Le Chalet (France 2) : l’avis de la rédac’ sur la mini-série !

Diffusée du 26 mars au 9 avril sur France 2, la mini-série Le Chalet s’est achevée au terme de son sixième épisode en révélant tous ses secrets. Découpée en 6 épisodes de 52 minutes, cette création française originale réalisée par Camille Bordes-Resnais (Les Dames) nous promettait un véritable jeu de massacres dans un village de montagne isolé. Alors, verdict ? Après vous avoir fait part de notre avis sur le premier épisode, voici notre critique de l’intégralité de la mini-série.

***Attention, cet article contient des spoilers !***

 

  • Une bonne idée de départ…

« Comptez jusqu’à trois, Messieurs, Mesdames, et l’un de vous disparaîtra. Jamais on ne le reverra. 1,2, 3″… Cette comptine entêtante du générique fredonnée par un enfant semble donner le ton de la série et nous annonce une intrigue digne des Dix Petits Nègres d’Agatha Christie. Sur papier, le synopsis est alléchant : un slasher* se déroulant quasi en huis clos dans un village perdu des Alpes où les protagonistes disparaissent un à un. Treize invités et six habitants qui se feront massacrer l’un après l’autre. Seul l’un d’entre eux peut être le coupable, mais lequel ? Notre curiosité est bien évidemment titillée par ce scénario rempli de promesses et le générique nous met dans le thème de ce thriller très attendu des amateurs du genre. Nous nous attendons donc à une mini-série bien ficelée, à l’ambiance glaçante qui fait froid dans le dos et nous nous préparons à être surpris, prêts à élaborer toutes sortes de théories sur les suspects potentiels. Hélas, nous déchantons rapidement, comme nous allons le voir dans le point suivant…

*un slasher est originellement un sous-genre du film d’horreur où un psychopathe tue les personnages l’un après l’autre, comme dans Halloween ou Scream

 

  • … dont la mise en pratique ne convainc pas 

Nous pourrions faire une liste de tous les éléments qui ne vont pas tellement il y en a : acting, réalisation, montage, mise en scène, soucis de lisibilité, manque de crédibilité, temps morts, etc. Commençons par la narration, qui se déroule sur trois époques différentes : 2018, 2017 et 1997. Que de confusion et d’illisibilité ! Trop de personnages présentés tout d’abord, dont certains en versions jeunes et plus âgés. Difficile de savoir qui est qui, et ce, jusqu’au dernier épisode tant le récit est chaotique. Il aurait en effet gagné à être simplifié en signifiant les événements de 1997 sous formes de flashbacks. Or ici, la narration est volontairement entremêlée et nous naviguons avec un mal de mer évident entre les trois époques. Petit malus : l’erreur de montage qui affiche « 2016 » sur l’une des scènes de 2017… Le rendu est suffisamment compliqué, nul besoin de le complexifier davantage ! Malgré une intrigue de départ intéressante, l’action pèche par sa lenteur. Beaucoup de temps morts et d’attente pour au final peu de « massacres » promis et surtout, peu crédibles. Citons par exemple Erika (Fleur Geffrier) qui se tue en chutant par terre de façon ridicule, Jean-Louis Rodier (Manuel Blanc) qui meurt en se prenant une balle dans le dos mais avec une trace de sang sur le ventre ou Muriel (Chloé Lambert) qui se fait abattre de dos elle aussi par un ennemi invisible alors que la vue est dégagée… La réalisation laisse donc à désirer, ne semblant pas assumée, surtout lors des scènes de meurtres comme nous venons de le voir alors qu’il s’agit là de son leitmotiv… De plus, elle aurait pu être prenante et travaillée grâce aux très beaux décors naturels proposés mais il n’en est rien et nous restons sur notre faim de ce côté-là également.  

 

