Once Upon a Time : l’avis de la rédac’ sur la saison 6

Diffusée sur ABC, la saison 6 de Once Upon a Time s’est terminée le 15 mai dernier par « la Bataille Finale », teasée tout au long de la saison. Alors qu’il a été annoncé que la série serait renouvelée pour une année supplémentaire sous forme de reset, ce final s’est avéré satisfaisant en tout point mais a clairement laissé la porte ouverte à la saison 7. Alors, quel sort est réservé à Emma (Jennifer Morrison), Regina (Lana Parrilla), Hook (Colin O’Donoghue) et les autres, et que vaut cette sixième saison ? Voici notre avis !

*** Cet article contient des spoilers ! ***

 

  • Un écho à la saison 1

L’ombre de la première saison plane plus que jamais sur le show cette année ! En prenant comme prétexte le « Pays des histoires jamais contées » (« Land of Untold Stories » en VO, ndlr), la série reprend plus ou moins le schéma de la saison 1 et c’est un bon point ! En effet, dans la lignée de la saison 5B et des « affaires non réglées » (« unfinished business » en VO, ndlr), certains épisodes sont centrés sur des personnages qui cherchent leur happy end, ce qui fait clairement écho à la première saison. L’intrigue du Comte de Monte-Cristo (Craig Horner) dans l’épisode 2, A Bitter Draught, nous remémore ce principe d’une histoire par épisode, bien qu’elle se finisse mal. De plus, nous retrouvons certains personnages emblématiques des débuts tels que Regina en mode Evil Queen, Archie/Jiminy Cricket (Raphael Sbarge) et son inséparable Pongo, Dr Whale/Dr Frankeinstein (David Anders), Blue Fairy (Keegan Connor Tracy) ou encore Cendrillon (Jessy Schram). On notera également les jolis clins d’œil au couple Rumple (Robert Carlyle) et Belle (Emilie de Ravin) avec la danse de la Belle et la Bête, qui rappelle la naissance de leur amour en saison 1. Autres allusions aux débuts du show : la veste en cuir d’Emma, qu’elle porte à plusieurs reprises, et sa voiture jaune que l’on revoit enfin. Quant à Snow (Ginnifer Goodwin), elle choisit de redevenir enseignante, comme elle l’était dès le pilote. Mais la boucle est définitivement bouclée avec la Dark Curse que l’on découvre dans l’épisode 21, The Final Battle: Part 1, dont la Black Fairy (Jaime Murray) en est l’instigatrice, tout comme elle était en réalité celle de la première Dark Curse, lancée par Regina et qui avait créé Storybrooke. On retrouve alors le même schéma : la méchante de l’histoire (désormais Black Fairy et non plus Regina) est Maire de la ville, l’horloge de la ville s’est arrêtée sur 8h15 et Henry (Jared Gilmore) part à la recherche d’Emma, la Savior, seule capable de rompre le maléfice, pour la convaincre de croire en sa destinée. Dans l’ensemble, le thème de la saison aura été ce que signifie vraiment être un Savior et ce que cela implique, ce que nous allons dès à présent développer. 

 

  • 1 Savior, 2 Saviors, 3 Saviors

Alors que la saison dernière nous avions droit à 1 Dark One (Rumple), puis 2 (Emma), puis 3 (Hook), cette année, place aux Saviors ! En effet, alors qu’Emma était alors la seule Savior connue, voici qu’Aladdin (Deniz Akdenizfait son entrée en scène dans l’épisode de reprise de cette saison 6, très explicitement intitulé The Savior. Et on constate dès les premières minutes que le titre parle de lui et non d’Emma ! Aladdin s’avère donc être un ancien Savior qui a perdu contre Jafar (Oded Fehr) et qui a tourné le dos à Agrabah, laissant Jasmine (Karen David) seule. Dans l’épisode 6, Dark Waters, Emma aidera Aladdin à ne pas lutter contre sa destinée mais à l’accepter pleinement. En effet, il avait fait le choix de renoncer à porter ce fardeau -maintes fois évoqué dans la série au travers d’Emma- en utilisant les Ciseaux de la Destinée, coupant ainsi le fil de son destin (au sens propre comme au figuré). Emma l’aura aidé à redevenir le héros qu’il était, elle qui a finalement compris le sens du sacrifice qu’impliquait sa fonction de Savior et qui a pleinement embrassé son sort, comme on le voit dans le season finaleThe Final Battle: Part 2. Mais on ne s’improvise pas Savior, comme le pense Gideon (Giles Matthey) dans l’épisode 11, Tougher Than the Rest. Il souhaite en effet tuer Emma et voler ainsi sa magie blanche pour devenir Savior à son tour. Or, on ne le devient pas, on naît Savior. Et c’est à la surprise générale dans l’épisode 19, The Black Fairy, qu’on apprend l’existence d’un troisième Savior : Rumple ! Il s’agit là d’un énorme twist qui justifierait la création de la Dark Curse par la Black Fairy afin d’éviter à Rumple d’accomplir son destin, la Prophécie des Fées prédisant que « Le Savior combattra la Bataille Finale et périra ». Toutefois, il y a un hic : la Black Fairy a elle aussi coupé le fil du destin de son fils avec les Ciseaux de la Destinée… Quel intérêt donc de lancer une malédiction pour empêcher ce qui a déjà été bridé ? Ce qui nous amène au point suivant, dédié aux incohérences du show dues à des lacunes d’écriture…

