Review Pilot – Citizen Rose : on continue ou pas ?

Ce soir sera diffusé sur la chaîne française E! le premier épisode de la série documentaire de Rose McGowan, Citizen Rose, dans laquelle l’actrice et activiste parle de son combat en faveur du droit des femmes, puisque c’est en partie grâce à la jeune femme que de nombreuses personnalités ont brisé le silence sur les harcèlements et abus sexuels dont elles ont été victimes et/ou témoins. Voici notre avis sur ce premier épisode, que nous avons pu voir en avant-première.

L’épisode commence par une présentation de l’actrice par elle-même, elle donne alors son nom complet, Rose Arianna Jane McGowan, nous permettant d’entrer pleinement et immédiatement dans son intimité et de s’immiscer dans sa vie. La vue subjective de la caméra renforce d’ailleurs ce sentiment de proximité que crée Rose McGowan. C’est un aspect davantage accentué par le manque de construction de la narration : l’épisode semble décousu et manque de chronologie, l’actrice se perd parfois dans ses pensées. Une façon de nous montrer son parcours irrégulier. Elle nous donne également parfois des petites anecdotes, comme le fait qu’elle aime que son prénom soit le nom d’une fleur ayant des épines, une belle métaphore de sa personne selon elle. Dès le début du reportage, difficile de ne pas voir que la jeune femme est pleine de fêlures et que partager ses émotions à un aussi large public la rend encore plus nerveuse et vulnérable. Comprendre que les leaders des mouvements ne sont pas infaillibles et que ce n’est pas un problème est rafraîchissant et humanisant. Elle déclare d’ailleurs « Être courageux ne signifie pas que vous n’êtes pas apeurés, cela veut juste dire que vous le ferez de toutes façons. »

Élevée dans le culte des Enfants de Dieu, que sa famille a quitté lorsqu’elle a appris que la secte encourageait l’abus sexuel sur enfants, Rose McGowan a vécu de nombreuses années dans la pauvreté, mais elle a réussi à décrocher son premier rôle en 1990 à l’âge de 17 ans. L’actrice a déclaré à ce sujet « La vie m’a enlevée d’un culte pour me placer dans un autre. » Cette phrase donne immédiatement le ton pour la suite de son documentaire. Alors que beaucoup fantasment sur la réussite à Hollywood, Rose McGowan, elle, voit les choses bien différemment…

Dans Citizen Rose, Rose McGowan a mis un point d’honneur à ne jamais nommer Harvey Weinstein. En effet, l’homme est surnommé « The Monster » par l’actrice, l’audio est brouillé lorsque l’on entend son nom à la radio, son nom est flouté s’il est écrit à la télévision, on ne voit que des photos de lui les yeux noircis… Il est alors complètement déshumanisé et, surtout, donne l’impression qu’il pourrait être n’importe quel autre agresseur. Elle ne dénonce alors plus seulement celui qui l’a abusée, mais tous ceux qui ont pu commettre cet acte. C’est d’ailleurs ce qu’explique Ronan Farrow, journaliste et militant pour le droits des femmes, qui intervient dans le docu-série, tout comme les actrices Amber Tamblyn et Asia Argento.

Rose McGowan est une militante avant tout le reste et elle est très fière de voir que des personnes viennent vers elle en lui disant « Nous t’entendons, nous te comprenons, nous t’écoutons TOI, et pas la star de Charmed« . Effectivement, alors que l’actrice était jusqu’ici principalement connue pour son rôle dans la série culte, elle est désormais reconnue comme une grande activiste ayant entraîné Harvey Weinstein dans une chute mémorable, après 17 longues années à avoir gardé un silence pesant : « Je n’ai pas été moi pendant 17 ans. » Aujourd’hui, de nombreuses actions sont organisées, comme la symbolique des robes noires aux Golden Globes, ou plus largement le hashtag #MeToo, lancé sur Twitter par Alyssa Milano, ancienne collègue de Rose McGowan dans la série Charmed, où chacun et chacune pouvait parler de son expérience de harcèlement et/ou d’abus sexuel. Grâce à Rose McGowan et à son courage, il semblerait que la honte ait changé de camp : ce ne sont plus les victimes qui ont honte, mais bel et bien les agresseurs…

En conclusion, Citizen Rose est un documentaire poignant et très politiquement engagé, tout comme la militante à son origine, et c’est sans grande surprise et avec beaucoup de plaisir – mais aussi de révolte – que nous continuerons à regarder cette série.

« We are pure, we are strong, we are brave and we will fight ! »
« Nous sommes pures, nous sommes fortes, nous sommes braves et nous nous battrons ! »

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