Underground : l’avis de la rédac sur la saison 1!

Underground est une série historique créée par Joe Pokaski qui nous montre la vie des esclaves d’une plantation de Géorgie, aux Etats-Unis, qui décident de s’évader pour vivre une meilleure vie et surtout, pour récupérer leur liberté. Le personnage principal, Noah (joué par Aldis Hodge), essaie de rassembler un groupe d’hommes pour échafauder un plan d’évasion, mais il leur faudra parcourir près de 1000 kilomètres avant de gagner leur liberté.
La première saison d’Underground a obtenue de très bons scores : environ 3 millions de téléspectateurs pour chaque épisode et WGN America a renouvelée la série pour une seconde saison, mais quel est l’avis de la rédac ?

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  • Une leçon d’histoire sous des airs de thriller

L’esclavage semble être un sujet qui fait vendre et qui attire le public, après des films comme Django Unchained (réalisé par Quentin Tarantino) et 12 Years a Slave (réalisé par Steve McQueen), c’est la série Underground qui nous montre le sort qui était réservé aux esclaves qui tentaient de s’enfuir. La série dont la première saison compte 10 épisodes, a déjà été renouvelée pour une seconde saison et la chaîne ne serait pas contre un autre renouvellement si la saison prochaine fait d’aussi bons scores que la première.
Underground n’a pas la prétention de se faire passer pour 12 Years a Slave ou pour Django Unchained, mais plutôt de raconter une autre histoire, d’un autre point de vue, et ce en seulement 10 épisodes. La saison nous raconte l’injustice de l’esclavage, avant et pendant la Guerre Civile des Etats-Unis. Alors que les quatre premiers épisodes se focalisent sur la violence des blancs envers les esclaves avec des scènes d’oppression, de punition, d’actes de violences, cela reste secondaire par rapport à l’intrigue de Noah (Aldis Hodge) et son plan : il veut fuir la plantation. Son premier essai est un échec, il est capturé et ramené. Ces quatre premiers épisodes sont donc la construction du plan et de la meilleure équipe possible pour que le plan réussisse.

Les esclaves ont cherché à fuir et à s’échapper depuis que l’esclavage existe, mais dans l’histoire des Etats-Unis, les « esclaves fugitifs » étaient des esclaves qui fuyaient leurs maîtres et voyageaient sans autorisation. Généralement, ils cherchaient à gagner des états ou des territoires où l’esclavage était interdit, comme le Canada par exemple. La loi, à l’époque, tentait de contrôler le voyage des esclaves en les forçant à avoir des passeports officiels s’ils voyageaient sans leurs maîtres. C’est l’Acte de 1850 qui a renforcé les peines contre les esclaves fugitifs et les personnes qui tentaient de leur venir en aide. Les esclaves tentaient alors de quitter les Etats-Unis par groupe, pour gagner le Canada ou le Mexique. Pendant la période ou l’esclavage était légal aux Etats-Unis, environ 100 000 esclaves ont gagné leur liberté en fuyant.

On pourrait penser que tourner la série vers l’action, l’excitation de la fuite pourrait minimiser la douleur et les conséquences de l’esclavage mais Underground parvient, grâce à un mélange de styles et d’idées (musique moderne, réalisation et mise en scène plus classiques, scénario prenant…) à ne pas tomber dans le vulgaire et à respecter le thème abordé. La série ne noircit pas le tableau, mais elle n’adoucit pas non plus le destin des personnages. La caméra est sans cesse en mouvement, à la poursuite des personnages alors qu’ils fuient.

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  • Des personnages construits et utiles à l’intrigue

La force d’Underground, c’est bien sûr son contexte historique, mais également ses personnages qui permettent à l’intrigue d’avancer à chaque épisode et de ne pas stagner, de ne pas nous lasser et de nous faire revenir chaque semaine pour découvrir quel sera leur sort. Grâce au jeu des acteurs, nous nous attachons rapidement à eux, qu’ils soient pauvres ou riches, méchants ou gentils, noirs ou blancs… Chaque « camp » et chaque catégorie sociale et représentée dans cette série, ce qui nous permet d’aborder l’esclavage et cette époque sous tous les points de vues.

