
« Orphelines » (The Body)
« Innocence partie 2 »
« Acathla, partie 2 » (Becoming)
« À la dérive » (Normal Again)
« Un silence de mort » (Hush)
« Que le spectacle commence » (Once more with feeling)
Ce choix présente un réel parti pris, voire une certaine lecture de la série. Pour cette raison, il a été fortement critiqué sur les internets, et pour cause, projeter les épisodes de façon anachronique peut, à première vue, sembler un chouïa anarchique. Il s’est finalement avéré très intéressant, permettant de découvrir des épisodes sous un autre jour, faire le tour d’horizon des personnages marquants tout en soulignant la richesse et la qualité de la série. Étant donné que rien n’est gratuit dans l’écriture de Buffy, chaque élément de la narration a son importance et fait écho à un arc passé ou à venir dans la série. Diffuser à la suite, par exemple, le pilot et l’épisode final montre ainsi l’évolution des personnages et l’histoire qui arrive à sa conclusion en respectant les enjeux initiaux. Évidemment, ce choix ne simplifie pas la compréhension, à moins de connaître sur le bout des doigts la série, à chaque début d’épisode, il faut se replonger dans ce qui vient de se passer et ne pas se mélanger les pinceaux… Ce qui n’a pas dû être chose simple pour les deux personnes de la salle qui n’avaient pas vu Buffy auparavant, mais ils l’ont cherché aussi.
Le pari de la Cinémathèque a toutefois été relevé haut la main. Passé l’obstacle anachronique, qui offrait plus que ce qu’il ne dérangeait, le public a ri, pleuré en symbiose devant la mort de Joyce Summers, commenté les scènes, chanté timidement puis assurément les chansons de « Once more with feeling » et applaudi à chaque générique, signes d’une excellente projection. Quelques uns se sont assoupis quelques minutes devant « Tabula rasa », mais qui sommes nous pour les juger, ils prenaient certainement des forces pour l’apothéose de fin avec « Normal Again », « Hush » et l’épisode musical (les épisodes favoris de la rédaction soit dit en passant). Certain.e.s ont même crié leur joie lorsque Riley Finn (incarné par Marc Blucas) est apparu à l’écran dans « Hush » (oui, c’est possible, nous en sommes témoins).
Alors merci la Cinémathèque pour cette journée à Sunnydale. Que ce succès puisse marquer le début des marathons séries dans ce lieu d’exception. À suivre…