Dossier spécial : Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme

Depuis 2008, le 2 avril est consacré dans le monde entier à la sensibilisation à l’autisme, et à cette occasion, nous avons décidé de parler de cette pathologie qui touche moins d’1% de la population. Cette journée mondiale de sensibilisation à l’autisme a été proposée par le Qatar, puis soutenue par tous les États membres des Nations Unies.

Alors que certaines minorités arrivent enfin à être mieux représentées – bien que toujours pas suffisamment – à la télévision, au cinéma ou dans les livres, l’autisme manque toujours de représentations dans les œuvres grand public.

 

  • Le Trouble du Spectre Autistique (TSA) : quésaco ?

Les symptômes du Trouble du Spectre Autistique ont été découverts en 1908 par le professeur autrichien Théodore Heller. Le terme « autisme » a alors vu le jour trois ans plus tard grâce aux psychiatre Eugen Bleuler.

Le TSA est un trouble du développement se caractérisant par des divers comportements, comme des difficultés d’apprentissage social et de communication. Contrairement aux idées reçues, les personnes autistes peuvent aussi bien avoir une déficience intellectuelle qu’avoir une intelligence supérieure à la moyenne et il est très rare qu’elles développent du savantisme. L’autisme proviendrait d’un développement différent du cerveau lors de la formation des réseaux neuronaux. Il existe une multitude de formes d’autisme, la plus connue étant le syndrome d’Asperger.

Les personnes atteintes d’autisme sont également plus fréquemment touchées par d’autres pathologies comme l’épilepsie, l’hyperactivité, la dyslexie, les troubles obsessionnels compulsifs, la schizophrénie, le trouble bipolaire, etc. Elles sont également très souvent victimes de discriminations à l’embauche. Quelques initiatives ont alors été mises en place afin d’aider les personnes autistes à s’intégrer dans une entreprise. D’après plusieurs études, c’est principalement dans le milieu informatique que les autistes s’intègrent le mieux.

Max Braverman (Max Burkholder) – Parenthood (2010-2015)

 

  • L’autisme dans les séries

Seulement quelques rares séries ont osé parler ouvertement de l’autisme à travers son personnage principal. On pensera alors notamment à The A Word, Atypical et The Good Doctor, toutes trois lancées ces deux derniers années. C’est donc récemment que la communauté autistique a eu droit à quelques trop rares représentations à la télévision. Ces trois séries se complètent plutôt bien, puisqu’elles explorent la pathologie à trois âges différents : enfant, adolescent et adulte. Les trois traitent de l’autisme avec beaucoup de délicatesse et de sobriété.

Dans The A Word, nous suivons la famille de Joe (Max Vento), une petit garçon très renfermé qui passe son temps avec son casque audio sur les oreilles et peine à sociabiliser. Dès le premier épisode, le verdict tombe : ce qui ne semblait qu’être un comportement solitaire bouleverse alors la famille de Joe, qui devra composer avec cette nouvelle donnée. Ici, ce n’est pas Joe que nous suivrons – même s’il est toujours présent, bien sûr – mais sa famille et l’impact que cette nouvelle a eu sur leur vie. Tout est alors à reconsidérer : leur façon de se comporter avec lui, l’abandon de leurs rêves et leurs relations sociales. Dans The A Word, le point de vue de la personne autiste est complètement mis de côté et le garçon ne sert que d’accessoire à la série. C’est tout le contraire dans The Good Doctor, où le personnage du Dr Shaun Murphy (Freddie Highmore) est le centre de toute l’attention, aussi bien pour le téléspectateur que pour les autres personnages de la série. Les autres personnages sont alors complètement évincés et nous n’avons d’yeux que pour Shaun. Heureusement, son mentor, le Dr Aaron Glassman (Richard Schiff), lui, arrive à se faire une petite place dans la série. Finalement, c’est Atypical qui arrive le mieux à allier ce que vit son personnage principal, Sam (Keir Gilchrist), et ce que ressent sa famille au quotidien, ce qui peut être assez paradoxal pour une comédie, contrairement aux deux exemples précédents qui sont des drames. Nous pouvons également citer par exemple le personnage de Max (Max Burkholder) dans Parenthood, qui est autiste Asperger, ou encore Gary Bell (Ryan Cartwight) dans Alphas, qui a un don lié à son autisme, puisqu’il peut voir et interagir avec les transmissions par ondes électromagnétiques.

Enfin, si on examine de plus près les personnages d’autres séries, on pourra constater que certains s’avèrent avoir des comportements se rapprochant de celui d’une personne autiste. Parmi eux, nous pouvons bien sûr citer Sheldon Cooper dans The Big Bang Theory et Young Sheldon respectivement incarné par Jim Parsons et Iain Armitage, mais aussi à Monk (Tony Shalhoub) dans la série du même nom, Dewey (Erik Per Sullivan) dans la culte Malcolm ou encore Maurice Moss (Richard Ayoade) dans la série anglaise The IT Crowd.

Sheldon Cooper (Jim Parsons) – The Big Bang Theory (2007-)

 

  • L’importance de la représentation de l’autisme

La découverte de l’autisme étant encore récente (seulement un siècle !), sa représentation dans les œuvres populaires est encore très pauvre. En plus des séries déjà citées, on peut parler de plusieurs films, comme le cultissime Rain Man de 1988 avec Dustin Hoffman et Tom Cruise ou encore Silent Fall (1994), Crazy in Love (2005), Le monde de Nathan (2014),… Côté livres, l’autisme est représenté par exemple dans la littérature jeunesse avec Les autodafeurs de Marine Carteron, Je m’appelle Budo de Matthew Dicks ou encore Le bizarre incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon. Dans la littérature adulte, plus mature, nous trouvons plus facilement des romans autobiographiques et des témoignages, comme par exemple Louis, Pas à Pas de Gersende et Francis Perrin, qui raconte le parcours du jeune Louis, diagnostiqué autiste à l’âge de trois ans, et de ses parents.

Malgré une représentation accrue ces dernières années dans les œuvres populaires, nous pouvons nous poser la question de la réalité de celles-ci : sont-elles de bonnes représentations, toutes les formes d’autisme sont-elles autant représentées ? Nous nous rendons alors par exemple compte que la très grande majorité des autistes dans les séries, films et livres sont des hommes blancs. Également, nous voyons beaucoup plus de forme Asperger que les autres (d’où le fait qu’elle soit la plus connue du grand public). Il est très rare de voir un autiste à la télévision, au cinéma ou dans un livre ayant un retard d’apprentissage, privilégiant alors le savantisme, qui est pourtant un cas très rare. La représentation de l’autisme dans les séries et autres œuvres a donc encore énormément de progrès à faire…

Dustin Hoffman et Tom Cruise – Rain Man (1988)

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1 commentaire

Carteron MArine

le 6 avril 2018 à 17h31

Merci d’avoir cité les Autodafeurs dans votre article 🙂

Bises

Marine Carteron