Shameless : l’avis de la rédac’ sur la saison 8 !

Le 28 janvier dernier sur Showtime aux États-Unis a été diffusé le final de la saison 8 de Shameless dans lequel nous avons vu pour la dernière fois l’actrice Isidora Goreshter, l’interprète de Svetlana. Renouvelée pour une saison 9 depuis déjà plusieurs mois, Shameless semble ne jamais s’épuiser et nous offre à chaque saison des intrigues et des dénouements ayant toujours le même goût de « revenez-y ».

Attention, spoilers !

 

  • Une critique ouverte des normes sociétales

Shameless a toujours été une série qui n’hésite pas à faire passer des messages forts, quels qu’ils soient, et dans cette huitième saison, elle ne déroge pas à la règle en allant même encore plus loin. Ainsi, la série nous offre tout d’abord une métaphore de l’Amérique de Donald Trump dès les premiers épisodes. En effet, la dimension politique est brièvement abordée – bien que cela ne soit pas vraiment explicite – lorsque Veronica (Shanola Hampton) et Kevin (Steve Howey) appellent les autorités pour dénoncer Svetlana au service de l’immigration. Malheureusement, il s’agira d’une intrigue trop courte pour vraiment l’exploiter à son maximum.

La lutte contre le rejet des personnes LGBT+ est également mise sur la table par l’intermédiaire évidente de Ian (Cameron Monaghan), mais aussi de son petit-ami Trevor (Elliot Fletcher) et d’une multitude de personnages secondaires. Ainsi, Ian devient un symbole pour tous les opprimés, notamment dans le cadre religieux, en créant et devenant le leader du mouvement « The Church of Gay Jesus ». Malgré une écriture maladroite et répétitive, il faut tout de même admettre que le personnage soutient une cause noble et admirable qui a pu avoir un certain impact à la fois sur les jeunes personnages dans Shameless, mais aussi sur les téléspectateurs qui peuvent se sentir concernés par le sujet.

Le racisme est clairement dénoncée avec le plus jeune de la fratrie Gallagher, Liam (Christian Isaiah), qui entre dans une école huppée et devient alors « le noir de l’école ». En effet, dès qu’une visite avec un parent intéressé pour que son enfant entre dans l’école est organisée, le jeune garçon est appelé à sortir dans la cour et à se montrer tel un animal en zoo. Malheureusement, cette storyline n’est pas exploitée jusqu’au bout et après seulement quelques épisodes, l’histoire est complètement mise de côté au profit de celle de Ian.

Le personnage de Debbie (Emma Kenney), lui, démontre que le système de santé des États-Unis est à revoir et pénalise les personnes avec peu de moyens. Ainsi, la jeune femme doit se faire opérer ou elle perdra l’usage de son pied… N’ayant pas les moyens de se faire opérer et ne voulant pas perdre son pied, elle décide alors de demander à son petit frère Liam de couper lui-même ses orteils – mais c’est finalement son père qui le fera. De même, afin de payer ses études coûteuses, Debbie décide de dénicher et de revendre de la drogue, ce qui montre donc également les inégalités flagrantes dans l’éducation et une fracture socio-économique évidente dans le pays. On peut également parler de Fiona (Emmy Rossum) et de sa relation conflictuelle avec Ian, démontrant de nouveau cette fêlure sociale progressive au sein d’une même famille. Par la suite, Fiona décide d’offrir un toit temporaire à une famille dans le besoin, pour finalement se faire attaquer en justice et se faire voler son appartement par celle-ci.

 

  • Des personnages aux évolutions inégales

Tous les personnages principaux de Shameless ont évolué dans cette saison, chacun a gagné en maturité – certains plus que d’autres -, à commencer par Lip (Jeremy Allen White), qui semble être le seul à s’occuper de lui et des autres, sans jamais oublier d’où il vient et ce qu’il a vécu. Il est clairement devenu en l’espace de deux saisons un personnage bien plus intéressant et complexe qu’auparavant. Il sait ce qu’il fait et surtout ce dont il est capable de faire, à l’image de sa relation avec Sierra (Ruby Modine) à laquelle il décide de mettre un terme pour leur bien à tous les deux.

Frank (William H. Macy) a, lui aussi, semble-t-il, évolué plutôt positivement, puisque le père de la famille Gallagher semble ne plus boire et essaye de prendre ses responsabilités, notamment financièrement, puisqu’il trouve un travail dans lequel il excelle. Malheureusement, même si on peut lui reconnaître sa soudaine sobriété et son envie de devenir une personne bien, Frank succombe rapidement à l’argent facile avec ses trajets jusqu’à la frontière canadienne ou encore lorsqu’il incite Liam à cambrioler la maison des parents de son ami riche. Fiona, quant à elle, fait tout pour réussir et va jusqu’à écraser Ian dans un combat gagné d’avance pour l’obtention d’un immeuble. Elle oubliera alors pendant de nombreux épisodes d’où elle vient et nous fera la détester une bonne partie de la saison, avant de revenir à ses origines en décidant de laisser vivre une famille pauvre dans l’appartement qu’elle s’apprêtait à prendre pour elle dans son nouvel immeuble. La mauvaise expérience de cette bonté la renouera certainement avec son ancienne elle pour le restant de la série, comme on a déjà pu le voir à la fin de la saison 8 lorsqu’elle récupère son chien avant d’enfumer l’appartement et de faire du chantage aux squatteurs. De son côté, Ian, est en guerre permanente avec l’autorité et se bat pour une cause en laquelle il croit. Il devient alors le leader du « The Church of Gay Jesus », un symbole et un modèle pour beaucoup de jeunes en détresse familiale et identitaire, quitte à se mettre à dos sa grande sœur. Son évolution a beau être un concentré de bienveillance, de courage et de volonté, elle est pourtant très mal maîtrisée.