 

  • Une paresse scénaristique évidente

Hélas, force est de constater que la série souffre de nombreuses incohérences et autres soucis de continuité. Depuis quelques saisons déjà, on sent que les scénaristes se reposent sur leurs lauriers et on remarque que le show n’arrive plus réellement à se réinventer, utilisant toujours les mêmes ressorts dramatiques et des schémas narratifs similaires. La série tombe alors dans une certaine facilité, tourne en rond et surprend désormais peu (voire parfois plus du tout). Toutefois, n’oublions pas le genre de la série : il s’agit d’un conte de fées, et les happy end sont de rigueur, tout comme la rédemption des méchants. Mais il semblerait que les scénaristes de Once Upon a Time s’appuient sur ce dernier dénouement un peu trop souvent… Ainsi, le double de Regina, Evil Queen, trouvera son bonheur dans l’épisode 14, Page 23, dans les bras d’un Robin Hood (Sean Maguire) venu d’un autre monde. Ramener Robin aura également été une erreur puisqu’il ne s’agit pas du vrai, dont Regina était amoureuse, mais d’une pâle copie, purement destinée au fan-service, auquel ont succombé les showrunners. Parmi les fausses bonnes idées que pensent avoir eu les scénaristes, on citera la liaison amoureuse Rumple / Evil Queen, mise en place dans l’épisode 6 ! Quant à Belle et Rumple, on voit difficilement comment les époux pourraient avoir leur happy end tant les scénaristes sont allés loin dans la discréditation de leur couple en ce début de saison… Et ne parlons pas de la sleeping curse lancée par Evil Queen dont ont été victimes les Charming pendant dix longs épisodes, du 7ème, Heartless, au 17ème, Awake : pourquoi ne pas tout simplement les tuer ? La raison : une pirouette scénaristique pour ne pas sacrifier deux acteurs principaux mais plutôt pour économiser leur temps à l’écran.

Autre incohérence et problème de continuité dans l’épisode 12, Murder Most Foul, on découvre que c’est Hook qui a tué le père de Charming lorsque celui-ci est enfant, or dans l’épisode musical, Snow et Charming rencontrent Hook à l’âge adulte et il n’a absolument pas pris une ride ! Mais ce n’est rien comparé à l’inutilité de son personnage. Colin O’Donoghue étant sous contrat de main cast, il est tenu d’apparaître dans tous les épisodes. Cependant, on constate malheureusement que les scénaristes ne voient en son personnage que le petit-ami d’Emma… Ils essaient tant bien que mal de lui donner quelques sous-intrigues, comme par exemple dans l’épisode 4, Strange Case, lorsque Belle vient solliciter son aide, dans l’épisode 6 avec le Capitaine Némo (Faran Tahir), ou encore dans l’épisode 14, lorsqu’il est envoyé dans un autre royaume par Gideon et qu’il doit chercher un moyen de rentrer… auprès d’Emma ! Ce qui fait écho à un autre problème majeur du show : la (non-)psychologie des personnages. Il y aurait trop à dire sur chacun des protagonistes depuis le début de la série, nous ne reviendrons donc pas dessus en détails, mais chacun d’entre nous aura pu observer à diverses reprises des comportements illogiques ou irrationnels de la part des personnages. En voici un des exemples les plus flagrants : Belle n’a jamais montré de rancœur envers Regina alors que celle-ci la gardait séquestrée dans un asile durant les 28 ans de la malédiction… De cette (absence de) psychologie des protagonistes découle également un souci de continuité narrative. Par exemple, dans l’épisode 13, Ill-Boding Patterns, le personnage de Baelfire y est totalement dénaturé : il prend la dague de Dark One de son père et lui ordonne de commettre un meurtre. Or, dans l’épisode 19 de la saison 1, Rumple devine qu’August (Eion Bailey) n’est pas Baelfire car « jamais [son] propre fils ne [le] commanderait ». Ce qui nous confirme l’idée que rien n’est écrit à l’avance, les scénaristes ne sachant visiblement pas où ils vont… La storyline de Rumple savior et sa mère n’aura donc été qu’une énième tentative pour le show de se réinventer, et les motivations de la Black Fairy s’avèrent complétement bancales : si ce qu’elle souhaitait pendant des années était de retrouver son fils Rumple et se réconcilier avec, pourquoi enlever le fils de celui-ci, Gideon, et le maltraiter durant 28 ans ? Ce qui résulte du paragraphe suivant, centré sur les relations parentales.