  • Un Chalet bancal

D’ordre plus général, le scénario est prévisible (ou est-ce le montage qui ne lui rend pas justice ?) puisque lors de notre critique du pilote, nous parions déjà sur la réelle identité d’Adèle (Emilie de Preissac), qui s’avérait juste puisqu’elle n’est autre qu’Amélie, la petite fille des flashbacks de 1997 dont les deux parents se sont faits tuer. Aucune surprise donc dans l’épisode 6 à l’heure des révélations finales, ni pour Adèle, ni pour son frère. Le twist étant pourtant bien pensé mais nous l’avions malheureusement vu venir plusieurs épisodes auparavant. Le retournement de situation retombe alors comme un soufflé et nous laisse dans une frustration certaine, l’idée étant pourtant plaisante mais la prise de risque étant ratée. La mini-série se montre également bancale dans ses dialogues (citons entre autres la réplique limite misogyne « Alice t’as tes règles ? C’est pour ça que tu es de mauvaise humeur ? ») et encore plus dans son acting qui est tout simplement mauvais, digne d’un soap opera où les comédiens récitent leurs textes avec plus ou moins de conviction…  A la fin de notre visionnage, des parts d’ombres demeurent et des questions restent sans réponses, et nous ne pouvons que spéculer sur les éléments flous non éclaircis par le récit. Citons par exemple la complicité présumée d’Alexandre, l’ermite du village, qui reste inconfirmée ; le mystère total sur ce qu’a vu Erika avant de mourir, ou encore si Alice et Manu finissent ensemble, tous les indices pointant dans cette direction au fil de la mini-série pour n’aboutir au final sur rien du tout. En bref, quel dommage et quel gâchis que ce Chalet aussi bien sur le fond que sur la forme !

 

  • Quelques explications s’imposent 

Au final, voici un résumé de ce que nous avons compris de la mini-série, pour ceux qui n’auraient pas tout saisi vu la complexité de l’histoire.

Tout commence en 1997 dans le village de Valmoline où la famille Rodier -composée des parents Jean-Louis et Françoise (Mia Delmaë) et des enfants Julien (Felix Lefebvre), 13 ans, et Amélie, environ 8 ans- vient s’installer au Chalet des Glaces pour recommencer à zéro. Jean-Louis est écrivain et cherche une nouvelle inspiration pour son futur roman. Son épouse est mère au foyer et s’occuper des enfants. Jean-Louis ira trouver son inspiration dans le bar du village, où il sympathise avec la barmaid Muriel avec qui il finira par avoir une liaison. Amoureuse, celle-ci souhaite gagner au loto pour pouvoir partir de sa montagne natale avec Jean-Pierre et pleine d’espoir, elle offre un ticket de loto à son amant. C’était sans compter sur les autres villageois, dont son frère Philippe Personnaz (Philippe Dusseau) et sa maîtresse Christine (Blanche Veisberg) ainsi qu’Etienne Genesta (Eric Savin), père du jeune Sébastien, 13 ans. Parmi les autres habitants, on compte Milou (Pasquale D’Inca) et sa fille Alice, âgée de 13 ans également, qui sera séduite par Julien mais qui aura bien du mal à se défaire de l’encombrant Sébastien, amoureux de la jeune fille. Elle se mettra à sortir avec Julien et lui présentera son ami d’enfance, Manu. De son côté, une fois son livre terminé, Jean-Louis rejette Muriel et celle-ci le vit mal. Au même moment, la loterie annonce que le ticket qu’elle a offert à Jean-Louis est gagnant. Prêts à tout pour empocher 70 millions de francs, Philippe, Christine et Etienne mettent en place un plan pour mettre la main sur ce fameux ticket, entraînant avec eux une Muriel blessée et vengeresse. Une nuit, ils pénètrent dans le Chalet des Glaces et abattent de sang-froid Jean-Louis et Françoise, tandis que leurs enfants partent se réfugier chez le cousin de leur mère, Alexandre (Thierry Godard), l’ermite du village. Alice a vu les corps se faire enlever mais s’étant pris un coup sur la tête après que Sébastien (Nicolas Gob) -chargé de faire le guet cette nuit-là par son père- lui ait fait peur, elle oublie tout suite à une amnésie. Publiquement, les Rodier ont disparu mais seules cinq personnes connaissent la vérité. Philippe ira même jusqu’à faire taire son épouse suspicieuse Florence (Samantha Markowic) avec la complicité de sa maîtresse en déguisant son meurtre en suicide, laissant ses enfants Laurent et Thierry orphelins de leur mère.