Du côté des plus jeunes de la famille, Carl (Ethan Cutkosky) est constamment tiraillé entre deux choses qu’il aime par dessus tout : l’école militaire et Kassidi (Sammi Hanratty), sa petite-amie timbrée qui va jusqu’à le menotter pour l’empêcher d’intégrer son école et le garder auprès d’elle. Vue de l’extérieur, sa storyline parait absurde, voire incompréhensible, mais prend un nouveau tournant très appréciable dans le dernier épisode lorsque Liam le libère de ses menottes et qu’il court prendre son bus. Debbie est sans doute la plus mise à l’écart de la famille cette saison. Alors qu’elle était tout simplement insupportable dans la saison précédente, on découvre dans cette saison une Debbie bien plus mature, se posant même la question de la garde partagée avec Derek (Luca Oriel) pour le bien de leur fille Franny. Du côté de Liam, trop peu mis en avant sûrement dû à son jeune âge, il n’aura qu’une seule intrigue durant la saison, celle d’être « le noir de l’école ». Si cette histoire n’aura duré que quelques épisodes, nous sommes cependant très heureux de découvrir que le jeune garçon ne prend pas le même chemin que son père en le piégeant lorsqu’il souhaite cambrioler la maison d’un ami riche.

Enfin, le trio formé par Veronica, Kevin et Svetlana est sans doute la partie la moins intéressante de la saison, puisqu’il est clair que les scénaristes ne savent plus quoi faire avec ces trois personnages. Leur évolution est au point mort et le mariage de Svetlana avec le vieil inconnu ne sert absolument pas le personnage, pourtant très apprécié des fans dans les saisons précédentes. De plus, le manque de lien entre Fiona et le couple Fisher-Balls est manquant et décevant. Finalement, nous ne retiendrons de ce couple qu’une succession d’anecdotes futiles et sans intérêt (le cancer du sein de Kevin, sa famille biologique, leurs tendances sado-masochistes,…).

 

  • Une sensation d’inachèvement

Cette saison, tout en restant d’un niveau tout à faire correct, est en dessous des autres pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la saison se termine avec un épisode tout à fait banal, contrairement aux saisons précédentes qui nous laisser mariner dans notre jus pendant un an avant de connaître le dénouement du cliffhanger. Les sept saisons précédentes ont toutes eu droit à une fin en apothéose, nous faisant revenir inévitablement pour une saison supplémentaire. Ici, le seul cliffhanger à noter est celui concernant la storyline de Ian, puisque le jeune homme se fait arrêter par les autorités, le sourire aux lèvres, lors d’une manifestation bruyante non autorisée. Toutes les autres storylines, elles, semblent être plus ou moins résolues, laissant une sensation de vide à la fin de l’épisode.

De plus, dans cette saison, les Gallagher ne sont plus liés comme avant. Ils ont toujours des galères, bien sûr, mais il s’agit de galères indépendantes des autres, qui ne se croisent jamais. Ainsi, on a : Fiona et son immeuble, Lip et sa lutte contre l’alcool, Ian et sa cause LGBT+, Carl et sa cinglée de petite-amie, Debbie et ses études, et Liam et le racisme. Toutes ces histoires sont juxtaposées, sans jamais se croiser, à l’exception de Ian et Fiona qui se déchirent le temps de quelques épisodes pour l’obtention de l’immeuble. Aucun problème ne vient déranger la famille au complet comme on en a eu l’habitude dans les saisons précédentes, notamment quand leur mère Monica (Chloe Webb) revenait dans leur vie, hors les Gallagher ne sont jamais aussi forts que lorsqu’ils sont unis. Même Fiona et Veronica, pourtant meilleures amies, ne partagent plus qu’une ou deux répliques tous les trois ou quatre épisodes. D’ailleurs, il semblerait que l’arrivée de Nessa (Jessica Szohr) ait éclipsé la présence de Veronica dans la vie de Fiona. Il est toujours appréciable de faire entrer un nouveau personnage en scène, surtout quand il est bien traité comme celui-ci, mais il ne faudrait pas oublier que Veronica, elle, est là depuis le début et qu’elle devrait toujours être aussi proche de sa meilleure amie, surtout avec les coups durs qu’elle a vécu en fin de saison…

 

Désormais bien loin de ce que nous connaissions dans les premières saisons, Shameless nous offre une critique de la religion violente et poussée par le biais de Ian tout en ne délaissant aucun de ses autres personnages principaux et leur évolution. Malgré tout, la saison s’achève brutalement et nous laisse sur notre faim, surtout concernant le sort de Svetlana, qui ne reviendra pas dans la saison 9. Notre note : 3.5/5.

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