 

  • Le lien parental au cœur du show

Once Upon a Time est une série familiale, et l’amour est bien évidemment au cœur du show. L’an dernier, nous évoquions la notion de Grand Amour mais cette saison, place aux liens parentaux ! Comme évoqué précédemment, Rumple et sa mère ont une relation des plus complexes mais ont tous deux un point commun non-négligeable : ils sont devenus méchants en voulant protéger leurs enfants. Baelfire avait su pardonner Rumple mais la Black Fairy est allée trop loin pour que ce dernier passe l’éponge. En effet, elle a maltraité pendant des années le fils de Belle et Rumple, Gideon, dont on apprend la triste histoire dans l’épisode 16, Mother’s Little Helper. Le jeune homme s’avère au final être plus une victime qu’un réel ennemi, ses perceptions du bien et du mal ayant été complétement floutées par la Black Fairy, qui s’est imposée comme sa « mère », sans pourtant l’aimer vraiment puisqu’elle ira jusqu’à arracher son cœur pour qu’il lui obéisse. Gideon n’aura en réalité jamais agi sous son libre arbitre… Belle, sa vraie mère, aura en quelque sorte causé le malheur de son fils puisqu’en pensant bien faire, elle l’abandonne (à ce qu’elle pense être une vie meilleure) pour le protéger de Rumple dans l’épisode 9, Changelings. La famille ne sera réunie que dans le double épisode final et aura droit à une seconde chance, Gideon étant redevenu bébé. Du côté des Charming, une sous-intrigue est mise en place des épisodes 3 à 12 concernant la mort du père de David, pour laquelle il explorera son côté sombre et ira même jusqu’à mentir à son épouse. Lorsqu’il découvrira que le tueur de son père n’est autre que Hook, leur bromance, que l’on aurait cru mise à mal, n’en souffrira pas (cf. point précédent sur le manque de psychologie des personnages) et dans l’épisode final, David ira jusqu’à appeler Hook « [son] fils… par alliance ». Hook aura su se faire accepter de la famille Charming et créera un lien unique avec Henry, que ce soit lorsqu’il l’entraîne à l’épée dans l’épisode 2, lorsqu’il le met dans la confidence pour les Ciseaux de la Destinée dans l’épisode 6, ou lorsqu’il en fait son témoin de mariage dans l’épisode 20. Henry, tout comme dans la saison 1, est l’élément-clé de la Bataille Finale et l’amour entre Emma et lui sera plus fort que tout, le baiser maternel d’Emma le réveillant. Cette fois, l’inverse se produira ! La bonté de cœur de Henry a même été testée par Evil Queen dans l’épisode 8, I’ll Be Your Mirror, mais il se révèle un digne héritier de la lignée des Charming, surtout avec la scène finale, qui fait la parallèle avec l’une des premières scènes de la série où Henry prend dorénavant la place d’Emma. Les relations familiales, ici parentales, sont donc au cœur du show et permettent à l’intrigue d’avancer, et demeurent l’un des aspects positifs de la série.