Les personnages principaux, les esclaves, sont bien sûrs ceux qui nous intéressent le plus et qui tissent le plus de liens lors de leur fuite vers la liberté. Certains viendront même à en perdre la vie en route. Noah (Aldis Hodge) est notre personnage principal, c’est « grâce » à lui que l’intrigue prend place : il décide de réunir des hommes pour échafauder un plan et s’enfuir, cela prend quelques épisodes avant de se mettre réellement en place et qu’ils puissent s’enfuir de la plantation. Noah, c’est le personnage fort d’Underground, le leader des troupes qui n’a peur de rien, et surtout pas d’exprimer ses opinions, ni de mourir pour sa cause (même si arriver en vie au bout serait tout de même un petit bonus).
Le personnage qui évolue le plus est celui de Rosalee (Jurnee Smollett-Bell) : elle passe de celui de servante polie et respectueuse à celui d’esclave en fuite et rebelle, sans oublier sa relation avec Noah qui prend de l’ampleur au fur et à mesure qu’ils parcourent des kilomètres ensemble. Bien que leur rapprochement soit prévisible, il se fait tout en douceur et ne se concrétise qu’à la toute fin de la saison ce qui n’alourdit en rien l’aspect historique de la série. Une romance peut parfois arriver comme un cheveux sur la soupe, surtout dans des séries historiques qui abordent des sujets importants et forts, comme ici dans Underground. Les scénaristes ont donc très bien dosé la chose. Ce sont les deux personnages principaux de la série, même si d’autres viendront nous marquer pendant divers épisodes, comme Cato (joué par Alano Miller) ou Ernestine (jouée par Amirah Vann), la mère de Rosalee.

En plus des personnages de couleur, nous avons toute une flopée de personnages blancs qui viennent les accompagner ou les poursuivre. L’intrigue de la fuite des esclaves est centrale, mais elle n’est pas la seule intrigue de la série et d’autres viennent se rajouter à celle-ci, ce qui vient parfois rendre les choses un peu compliquées, mais beaucoup plus réalistes. Nous avons par exemple August Pullman (incarné par Christopher Meloni, acteur de New-York Unité Spéciale), le chasseur d’esclaves qui brutalise les fugueurs quand il leur met la main dessus, mais qui tente également de tisser un lien avec son fils qui périra des mains de Rosalee. Nous avons également un couple d’américains, campés par Jessica De Gouw (aperçue dans Dracula) et Marc Blucas (Riley dans Buffy contre les Vampires) qui tentent également de libérer des esclaves. Bien que je trouve que ces deux rôles soient moins bien exploités que les autres personnages, ils apportent un autre aspect à l’intrigue et lui permette d’évoluer.

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  • Une intrigue trop compliquée

 S’il y a bien un problème dans cette première saison, c’est justement cette intrigue et ses nombreux personnages. Bien que cela pourrait être perçu comme un point fort (on ne s’ennuie pas une seconde), il est facile de se perdre et d’oublier le but premier de l’intrigue : la fuite des esclaves de la plantation pour gagner leur liberté. L’émancipation des esclaves et le développement de la compagnie Underground Railroad sont deux sous-intrigues qui méritent notre intérêt, mais les épisodes centrés sur ces intrigues donnent un rendu inégal si l’on regarde la saison d’un point de vue global.
L’axe concernant le couple Hawkes (joué par Jessica De Gouw et Marc Blucas), un couple bien intentionné qui va tenter de libérer des esclaves en touchant du bout du doigt l’illégalité ne fonctionne pas vraiment. C’est comme si le couple vivait dans une bulle, ils ne sont confrontés à aucun des autres personnages à part August Pullman et Rosalee en fin de saison, ce qui fait qu’ils n’ont presque pas de lien avec l’intrigue principale… August Pullman, quant à lui, est un homme tiraillé entre sa famille et son travail, mais son personnage et l’intrigue qu’il mène est rendue plus intéressante, de par sa performance et son charisme et parce qu’il ne cesse de croiser les autres personnages.

Il aurait peut-être été utile pour Underground de supprimer une ou deux de ces intrigues secondaires, surtout dans le début de la saison, pour que les choses s’installent plus simplement et permettent au spectateur de bien comprendre les choses avant de le bombarder d’informations. L’intrigue principale et la façon dont la série approche cette histoire sont tellement passionnantes et dynamiques, il n’y avait pas besoin d’en rajouter autant ni de faire faire de détours au téléspectateur.

Ma note : 4/5. Une très bonne série qui aborde un thème important de l’histoire des Etats-Unis (et de notre civilisation) grâce à des personnages forts et attachants, mais qui se perd parfois dans son intrigue trop compliquée. 

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