Valeria : l’avis de la rédac’ sur la saison 1 !

SPOILERS ALERT :
Cet article contient des éléments importants de l'intrigue.

Valeria est la série féminine en vogue du moment. Présentée comme le « Sex and The City à l’espagnole », elle a débarqué sur Netflix le 8 mai et nous a fait découvrir la vie de Valeria, une jeune femme espagnole et ses copines presque trentenaires. Valeria rêve de devenir écrivain mais scrute sa page blanche en pensant avoir le syndrome de l’imposteur… La série est adaptée des quatre tomes de la saga littéraire éponyme (dont le premier a été publié en 2013) par l’autrice espagnole Elísabet Benavent.
Nous avons regardé les 8 épisodes de la première saison pour vous donner notre avis.

*attention : cette critique comporte des spoilers*

Des premiers épisodes très dynamiques

Dès le début, on accrochera à cette ambiance très festive typique de l’Espagne. La série est dynamique : Valeria (Diana Gómez) et ses copines Lola (Silma López), Carmen (Paula Malia) et Nerea (Teresa Riott) ont des vies bien remplies, entre travail, histoires sentimentales et autres activités. Les plans s’enchaînent très vite, sur fond de musique, ou sous la voix-off de Valeria, adepte des très longs messages vocaux à ses amies. La jeune femme court à droite et à gauche ou retrouve ses copines ou son mari Adrián (Ibrahim Al Shami J.). Les déambulations dans les rues d’un Madrid magnifique sont belles à voir.
Les musiques sont particulièrement efficaces dans Valeria. Il y a des séries où l’on ne remarque même pas les sons qui accompagnent l’intrigue, ici, c’est tout le contraire. Les différentes ambiances sont très bien marquées par des choix de morceaux musicaux variés et toujours adaptés, qui vont de pair avec des décors colorés qui attirent le spectateur.

L’envie d’écrire, la complexité de la vie : des situations auxquelles on croit

En plus de son dynamisme, le deuxième point fort de Valeria est le réalisme des premiers épisodes. La relation ambiguë de Valeria avec son désir d’écrire nous semble très réelle : elle a peur de s’être surestimée, mais en même temps elle est déterminée à écrire. Elle a besoin d’un emploi de gardienne de salle dans un musée, mais espère ne pas être prise pour pouvoir continuer à écrire, et n’ose pas l’avouer à son mari de peur de le décevoir.
Les acteurs sont tous très convaincants et l’on n’a aucun mal à croire à ce couple qui bat de l’aile, tant Valeria et Adrián sont crédibles en tant que femme et mari dont l’amour s’est perdu avec le temps. Ses trois amies ont aussi des caractères différents qui nous permettent rapidement d’identifier leurs problématiques de vie. Elles ne servent pas uniquement de faire-valoir au personnage principal. Elles ont leur propre intrigue qui donne lieu parfois à des situations cocasses et savoureuses notamment en ce qui concerne Carmen.
On sent le désir de tous ces personnages d’être heureux et libres, qu’il s’agisse de vivre de son art comme pour Valeria et son mari photographe, de vivre une histoire sentimentale sans peur pour Carmen, ou uniquement sexuelle pour Lola, et même d’être capable de faire son coming-out pour Nerea, qui n’a pas encore osé discuter avec ses parents de son homosexualité.

Une aventure amoureuse qui dérange

Dès le début, une Valeria en perdition dans son mariage et son art rencontre le beau Víctor (Maxi Iglesias), séducteur invétéré. Si l’on comprend rapidement qu’il va être une menace pour son couple, et que sa présence promet donc autant d’action que de réflexion, nous avons tout de même été gêné.e.s par cet arc narratif. Le fait que Víctor soit présenté comme un Don Juan nous empêche de le voir comme autre chose qu’une passade et donc un danger pour le mariage de Valeria. On a beau être friand.e.s de passion, on a, en toute logique, plus envie de voir un mariage un peu triste terminé par l’histoire d’amour d’une vie, que par une histoire sans lendemain avec un coureur de jupons qui risque de laisser Valeria plus mal qu’avant son arrivée.