 

  • Un potentiel encore présent

Disons le clairement : Once Upon a Time n’est plus aussi magique que lors de ses premières saisons. Or, avec un retour aux sources bienvenu, la série prouve qu’elle a encore de l’herbe sous le pied. Cette saison 6 nous a ainsi délivré de jolis épisodes tels que le quatrième, Strange Case, qui clôture la storyline de Dr Jekyll (Hank Harris) et Mr Hyde (Sam Witwer) avec une bonne relecture du mythe et qui reprend un thème habituel de la série, à savoir l’absence de manichéisme. Le gentil se révèle plus méchant qu’il ne semblait l’être et vice versa. L’épisode 10, Wish You Were Here, se révèle quant à lui plutôt comique avec une Emma en fragile princesse qui s’incline devant Regina à la grande surprise de cette dernière, un Henry en preux chevalier et une Regina qui se démène tant bien que mal pour sortir Emma de cette situation cocasse. Il est également plaisant de voir que les showrunners ont appris à conclure les histoires des personnages, contrairement à celle de Will Scarlet (Michael Socha) dans les saison précédentes, abandonné à un sort inconnu ! L’histoire de Zelena (Rebecca Mader) trouve ainsi une conclusion dans l’épisode 18, Where Bluebirds Fly, où elle sacrifie ses pouvoirs pour le bien commun. Cet événement témoigne d’une belle évolution du personnage, et renforce le lien sororal entre elle et Regina. Aladdin et Jasmine connaissent eux aussi leur happy end en sauvant Agrabah dans l’épisode 15, A Wondrous Place, dont le titre est un clin d’œil aux paroles en VO de « Ce rêve bleu », tout comme l’épisode 5 qui introduit leur histoire s’intitule Street Rats, extrait en VO des paroles de « Je vole ». Ce cinquième épisode rend d’ailleurs hommage à l’interprète du Génie, le regretté Robin Williams et se veut être une adaptation réussie du Disney malgré la relecture totale du film.

La référence à Disney va encore plus loin avec l’épisode musical, The Song in Your Heart, qui réunit tous les ingrédients nécessaires à un Disney digne de ce nom : le prince et la princesse dans leur château qui chantent une mélodie d’amour, la méchante reine qui interprète une chanson remplie de haine, l’héroïne qui gagne le combat et sauve sa famille, ou encore un mariage de conte de fées. Mentions spéciales aux chansons, toutes écrites pour l’occasion, et qui collent parfaitement à la personnalité de chaque protagoniste. Quant aux interprètes, chapeau bas à Rebecca Mader et Jennifer Morrison qui se révèlent excellentes chanteuses !

Pour conclure ce paragraphe sur les points positifs du show, comment ne pas évoquer le talent de Lana Parrilla ? Dans l’épisode 2 par exemple, elle délivre une scène incroyable en intensité entre Regina et son double maléfique, et dans l’épisode 14, Regina affronte pour la dernière fois Evil Queen et permet à nouveau à Lana de nous montrer tout son talent d’interprète. Dans l’épisode 1, elle se confie à Snow sur son évolution et résume ainsi parfaitement l’âme de la série : « La seule histoire que je connaisse était celle que je me racontais… que j’étais la méchante reine. Jusqu’à ce j’oublie finalement la chose la plus importante : ma vie n’a jamais été une seule histoire, mais plusieurs. Pour certains, une méchante. Pour d’autres, une héroïne. Je voulais recommencer une nouvelle histoire. Une dans laquelle la méchante reine n’a pas sa place et je choisis de croire que cette histoire aura une meilleure fin que la précédente ». 

 

  • En conclusion

Points positifs :
– Lana Parrilla, qui interprète à la perfection deux personnages à la fois qui se donnent la réplique (Regina / Evil Queen)
– l’épisode musical, digne d’un Disney
– la conclusion apportée aux histoires des personnages que l’on ne reverra plus
– la notion de Destin (avec les Ciseaux notamment) : en voulant éviter quelque chose, on le provoque

Points négatifs :
– des facilités scénaristiques
– des effets spéciaux qui laissent à désirer
– des incohérences et problèmes de continuité

Note : 3,5/5. Bien que la série reste plaisante à regarder, il faut bien avouer qu’elle a perdu sa saveur d’antan, saveur qu’elle essaie pourtant de retrouver en faisant écho à la première saison. Le show boucle ainsi la boucle et offre à chacun des personnages une conclusion qu’il méritait. Toutefois, la scène finale laisse présager de nouvelles aventures pour Henry. Espérons que les scénaristes ne ruinent pas le final de conte de fées de cette saison 6 et trouvent de bonnes explications au comment du pourquoi Regina, Hook et Rumple vont devoir délaisser leur happy end respectifs…