The Expanse : l’avis de la rédac’ sur la saison 2 !

Série de science-fiction plutôt confidentielle, The Expanse gagne à être connue. Adapté de la série de livres éponyme de James S.A. Corey, le show en est déjà à sa seconde saison et vient d’être renouvelé pour une troisième saison par sa chaîne de diffusion, la bien nommée Syfy. Le final a laissé plusieurs questions en suspens… Mais dans l’ensemble, que vaut cette saison 2 ?

 

  • Le space opera par excellence

Il y a peu à dire sur The Expanse. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il s’agit d’un show exceptionnel en tout point. Série de science-fiction par excellence, c’est peut-être là son plus grand défaut et sa meilleure qualité. Le show est en effet réservé aux amateurs de pure science-fiction puisque l’action se déroule à 90% du temps dans l’espace. Dosant parfaitement action et suspense, intrigues politiques en tout genre, effets spéciaux réussis, un peu de romance, le show réunit tous les ingrédients nécessaires au cahier des charges d’un bon space opera. Digne héritière de Battlestar Galactica et Firefly, la série est bluffante de réalisme de par son visuel esthétiquement soigné. Toutefois plus sombres que ses cousines Dark Matter et Killjoys elles aussi diffusées sur Syfy, The Expanse part dans une direction plus intense dramatiquement parlant et chaque épisode est une plongée en apnée vers un univers captivant. Certains épisodes sont même d’une poésie bouleversante, à l’instar du cinquième, intitulé Home, où [SPOILER] Miller (Thomas Jane) se sacrifie pour sauver la Terre en restant avec Julie (Florence Faivre). 

 

  • Une seconde saison qui s’éloigne de la première 

En saison 1, nous avions une intrigue policière sur Terre où Miller menait l’enquête pour retrouver Julie, et en parallèle une intrigue politico-spatiale avec James Holden (Steven Strait), son équipage, Fred Johnson (Chad L. Coleman) et l’OPA. Cette fois, les événements prennent une dimension plus large dans le but d’éviter une guerre intergalactique et une invasion extraterrestre. L’action se déroule principalement dans l’espace et le conflit Terre/Mars est au cœur de l’histoire, avec bien évidemment, l’expansion (« the expanse » en anglais, d’où le titre de la série, ndlr) de la protomolécule dans la galaxie. Miller, qui faisait autrefois cavalier seul, est désormais intégré à l’équipage du Rocinante. Querelles politiques, romance, combat spatial, existence extraterrestre, cette seconde saison part dans une direction complétement différente de la première et le conflit Terre/Mars est réellement le nerf de l’intrigue, avec l’arrivée d’un personnage-clé, Roberta « Bobbie » Draper (Frankie Adams). Pour ceux qui aimaient le côté policier de la saison 1, ce changement de direction est quelque peu déstabilisant mais permet de recentrer l’intrigue sur le danger qui guette l’univers et surtout sur le genre de la série, la science-fiction à l’état pur. 

 

  • Une réalisation époustouflante

Il est toujours difficile d’adapter un roman de science-fiction à l’écran et surtout à la télévision, où le budget est bien plus restreint qu’au cinéma. Toutefois, The Expanse relève le défi grâce à une réalisation époustouflante. Effets spéciaux soignés, sens du détail, réalisme, bon usage de la bande-son… Tous les éléments sont réunis pour rendre crédible cette adaptation, là où d’autres shows de Syfy ont pâti d’une lacune en effets spéciaux (Olympus en étant l’exemple le plus flagrant). La série arrive alors à nous transmettre des émotions au travers d’images esthétiquement parfaites telles que dans l’épisode 5, Home, avec l’invasion de la protomolécule sur Eros qui ressemble à des lucioles; dans l’épisode 7, The seventh man, avec un gros plan sur un flocon de sang rouge vif ou dans l’épisode 8, Pyre, lorsque [SPOILER] les « inners » (habitants de la ceinture d’astéroïdes, ndlr) sont expulsés du vaisseau des réfugiés de Ganymède et qu’on les voit flotter dans l’espace alors que leur dernière bouffée d’oxygène quitte leur corps. De cette superbe esthétique naît une certaine poésie, et il y a alors de la beauté dans l’horreur. Dans un autre registre, la scène où Alex (Cas Anvar) se retrouve seul dans le Rocinante dans le dixième épisode, Cascade, se veut impressionnante de maîtrise technique et de réalisme. Quant à la mise en scène des acteurs, elle se veut intelligente puisque les personnages parlent avec des accents différents, selon le lieu où ils sont nés (Ceinture d’Astéroïdes, Terre, Mars). Ces différences témoignent aussi d’un message plus profond de la série, celui de la xénophobie et du racisme. L’univers a certes été colonisé il y a de nombreuses années mais tous les humains viennent de la Terre et comme on peut le voir dans l’épisode 8, les « inners » sont pourtant considérés de race inférieure aux martiens.