Vingt ans plus tard, en 2017, un jeune couple arrive au Chalet des Glaces. Il s’agit de Manu (Marc Ruchmann), qui vient de la région, et sa compagne Adèle, enceinte de 3 mois. Ils reçoivent les amis d’enfance de Manu : Alice (Agnès Delachair) et son petit-ami Fabio (Mathieu Simonet), Thierry Personnaz (Jean-Toussaint Bernard) et son épouse Erika, ainsi que leurs amis Mathilde (Nade Dieu), sa fille Léo et son compagnon Olivier (Pierre-Benoist Varoclier) pour célébrer les noces de Laurent Personnaz (Charles Petit) et sa future femme Tiphaine (Fleur Lise Heuet). Mais Sébastien sera lui aussi de la partie, avec sa copine du moment Maud (Maud Jurez). Plusieurs d’entre eux mourront : Laurent, d’une infection après que son pied ait été coincé dans un piège à loup visiblement posé par Alexandre ; Erika, qui a vu on-ne-sait-quoi dans la rue et qui est tombée en se cognant mortellement la tête sur le sol ; Thierry d’une flèche dans le dos probablement tirée par Olivier ; Tiphaine, qui ira se laisser mourir dans la chambre froide aux côtés de son ex-futur mari ; Olivier, accompagné de Philippe, s’étant visiblement pris une balle de fusil ; Fabio, victime de la folie des Genesta, d’abord séquestré par Sébastien puis assassiné par Etienne ; puis viendra le tour des habitants du village : Philippe, d’une balle dans le dos tirée par Adèle ; Christine abattue au fusil par un Etienne paranoïaque ; Muriel, qui s’est laissée abattre près du lac où elle avait vu Jean-Louis pour la dernière fois puis Etienne, tuée par balles de la main des réels coupables de ces massacres : Adèle et Olivier (ci-dessous en photos), alias Amélie et Julien, les enfants Rodier vengeant la mort de leurs parents. Olivier avait en effet feint sa mort avec la complicité présumée d’Alexandre et c’est lui qui s’est chargé d’abattre Muriel près du lac. Adèle/Amélie avait de son côté emprunté la veste d’Erika pour se faire passer pour elle et menacer mais elle a été arrêtée par Alexandre. Ils ont méthodiquement agi, en tuant d’abord les enfants des habitants coupables (« Ils nous ont pris nos parents, on leur a pris leurs enfants » comme dirait Julien/Olivier) et ont laissé vivre les innocents : Alice, Manu, Maud, Mathilde et sa fille. Leur coupable tout désigné n’est autre que Sébastien, piégé par les jeunes Rodier et tous accepteront de garder le silence et de témoigner dans le même sens, à savoir : Sébastien et son père ont tout orchestré puis Sébastien a abattu son père et quant à Adèle et Olivier, ils n’ont tous simplement jamais existé. Alice ayant été violée par Sébastien, elle suppliera Manu de corroborer cette version, et les deux Rodier, finalement vengés, s’enfuiront, libres. 

Pour finir, en 2018, Sébastien se fait interroger par une experte psychiatre qui conclut son diagnostic comme suit : le jeune homme souffre de pulsions de violences incontrôlées, et vit dans un monde fantasmé basé sur des faits réels. Il a inventé toute cette histoire de vengeance, tout comme les personnages d’Adèle et Olivier et s’il plaide la folie, pourra échapper à la prison à vie. Un coupable idéal.

 

  • En conclusion

Points positifs :
– le synopsis
– le générique
– les décors naturels des Alpes

Points négatifs :
– le jeu des acteurs, digne d’un soap opera
– la réalisation
– la lenteur à laquelle avance l’intrigue
– la narration sur 3 timelines, trop compliquée

Que de déception pour ce Chalet ! Avec un départ lent et difficile à comprendre, la mini-série souffre d’un manque de lisibilité certain en raison de sa narration complexe et de son trop grand nombre de personnages. Pourtant prometteuse, elle n’arrive à susciter notre intérêt que tardivement, dès la moitié de l’épisode 4, mais délivre un dénouement prévisible qui était facilement devinable dès le pilote… C’est donc frustrés que nous terminons notre visionnage du Chalet car la mini-série avait pourtant une bonne matière, qu’elle n’a malheureusement pas su exploiter. Note : 2/5.

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6 commentaires

Dans

le 17 août 2021 à 4h51

Je ne suis absolument pas d’accord avec votre article. Je suis comédienne et le jeu d’acteur et la mise en scène sont excellents. C’est l’une de mes séries préférées de tous les temps. Je l’ai vu 6 fois.

Helbert

le 17 juin 2018 à 2h14

Pourquoi ils ne sont pas devenu riches avec le billet de loto?

maa

le 13 avril 2018 à 15h15

Très intéressant et bien résumé sur les zones d’ombre.
En revanche une dernière question que je me pose : qui est la personne qui meurt écrasée, au début de la série, au moment ou le pont s’éffondre ? (que l’on voit attaché dès les premières minutes).
Une idée ?

ma=

le 13 avril 2018 à 15h15

Très intéressant et bien résumé sur les zones d’ombre.
En revanche une dernière question que je me pose : qui est la personne qui meurt écrasée, au début de la série, au moment ou le pont s’éffondre ? (que l’on voit attaché dès les premières minutes).
Une idée ?