Cette intrigue soulève bien des questions. L’époque actuelle de libération de l’individu va-t-elle jusqu’à cautionner l’individualisme d’un personnage ne se souciant en rien de briser un mariage ? Le spectateur doit-il se sentir ringard de ne pas approuver le personnage de Víctor parce qu’il ne présente pas une once de culpabilité à l’idée de piquer Valeria à son mari depuis six ans, quand manifestement, leur flirt est basé sur une attirance physique ? (On ne voit pas vraiment Valeria et Víctor consumés par de puissants sentiments d’amour l’un pour l’autre).
D’ailleurs, cette absence totale de respect pour un mariage est également très appuyée dans l’histoire de Lola qui couche avec un homme marié, Sergio, sans l’ombre d’un remord vis-à-vis de sa femme. On a le droit de ne pas approuver cela sans pour autant être taxé.e de slut-shaming, mot-valise et à la mode, utilisé à tort et à travers et souvent bien loin de son sens initial.
Ces raisons expliquent sans doute pourquoi on a du mal à avoir vraiment envie que Valeria tombe dans les bras de Víctor, d’autant plus que les tentatives pour sauver son couple ne sont pas très sérieuses, Valeria fuyant de plus en plus son mari qui tente de la récupérer, d’une manière certes très maladroite, mais néanmoins touchante. Bien sûr, Víctor la pousse à écrire, mais pendant longtemps, on peut voir cela comme une tactique pour se rapprocher d’elle. Quand, au final, Valeria assume finalement son attirance pour Víctor, et qu’on réalise que lui aussi voit cette histoire comme quelque chose de sérieux, on en est déjà à la fin de la saison, et il est trop tard pour s’attacher à ce nouvel amoureux qu’on n’a jamais trop senti…
On notera aussi le fait que sans crier gare, c’est l’époux de Valeria qui pense que la séparation serait mieux, comme c’est pratique ! Pas de larmes, pas de remords, le mari disparaît aussi soudainement du paysage, comme si tromper son mari et le quitter était sans conséquences, quand on sait à quel point un divorce peut s’avérer éprouvant.

Une femme qui écrit, n’est-ce-pas suffisant ?

Enfin, cette histoire de transgression vaguement sentimentale représente aussi un problème de taille : c’est que l’intrigue de Valeria est complètement détournée de l’écriture pour se concentrer une fois de plus sur un homme, sur une énième histoire sentimentale… Nous qui pensions que Valeria allait parler d’écriture, quelle déception de voir que cette intrigue est complètement parasitée par le désir pour Víctor.
Bien sûr, il n’y a aucun problème à désirer quelqu’un ou quelque chose, une histoire d’amour ou de la compagnie physique, mais comme il aurait été agréable pour une fois, que l’histoire du personnage principal d’une série féminine concerne son art, son écriture, sans avoir besoin d’y rajouter une présence masculine pour la rendre intéressante. En sachant que ses amies vivant elles-même des intrigues sentimentales, la série n’en aurait pas été dénuée.
Découvrir comment Valeria va réussir à terminer son roman n’était-il pas suffisant ? Fallait-il qu’elle y soit poussée par un homme ? Son texte érotique devait-il forcément être inspiré par la transgression ultime : coucher avec un autre homme que son mari ? Le mari doit-il être le dindon de la farce, l’homme qui a perdu son charme, et le mariage montré comme une erreur de jeunesse ? On se serait bien passé.e.s de ce genre de stéréotypes, qui, inconsciemment, placent un jugement de valeur sur celles et ceux d’entre nous qui valorisent le mariage.

Une deuxième moitié de saison un peu à la traîne…

Après un début de saison très dynamique, et un potentiel amant qui commence à alourdir un peu tout ça, le spectateur est confronté à une deuxième moitié de saison un peu à la traîne, qui est tout de même contrebalancée par quelques belles surprises.
Le problème de Valeria est qu’il s’agit d’une série inégale. Sur 8 épisodes, 2 se passent entièrement dans le même cadre (la maison des parents à Valence, sans aucune participation de ses amies) dont l’un sur une seule journée (dans l’appartement de Valeria). Ils s’avèrent très longs pour une série dont les épisodes peuvent durer jusqu’à 45 min, et l’on se prend parfois à regarder où l’on en est car on trouve le temps un peu long quand le montage et la musique dynamiques s’essoufflent un peu.
On regarde une Valeria perdue sans savoir où elle va, et sans même savoir où l’on a envie qu’elle aille… Víctor ? Adrián ? On est perdu soi-même… Ce qui finalement lasse. Les derniers épisodes manquent un peu de ce réalisme qu’on appréciait au début.

… avec tout de même de belles surprises

Valeria présente quand même de belles trouvailles, et notamment dans les derniers épisodes où la mise en scène connaît des moments particulièrement inventifs et prenants, et où le scénario réserve de bonnes surprises qui donnent envie de connaître la suite.
Mention spéciale au court générique à chaque fois renouvelé, et qui présente des éléments présents dans l’épisode d’une manière très colorée.
Enfin, si vous souhaitez améliorer votre espagnol, Valeria est faite pour vous !

En somme, on valide cette série très divertissante malgré quelques défauts. Valeria demeure audacieuse et visuellement très belle, avec des actrices aussi attachantes que leur personnage, des scènes cocasses et une Espagne qui donne envie de voyager.

En somme, on valide cette série très divertissante malgré quelques défauts. Valeria demeure audacieuse et visuellement très belle, avec des actrices aussi attachantes que leur personnage, des scènes cocasses et une Espagne qui donne envie de voyager.

Notre note :

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