Élite : l’avis de la rédac’ sur la saison 1 !

Les séries espagnoles ont le vent en poupe chez Netflix depuis la sortie de La Casa de Papel. En effet, la série est le plus gros succès de la plateforme de streaming. En écho à ce succès, Netflix annonçait Élite, une série qui nous raconte l’histoire de trois adolescents issus de milieux humble qui se trouveront transférés dans une école d’élite réservée aux plus fortunés. Là-bas, leur intégration ne se fera pas sans vague… Le casting comptait sur certaines têtes déjà connues comme Jaime Lorente Lopez qui incarnait déjà Denver dans La Casa de Papel ou encore Miguel Herran, l’interprète de Rio dans la même série.

Au fond, que vaut vraiment la première saison d’Élite ? Attention Spoilers !

  • Un format addictif

C’est probablement ce qui a fait le succès de la série, cette saison 1 ne comporte que 8 épisodes qui passent à une vitesse incroyable ! Impossible de lâcher son écran, nous avons toujours envie d’en voir et d’en savoir plus. Avec un format qui ne manquera pas de nous faire penser à How to get away with Murder, le suspens est également un des fils conducteurs du show. Le rythme nous laisse à bout de souffle, et sans que l’on s’en rende compte… Il n’y a plus d’épisode à regarder. La série a clairement été écrite pour être binge-watchée. C’est un sans faute de ce côté là, on ne s’ennuie jamais devant les épisodes. L’intrigue est certes discutable, mais il n’empêche que l’écriture saura éveiller notre curiosité et le montage rythme la série avec brio.

D’ailleurs, toute personne ayant terminé la saison 1 (et l’ayant appréciée) attend forcément d’ores et déjà avec la plus grande impatience la saison 2 qui est déjà confirmée par Netflix.

  • Un personnage principal en demi teinte

C’est autour de Marina (María Pedraza) que toute cette première saison tourne. Adolescente rebelle qui est en désaccord total avec les actions malhonnêtes de son père, elle est aussi séropositive. C’est une représentation qui se fait plus que rare sur les écrans, aussi bien à la télévision qu’au cinéma. Élite traite donc, via Marina, la thématique du VIH, une thématique importante que nous pourrions malheureusement aussi qualifier de tabou. Pourtant, en parler ouvertement ne fait pas peur à Élite. Rapidement confrontée au regard de ses camarades de classe, la série pointe du doigt le fait que nous sommes finalement très peu informés sur le sujet. Pourtant, tout le monde semble avoir son avis sur la condition de Marina. Une critique qui n’est ni virulente, ni pas assez, mais qui sonne juste et qui prouve qu’il devient urgent de normaliser les dialogues sur le sujet, principalement dans les collèges et lycées.

La séropositivité de Marina ne la définit pas pour autant (et c’est tant mieux). Toute son intrigue ne tourne pas autour de cela mais plutôt autour du fait qu’elle s’oppose fermement à son père, et par tous les moyens. Marina est une adolescente qu’il est très dur de cerner. Elle prend des décisions que nous avons du mal à comprendre, et toutes ces choses la rendent rapidement agaçante. Ne sachant jamais réellement ce qu’elle veut, Marina fait énormément de mal autour d’elle, ce qui ne nous aidera pas tellement à l’apprécier d’avantage. C’est dommage compte tenu du charisme indéniable de l’actrice ainsi que la force remarquable du personnage. Il est donc frustrant de constater qu’il y avait là un fort potentiel qui demeure inexploité.

  • Des personnages aux relations intéressantes

La série met en scène un certain nombres de relations entre les personnages. Nous retrouvons bien sûr le cultissime triangle amoureux avec Samuel/Marina/Nano que nous voyons arriver à des kilomètres à la ronde. Toutefois, il n’est pas dénué de sens et les trois personnages sauront nous surprendre, ce qui n’est pas toujours le cas dans ce genre de situation déjà vue des centaines de fois. Cependant, ce n’est pas ce triangle que nous retiendrons mais plutôt celui de Christian/Carla/Polo qui finira par devenir un trouple attachant et même badass. Impossible de ne pas se souvenir de la scène de la soirée dans laquelle ils partent tous les trois en courant sous le nez de la mère de Carla… Ce type de relation ouverte est importante dans une société où le polyamour, la vie à trois et toutes ces relations qui ouvrent les portes à une personne supplémentaire dans l’équation du couple reste terriblement tabou et incomprise.