Gabrielle

le 12 avril 2018 à 11h22

PS : Sébastien dit aussi qu’à l’âge de 15 ans (donc deux ans après le meurtre si j’ai bien suivi) il était sorti avec Alice, est-ce qu’il s’est vraiment passé un mini quelque chose entre eux ou a-t-il là aussi interprété la réalité selon ses fantasmes ? On ne le saura pas non plus 🙁

Gabrielle

le 12 avril 2018 à 11h20

Merci pour votre billet qui est intéressant ! En ce qui me concerne je donnerais une note un petit peu plus haute, 3/5, car j’ai été très prise par la série malgré plusieurs défauts et même si je suis mitigée par le jeu de certains acteurs, quelques-uns se dégagent vraiment du lot pour moi, dont Nicolas Gob et Thierry Godard (des valeurs sûres de France Télé) et une bonne partie des acteurs de la partie située en 1997. Je trouve que c’est la partie en 2017 qui pèche un peu plus, l’histoire de 1997 étant assez forte, surtout quand on découvre le meurtre des deux parents et le motif ! J’avais de forts soupçons assez rapidement en ce qui concerne le personnage d’Adèle mais j’ai mis plus de temps à penser que cela pouvait être Olivier le complice (le physique de l’acteur m’ayant mis sur la voie car les deux acteurs qui jouent Julien jeune et âgé se ressemblent beaucoup et de plus il me semble que le personnage est déjà là à l’arrivée des autres et notamment de sa compagne, on ne comprend pas très bien pourquoi s’il n’avait pas eu une autre raison de venir auparavant…!).

Je ne suis pas d’accord par contre avec votre interprétation concernant Alexandre. Rien ne dit clairement que ce soit lui qui ait posé le piège ou tué à coup de balle Philippe par exemple. C’était un personnage assez pacifiste en 1997, cela semblerait donc étonnant et d’ailleurs il dit au personnage d’Adèle « Elle ne t’a rien fait » concernant Tiphaine, il la freine. Il peut donc très bien avoir aidé Amélie et Julien (qui savait déjà jeune comment monter certains pièges) dans leur vengeance sans avoir tué personne lui-même. Adèle prétendant être enceinte pour pouvoir rester en théorie dans sa chambre dans le chalet, elle est certainement sortie à plusieurs reprises en cachette, peut-être notamment pour tirer sur Philippe et sur Manu (mais à côté, elle ne le vise clairement pas directement, sans doute car elle est tombée amoureuse de lui malgré elle…). C’est par contre plus ambigu en ce qui concerne les deux autres morts du village (Gaspard et ??), là Alexandre a peut-être en effet préparé le terrain mais comme Olivier était déjà là avant que le pont ne s’écroule, il a sans doute participé à la mise en scène.

Ce qui est surtout dommage c’est qu’on ne comprend pas très bien comment, en 2017, les personnages peuvent mettre autant de temps à réagir, comme s’ils n’étaient pas tout de suite terrorisés par ce qui arrive ! Deux personnes du village disparaissent tout de suite et les autres ne semblent pas partir à leur recherche et sont juste là « Ah c’est bizarre que Gaspard ne soit pas là… ». On s’attendrait à un peu plus d’émotion et d’agitation, c’est assez incohérent.Une partie de la stratégie des coupables semble un peu hasardeuse : le piège aux loups aurait pu se refermer sur Alice ou Manu par ex, c’est un heureux hasard pour eux qu’il ait touché un des fils de Philippe et l’épisode du congélateur ne s’explique pas totalement (ont ils fait semblant pour qu’Olivier ne soit pas soupçonné ?).

Je regrette surtout comme vous qu’on ne sache pas ce qu’Erika a vu et qui avait l’air si choquant (Adèle et Olivier portant un corps peut-être ? Est-ce qu’elle était sur la liste des personnes à tuer ou c’est juste un accident ?) et qu’on ne sache pas si les corps de Gaspard et l’autre habitant du village ont été retrouvés et par qui, on voit à peine ces crimes. On reste sur ce point un peu sur sa faim. On se demande aussi comment les enfants Rodier ont fait une fois partis du village car théoriquement la police a du lancer un avis de recherche et le village aurait du savoir à un moment ou un autre qu’ils étaient vivants. Ces questions restées en suspens sont d’autant plus dommage que le final, avec un « happy-end » pour les enfants Rodier est pas mal, assez dérangeant et plutôt surprenant !

Dans le genre des narrations sur plusieurs époques, « le secret d’Elise » était mieux ficelé, même s’il y avait des défauts aussi. C’est vraiment dommage que les scénaristes n’aient pas passé encore plus de temps sur le scénario pour gommer ses défauts car il y a quand même de vrais bons éléments !