The Night Of : l’avis de la rédac’ sur la saison 1

The Night Of est une série de Richard Price (The Deuce) et Steven Zaillian (Gangs of New York) diffusée pour la première fois en 2016 sur HBO. La saison 1 s’est achevée sur Canal + la semaine dernière, place au bilan.

Plus qu’un Thriller

Une seule nuit peut-elle faire basculer la vie d’un homme ? C’est en quelque sorte la question autour de laquelle tourne The Night Of dont le titre donne à lui seul les clés pour comprendre la série. The Night Of, « La nuit de » en français, une phrase incomplète qui suscite un tas de questions : la nuit de quoi ? Du crime ? Pourquoi la phrase est-elle inachevée ? Cette nuit-là va être au centre de l’intrigue tout au long de la saison, sans qu’on ne sache jamais vraiment ce qui s’est passé. Un soir, Nasir Khan (Riz Ahmed), un jeune homme à l’air innocent décide d’emprunter le taxi de son père sans permission afin de se rendre à une fête. Mais lors-qu’Andrea, une brune ténébreuse, entre dans son taxi, il se laisse entraîner dans la nuit la plus folle de sa vie. Hélas, à son réveil, Naz découvre le corps sans vie de la jeune femme. Pire, il est arrêté en possession de l’arme du crime, et désigné comme le principal suspect.

Si le point de départ n’a rien de renversant, la façon dont la question est traitée est, elle, très intéressante. The Night Of n’est pas un simple thriller, c’est une série adulte, intrigante et d’une grande richesse dans l’interprétation comme dans la réalisation. L’intrigue se déroule lentement et compte sur la patience du téléspectateur, l’invite à réfléchir sans porter de jugements hâtifs. Ce qui frappe, c’est le réalisme avec lequel l’intrigue est abordée. Loin d’être idéalisée comme dans beaucoup de fictions, la police est montrée telle qu’elle est. Le commissariat débordé, les erreurs de procédures, les heures supplémentaires, rien n’est oublié afin de dresser un tableau aussi proche de la réalité que possible. La force de The Night Of c’est de faire oublier au spectateur qu’il regarde une œuvre de fiction, à ce titre la série a presque des airs de documentaire.

L’innocence remise en question

Dans le premier épisode, on découvre Nasir Khan, un jeune homme qui d’emblée nous paraît sympathique, touchant. Alors, quand il se retrouve accusé de meurtre, c’est assez naturellement que l’on se range de son côté. Pourtant, la série va nous montrer que la ligne entre innocent et coupable est parfois bien mince et la vérité bien difficile à retrouver. D’un jeune homme fluet et naïf, Naz va peu à peu se transformer en un véritable criminel. Son passage en prison le change drastiquement, une transformation autant psychologique que physique : c’est un homme au visage fermé, au crâne rasé et tatoué que nous avons devant les yeux à la fin de la saison. Le personnage est pris dans un engrenage infernal, et sans nous imposer de jugement, la série nous insuffle un doute grandissant quant à sa culpabilité. À la fin de la saison, on ne reconnaît presque plus le personnage qui nous avait semblé si innocent dans le pilot. D’ailleurs, le doute plane encore après le générique de fin, les huit épisodes auront suffit à ébranler ce qu’on pensait acquis. Riz Ahmed nous livre une performance époustouflante, il interprète cette évolution et les différentes facettes de son personnage avec beaucoup de vérité. C’est définitivement un jeune talent à ne pas oublier.


Une série engagée

Si The Night Of est une œuvre frappante, c’est d’abord par sa tonalité critique. En effet, la série aborde des questions de société et de politique sans langue de bois. Naz est dès le début confronté au racisme vis-à-vis de sa religion puisqu’il se fait insulter gratuitement pas deux jeunes qu’il croise dans la rue. De plus, ses parents se heurtent à un mépris apparent lorsqu’ils essaient de savoir ce qui est arrivé à leur fils. Dans un climat de xénophobie, le sort de Naz semble scellé d’avance. Certes, il est arrêté avec l’arme du crime, mais la justice repose sur un principe fondamental : un homme doit être considéré innocent jusqu’à preuve du contraire. Pourtant, le jeune homme est dès le début traité comme un criminel. Dès le premier épisode, la série montre que les droits fondamentaux sont purement théoriques et bafoués au premier faux pas. Par exemple, un citoyen moyen ne pourra pas se permettre un bon avocat dont les honoraires exorbitants sont évoqués dans la série. The Night Of critique un système où l’argent et le racisme se dresse entre un homme et sa liberté.


Malgré ce regard pessimiste sur le système judiciaire américain, la série garde une lueur d’espoir en la personne de John Stone, l’avocat qui va défendre Naz. Interprété avec justesse et sensibilité par John Turturro (Monk), Stone est un homme rejeté et en marge du système dont la personnalité apporte une touche tragi-comique à la série. Il est le dernier à se dresser entre Khan et la condamnation qu’on lui destine. Il se révèle tout particulièrement dans le plaidoyer final où il rappelle le droit à la justice pour tous, oublié durant l’affaire. Turturro, comme tous les autres membres du casting nous livre une prestation remarquable dans ce rôle.

Points négatifs :
– des longueurs (notamment dans les scènes de procès)

Points positifs :
– le casting, méconnu mais brillant
– l‘évolution des personnages
– le réalisme qui nous invite à réfléchir

En bref, The Night Of est une très belle découverte, et devrait convenir à tous ceux qui recherchent une série adulte sur laquelle réfléchir. HBO nous offre une nouvelle série dont la réalisation est impeccable et l’intrigue solide. De plus le choix des acteurs, méconnus pour la plupart, est judicieux et permet de s’éviter des à-priori, d’autant que tous nous impressionnent dans leurs rôles respectifs. Nous à la rédac’, nous avons beaucoup accroché ! Note : 4/5

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