 

  • A la recherche de la vérité

Il y a deux types de vérité : la vérité universelle et la nôtre, celle qui nous est propre. Dans cette recherche, deux personnages emblématiques de cette seconde saison : Chrisjen Avasarala (Shohreh Aghdashloo) et Bobbie Draper. La première, politicienne terrienne aux Nations-Unies, recherche la vérité universelle, celle définie par la loi. La seconde, sergente martienne des Marines, recherche sa propre vérité. Toutes deux sont des femmes fortes, à l’instar des autres personnages féminins du show, à savoir Naomi Nagata (Dominique Tipper), membre de l’équipage du Rocinante; Drummer (Cara Gee), le bras-droit de Fred Johnson, et anciennement Julie, qui a tristement fini en dommage collatéral des projets de son père, Jules-Pierre Mao (François Chau). 

Sous-secrétaire générale des Nations-Unies, Chrisjen est chaque jour confrontée aux politiciens et à leur sens douteux de la moralité. On y voit, comme partout ailleurs, qu’il y a beaucoup de manigances et de mensonges. Cependant, Chrisjen cherche par tous les moyens à connaître la vérité et à protéger l’univers colonisé d’une guerre imminente. Elle a alors l’idée d’un sommet de paix entre la Terre et Mars, et n’hésite pas à pactiser avec un terroriste pour démêler le vrai du faux. Alors que son supérieur, le secrétaire général Sadavir Errinwright (Shawn Doyle) lui avouera [SPOILER] avoir participé à la création de l’arme extraterrestre humanoïde avec Jules-Pierre Mao, elle ira au bout de ses convictions et se retrouvera en bien mauvaise posture. Chrisjen se montrera incorruptible jusqu’au bout et sa détermination permettra à la Terre d’éviter la guerre avec Mars. Quant à Bobbie, elle cherchera à savoir ce que cachent ses dirigeants et par extension, le gouvernement de Mars, et cette recherche passera par une introspection dans laquelle elle trouvera sa propre vérité. Bobbie fera des choix qu’elle devra assumer. Dans sa quête, une réflexion nous frappe : voir l’océan nous semble être une chose simple, mais pour Bobbie il s’agit d’un parcours semé d’embûches qui débouchera sur une révélation. Nous n’avons donc pas tous la même vérité et c’est le message qui se dégage de cet épisode 10 dans lequel Bobbie trouve sa voie. A l’inverse de ces deux protagonistes, Naomi choisit le mensonge en faisant croire avoir détruit l’échantillon de protomolécule mais au final, elle aussi suit sa propre vérité puisqu’elle pense avoir pris la bonne décision et ce, afin d’étudier l’échantillon pour trouver un remède. Dans le season finale, Naomi révèle enfin la vérité à Holden.

 

  • En conclusion

Points positifs :
– le générique, très lyrique et esthétique, à l’image du show
– la réalisation et les effets spéciaux soignés
– les personnages de Miller, Bobbie et Chrisjen
– le réalisme de la série
– l’épisode 5, Home, d’une poésie bouleversante

Points négatifs :
– une série plutôt confidentielle, réservée aux passionnés de science-fiction
– le manque d’alchimie entre Steven Strait et Dominique Tipper, qui forment pourtant le seul couple de personnages du show

Notre note : 4,5/5. Sans doute la meilleure série de science-fiction actuelle.