Review Pilot – Kim Kong : on continue ou pas ?

Présentée et projetée lors du festival Séries Mania en avril 2017, Kim Kong est une mini-série française. Elle est composée de trois épisodes qui ont été diffusés sur Arte la semaine dernière. Tous les épisodes sont actuellement disponibles sur Canal VOD. Au casting on trouve notamment Jonathan Lambert (Peplum) et Frédéric Chau (Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?) qui offrent une bonne performance d’acteur dans des rôles assez attachants. Chaque épisode dure 45 minutes. Simon Jablonka (Engrenages) et Alexis Le Sec (Caïn) sont à l’écriture de la mini-série.

Kim Kong c’est l’histoire d’un réalisateur français dépressif de blockbusters kidnappé par un dictateur asiatique passionné de cinéma afin de réaliser le remake de King Kong. Cela promet, n’est-ce pas ?

 

  • Une série esthétiquement belle 

Tout d’abord, la série est belle. Le générique est vraiment joli, coloré, à la fois absurde et chargé de petits clins d’oeil au cinéma classique (avec par exemple le King Kong qui imite le lion de la MGM, on adore). Les décors sont beaux, toute la partie dans le pays dictatorial est agréable. On a des jeux de lumière, de belles couleurs tout au long de l’épisode. Bref, le cadre est chouette.

 

  • Montrer l’absurdité de la réalité…

Dans Kim Kong, de nombreux clichés sont mis en avant, néanmoins, la série est inspirée de la réalité. En effet, bien que la Corée du Nord ou encore Kim Jong-il ne soient pas mentionnés, on comprend immédiatement que la « démocratie populaire » correspond à la Corée du Nord et que le Commandeur n’est autre que Kim Jong-il ou bien son fils, Kim Jong-un.

Les références sont autant présentes dans le titre (Kim Kong : jeu de mots avec le nom de la famille des dirigeants nord-coréens, la dynastie des Kim, et King Kong) que dans l’histoire même, ou encore, avec les personnages.

En effet, dès la fin des années 1960, Kim Jong-il supervisa personnellement la production cinématographique. Cette production était sous le contrôle total de l’État et du parti. Kim Jong-il était considéré par son peuple comme un leader politique mais également comme un grand artiste et théoricien de l’art. En 1978 on raconte que Kim Jong-il aurait fomenté le kidnapping du réalisateur sud-coréen Shin Sang ok et de son épouse de l’époque, l’actrice Choi Eun-hee, dans le but de relever le niveau du cinéma officiel. De plus, entre 1977 et 1983, les services secrets nord-coréens auraient multiplié les enlèvements. Les circonstances de ces enlèvements réels ou arrangés ne sont pas établies et se fondent, comme la plupart des témoignages de première main sur la Corée du Nord, sur les témoignages de Shin et de Choi et ce qu’ils ont bien voulu dire de leur expérience. Leur témoignage a de même permis d’apprendre que Kim Jong-il détiendrait une collection de plus de 20 000 films et qu’il est un grand admirateur d’Elizabeth Taylor et de James Bond. De plus, en 1985, le cinéma nord-coréen a réalisé le film Pulgasari qui ressemble énormément au film japonais Godzilla.

On a tous ces éléments de l’histoire du cinéma nord-coréen dans Kim Kong. Ici, ce n’est pas Shin Sang ok qui est enlevé mais Matthieu Stannis. Le dirigeant collectionne les objets du cinéma classique et le remake n’est pas Godzilla mais King Kong.

Ainsi, l’humour du pilot mêle des faits réels liés à la Corée du Nord (qui nous semble caricaturaux mais qui sont une réalité) à des éléments absurdes. C’est le cas lors de la scène où le Commandeur effectue un essai de missiles. Lors de cette démonstration de force qui finit un peu en eau de boudin, le Leader dit qu’il a peint en bleu les missiles pour être invisible dans le ciel, ce qui a pour effet d’alléger la gravité de la scène.

 

  • …tout en ne négligeant pas de dénoncer la violence

La violence du régime dictatorial n’est pas mise de côté, elle est présente dans tout l’épisode. On nous montre des essais nucléaires cherchant à viser la ville américaine de San Francisco ce qui fait tristement écho aux essais nucléaires nord-coréens du dimanche 3 septembre dernier. De plus, par des petites répliques cinglantes telles que « vous serez fusillé, ainsi que votre famille », la série souligne le climat de menace et de violence dans lequel respirent les personnes vivant sous un régime dictatorial.

La violence du Commandeur qui n’hésite pas à poignarder quelqu’un selon ses envies quand quelque chose lui déplait montre, de même, que les vies des personnages ne tiennent qu’au bon vouloir du Leader.

 

Alors, à la rédac’ on continue évidemment Kim Kong, parce qu’on a été agréablement surpris·e·s et totalement séduit·e·s par le concept de la série qui pour nous est une réelle pépite !

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