Élite nous livre des personnages attachants comme Omar qui attire immédiatement notre sympathie. Sa relation avec Ander est indéniablement un des plus gros points forts du show. Touchante et définitivement source de force pour les personnages, leur histoire d’amour est plus que la bienvenue. Bien sûr, seules les histoires d’amour ne sont pas aussi bien représentées, nous retiendrons également la relation de Guzman et Marina, frère et sœur qui ne se comprennent pas mais qui débordent d’amour fraternel l’un pour l’autre. Guzman est clairement prêt à tout pour protéger sa sœur… Même du pire. Nous apprenons qu’il est notamment sujet à des crises de violences (banalisées avec bien trop d’aisance par ailleurs). C’est un personnage complexe, difficile à suivre, mais intéressant.

  • L’omniprésence de la drogue

Impossible de ne pas remarquer l’omniprésence de la drogue dans le quotidien des jeunes du show. Thématique tabou qu’il est par conséquent importante d’aborder, elle est pourtant exploitée avec une grande maladresse dans la série. A peu près tous les jeunes de la série en consomment, mais là où Élite fait une erreur, c’est qu’elle traite l’addiction de certains personnages avec bien trop de légèreté. La drogue est déjà un sujet sensible qu’il est important de traiter avec sérieux, et l’addiction l’est encore plus. Dans les premiers épisodes de la série Ander est en demande constante de drogue et montre des signes d’addiction. Pourtant, cet aspect est rapidement mis de côté, il ne sera même plus mentionné. Minimiser auprès d’une audience aussi jeune la toxicomanie est incontestablement irresponsable.

Au lieu de pointer du doigt un problème grave qui touche les adolescents et pré-adolescents avec de plus en plus de violence, Élite dédramatise et se contente d’une dispute avec la principale du lycée ou avec les parents. C’est ce qui arrive à Marina qui, elle, est clairement addict. Il n’est jamais mentionné qu’il existe des solutions, des échappatoires, des aides, des mains tendues afin de se sortir de ce poison. C’est pourtant ce que l’on attend d’une série qui s’adresse aux millennials. Élite ne fait pas que banaliser la drogue, sa consommation et les addictions qu’elle engendre. En effet, elle met également en scène l’un des seuls personnages arabes dans le rôle du dealeur de drogue. Était-il possible d’être encore plus cliché ?

  • Des représentations maladroites

C’est ce qui portera préjudice à la série, Elite traite de façon maladroite certains thèmes pourtant importants. Le plus flagrant étant bien sûr le thème de l’islam. Nous pouvons compter sur les doigts d’une main le nombre de personnages racisés dans la série. Trois sont vraiment importants dans l’intrigue générale du show : Omar, Nadia et leur père. Tous les trois sont musulmans, et si Élite avait la possibilité de rompre les clichés autour de l’islam, il n’en est rien. Il est vraiment gênant de voir tant de clichés en seulement 8 épisodes. En passant du père intolérant, homophobe et même en allant jusqu’au mariage arrangé, la série montre un visage de l’islam caricatural dont nous nous serions bien passé. Alors que le monde est déjà en constante désinformation sur le sujet, Élite aurait pu représenter avec plus de justesse ce qu’est réellement la religion musulmane, mais échoue. En 2018, nous attendons mieux de la part d’une série qui se veut « loin des clichés ».

Par ailleurs, l’un des arguments de vente de la série portait sur ses représentations LGBTQ+. Finalement, si l’histoire d’Omar et Ander est un grand aspect de cette saison 1, c’est à peu près tout ce qu’on nous pouvons y trouver. Pourtant, Polo est visiblement un personnage bisexuel. Encore dans le placard, il admet tout de même « aimer les garçons autant que les filles ». Nous trouvons tout de même dommage que la série ne fasse jamais clairement mention du terme bisexuel. Les mots ont une force prodigieuse qu’il ne faut pas négliger.

Pour conclure, Élite marque une première saison bancale. Addictive, la série enchaine tout de même les maladresses et les clichés tout au long de ses 8 épisodes. Nous en attendions plus, et nous espérons en voir plus dans la prochaine saison prévue pour 2019. Notre note : 3/5.

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